Les études littéraires malgaches de Jean Paulhan - article ; n°1 ; vol.54, pg 79-93
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Description

Journal des africanistes - Année 1984 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 79-93
Abstract Jean Paulhan, known above all as a man of letters, was also a very scholarly man in the scope of the old malagasy literature. The second number of the Cahiers Jean Paulhan points to the genesis of this work. One finds in it that he had displayed the high quality of the poetical contests said haïn teny, as also their connections with the proverbs ohabolana and their rôle in the malagasy thought. In addition, in all austronesian literatures are poetical contests similar to the haïn-teny, like the malay pan tuns.
Résumé Jean Paulhan, surtout connu comme littérateur, a consacré des travaux capitaux à la littérature traditionnelle du Centre de Madagascar. Le second des Cahiers Jean Paulhan montre la genèse de cette œuvre importante qui a révélé, non seulement la qualité des joutes poétiques dites haïn-teny, mais aussi leurs rapports avec les sentences appelées ohabolana et leur place dans la pensée malgache. Ceci conduit à dépasser le domaine de ces études et à chercher des faits analogues dans les types poétiques de l'ensemble du monde austronésien occidental, tels les pantun malais.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Faublée
Les études littéraires malgaches de Jean Paulhan
In: Journal des africanistes. 1984, tome 54 fascicule 1. pp. 79-93.
Résumé Jean Paulhan, surtout connu comme littérateur, a consacré des travaux capitaux à la littérature traditionnelle du Centre
de Madagascar. Le second des Cahiers Jean Paulhan montre la genèse de cette œuvre importante qui a révélé, non seulement
la qualité des joutes poétiques dites haïn-teny, mais aussi leurs rapports avec les sentences appelées ohabolana et leur place
dans la pensée malgache. Ceci conduit à dépasser le domaine de ces études et à chercher des faits analogues dans les types
poétiques de l'ensemble du monde austronésien occidental, tels les pantun malais.
Abstract
Abstract Jean Paulhan, known above all as a man of letters, was also a very scholarly man in the scope of the old malagasy
literature. The second number of the Cahiers Jean Paulhan points to the genesis of this work. One finds in it that he had
displayed the high quality of the poetical contests said haïn teny, as also their connections with the proverbs ohabolana and their
rôle in the malagasy thought. In addition, in all austronesian literatures are poetical contests similar to the haïn-teny, like the
malay pan tuns.
Citer ce document / Cite this document :
Faublée Jacques. Les études littéraires malgaches de Jean Paulhan. In: Journal des africanistes. 1984, tome 54 fascicule 1. pp.
79-93.
doi : 10.3406/jafr.1984.2055
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1984_num_54_1_2055JACQUES FAUBLÉE
LES ÉTUDES LITTÉRAIRES MALGACHES
DEJEANPAULHAN
L'œuvre de Jean Paulhan malgachisant a déjà été évoquée dans et Journal1 ,
en se basant sur les ouvrages et articles, non sur les lettres et manuscrits. La
publication du second Cahier Jean Paulhan2 amène à compléter, à préciser,
ou même à modifier, ce qui a été écrit il y a plus de dix ans.
Tandis qu'il n'y a dans les Oeuvres complètes^ de Jean Paulhan que ses
créations littéraires, en écartant ses traductions, une partie de ce Cahier
comprend des esquisses de traduction. En ajoutant à ce volume Le repas et
l'amour chez les Mérinos4, les deux éditions des haïn-teny5 et un mythe6,
le lecteur a maintenant une vue de la vie de Jean Paulhan à Madagascar, de ses
recherches et de leurs résultats.
Nommé professeur au collège secondaire, européen, de Tananarive, en
1908, Jean Paulhan ne se sent pas tenu à ne voir que les Français installés
dans cette capitale administrative, avec une vie sociale rappelant trop souvent
les sous-préfectures de la métropole à cette époque, avec les visites protocol
aires et les bals. Par contre, il est vite séduit par les habitants de villages à
l'écart de Tananarive, comme Ambohimanga et Ambohimandroso. D'autre
part, ayant déjà entrepris l'étude d'une langue étrangère au groupe indo
européen, le chinois, cherchant, comme l'écrit Madame Jacqueline F. Paulhan,
à «pénétrer une autre forme de pensée par l'intermédiaire du langage»7 , Jean
Paulhan consacre une grande partie de son temps à la pratique orale du malgache.
Puis il prépare le brevet de langue malgache, comprenant des épreuves écrites,
ce qui l'amène à avoir recours à un instituteur malgache, Rajaona. Je ne pense
pas que Jean Paulhan ait suivi les cours publics préparant à ce brevet> car il
dépassait le niveau de cet enseignement tel qu'on le trouve dans les manuels
utilisés, puisqu'il est chargé, en février 1909, d'un cours de psychologie, en
1. 66, XL, 1970, p. 151-159. Les indications chiffrées renvoient aux numéros de la bibliographie.
2. 13. Il pourrait presque y avoir un renvoi à ce volume à chaque note. Seuls sont signalés les
détails importants.
3. 86.
4. 87.
5. 84,85.
6. 22, Cahier V, automne 1925, p. 79-85.
7 . Article de Jean Paulhan en 1907 , in La revue philosophique. 80 JACQUES FAUBLÉE
malgache, à des élèves instituteurs malgaches. Il a quarante-cinq élèves appli
qués et courtois, ce qui le change des leçons quasi privées du collège8 .
Il leur fait lire des textes malgaches classiques, tels les discours royaux
qu'ils ignorent comme les autres formes de la littérature et des coutumes
malgaches. Il écrira plus tard «Les Merinas ne savent défendre leurs mœurs et
leurs croyances ni contre les missionnaires ni contre le gouvernement français.
Sans doute n'étaient-ils pas assez convaincus ; leur sagesse ancienne leur
civilisation, on ne la connaîtra bientôt plus que par leurs proverbes et leurs
contes»9.
Ce point de vue amène Jean Paulhan à examiner, outre les discours
kabary, les autres recueils déjà publiés, avec l'aide de lettrés malgaches, et à
recueillir des documents inédits. Parmi ces lettrés, son principal collaborateur,
aussi bien pour les textes anciens que pour le produit des collectes^ est Ran-
driamifidy10 .
La quête des témoignages du passé amène Jean Paulhan à noter une
chanson de fillettes, à Tananarive. Le texte fait penser à un départ vers un
concours de chants et de danses. Pourtant, le commentaire, venant peut être
d'Andriamifîdy, indique l'appel à une puissance surhumaine, à Faliarivo11 .
J'ai tenu à mentionner d'abord ce bref chant, issu d'une tradition malgache
authentique, car Jean Paulhan écarte tout ce qui est étranger. L'absence de
réaction de ses élèves malgaches à la lecture de Tristan et Iseut lui permet
d'éliminer de prétendues légendes malgaches12.
La recherche de documents rares ou inédits le pousse à chercher des
ouvrages anciens et des manuscrits. Mais son principal souci est la collecte
de sources transmises oralement, ce qui l'amène à noter des variantes de textes
déjà publiés. Il en est ainsi de phrases associées ou enchaînées, de légendes
sur les rapports de la terre et du ciel, sur les génies vazimba et l'origine des
habitants de l'Imérina13 .
En certains cas, il est difficile d'affirmer que des contes viennent d'une
tradition orale incontestable et ne sont pas issus d'une lecture transformée
par des répétitions successives. Je me demande si un lettré, même aussi compét
ent qu'Andriamifidy, pouvait alors distinguer les deux sources possibles.
Entre 1908 et 1910, il est peu probable qu'il y ait déjà eu de nouvelles versions
malgaches traduites à partir d'un intermédiaire anglais ou français. Se poser
cette question est légitime à propos du cycle bien connu des deux compères
Ikotofetsy (o se prononce ou) et Imahakà, déjà entendu par Ferrand une
vingtaine d'années auparavant14 .
8. 56, 67, 68 ; «quand on devrait avoir une classe, que votre élève est malade» Je souligne le sin
gulier.
9. 26 et parties de 14 ; 51, n° 102, IX 1946, p. 323b-325b ; 87, p. 10.
10. 28 ; ou Andriamifidy (1846-1922) : 98, p. 52b-5Sa ; 51, n° 39, III 1940, p. 65a-69b ; 97, p. 157 ;
10,41, 1963-1965, p. 29-30.
11. 13, p. 53 ;10, VII, 1909, p. 123-128 ; 14, index, p. 143a ; 6, carte, face p. 306.
12. Fables étrangères : 91, p. 7-9 = 94, p. 12-13. L'auteur de 93 distingue les fables traduites du
français. Légende du lac Tritriva : 17, p. 97 ;S2,p.9 ; 54, p. 172 et 87, p. 49.
13. Il n'y a à examiner ici ni la question d'apports sanscrits (?, 10, VI, 1908-1909, p. 17-36 ; 45,
p. 69) ou africains (65, p. 463-465), cette dernière hypothèse étant écartée en 43, d'après les documents
de 14. L'origine musulmane de l'astrologie malgache est incontestable.
14. 28,91 =94 ; 49, p. 201-248. LES ÉTUDES LITTÉRAIRES MALGACHES DE JEAN PAULHAN 8 1
Jean Paulhan n'est pas dans la lignée des folkloristes du début de ce
siècle. Il ne recherche ni identité de thèmes, ni filiations mais essaie de trouver,
à travers les contes, la mentalité sous-jacente. Le narrateur d'un récit explique
le comportement des voisins vis-à-vis des deux malfaiteurs déjà nommés :
«... celui à qui ils avaient pris un lamba (tissu ou toge) ou trois mesures de riz
se disait : «Maintenant, c'est fini pour moi, et j'aurai bientôt la joie de les
voir attraper d'autres gens du village». Et celui à qui l'on n'avait rien pris
se disait -.«Sûrement Ikotofetsy et Imahakà m'aiment et je suis de leurs amis»...
Ainsi, personne dans le village ne leur voulait

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