Les mineurs délinquants, entre répression, médiatisation, sanction, éducation et responsabilisation... - article ; n°2 ; vol.24, pg 167-186

Philippe Lacombe, Caroline Moulin

Description

Déviance et société - Année 2000 - Volume 24 - Numéro 2 - Pages 167-186
The article describes the methods and results of research on (and with) young delinquents. Commissioned by the Federation of National Education, its theme is well illustrated by the subtitle : 'Delinquent juveniles : educational priorities and aknowledging their individual responsibility'. The most novel method - developed at the national level - was a series of biopics or life histories, created as a result of analysis of interviews with the young people and their families, as well as with different agency personnel and, where relevant, victims. Setting aside preconceived ideas and ideological pressures, which often hinder clear analysis of questions concerning delinquency, the research examines prospects of shifts in delinquent careers that could build upon measures and/or by the 1945 legislation as well as more recent initiatives.
Dieser Artikel faßt den Verlauf und die Ergebnisse einer gemeinsamen Studie über (und mit) minderjährigen Straftätern zusammen. Die Fragestellung und der Inhalt dieser Untersuchung, die von der Fédération de l'Éducation nationale gefordert worden ist, ergibt sich aus ihrem Titel: « Minderjahrige Straftäter, die Priorität der Eerziehung und das Erkennen individueller Verantwortlichkeit ». Der in Frankreich einzigartige Ansatz ergibt sich aus einer Serie von Monographien, die auf der Basis von Interviews mit den Kindern und Jugendlichen, ihren Eltern wie auch mit verschiedenen Akteuren aus Institutionen und gegebenenfalls auch mit Opfern erstellt worden sind. Außerhalb vorgefaßter Ideen oder ideologischem Druck, die häufig eine nuchterne Analyse von Reaktionen auf das Problem minderjähriger Straftäter verstellen, untersucht diese Studie die Perspektive von Entwicklungsverläufe minderjàhriger Straftäter in der Folge der Interventionent und/oder Sanktionen, die durch die Vorschriften von 1945 und aktuelleren Neuerungen ermöglicht wurden.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: DEVIANCE_ET_SOCIETE
• Publié le: 01 janvier 2000
• Nombre de lectures: 307
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Philippe Lacombe
Caroline Moulin
Les mineurs délinquants, entre répression, médiatisation,
sanction, éducation et responsabilisation...
In: Déviance et société. 2000 - Vol. 24 - N°2. pp. 167-186.
Abstract
The article describes the methods and results of research on (and with) young delinquents. Commissioned by the Federation of
National Education, its theme is well illustrated by the subtitle : 'Delinquent juveniles : educational priorities and aknowledging
their individual responsibility'. The most novel method - developed at the national level - was a series of biopics or life histories,
created as a result of analysis of interviews with the young people and their families, as well as with different agency personnel
and, where relevant, victims. Setting aside preconceived ideas and ideological pressures, which often hinder clear analysis of
questions concerning delinquency, the research examines prospects of shifts in delinquent careers that could build upon
measures and/or by the 1945 legislation as well as more recent initiatives.
Zusammenfassung
Dieser Artikel faßt den Verlauf und die Ergebnisse einer gemeinsamen Studie über (und mit) minderjährigen Straftätern
zusammen. Die Fragestellung und der Inhalt dieser Untersuchung, die von der Fédération de l'Éducation nationale gefordert
worden ist, ergibt sich aus ihrem Titel: « Minderjahrige Straftäter, die Priorität der Eerziehung und das Erkennen individueller
Verantwortlichkeit ». Der in Frankreich einzigartige Ansatz ergibt sich aus einer Serie von Monographien, die auf der Basis von
Interviews mit den Kindern und Jugendlichen, ihren Eltern wie auch mit verschiedenen Akteuren aus Institutionen und
gegebenenfalls auch mit Opfern erstellt worden sind. Außerhalb vorgefaßter Ideen oder ideologischem Druck, die häufig eine
nuchterne Analyse von Reaktionen auf das Problem minderjähriger Straftäter verstellen, untersucht diese Studie die Perspektive
von Entwicklungsverläufe minderjàhriger Straftäter in der Folge der Interventionent und/oder Sanktionen, die durch die
Vorschriften von 1945 und aktuelleren Neuerungen ermöglicht wurden.
Citer ce document / Cite this document :
Lacombe Philippe, Moulin Caroline. Les mineurs délinquants, entre répression, médiatisation, sanction, éducation et
responsabilisation.. In: Déviance et société. 2000 - Vol. 24 - N°2. pp. 167-186.
doi : 10.3406/ds.2000.1723
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_2000_num_24_2_1723et Société, 2000, Vol. 24, No 2, pp. 167-186 Déviance
LES MINEURS DÉLINQUANTS, ENTRE REPRESSION,
MÉDIATISATION, SANCTION, ÉDUCATION
ET RESPONSABILISATION...
P. LACOMBE*, C. MOULIN*
Cet article tente de restituer la procédure et les résultats d'une recherche collective sur (et
avec) les mineurs délinquants. Initiée par la Fédération de l'Éducation nationale, son ques
tionnement est alors inclus dans l'intitulé: «Mineurs délinquants, la priorité éducative et la
reconnaissance de leurs responsabilités individuelles ». L'approche la plus originale - déve
loppée sur le territoire national - est constituée par une série de monographies ; celles-ci s 'ar
ticulent autour de l'analyse d'entretiens successivement réalisés auprès de jeunes, de leurs
familles, ainsi que d'acteurs institutionnels différents, et le cas échéant, des victimes. Loin des
idées préconçues ou des pressions idéologiques, qui nuisent bien souvent à l'analyse sereine
des réponses apportées à la délinquance des mineurs, la recherche interroge les perspectives
d'inflexions d'itinéraires de mineurs délinquants à partir des mesures et/ou des sanctions per
mises par l 'ordonnance de 1945 ainsi que par des innovations plus récentes.
Mots-clés: Mineur délinquant - Socialisation - Responsabilisation- Inflexion d'itiné
raire
La délinquance des mineurs, devenue seconde cause nationale en 1998, est certainement la
plus stigmatisée dans les discours politiques et médiatiques. Au regard des délinquances de
majeurs, telles la délinquance fiscale, économique, informatique ou encore routière. . ., elle pourr
ait pourtant être qualifiée de délinquance mineure. Tout dépend des critères de gravité que l'on se
donne, c'est-à-dire si l'on évoque un coût financier, social ou politique. Mais en fait l'essentiel
dépend, comme bien souvent, des institutions qui s'expriment et de la provenance du discours. Il
est possible d'émettre l'hypothèse d'une surmédiatisation liée au fait que la délinquance des
mineurs est une délinquance de proximité qui s'attaque aux biens et aux personnes, sans trop de
discernement. Il est possible aussi de suggérer qu'il s'agit en fait d'une stratégie écran (consciente
ou non), visant à occulter d'autres phénomènes... La délinquance routière développe, par
exemple, des conséquences plus dramatiques et plus coûteuses, tout en frappant aussi indistinct
ement les citoyens, au quotidien. Elle est par contre développée par des adultes, issus de tous les
groupes sociaux, dont beaucoup s'offusquent actuellement par exemple, de la perspective de cla
ssement parmi les délits des excès de «grande vitesse». Alors la délinquance des mineurs n'est-
elle pas aussi fortement dénoncée parce qu'elle est essentiellement produite par des jeunes issus
de milieux populaires ? Peut-être faudrait-il aussi considérer la culpabilité grandissante de géné
rations d'adultes qui constatent, assez impuissants, l'exclusion dont sont victimes des générations
de jeunes : exclus du travail et de l'emploi, mais plus généralement, des responsabilités. «La
société (des années 1 975- 1 995) fabrique des délinquants (,..)La résurgence de la violence depuis
Université de Bretagne occidentale. Cet article est tiré d'un rapport édité par le Centre H. Aigueperse - Fédération
de l'Education nationale - en octobre 1999, 500 pages. 168 Déviance et Société
vingt ans est inséparable de la crise du travail comme source économique, mais aussi
comme source d'identité, de reconnaissance» (Lagrange, 1998b, 48-75). Si enfin l'on
rajoute que ces discriminations s'exercent davantage, et depuis plus longtemps, dans les
milieux populaires, on comprend que, dans les «quartiers de relégation»1 le déficit d'inser
tion des pères par l'emploi, entretienne des relations avec l'absence, physique ou symbol
ique, du père comme modèle éducatif, ou encore «l'effondrement de la puissance tutélaire
de la famille».
L'hypothèse d'une «fabrique délinquante» paraît fondée. La délinquance constitue une
réalité sociale fabriquée, pour partie fantasmée, incertaine, dans tous les cas. Toute poli
tique de prévention de (ou de lutte contre) la délinquance doit intégrer, au delà de la seule
«judiciarisation systématique de la vie sociale, une action soutenue en faveur de l'emploi
des jeunes déviants dans les quartiers de relégation» (Lagrange, 1998b, 24). Les mineurs
délinquants, ici objet de recherche, sont bien plus souvent des enjeux de (projet de) société.
I. Les mineurs délinquants et non la délinquance
Nous faisons le choix de nous orienter vers une démarche comprehensive de la délinquance.
Parler de «la» délinquance peut se satisfaire de typologies ou de catégories classant les types
d'actes, leur fréquence, leurs variations... Mais comprendre la délinquance nécessite d'appré
hender le sens donné aux actes recontextualisés dans des histoires de vie singulières. Il convient
ici de saisir un phénomène comme fait social total, au sens maussien du terme. Par leurs actes,
les délinquants ne transgressent pas seulement des normes sociales mais répondent aussi à des
exigences en référence à un groupe de pairs au sein duquel ils se construisent, s'identifient et
s'adaptent à une situation complexe. En plaçant l'acteur au centre de la recherche, nous postu
lerons également que le cadre social et institutionnel détermine pour partie les conduites des
jeunes (Becker, 1985, 223). En situant notre recherche dans le champ de la sociologie de la
déviance, nous aurions réduit notre analyse à l'unique dimension transgressive du fait de délin
quance, c'est-à-dire à la relation unique individu/société, individu/institution. Or dans une
société qui génère des interactions toujours plus c