Le recours aux médecines parallèles : une contre-légitimité de la pensée occidentale - article ; n°2 ; vol.4, pg 89-107
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Description

Sciences sociales et santé - Année 1986 - Volume 4 - Numéro 2 - Pages 89-107
Madeleine Moulin : Le recours aux médecines parallèles : une contre-légitimité de la pensée occidentale.
Que signifie le recours aux médecines parallèles, au double plan du rapport à la connaissance et de la pratique médicale? Cette question est abordée à travers une grille d'analyse des conditions d'émergence et de légitimation qui peuvent pousser les thérapeutes à opter pour telle pratique plutôt que pour telle autre.
Madeleine Moulin: Recourse to non-traditional medicine: a counter-legitimacy in western thought?
What is the meaning of recourse to non-traditional medicine from the double standpoint of medical knowledge and practice? This question is approached through an analysis of the conditions of emergence and recognition which may prompt therapeutists to opt for one practice over another.
Madeleine Moulin : El recurso a las medicinas paralelas : una contralegitimidad del pensamiento occidental.
¿ Qué significa el recurso a las medicinas paralelas, en el doble plano de la relación al conocimiento y de la práctica médica ? El ángulo de abordaje de esta pregunta es hecho a partir de une reja de análisis de las condiciones de emergencia y legitimación que pueden incitar a optar por tal práctica mejor que por tal otra.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 53
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madeleine Moulin
Le recours aux médecines parallèles : une contre-légitimité de la
pensée occidentale
In: Sciences sociales et santé. Volume 4, n°2, 1986. Médecines parallèles. pp. 89-107.
Résumé
Madeleine Moulin : Le recours aux médecines parallèles : une contre-légitimité de la pensée occidentale.
Que signifie le recours aux médecines parallèles, au double plan du rapport à la connaissance et de la pratique médicale? Cette
question est abordée à travers une grille d'analyse des conditions d'émergence et de légitimation qui peuvent pousser les
thérapeutes à opter pour telle pratique plutôt que pour telle autre.
Abstract
Madeleine Moulin: Recourse to non-traditional medicine: a counter-legitimacy in western thought?
What is the meaning of recourse to non-traditional medicine from the double standpoint of medical knowledge and practice? This
question is approached through an analysis of the conditions of emergence and recognition which may prompt therapeutists to
opt for one practice over another.
Resumen
Madeleine Moulin : El recurso a las medicinas paralelas : una contralegitimidad del pensamiento occidental.
¿ Qué significa el recurso a las medicinas paralelas, en el doble plano de la relación al conocimiento y de la práctica médica ? El
ángulo de abordaje de esta pregunta es hecho a partir de une reja de análisis de las condiciones de emergencia y legitimación
que pueden incitar a optar por tal práctica mejor que por tal otra.
Citer ce document / Cite this document :
Moulin Madeleine. Le recours aux médecines parallèles : une contre-légitimité de la pensée occidentale. In: Sciences sociales
et santé. Volume 4, n°2, 1986. Médecines parallèles. pp. 89-107.
doi : 10.3406/sosan.1986.1035
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/sosan_0294-0337_1986_num_4_2_1035Sociales et Santé - vol. IV - n° 2 - juin 1986 Sciences
LE RECOURS AUX MÉDECINES PARALLÈLES :
UNE CONTRE-LÉGITIMITÉ DE
LA PENSÉE OCCIDENTALE
Madeleine Moulin*
« Si Galilée n'avait pas cherché à
accréditer ses découvertes sur le
plan même de la religion, l'Eglise
n'aurait pas eu besoin de se
défendre» ([17], p. 1040).
I - Introduction
Les pages qu'on va lire ne sont pas le résultat d'une
recherche empirique : elles ont une portée méthodologique
et épistémologique. Leur unique ambition est de poser les
prémices d'un abord compréhensif - dans la tradition webe-
rienne de la sociologie allemande- de la signification du
recours aux médecines parallèles, au double plan du rapport
à la connaissance et de la pratique sociale.
Cette démarche, pour être complète, impliquerait un
abord différentiel prenant en compte trois paliers de la réal
ité sociale (1) : celui des « armatures », pour reprendre l'e
xpression de F. Braudel, qui permet de situer la science et les
pratiques médicales dans leur contexte d'émergence histori
que; celui des rapports sociaux qui implique l'abord des
procès de légitimation et leur intériorisation ; enfin celui des
relations sociales, à savoir les interactions de la vie
quotidienne.
* Madeleine Moulin, sociologue, Centre de Sociologie de la Santé, Insti
tut de Sociologie (U.L.B.) - 44, av. Jeanne, 1050 Bruxelles, Belgique.
(1) Le terme palier s'apparente au sens gurvitchéen, sans pour autant
établir de hiérarchie entre les paliers. J'emprunte ce mode opératoire à
Claude Javeau[8]. MADELEINE MOULIN 90
Ce troisième palier n'est pas privilégié ci-dessous dans
la mesure où son analyse requiert une investigation suscepti
ble de faire affleurer le sens des pratiques sociales, tel que
subjectivement éprouvé par les acteurs. L'attention est prin
cipalement portée sur le substrat des connaissances dont
l'utilisation est au demeurant une pratique sociale. La
notion de « recours » est considérée du point de vue de l'of
fre, telle que dispensée par les scientifiques et les dispensa
teurs de soins.
L'intention est donc d'apporter une grille d'analyse des
conditions d'émergence et de légitimation qui peuvent pouss
er les thérapeutes à opter pour telle pratique plutôt que
pour telle autre.
Pour préserver à cette recherche d'un modèle heuristi
que une cohérence opératoire, il est posé deux préalables :
1. Le recours aux médecines parallèles est -au-delà du désir
de soulager ou de supprimer la douleur - une quête du sens
qui couvre autant le domaine réel de l'imaginaire (symbol
isme, représentations, voire aspirations métaphysiques) que
celui des comportements et attitudes. Ce procès se construit
essentiellement au travers de l'adhésion à certaines valeurs
et il constitue par conséquent une « plus-value » idéologi
que ; il se perpétue grâce à la sécurité octroyée par la confor
mité à certaines règles comportementales, plus ou moins
ritualisées.
Ce premier préalable implique de dépasser l'analyse en
termes nosographiques et organisationnels et de considérer
principalement la maladie tour à tour comme conduite
sociale et comme produit social [16] : il convient dès lors de
s'interroger sur la signification sociale de la maladie, ainsi
que sur les attributs de l'identité de malade en termes exis
tentiels et relationnels.
2. Il n'y a de connaissance, de principe d'action valable que
ceux enserrés dans l'idéologie scientifique dominante (repo
sant sur les présupposés déterministes, sur le rationalisme
philosophique, sur les méthodes expérimentales). Les médec
ines parallèles, quant à leur discours, quant à leur pratique,
se rattachent à d'autres tentatives de légitimations épistémo-
logiques et à conceptions du finalisme des actes (au
plan de la production de savoir, de la mise en scène des
échanges, de l'efficience thérapeutique).
Il importe donc de considérer le marché symbolique,
linguistique, d'échange, économique des médecines parall
èles, comme un produit historique au même titre que celui RECOURS AUX MÉDECINES PARALLÈLES 91 LE
de la médecine officielle, et cela sans établir de hiérarchie
implicite sur base du seul critère de l'étendue de la légitimité
dans le champ médical (2).
Ce second préalable implique, pour autant qu'on
entende adopter une démarche libre-exaministe, de se départ
ir à l'égard de ce qui est un regain, plus qu'un retour ou une
création, de tout jugement de valeur aprioriste. Cette att
itude ne pourrait être que la résultante d'un conditionnement
confortable aux schèmes réductionnistes autant qu'hégémon
iques de la science. Cette dernière en effet, là où elle sort de
sa fonction première de productrice de savoir et de vérité,
s'est souvent évertuée à évacuer de son champ les questions
ontologiques (3).
II - Définitions
Pour donner une définition opératoire et provisoire des
médecines parallèles dont il est question par la suite, je
retiendrai trois critères (voir [14]).
1. Elles offrent ou sont réputées offrir, sur la place publique,
un corps de connaissances qui suit un autre schéma d'orga
nisation de la pensée que le système scientifique reproduit
dans la tradition cartésienne, encore qu'il faille prudemment
nuancer entre ces différentes médecines (4).
(2) D'une part, il a toujours existé des médecines « parallèles », même si
elles n'en portaient pas le nom, et après tout, la médecine « moderne »
n'est vieille que de cent cinquante ans. D'autre part, dans l'ensemble du
champ médical, on recense des courants parfois très divergents. A titre
d'exemple, on dénombre jusqu'à sept courants entre 1 500 et 1 800.
Voir [11].
(3) Les questions ontologiques comportent une dimension spirituelle por
teuse de la question du « pour -quoi », c'est-à-dire de la signification. On
peut sans doute expliquer par l'histoire économique et l'histoire des
sciences, le retard pris dans la compréhension du fonctionnement des
hémisphères du cerveau. Mais c'est là un autre propos.
(4) II faut les distinguer selon différents paramètres dont:
1°) Le stade de déséquilibre qu'elles entendent juguler:

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