Les catégories statistiques utilisées dans les DOM-TOM depuis le début de la présence française - article ; n°3 ; vol.53, pg 589-608
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Population - Année 1998 - Volume 53 - Numéro 3 - Pages 589-608
Rallu (Jean-Louis).- Les catégories statistiques utilisées dans les DOM-ТОМ depuis le début de la présence française La classification statistique des populations des colonies, dont l'origine remonte à l'esclavage, traduit le statut des populations : colons libres, esclaves, plus tard coolies, travailleurs sous contrat, etc. Les populations indigènes, dont les droits sur le sol étaient abolis, se voyaient attribuer des statuts de droit particulier. La classification selon l'ethnie prolonge ces distinctions : la hiérarchie de la couleur ou des origines reflétant la hiérarchie sociale. Lorsqu'elle ignore le métissage, elle est un instrument de cloisonnement et d'immobilisme social rattachant une personne à une origine ancestrale unique. Dans les pays d'immigration, les divers statuts : citoyen, résident legal, réfugié, etc, reproduisent une hiérarchie sociale qui apparaît liée à des différences d'accès au marché de l'emploi.
Rallu (Jean-Louis).- The statistical categories used in the DOM-TOM since the beginning of French administration The statistical classification of the colonial populations, whose origins can be traced back to slavery, reflects the status of the populations: free settlers, slaves, coolies, bondsmen, etc. The indigenous populations had their rights to the land abolished, and were given special legal statutes. Classification according to ethnicity continues these distinctions: the hierarchy of skin colour or ethnic origins reflects the social hierarchy. When this classification does not allow for multi-racial marriage and identifies individuals on the basis of a single ancestral origin, it becomes an instrument for compartmentalizing the population and maintaining the social status quo. In the countries which experience immigration, the various statutes - citizen, legal resident, refugee, etc. - reflect a social hierarchy that appears related to differences in access to the labour market.
Rallu (Jean-Louis).- Las categories estadisticas utilizadas en los departamentos y territories de ultramar desde el inicio del dominio francés La clasificación estadística de las poblaciones de las colonias, que se inicia con la esclavitud, traduce la situación de los individuos: colonos libres, esclavos, más tarde coolies, trabajadores con contrato, etc. A las poblaciones indígenas, los derechos sobre el suelo de las cuales se abolieron, se les atribuyen status particulares. La clasificación étnica refleja estas distinciones: la jerarquía según el color о el ori- gen es un reflejo de la jerarquía social. Si ignora el mestizaje, tal clasificación se convierte en un instrumento de separación e inmovilismo social, vinculando a un individuo con un origen ancestral único.En los parses de inmigración, los diferentes status (ciudadano, residente legal, refugiado, etc.) reproducen una jerarquía social que refleja las diferencias de acceso al mercado de trabajo.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Louis Rallu
Les catégories statistiques utilisées dans les DOM-TOM depuis
le début de la présence française
In: Population, 53e année, n°3, 1998 pp. 589-608.
Citer ce document / Cite this document :
Rallu Jean-Louis. Les catégories statistiques utilisées dans les DOM-TOM depuis le début de la présence française. In:
Population, 53e année, n°3, 1998 pp. 589-608.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1998_num_53_3_6874Résumé
Rallu (Jean-Louis).- Les catégories statistiques utilisées dans les DOM-ТОМ depuis le début de la
présence française La classification statistique des populations des colonies, dont l'origine remonte à
l'esclavage, traduit le statut des populations : colons libres, esclaves, plus tard coolies, travailleurs sous
contrat, etc. Les populations indigènes, dont les droits sur le sol étaient abolis, se voyaient attribuer des
statuts de droit particulier. La classification selon l'ethnie prolonge ces distinctions : la hiérarchie de la
couleur ou des origines reflétant la hiérarchie sociale. Lorsqu'elle ignore le métissage, elle est un
instrument de cloisonnement et d'immobilisme social rattachant une personne à une origine ancestrale
unique. Dans les pays d'immigration, les divers statuts : citoyen, résident legal, réfugié, etc,
reproduisent une hiérarchie sociale qui apparaît liée à des différences d'accès au marché de l'emploi.
Abstract
Rallu (Jean-Louis).- The statistical categories used in the DOM-TOM since the beginning of French
administration The statistical classification of the colonial populations, whose origins can be traced back
to slavery, reflects the status of the populations: free settlers, slaves, coolies, bondsmen, etc. The
indigenous populations had their rights to the land abolished, and were given special legal statutes.
Classification according to ethnicity continues these distinctions: the hierarchy of skin colour or ethnic
origins reflects the social hierarchy. When this classification does not allow for multi-racial marriage and
identifies individuals on the basis of a single ancestral origin, it becomes an instrument for
compartmentalizing the population and maintaining the social status quo. In the countries which
experience immigration, the various statutes - citizen, legal resident, refugee, etc. - reflect a social
hierarchy that appears related to differences in access to the labour market.
Resumen
Rallu (Jean-Louis).- Las categories estadisticas utilizadas en los departamentos y territories de ultramar
desde el inicio del dominio francés La clasificación estadística de las poblaciones de las colonias, que
se inicia con la esclavitud, traduce la situación de los individuos: colonos libres, esclavos, más tarde
coolies, trabajadores con contrato, etc. A las poblaciones indígenas, los derechos sobre el suelo de las
cuales se abolieron, se les atribuyen status particulares. La clasificación étnica refleja estas
distinciones: la jerarquía según el color о el ori- gen es un reflejo de la jerarquía social. Si ignora el
mestizaje, tal clasificación se convierte en un instrumento de separación e inmovilismo social,
vinculando a un individuo con un origen ancestral único.En los parses de inmigración, los diferentes
status (ciudadano, residente legal, refugiado, etc.) reproducen una jerarquía social que refleja las
diferencias de acceso al mercado de trabajo.LES CATÉGORIES STATISTIQUES
UTILISÉES DANS LES DOM-TOM
DEPUIS LE DÉBUT DE LA PRÉSENCE
FRANÇAISE
Jean Louis R.ALLU*
Le projet colonial comporta plusieurs aspects avoués et inavoués. Il
était certes d'abord l'expression d'une expansion économique des puissan
ces européennes et à ce titre devait être rentable ; au niveau individuel,
on partait aux colonies pour faire fortune. La colonisation affichait aussi
un projet civilisateur dont la réalisation fut plus éloignée de ses préoccu
pations concrètes que la recherche du profit. Par ailleurs, plusieurs puis
sances européennes s'engagèrent dans la colonisation de la même manière
et pour les mêmes raisons. Ainsi le colonisateur se trouva-t-il dans une
double situation de confrontation : d'une part aux populations locales avec
lesquelles il commerçait et, d'autre part aux autres puissances coloniales
avec lesquelles il entrait en concurrence. Notons que la concurrence était
alors commerciale, politique mais aussi culturelle ou religieuse entre les
missions des diverses confessions.
Très tôt une troisième confrontation s'ajouta aux deux précédentes,
entre l'administration coloniale locale et la métropole. La première était
avide de profit et de terres, alors que la seconde exigeait, ou tentait d'exi
ger, un certain respect des droits de l'homme et des lois du royaume ou
de la république, même si la condition de « non civilisé » servait de motif
pour ne reconnaître aux populations locales qu'un droit partiel et différent
de celui de l'homme blanc.
Nous allons considérer les attitudes de la colonisation française face
aux populations locales telles que les reflètent les classifications statist
iques utilisées aux Antilles, en Guyane, à La Réunion et dans le Pacifique.
Dans un premier temps, nous allons résumer le développement historique
de l'administration coloniale des différents territoires, notamment sous les
aspects du droit foncier - la colonisation avait d'abord besoin de terres,
* Institut national d'études démographiques.
Population, 3, 1998, 589-608 590 J.-L. RALLU
ce qui implique une certaine relation aux populations autochtones - et des
migrations de travailleurs, puis, dans une seconde partie, nous établirons ses
liens avec les catégories statistiques. Si l'analyse des départements d'outre-mer
(DOM) est moins développée que celle des territoires d'outre-mer (ТОМ),
c'est en raison d'histoires différentes ; cependant les DOM, qui sont les plus
anciennes colonies françaises, présentent les critères de base de la classifica
tion des populations des colonies qui seront repris dans les ТОМ.
I. - Le cadre historique et institutionnel
Les Antilles et La Réunion La prise de possession de la Martinique et
de la Guadeloupe date de 1635 et l'instal
lation à La Réunion de 1638. La différence des termes utilisés pour traduire le
passage de ces îles sous contrôle de l'administration tient au fait que La Réunion
était déserte à l'arrivée des Français, alors que des populations autochtones exis
taient aux Antilles. Cependant celles-ci avaient déjà été décimées dès l'arrivée
des Espagnols par les maladies et les massacres coloniaux, et beaucoup avaient
fui dans les îles voisines. Cette population autochtone, peu nombreuse, diminua
encore après l'arrivée des Français et disparut des statistiques après quelques
décennies (cf. ci-dessous), soit qu'elle ait effectivement disparu, ou qu'elle se
soit totalement métissée, ou encore qu'on ait hâté statistiquement le phénomène
de sa disparition pour ne pas laisser de traces d'une population ayant, sur les
terres, un droit antérieur à celui du colonisateur.
En l'absence ou quasi-absence de population originaire, les ordon
nances royales concernaient principalement les relations entre ces colonies
et le Royaume, rarement celles entre les colons et les populations que ceux-
ci faisaient venir dans le cadre de l'esclavage. L'abolition de l'esclavage
par la Révolution française de 1789 ne fut pas appliquée et, sous la Res
tauration, une ordonnance de 1839 visait encore à créer un registre matri
cule des esclaves. L'abolition de l'esclavage ne fut effectif qu'en 1848
pour les colonies françaises0' et fut suivi du développement du recrutement
d'une main-d'œuvre souvent appelée «coolies» ; ce recrutement commença
en fait avant l'abolition de l'esclavage, les colons les plus avisés ayant
senti qu'il fallait trouver une autre source de main-d'œuvre (Toussaint).
Les coolies étaient souvent kidnappés et payés misérablement, ce qui faisait
du recrutement un phénomène peu différent de la traite ; cependant, diver
ses lois fixaient leurs droits.
La Guyane se distingue des Antilles françaises par la présence d'une
population amérindienne originaire mais celle-ci était dispersée dans la fo
rêt. La colonisation, qui se développa d'abord sur la côte, ignora plus ou
moins cette population ou la rejeta à sa périphérie, et se fit à nouveau
dans

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