Les phares dans l'histoire Thobie (Jacques), L'administration ...

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• Publié par: ynytiryn
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Les phares dans l’histoire Thobie (Jacques),L’administration générale des phares de l’Empire ottoman et la société Collas et Michel (18601960), Paris, L’Harmattan, 2004, 300 p. 30 euros En 1974, l’économiste Robert H. Coase écrivait un célèbre article intitulé “The Lighthouse in Economics” dans lequel il conteste l’idée selon laquelle seuls les 1 gouvernements peuvent fournir un service de signalisation maritime . Son analyse s’appuie sur une histoire très détaillée des services anglais et écossais des phares aux XVIIIe et XIXe siècles, qui percevaient une taxe auprès des bateaux touchant leurs côtes. Sous l’Ancien Régime, la France avait opté pour un système de concessions confiées à des entrepreneurs, avant que le service devienne public au milieu du XIXe siècle, sous la pression des ingénieurs des Ponts et Chaussées 2 chargés de l’organiser . L’histoire administrative et économique des phares est mal connue. Dans cette perspective, le livre de Jacques Thobie consacré à l’administration des phares ottomans est une contribution majeure, très différente des récits qui, de la construction de la tour d’Alexandrie à la vie supposée érémitique des gardiens de phare, ressassent sans fin les mêmes clichés. Jacques Thobie, professeur à l’université Paris 8 et ancien directeur de l’Institut Français d’Etudes Anatoliennes, menait une recherche dans les archives de l’administration impériale ottomane, sous la direction de JeanBaptiste Duroselle et Pierre Renouvin, quand il découvrit les dossiers d’une entreprise française, Collas et 3 Michel, qui avait été en charge des phares à partir de 1860 . Alors que la guerre de Crimée n’est pas encore terminée, Marius Michel (18191907), un officier de la marine marchande qui a beaucoup navigué entre Marseille et le ProcheOrient pour les Messageries Maritimes, devient le chef des phares ottomans, grâce à un accord signé entre l’ambassadeur français, Antoine Thouvenel, et le sultan AbdulMedjid. Il crée son entreprise en s’associant avec Camille Colas (18191898), lui aussi officier de marine, et négocie un premier contrat de concession en 1860. Depuis le temps des capitulations, les investissements étrangers existaient dans l’empire ottoman, mais il s’agit ici d’une administration stratégique, confiée à deux entrepreneurs français. L’affaire se révèle fort profitable : des bureaux collectent les droits de feux dans tout l’Empire et les profits – 73% d’un revenu moyen annuel de 3,6 millions de francs entre 1862 et 1913 – sont redistribués entre la société et l’Etat. Michel et Collas font de colossaux bénéfices personnels: Michel investit dans une station balnéaire, Tamaris, où un institut de physiologie marine porte aujourd’hui le nom de «Michel Pacha ».Collas place son argent dans la ligne de chemin de fer qui relie Jaffa à Jérusalem. Sur des côtes pratiquement vierges de toute signalisation, la société fait construire de nombreux phares, près d’une centaine au cours de ses vingt premières années d’activité. On en apprend peu dans le livre sur les relations entre ingénieurs français et gardiens de phare turcs, pour la plupart d’anciens marins. La construction

1 . « The Lighthouse in Economics »,Journal of Law and Economics, 17, no. 2 (October 1974), p. 357 376. 2 . Vincent Guigueno,Au service des phares. La signalisation maritime en France, XIXeXXe siècle, Presses Universitaires de Rennes, 2001.  Jacques Thobie a rédigé sathèse d’Etatsur les intérêts français dans l’Empire ottoman :Intérêts et impérialisme français dans l’Empire ottoman, 18951914, Publications de la Sorbonne, 1977.