Les activités religieuses des jeunes enfants chez les Bobo - article ; n°1 ; vol.51, pg 235-250
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Description

Journal des africanistes - Année 1981 - Volume 51 - Numéro 1 - Pages 235-250
Abstract Bobo children (Upper Volta) from 5 to 7 years old spontaneously form groups following the age-set model. These groupes are free from adult interference. Children choose, from out of their group, a chief and other leaders who decide about activities and control a small heritage. The essential function is not play but religious practices. Three children's cults are described : two involve possession, and a more official one, the use of masks. Not only do adults approvingly allow these cults, but they willingly take them over and observe them for personal benefit if they think thel effective. Behind this phenomenon lies a view of childhood according to which all the virtues of old age exist among very young children.
Résumé Chez les Bobo de Haute Volta, les enfants de 5 à 7 ans se rassemblent spontanément pour constituer un groupe sur le modèle des classes d'âge. Le groupe des enfants s'organise et fonctionne en toute liberté sans aucune interférence par les adultes. Les enfants se donnent un chef et différents responsables qui décident des activités et gèrent un petit patrimoine. La fonction essentielle de ces groupes est non pas le jeu mais la pratique religieuse. Trois cultes d'enfants sont décrits : deux de possession et un culte plus officiel qui fait intervenir un masque. Les adultes autorisent et approuvent ces cultes. S'ils les jugent efficaces, ils n'hésitent pas à s'en emparer et à les pratiquer pour leur compte personnel. Ces faits témoignent d'une certaine conception de l'enfance selon laquelle toutes les vertus de la vieillesse se retrouvent chez les très jeunes enfants.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

G. Lemoal
Les activités religieuses des jeunes enfants chez les Bobo
In: Journal des africanistes. 1981, tome 51 fascicule 1-2. pp. 235-250.
Résumé Chez les Bobo de Haute Volta, les enfants de 5 à 7 ans se rassemblent spontanément pour constituer un groupe sur le
modèle des classes d'âge. Le groupe des s'organise et fonctionne en toute liberté sans aucune interférence par les
adultes. Les enfants se donnent un chef et différents responsables qui décident des activités et gèrent un petit patrimoine. La
fonction essentielle de ces groupes est non pas le jeu mais la pratique religieuse. Trois cultes d'enfants sont décrits : deux de
possession et un culte plus officiel qui fait intervenir un masque. Les adultes autorisent et approuvent ces cultes. S'ils les jugent
efficaces, ils n'hésitent pas à s'en emparer et à les pratiquer pour leur compte personnel. Ces faits témoignent d'une certaine
conception de l'enfance selon laquelle toutes les vertus de la vieillesse se retrouvent chez les très jeunes enfants.
Abstract Bobo children (Upper Volta) from 5 to 7 years old spontaneously form groups following the age-set model. These
groupes are free from adult interference. Children choose, from out of their group, a chief and other leaders who decide about
activities and control a small heritage. The essential function is not play but religious practices. Three children's cults are
described : two involve possession, and a more official one, the use of masks. Not only do adults approvingly allow these cults,
but they willingly take them over and observe them for personal benefit if they think thel effective. Behind this phenomenon lies a
view of childhood according to which all the virtues of old age exist among very young children.
Citer ce document / Cite this document :
Lemoal G. Les activités religieuses des jeunes enfants chez les Bobo. In: Journal des africanistes. 1981, tome 51 fascicule 1-2.
pp. 235-250.
doi : 10.3406/jafr.1981.2027
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1981_num_51_1_2027GUY LE MO AL
LES ACTIVITÉS RELIGIEUSES DES JEUNES ENFANTS CHEZ LES BOBO
Les enfants bobo, dès qu'ils ne sont plus des nôma pêne ( «enfants rouges» ,
bébés) ou des m uro (les tout petits de 1 à 4 ans environ), sont comptés par les
adultes dans la catégorie des «cadets», loba yarlay, autrement appelés loba
mené ou ne me slala (»les gens petits») — termes que l'on pourrait traduire
par l'expression familière française «la petite classe». Cette petite classe rassem
ble garçons et filles depuis l'âge de 5 ans, voire 4 pour les plus précoces, jusqu'à
7,8, voire 9 ans ou plus.
Dès qu'ils sont en âge, les loba mené ne tardent pas à rejoindre leurs
pareils au sein d'un petit groupe spontanément constitué dont l'existence est
attestée dans tous les villages bobo sans exception et dont le rôle et les modes
de fonctionnement ont été, au cours des années, l'objet de notre attention.
Ce groupe de jeunes enfants est fortement organisé ainsi que très actif,
nous le verrons, mais sa vie est forcément éphémère, et à intervalles plus ou
moins réguliers, il doit se reconstituer.
Entre 7 et 10 ans, en effet, tous les garçons de village sont appelés à abor
der le premier stade de l'initiation, lesinkye saw a dâga1. C'est à ce moment
précis qu'est fondée et qu'entre en fonction la première de ces classes d'âge
qui forment l'ossature de tout le système socio -religieux bobo.
Les membres de la nouvelle promotion, que l'on appelle sinkye sawa
ou partale, vont, au cours des années, devoir franchir 4 échelons successifs
et participer à de nombreux rites de passage, avant d'être enfin des zyanekôma,
des initiés complets — ils auront alors atteint la trentaine2 .
Au moment où s'est constituée la nouvelle classe d'âge d'initiation, le
petit groupe des loba mené s'est trouvé privé de ses membres les plus âgés.
Pendant quelques temps, un peu désorientés, les jeunes enfants ne forment
plus qu'une simple bande, mais, très vite, ils se concertent et entreprennent de
reconstruire leur organisation et de reprendre leurs activités. Tout naturelle -
1: Au sujet des classes d'âge bobo, de leur mode de progression et des relations interclasses, voir :
Le Moal, Guy, «Les chez les Bobo», in D. Paulme (éd.), Classes et associations d'âge en
Afrique de l'ouest, Paris, Pion, 197 1, p. 1 14-130.
2. Pour tout ce qui concerne non seulement l'initiation et les cultes bobo, mais aussi la structure
sociale de cette population, on pourra se reporter à : Le Moal, G., Les Bobo. Nature et fonction des
masques. Paris, ORSTOM, 1980, 533 p. G. LE MOAL 236
ment, les loba mené prennent pour modèle ce qui existait avant le départ de
leurs aînés... modèle qui, en fait, s'inspire lui même en bonne partie du mode
de fonctionnement de ces prestigieuses classes d'âge dans lesquelles ils entre
ront à leur tour dans quelques années.
Le nouveau groupe des loba mené est le portrait si fidèle d'une classe
d'âge véritable que les adultes n'hésitent pas à désigner ses membres d'un nom
qui fait précisément référence aux «grades» de l'initiation. Les membres des
deux premières classes d'initiation portent en effet le nom de sinkye, les uns
sont des sinkye sawa (sinkye «sortis» — de l'état d'ignorance), les autres
des sinkye pre (des sinkye mûrs, âgés). Or, le nom que reçoivent les loba
mené, dès qu'ils se sont constitués de leur propre chef en groupe cohérent,
est celui de sinkye furu, sinkye «blancs» (furu) ; des sinkye encore innocents
certes, et très ignorants, mais des sinkye tout de même, c'est-à-dire des indi
vidus lancés déjà dans une quête consciente de la connaissance et de la réalisa
tion de soi-même. L'identification des loba mené à des néophytes est évidente
et l'on peut dire de leur groupe qu'il est, de facto, une véritable pré -classe
d'initiation... sans que toutefois une existence officielle lui soit reconnue
dans le cadre de l'institution initiatique, puisqu'en aucun cas il ne lui sera
appliqué le nom de dolo (pi. dia), terme strictement réservé, chez les Bobo,
aux seules classes d'âge.
Sans attendre que ses effectifs croissent encore un peu plus grâce à l'a
ppoint régulier de nouveaux enfants gagnant en âge, les sinkye furu vont, en tout
premier lieu, se donner des cadres.
П faut, à ce propos, attirer d'emblée l'attention sur ce qui fait, dans une
société traditionnelle assez peu permissive, toute l'originalité de la situation de
ces groupes d'enfants, à savoir le climat de très grande liberté qui entoure tout
ce qu'ils font, même lorsqu'ils s'inspirent des activités les plus sérieuses et les
plus cachées des adultes. C'est d'eux-mêmes en effet, et sans y être incités et
moins encore contraints que les enfants se réunissent et s'organisent ; c'est à
eux seuls que revient le choix de la nature et de la fréquence de leurs activités.
La seule chose qui les guide en ces domaines est la tradition qui s'est établie à
l'intérieur même de la petite population des loba mené et qui se transmet de
génération en génération.
Bien entendu, même si — suivant en cela l'opinion des Bobo eux-mêmes —
on accepte l'idée que des conduites créatives et des innovations ne sont pas
hors "de portée des possibilités enfantines, on doit bien admettre que l'imita
tion des adultes reste le principal aliment des occupations des groupes de
jeunes enfants.
Au moment donc de s'organiser et de créer les cadres de leur petite
société, c'est d'abord, ainsi que nous l'avions déjà noté, dans le modèle offert
par les classes d'âge que les enfants vont songer à puiser, mais c'est aussi vers
des hiérarchies d'une toute autre nature qu'ils vont porter leur regard : celle des
lignages de leur village et celles des pouvoirs politique et religieux. Ainsi,
les enfants se permettent-ils de composer librement sur deux registres diffé
rents et de jouer avec les deux dimensions de leur monde social — l'une «ver- LES ACTIVITÉS RELIGIEUSES DES JEUNES ENFANTS CHEZ LES BOBO 237
ticale» et diachronique, fondée sur l'échelonnement des générations de parents
et sur l'ordre d'arrivé

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