Les Diakhanké. Histoire d une dispersion. - article ; n°3 ; vol.8, pg 231-262
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Cahiers du Centre de recherches anthropologiques - Année 1965 - Volume 8 - Numéro 3 - Pages 231-262
The author, on the grounds of the material that he collected himself during the rainy season of 1964 from the Diakhanke of the Cercle de Kédougou, in Eastern Senegal, and of the fragmentary information scattered among several ancient books, gives a detailed account of the history of this group. The Diakhanke are akin to the Sarakole but they have adopted the malinké language. Their villages, detached or in small groups, can now be found in some parts of Mali, Senegal, Guinea, Gambia, Portuguese Guinea and Sierra Leone. The group was a moslem confederation of marabout families and its origin is to be traced back to the first times of the islamic penetration into negro West Africa. It originated and organized itself in the auriferous area of Bambouk where it strived to secure and monopolize, through religious prestige and skilful alliances, the profitable trade first with the Arabs and afterwards, and this accounts for the subsequent diakhanke movement towards the west, with the Europeans. Colonial occupation reduced considerably their commercial activity and their cultural influence as literate moslem missionaries. They have been obliged to rely more and more on agriculture and animal husbandry. The second part of the article is completely devoted to the Cercle de Kédougou where fifteen or so diakhanke villages can be found detached in malinké, peul, dialonke and bassari territories. Some are very ancient, others were founded very recently by Diakhanke emigrating from Guinea.
L'auteur, se fondant à la fois sur les données qu'il a lui-même recueillies durant l'hivernage 1964 chez les Diakhanké du cercle de Kédougou, dans le Sénégal oriental, et sur les informations fragmentaires glanées dans différents ouvrages anciens, s'efforce de retracer l'histoire de ce groupe apparenté aux Sarakolé mais qui a adopté la langue malinké et dont les villages sont actuellement dispersés dans certaines régions du Mali, du Sénégal, de Guinée, de Gambie, de Guinée Portugaise et de Sierra Leone. Il s'agit d'une sorte de confédération de familles de marabouts dont l'origine remonte aux premiers temps de l'islamisation des noirs d'Afrique occidentale et qui naquit et s'organisa dans la principale région aurifère, le Bambouk, en vue d'assurer et de monopoliser, grâce au prestige religieux et à d'habiles alliances, le fructueux négoce avec les Arabes d'abord, puis, c'est ce qui explique l'expansion vers l'ouest, avec les Européens. La colonisation devait réduire considérablement leur activité commerciale et leur rôle culturel de lettrés et de missionnaires de l'Islam et les forcer à compter de plus en plus sur l'agriculture et l'élevage. La seconde partie de l'article est consacrée exclusivement au cercle de Kédougou où se trouvent dispersés, dans les territoires peul, malinké, bassari et dialonké, une quinzaine de villages diakhanké, les uns très anciens, les autres créés récemment par des Diakhanké venus de Guinée.
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

P. Smith
Les Diakhanké. Histoire d'une dispersion.
In: Cahiers du Centre de recherches anthropologiques, XI° Série, tome 8 fascicule 3-4, 1965. pp. 231-262.
Citer ce document / Cite this document :
Smith P. Les Diakhanké. Histoire d'une dispersion. In: Cahiers du Centre de recherches anthropologiques, XI° Série, tome 8
fascicule 3-4, 1965. pp. 231-262.
doi : 10.3406/bmsap.1965.1491
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_1297-7810_1965_sup_8_3_1491Abstract
The author, on the grounds of the material that he collected himself during the rainy season of 1964
from the Diakhanke of the Cercle de Kédougou, in Eastern Senegal, and of the fragmentary information
scattered among several ancient books, gives a detailed account of the history of this group. The
Diakhanke are akin to the Sarakole but they have adopted the malinké language. Their villages,
detached or in small groups, can now be found in some parts of Mali, Senegal, Guinea, Gambia,
Portuguese Guinea and Sierra Leone. The group was a moslem confederation of marabout families and
its origin is to be traced back to the first times of the islamic penetration into negro West Africa. It
originated and organized itself in the auriferous area of Bambouk where it strived to secure and
monopolize, through religious prestige and skilful alliances, the profitable trade first with the Arabs and
afterwards, and this accounts for the subsequent diakhanke movement towards the west, with the
Europeans. Colonial occupation reduced considerably their commercial activity and their cultural
influence as literate moslem missionaries. They have been obliged to rely more and more on agriculture
and animal husbandry. The second part of the article is completely devoted to the Cercle de Kédougou
where fifteen or so diakhanke villages can be found detached in malinké, peul, dialonke and bassari
territories. Some are very ancient, others were founded very recently by Diakhanke emigrating from
Guinea.
Résumé
L'auteur, se fondant à la fois sur les données qu'il a lui-même recueillies durant l'hivernage 1964 chez
les Diakhanké du cercle de Kédougou, dans le Sénégal oriental, et sur les informations fragmentaires
glanées dans différents ouvrages anciens, s'efforce de retracer l'histoire de ce groupe apparenté aux
Sarakolé mais qui a adopté la langue malinké et dont les villages sont actuellement dispersés dans
certaines régions du Mali, du Sénégal, de Guinée, de Gambie, de Guinée Portugaise et de Sierra
Leone. Il s'agit d'une sorte de confédération de familles de marabouts dont l'origine remonte aux
premiers temps de l'islamisation des noirs d'Afrique occidentale et qui naquit et s'organisa dans la
principale région aurifère, le Bambouk, en vue d'assurer et de monopoliser, grâce au prestige religieux
et à d'habiles alliances, le fructueux négoce avec les Arabes d'abord, puis, c'est ce qui explique
l'expansion vers l'ouest, avec les Européens. La colonisation devait réduire considérablement leur
activité commerciale et leur rôle culturel de lettrés et de missionnaires de l'Islam et les forcer à compter
de plus en plus sur l'agriculture et l'élevage. La seconde partie de l'article est consacrée exclusivement
au cercle de Kédougou où se trouvent dispersés, dans les territoires peul, malinké, bassari et dialonké,
une quinzaine de villages diakhanké, les uns très anciens, les autres créés récemment par des
Diakhanké venus de Guinée.Extrait des Cahiers du Centre de Recherches Anthropologiques, n° 4.
In : Bull, et Mém. de la Soc. ďAnthr. de Paris,
t. 8, Xle série, 1965, pp. 231 à 262.
LES D1AKHANKÉ. HISTOIRE DUNE DISPERSION
par Pierre SMITH
Introduction.
Dans le cadre des études multidisciplinaires qu'il conduit
dans le département de Kédougou, au Sénégal oriental, le Centre
de Recherches Anthropologiques me chargea, durant l'hive
rnage 1964, d'une mission qui devait durer plus de quatre mois.
Il s'agissait d'aller reconnaître un groupe fort peu connu : les
Diakhanké qui, au nombre de quatre à cinq mille, et dispersés
dans tout le département, constituent 10 % environ de sa popul
ation.
J'ai d'abord visité, pour un bref séjour, chacun de leurs vil
lages, m'efforçant de recueillir les traditions, de recenser les
familles, de noter les différences évidentes de village à village.
J'ai ensuite longuement séjourné à Sillacounda (Silakunda),
village qui se trouve au centre de la seule région spécifiquement
diakhanké du département. J'ai alors établi les généalogies de
tous les habitants, ainsi que celles de leurs parents des villages
voisins, et j'ai essayé de dégager l'organisation sociale et famil
iale tout en recueillant ce que je pouvais sur les croyances et
les pratiques. Une dernière période de trois semaines, en sep
tembre, au moment des plus fortes crues, me vit confiné à Ké
dougou. Je me suis alors intéressé aux nombreuses familles de
cordonniers qu'on y trouve, et qui se disent diakhanké, et j'ai
relevé leurs généalogies à des fins de comparaison. J'ai aussi
longuement interrogé les quelques marabouts diakhanké de
Guinée et d'ailleurs, de passage à Kédougou et retenus là pour
les mêmes raisons que moi.
A ma connaissance, il n'existe qu'une seule publication spé
cialement consacrée à ce groupe ; il s'agit de quelques pages de
Bonnel de Mézières (1) qui rendent compte d'une brève visite
(1) Bonnel de Mézières, A. Les Diakhanké de Bani-Israïla et du Boundou
méridional (Sénégal). Notes Africaines, 41, 1949, pp. 20-25. 232 société d'anthropologie de paris
à plusieurs villages du Boundou, visite effectuée, nous allons
le voir, dans un but très particulier. On trouve, en outre, dans
quelques ouvrages, un certain nombre de données fragmentaires
sur les Diakhanké rencontrés dans les régions considérées.
Ces diverses informations, confrontées et combinées avec
celles recueillies par nous dans le département de Kédougou,
permettent néanmoins de se faire dès maintenant une idée rel
ativement précise de l'histoire de l'ensemble du groupe dont les
villages se trouvent actuellement dispersés au Mali, en Guinée,
au Sénégal, en Gambie, en Guinée Portugaise, en Sierra Leone
et même en Côte d'Ivoire et au Libéria.
Dans ce premier article on s'efforcera de retracer cette his
toire, de situer les Diakhanké par rapport aux autres peuples
soudanais et de définir leur position dans le département de
Kédougou. Un second article traitera des croyances et des pra
tiques caractéristiques de ce groupe essentiellement musulman,
telles qu'elles ont pu être observées dans le département de
Kédougou. Dans un troisième seront abordés la structure so
ciale, le système de parenté, les règles d'alliance et l'endoga-
mie ; mais les données comme les conclusions ne concerneront
alors, provisoirement du moins, que les villages du Niokholo.
Nous envisageons enfin de publier des notes détaillées sur les
différents clans diakhanké.
I. — Histoire et légende.
1° Les origines.
Examinons d'abord, pour l'écarter, ce qui relève du mythe,
de nos mythes. En effet, les Diakhanké seraient d'origine juive
et ils auraient conservé l'usage de l'hébreu ; c'est du moins pour
le démontrer que Bonnel de Mézières — à qui nous devons d'ail
leurs les premières fouilles du site de Koumbi, capitale présu
mée de l'antique empire de Ghana — effectue une mission en
1941 dans les villages diakhanké du Boundou méridional. Com
ment, sans avoir jamais pris contact avec des Diakhanké, en
était-il venu à ces conclusions ?
C'est lui qui avait découvert en 1911 le Tarikh el Feltash
dans la région de Tombouctou. Éditée et traduite deux ans plus
tard par O. Houdas et M. Delafosse (1), cette chronique en
arabe remontant au xvie siècle, œuvre d'un lettré soninké de
Tombouctou, fait état d'un groupe de Beni-Israël qui aurait
longtemps séjourné dans la boucle du Niger. Dès 1912, Maurice
(1) Kati, Mahmoud. Tarikh el Fettash, Paris, Leroux, 1913. SMITH. LES DIAKHANKÉ 233 PIERRE
Delafosse expose ses hypothèses sur une imigration judéo-sy
rienne très ancienne dans l'Ouest africain, laquelle, après un
séjour dans le pays de Dia, au Macina, serait &

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