Les mouvements expressifs et la personnalité - article ; n°1 ; vol.73, pg 311-337
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Description

L'année psychologique - Année 1973 - Volume 73 - Numéro 1 - Pages 311-337
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Bruchon
Les mouvements expressifs et la personnalité
In: L'année psychologique. 1973 vol. 73, n°1. pp. 311-337.
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Bruchon M. Les mouvements expressifs et la personnalité. In: L'année psychologique. 1973 vol. 73, n°1. pp. 311-337.
doi : 10.3406/psy.1973.27986
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1973_num_73_1_27986LES MOUVEMENTS EXPRESSIFS
ET LA PERSONNALITÉ
par Marilou Bruchon
Laboratoire de Psychologie expérimentale et différentielle
Université de Paris X-Nanterre
INTRODUCTION
Que les gestes, les mimiques, la voix, la démarche d'un individu
fassent partie intégrante de sa personnalité semble être une évidence
pour le sens commun. Lorsque nous qualifions les êtres de sthéniques,
de détendus ou d'arrogants, nous traduisons globalement l'impression
d'unité que dégagent les divers aspects de leur personnalité, affectifs
et moteurs.
L'expression gestuelle est souvent considérée comme un témoignage
explicite de la personnalité : « ... l'individu se manifeste à chaque
instant, globalement et totalement, par ses postures, ses attitudes,
ses mimiques » (Wallon, 1942) ; certains auteurs lui attribuent même la
qualité de « révélateur » (Pepitone et Gray, 1964) ou de « reflet » (Taft,
1967). La spontanéité des manifestations expressives est parfois prise
comme critère d'authenticité : « ... il est plus facile de tromper par la
parole, tandis que le geste, qui nous échappe, porte l'empreinte de la
vérité » (Foix, 1964).
Si la personnalité est traditionnellement décrite à partir des pro
ductions verbales des individus (réponses aux questionnaires, entretiens,
tests projectifs), l'évaluation objective de l'expression non verbale est
encore exceptionnelle dans l'examen psychologique, à part celle des
productions graphiques. Pourtant, les mouvements expressifs peuvent
apporter à l'étude de la personnalité humaine un complément d'info
rmation précieux et original.
Bien que les anciennes écoles morpho-psychologiques, physiognomo-
niques et graphologiques aient été l'objet d'un engouement considérable,
l'absence de preuves expérimentales ainsi que des naïvetés interpré
tatives expliquent sans doute le discrédit dont jouissent aujourd'hui
ces divers courants, dont certaines hypothèses pourraient cependant
être reprises scientifiquement. 312 REVUES CRITIQUES
Nous aborderons successivement dans ce compte rendu1 ;
1. Les mouvements expressifs. Définitions. Contenu. Problèmes métho
dologiques et théoriques.
2. Les expressifs et les typologies.
3. Les mouvements expressifs, les émotions et la personnalité.
4. Etude de quelques variables expressives.
LES MOUVEMENTS EXPRESSIFS
1. Définitions
Certains auteurs distinguent les « mouvements expressifs » des
« mouvements adaptatifs ». L'origine de cette distinction n'est pas
récente. En effet, Darwin (1874) considère les mouvements expressifs
comme d'anciennes actions effectives qui, non utiles, subsisteraient à
l'état d'ébauches rudimentaires. Cet aspect gratuit du mouvement
expressif semble être reconnu par tous les auteurs. Selon Buytendijk
(1957), 1' « action transitive » a un but et « se développe en mouvements
partiels tendant à une certaine économie de l'exécution », tandis que
le mouvement expressif n'a rien à voir avec la performance. Pour
Allport (1970), « l'affrontement moteur » est intentionnel, contrôlable
et formellement provoqué par la situation qu'il tend d'ailleurs à modifier,
alors que « l'expression motrice » est spontanée, difficile à contrôler,
et n'a pas d'effet volontaire sur la situation. La définition d'Allport
et Vernon, déjà ancienne (1933), semble encore être adoptée par la
plupart des auteurs dont Eisenberg (1940), Talmadge (1958) et Takala
(1963) : « L'étude des mouvements expressifs concerne les différences
individuelles dans la manière d'accomplir les actes adaptatifs, considérés
comme dépendant moins de conditions externes et temporaires que de
qualités durables de la personnalité2 ».
D'autres auteurs, depuis Bellak (1944), reprennent la distinction
précédente et considèrent également que les mouvements évalués en
terme de réussite ou d'échec sont « adaptatifs ». Pour eux, les mouve
ments liés au style personnel de réalisation de l'action, quelle que soit
son efficience, sont « expressifs ». Mais ces auteurs (Wolff, 1951 ;
Osterrieth, 1957 ; Mathieu, 1961 ; Wildöcher, 1965) distinguent en
1. Nous ne ferons pas ici le compte rendu des études ayant pour objet
les indices grapho-moteurs. Nous leur consacrerons, vu leur nombre et
leur intérêt, une publication ultérieure.
2. Cette définition élimine donc les mouvements expressifs liés à l'émo
tion, tout au moins dans une perspective de recherche générale. On pourra
consultera ce sujet Darwin (1874), Jones (1950), Asch (1952), Woodworth
et Schlosberg (1954), Klineberg (1957) et Fraisse (1963) dont nous
situerons brièvement les contributions à l'étude de l'expression faciale. BRUCHON 313 M.
outre l'aspect « projectif » des mouvements. Certains mouvements
étudiés à travers l'expression graphique peuvent par exemple révéler « les
sentiments et attitudes du sujet à l'égard de son corps » (Bellak), « une
activité perceptive » singulière et structurante (Murray, 1953 ; Mucchielli,
1965) ou une « activité psychique inconsciente » (Wildöcher). Osterrieth
émet quelques réserves quant à l'interprétation systématique des pro
ductions expressives et l'usage parfois hasardeux du symbolisme
psychanalytique, dont la clarté et l'évidence sont trompeuses. Il souhaite,
avec K. Machover (1953) et Koch (1958), une meilleure coordination
des très nombreux travaux consacrés à l'aspect projectif des mouve
ments et une elucidation des mécanismes mis en jeu dans le processus
de projection.
Ce découpage du mouvement en plusieurs aspects peut sembler
artificiel : d'après Wolff et Precker (1951), aucun test ne met purement
en jeu l'un ou l'autre aspect. Si le mouvement constitue pour celui qui
l'effectue une totalité indissociable, c'est l'observateur qui en saisit
des aspects particuliers, selon ses objectifs et les techniques dont il
dispose. L'aspect expressif concerne les qualités extérieures et formelles
des mouvements non liées à la performance. Eysenck (1950) dit à ce
propos : «... nous préférons le terme d'expression à celui de projection
pour deux raisons : d'abord parce qu'il n'implique pas de théorie teintée
de couleur psychanalytique, et ensuite parce qu'il décrit mieux le genre
de tests qu'il comporte. »
2. Contenu
Les premières modalités expressives explorées étaient d'ordre sta
tique, comme la morphologie du crâne, du visage et des mains. La
structure du corps n'est aujourd'hui étudiée que par les approches
constitutionnalistes de la personnalité. Ce sont surtout les modalités
« dynamiques » de l'expression (vitesse, énergie), et certaines carac
téristiques « figurales » (amplitude, direction, forme) qui font l'objet
des recherches actuelles1.
Seuls Allport et Vernon (1933) ont tenté de dresser un inventaire
complet des divers mouvements expressifs. Nous ne présentons ici
que les six catégories générales de l'expression proposées par ces auteurs
et qui contiennent un très grand nombre d'indices différents :
— les mouvements expressifs généraux ;
— les liés à la station verticale ;
— les en position assise et au repos ;
— communication et mimiques ;
— écriture ;
— autres champs expressifs.
1. Classification proposée par Strehle (1934). REVUES CRITIQUES 314
Toutes les variables proposées par les auteurs ne sont pas à pro
prement parler des mouvements expressifs (style de mobilier, style
vestimentaire, etc.). En effet, les auteurs n'ont éliminé aucun indice
a priori, ce qui leur a permis de dégager les dimensions essentielles de
l'expression et les indices les plus représentatifs de ces dimensions à
partir de variable

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