Les conflits de motivation - article ; n°1 ; vol.66, pg 289-305
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Description

L'année psychologique - Année 1966 - Volume 66 - Numéro 1 - Pages 289-305
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 10
Langue Français
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Extrait

M. de Bonis
Les conflits de motivation
In: L'année psychologique. 1966 vol. 66, n°1. pp. 289-305.
Citer ce document / Cite this document :
de Bonis M. Les conflits de motivation. In: L'année psychologique. 1966 vol. 66, n°1. pp. 289-305.
doi : 10.3406/psy.1966.27890
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1966_num_66_1_27890LES CONFLITS DE MOTIVATION
par Monique de Bonis
Laboratoire de Psychologie expérimentale de la Sorbonne
Aux confins de la clinique et du laboratoire, le problème du conflit
a été abordé dans des perspectives théoriques aussi différentes que la
psychanalyse, la réflexologie, la Gestalt ou le néo-behaviorisme. La
diversité de ces approches lui confère un intérêt tout particulier, d'au
tant plus que, fait surprenant, ces approches, d'inspiration aussi étran
gères les unes des autres, semblent, en ce qui le concerne, s'accorder
sur l'essentiel.
On peut dire qu'il y a conflit chaque fois que l'individu est « partagé »
entre deux ou plusieurs tendances à répondre incompatibles. Ainsi
défini, le conflit recouvre un grand nombre de situations. Il importe
de distinguer les différents niveaux où l'incompatibilité des réponses
peut se situer. On peut en effet analyser le conflit :
a) Au niveau des attitudes (recherches de R. B. Cattell) ;
b) Au des croyances, sentiments et opinions individuelles,
confrontées avec les croyances, sentiments et opinions d'autrui,
c'est le problème de la dissonance cognitive (L. Festinger) ;
c) Au niveau des fonctions intellectuelles : conflits perceptifs, concept
uels (D. B. Berlyne) ;
d) Enfin, au niveau de la réalisation des besoins innés ou des motivat
ions acquises (K. Lewin ; N. E. Miller).
Dans le cadre de cette revue, nous n'envisagerons que les recherches
récentes sur les conflits de motivation, recherches qui ont été entreprises
dans une perspective néo-behavioriste. Nous verrons comment, issue
de l'expérimentation animale et principalement du rat blanc, cette
conception s'est étendue progressivement à l'analyse des conflits
humains. Les premières expériences de psychologie humaine furent de
simples répliques des de animale. L'utilisation
de dimensions plus adaptées aux conflits humains, telles que le temps,
et surtout la dimension pertinence de l'indice « cue relevance », permit
de soulever de nouveaux problèmes, mais aussi ébranla quelque peu
l'édifice théorique.
La conception néo-behavioriste des conflits de motivation a été
développée principalement par N. E. Miller en 1944 et reprise par celui-ci
dans une perspective plus vaste, en 1959. Cependant, s'il est vrai que
A. PSYCHOL. 66 19 290 REVUES CRITIQUES
N. E. Miller en a été le principal promoteur (le nombre des recherches
qu'il a dirigées depuis 1937 l'atteste), il a conservé l'essentiel de ce que
Lewin avait apporté à l'étude des conflits, en particulier la distinction
entre les trois types de situations conflictuelles (approche-approche ;
approche-évitement ; évitement-évitement). D'autre part, il a développé
l'hypothèse suivant laquelle la force de la valence croît en fonction de
la proximité du but.
L'approche de N. E. Miller s'est révélée plus féconde que celle
de K. Lewin, parce que N. E. Miller a substitué à la description quali
tative des comportements conflictuels (fuites hors du champ, recherche
d'objets de substitution, enkystements, blocages, alternance rapide
d'approches et de fuites soudaines), une analyse quantative fondée sur
la mesure de gradients d'approche et d'évitement, c'est-à-dire sur
l'établissement de relations entre la force des réponses d'approche
ou d'évitement et certaines caractéristiques du stimulus (indices spa
tiaux, temporels ou situationnels).
Tandis que les descriptions qualitatives issues de la théorie de
Lewin ont rapidement atteint leurs limites, en vérifiant pleinement
les hypothèses de ce dernier1 (cf. les expériences de Fajans, 1933 ;
Barker, 1942; Hovland et Sears, 1938 et 1941; Arkofî, 1957), les
recherches suscitées par N. E. Miller ont, d'une part, apporté des
résultats contredisant les hypothèses de celui-ci ; d'autre part, des faits
nouveaux dont ces hypothèses ne pouvaient rendre compte.
Si la conception de N. E. Miller se rapproche, quant à son contenu,
de celle de K. Lewin, on imagine mal comment elle aurait pu exister
sans l'œuvre de G. L. Hull. C'est à ce dernier qu'elle a emprunté le
langage et la méthode. En effet N. E. Miller a transposé de nom
breux postulats de la théorie du comportement de Hull à la situation
conflictuelle. La conception de N. E. Miller doit aussi beaucoup à
J. S. Brown, qui en a vérifié les principaux postulats.
I. — LES POSTULATS FONDAMENTAUX
DE LA THÉORIE DE N. E. MILLER
LEUR ÉVOLUTION A LA LUMIÈRE
DE QUELQUES RECHERCHES RÉCENTES
1) Gradients d'approche et d'évitement
a) Le gradient d'approche. — La tendance à s'approcher d'un but
convoité est d'autant plus forte que le sujet est plus près de ce but.
b) Le gradient d'évitement. — La à s'éloigner d'un événe-
1. Tout n'a cependant pas été développé de la théorie de Lewin. En par
ticulier, les perspectives génétiques esquissées par lui : l'augmentation de la
probabilité d'apparition du conflit en fonction du développement des
besoins et de la diversification de l'environnement n'ont pas encore suscité de
recherches, ■
'
DR TÎONIS. LES CONFLITS DE MOTIVATION 201 M.
ment redouté est d'autant plus forte que l'individu est plus près de cet
événement. Rappelons brièvement la situation expérimentale classique,
avec laquelle ces postulats ont été vérifiés.
C'est une situation type de conditionnement instrumental. L'animal
(rat albinos) est dressé à venir chercher sa nourriture à l'extrémité d'une
allée. Lorsque cet apprentissage a atteint un certain critère, l'animal
étant capable de repérer cette nourriture, l'expérimentateur administre
un choc électrique (par l'intermédiaire d'une grille) à l'endroit même
où l'animal vient chercher son renforcement. Il est ensuite réintroduit
dans l'allée (sans choc). Le comportement observé dans cette situation
se compose de la séquence suivante : départ vers la nourriture, approche
vers le but, arrêt, oscillations puis alternances de plus en plus fréquentes
d'approches et de fuites soudaines1.
La tendance à s'approcher du but est mesurée par à la technique
suivante. L'animal est coiffé d'un harnais relié par un système de
poulies et de ficelles à un ressort calibré, dont les variations d'élongation
sont enregistrées, il est retenu pendant une certaine durée variable
suivant les expériences à des points différents de l'allée. C'est la traction
qu'il exerce sur les « rênes », pendant qu'il est retenu, qui constitue la
mesure de la force de la tendance à l'approche. Dans cette situation,
cette variable peut aussi être mesurée soit par la rapidité du parcours,
soit par la distance entre le point de départ et l'objet but (pour l'analyse
des corrélations entre ces réponses, cf. Elder, 1962). '■
Mesurés séparément, les gradients d'approche et d'évitement pré
sentent une évolution semblable en fonction de la proximité. Oh peut
se demander si, dans la situation conflictuelle, ils conservent cette même
évolution. Avant de répondre à cette question, il importe de signaler
les critiques de fond ou de forme qui ont été adressées à N. E. Miller
à propos de ces postulats.
Critiques
a) Évolution des gradients d'approche. — Certains résultats, récem
ment obtenus par N. Smith (1960), semblent mettre en question les
formulations de N. E. Miller. Cet auteur compara, en utilisant la même
technique que celle de J. S. Brown, les gradients d'approche de rats
albinos et de rats pie. Si les gradients d'approche de la première variété
de rats furent conformes aux prédictions de N. E. Miller, les gradients
des rats pie présentèrent une évolution totalement inverse de celle des
rats albinos (diminution de l'approche en fonction de la proxim

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