Le talibé mouride : Étude d un cas de dépendance sociale - article ; n°35 ; vol.9, pg 502-507
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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1969 - Volume 9 - Numéro 35 - Pages 502-507
6 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 56
Langue Français

Extrait

Monsieur Donald Cruise O'Brien
Le talibé mouride : Étude d'un cas de dépendance sociale
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 9 N°35. 1969. pp. 502-507.
Citer ce document / Cite this document :
O'Brien Donald Cruise. Le talibé mouride : Étude d'un cas de dépendance sociale. In: Cahiers d'études africaines. Vol. 9 N°35.
1969. pp. 502-507.
doi : 10.3406/cea.1969.3178
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1969_num_9_35_3178CRUISE BRIEN DONAL
Le talibe mour de
tude un cas de dépendance sociale*
Cet article traite une relation de type clientèle celle du disciple
mouride talibe son guide spirituel shaikh Cette relation répond
tous les critères une relation de clientèle avec quelques réserves
quant au degré intransitivité impliqué Un talibe mouride
dans certaines conditions limitées se reconnaît des obligations envers
les supérieurs de son shaikh mais on attend du shaikh il serve
intermédiaire dans de telles relations qui ne sont ailleurs en aucun
cas étendues
La relation talibé-shaikh qui est une des relations nombreuses
et complexes embrassant organisation entière de la confrérie une
double antécédence dans les formes de dépendance que on trouve
dans autres confréries sufi particulièrement dans la Qâdiriyya
dont les Mourides sont une branche) et dans les formes tradition
nelles de dépendance et de soumission de la caste inférieure qui sont
un élément de base de organisation sociale wolof et qui furent jadis
instituées et renforcées par le système étatique wolof Des Qâdiri les
Mourides ont gardé insistance sur le besoin un guide spirituel
auquel le talibe doit respect et obéissance mais ils ont amplifié cette
relation et accru la dépendance elle impliquait en changer
la nature Pour les Qâdiri la reconnaissance un shaikh fait partie
un processus général de socialisation religieuse dans lequel on apprend
au futur talibe les règles de islam en général et de la Qâdiriyya en
particulier alors que pour les Mourides la reconnaissance un shaikh
est un acte isolé impliquant la profession une absolue soumission
On peut chercher les racines de originalité des Mourides là où
ils se sont écartés des pratiques sufi antérieures dans les institutions
sociales des Wolof qui ont toujours constitué le grande majorité des
membres de la confrérie et qui eurent influence dominante sur son
Résumé une communication dont le texte intégral sera publié ultérieu
rement LE TAL BE MOURIDE 503
évolution Le développement original de la confrérie eut lieu quand le
système étatique wolof se désagrégeait et le succès spectaculaire de
la confrérie ne fut pas seulement celui un mouvement religieux
mais aussi celui une structure autorité qui apparaissait comme
une alternative possible
effondrement du système étatique wolof et son remplacement
par une administration coloniale difficilement acceptée signifiait
le déplacement un grand nombre de personnes notables et leur
entourage ainsi que de dépendants de toutes sortes privés un
système autorité politique et des moyens de vivre Beaucoup de
ceux de la classe inférieure et particulièrement les esclaves dont la
sécurité était ainsi menacée trouvèrent un refuge dans une nouvelle
subordination au prédicateur Amadou Bamba et ses disciples dans
tat de Baol Ils apportèrent avec eux habitude une soumission
extrême la volonté de travailler pour un maître ou de lui donner les
fruits de leur labeur ce qui laissa une marque durable sur organisation
de la confrérie De leur côté de nombreux réfugiés originaires de
castes supérieures formèrent des alliances matrimoniales avec les
grandes familles de marabouts ou bien devinrent eux-mêmes mara
bouts recouvrant ainsi au moins partiellement la position dominante
ils avaient perdue
Les structures mourides actuelles représentent une synthèse des
influences wolof et sufi et la sujétion du talibe des composantes
tant spirituelles économiques et politiques abord la sujétion
est totalement volontaire il aucune limitation de la liberté dans
le choix de celui que on reconnaîtra comme son supérieur que ce
choix soit fait par le père ou le tuteur au nom de enfant ou par le
futur talibe lui-même dans ce dernier cas généralement entre seize
et vingt-deux ans En pratique le choix est maintenant limité dans
son objet ceux qui font partie de la caste établie des marabouts
et dans de nombreux cas le fils préfère se soumettre au fils du shaikh de
son père ce paradigme pourrait être appelé une relation héréditaire
parallèle La parenté spécialement du côté maternel peut être
un trait incident de la relation mais elle ne change pas sa nature
Le choix est exercé exclusivement par le partenaire subordonné
est lui seul ou son tuteur qui décide entrée en soumission le
moment où elle se réalisera et la personne qui en sera objet Aucun
élément de coercition physique ou autre entre en jeu ce qui diffé
rencie cette relation de celle de esclave wolof son maître mais pas
de celle des autres personnes dépendantes celles de haut rang
acte de soumission njebbel un talibe est accompli suivant un
modèle fixe comprenant affirmation rituelle de fidélité de la part
du talibe et acceptation et la bénédiction formelle du shaikh Cet
acte est unique critère appartenance la confrérie et il pas DONAL CRUISE BRIEN 504
être renouvelé durant la vie des deux partenaires bien que certains
talibés fanatiques ou coupables renouvellent leur njebbel La mort
de un ou autre partenaire rompt le lien car il aucune hérédité
automatique de obligation
La sujétion du talibe exprime dans certaines attitudes physiques
particulièrement par la pression du front contre le dos de la main de
son shaikh Le talibe doit aussi enlever coiffure et souliers en présence
un et observer une attitude générale extrême déférence
est genoux que le talibe adresse au shaikh et il lève rarement
les yeux du sol Son comportement tout entier est un témoignage
physique de son assujettissement intime Ces expressions physiques
de déférence ne sont pas dues simplement par un talibe son propre
shaikh mais par tous les talibés tous les shaikh
Bien que appartenance la confrérie dépende de la soumission
faite un shaikh il faut noter que les femmes font très rarement
le njebbel On considère elles sont liées la confrérie travers leur
mari auquel elles doivent respect et obéissance mais on ne leur demande
pas formellement de reconnaître un guide spirituel Les anomalies
de cette situation frappantes pour un observateur ne préoccupent
pas les Mourides quel que soit leur sexe
Normalement acte de soumission se surimpose une relation
inégalité préexistante provenant de appartenance des deux acteurs
des catégories sociales distinctes et inégales Le grand prestige
aisance économique et la puissance politique des marabouts contras
tent avec la situation de la plupart des talibés pauvres paysans
la merci de mauvaises récoltes de marchands sans scrupules et de
fonctionnaires malhonnêtes et brutaux Mais acte de soumission
modine complètement cette relation la rend plus sévère et dénnit
partir une vague reconnaissance de supériorité sans reconnaissance
concomitante obligation une déférence et une obéissance qui ne
connaîtraient pas de limites
Il aussi des cas où acte de soumission renverse une relation
inégalité préexistante bien que ceux-ci relèvent plus de la période
de formation de histoire de la confrérie que de époque actuelle
Au temps du fondateur la nn du xixe siècle et au début du xxe
il eut des cas où le père se soumettait son fils si celui-ci était un
disciple intime Amadou Bamba abdiquant ainsi ses droits paternels
et reconnaissant son fils comme son supérieur et son guide Aussi
dans les premières années nombreux furent les chefs wolof importants
qui devinrent dépendants hommes qui étaient cette époque
humbles marabouts et des sujets sous leur loi ceci faisait partie
un processus général de renversement de état de fait qui se dérou
lait époque dans la société wolof)
accomplissement un acte de soumission entraîne pour chacun LE TAL BE RIDE 505
des partenaires des obligations envers autre bien que celles-ci soient
évidemment asymétriques beaucoup plu

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