Les pierres précieuses et leurs prix au XVe siècle en Italie, d après un manuscrit hébreu - article ; n°5 ; vol.23, pg 1067-1085
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Les pierres précieuses et leurs prix au XVe siècle en Italie, d'après un manuscrit hébreu - article ; n°5 ; vol.23, pg 1067-1085

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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1968 - Volume 23 - Numéro 5 - Pages 1067-1085
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 69
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Colette Sirat
Les pierres précieuses et leurs prix au XVe siècle en Italie,
d'après un manuscrit hébreu
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 23e année, N. 5, 1968. pp. 1067-1085.
Citer ce document / Cite this document :
Sirat Colette. Les pierres précieuses et leurs prix au XVe siècle en Italie, d'après un manuscrit hébreu. In: Annales. Économies,
Sociétés, Civilisations. 23e année, N. 5, 1968. pp. 1067-1085.
doi : 10.3406/ahess.1968.421989
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1968_num_23_5_421989Les pierres précieuses et leurs prix
au XVe siècle en Italie
D'APRÈS UN MANUSCRIT HÉBREU
Les joyaux, les perles, les pierres précieuses, bien que fort appréciés
au Moyen Age, n'ont pas joué un rôle primordial dans le commerce
et l'économie. A l'exemple de l'or et l'argent, ils étaient considérés
comme des investissements. On reconnaissait d'autre part leur valeur
esthétique et on leur attribuait des qualités magiques et thérapeut
iques. L'identification des pierres précieuses médiévales avec celles
que nous connaissons est loin d'être parfaitement établie ; il est admis
en tout cas que le nombre des pierres connues au Moyen Age est res
treint : parmi les pierres décrites dans les lapidaires (59 chez Marbod), il
n'en est guère plus d'une quinzaine que l'on pouvait effectivement
trouver sur le marché x. Peut-être, d'ailleurs, n'attachait-on pas à la
qualité de la pierre une influence décisive ; les trésors royaux contiennent
nombre de pierres fausses et décrites comme telles dans les inventaires.
La beauté d'une pierre tenait beaucoup à sa forme brute : la taille « en
brillant » n'a été inventée qu'en 1475 ; auparavant on polissait lès pierres
sans pouvoir leur donner une forme différant beaucoup de celle qu'elles
avaient déjà 2. Le poids et la couleur étaient importants non seulement
du point de vue esthétique mais aussi du point de vue de l'efficacité.
Chaque pierre avait sa vertu propre ; de là vient qu'on considérait
1. Ces pierres sont aussi celles que relève U. T. Holmes dans l'article très dense
consacré aux « Mediaeval gem stones », Speculum, IX, 1934, pp. 195-204, que je citerai
encore souvent.
2. Qu'il me soit permis de remercier très sincèrement les joailliers qui ont bien
voulu m'expliquer les termes de métier et m'initier au travail des pierres : en premier
lieu M. Victor Klagsbald, diamantaire, hébraïsant et collectionneur, qui a déchiffré
avec moi plusieurs mots difficiles, ensuite M. Southeyrand, joailler spécialisé dans les
bijoux du Moyen Age qui m'a appris des détails importants. J'ai utilisé les manuels
de joaillerie suivants : P. Lacroix et F. Sere, Histoire de l'orfèvrerie joaillerie, Paris,
1850 ; J. Rambosson, Les pierres précieuses, Paris, 1870 ; J. Escard, Les pierres préc
ieuses, Paris, 1914, suivi, pp. 461-510 d'une très belle bibliographie et d'un excellent
index ; Tardy, Les pierres précieuses, les pierres dures, les perles, Paris, 1965.
1067 COLETTE SIRAT
comme précieuses de simples « pierres » d'origine animale comme l'alec-
toire. Cette pierre est décrite dans tous les lapidaires et les traités de
joaillerie jusqu'au xvie siècle, peut-être même après. Sa vertu curative
ne faisait aucun doute ; de même, les perles, petites et irrégulières,
étaient vendues à l'once aux apothicaires qui en faisaient des remèdes.
Les perles grosses et rondes étaient en revanche portées en joyaux.
Le rôle d'investissement joué par les joyaux explique sans doute
qu'on les trouve assez répandus en milieu rural. On les trouve souvent
dans les inventaires après décès, ils sont donnés en dot, offerts pendant
les quêtes. Le travail que M. J. Heers a consacré à la vente des Indul
gences pour la Croisade, à Gênes et en Lunigiana, en 1456 1, est à cet
égard tout à fait remarquable. Il mentionne les grosses ceintures à la
mode de Gênes, faites de draps de soie de couleurs et ornées d'un fer
moir, d'un nombre variable de crochets et de barrettes d'argent. Les
fermoirs étaient souvent garnis de perles, même dans les villages 2.
C'est dans le cadre de la vie populaire, parmi le petit peuple citadin,
que devaient vivre les deux joaillers juifs dont j'ai fait la connaissance
au hasard de recherches paléographiques dans le fonds des manuscrits
de la bibliothèque municipale de Genève 3. En effet, le texte hébreu
dont je donne ici la traduction traite des joyaux, mais au niveau du
commerce de détail. Les pierres précieuses, et surtout les perles, faisaient
l'objet d'un commerce international entre l'Asie et l'Egypte, puis
l'Egypte et l'Europe 4. Elles sont donc mentionnées parmi les autres
marchandises dans presque tous les grands livres de commerce des
marchands italiens 5. Ces mentions sont souvent globales car il s'agit
de cargaisons complètes. Ainsi les prix des perles dans les registres des
1. Miscellanea Storica Ligure, III, pp. 71-101. Cf. également E. Pandiani, « La
vita genovese nel rinascimento », dans Atti délia Societa Ligure di Storia Patria, 1915,
pp. 223 et 247.
Les renseignements réunis par E. H. Byrne dans « Some mediaeval gems and rela
tive value », Speculum, X, 1936, pp. 177-187, concernent surtout les xne et xiiie siècles.
2. Étant donné le peu de façon et l'importance du poids d'or ou d'argent des
bijoux, Faloi est très souvent mentionné. Cf. l'article de M. J. Heers cité plus haut
et aussi du même auteur : Gênes au XVe siècle, Paris, 1961, pp. 65 et 380, 389. Cf.
également : G. Bigwood, Le livre de comptes des Gallerani, Bruxelles, 1962, II, pp. 225-
226.
3. Je me trouvais á Genève sur l'invitation de la Woman International Ziouist
Organisation, á laquelle je tiens á exprimer toute ma gratitude.
4. Cf. L'histoire du Commerce du Levant au Moyen Age de W. Heyd, édition fran
çaise refondue et augmentée, Amsterdam, 1959, et l'article récent de Shelomo D.
Goitein, « Le Commerce méditerranéen avant les Croisades», Biogène, 59, 1967,
pp. 52-68.
5. La Pratica délia Mercatura. Francesco di Balduccio Pegolotti, éd. A. Evans,
Cambridge (Mass.) 1936. Parmi les autres livres de commerce, celui qui contient le plus
de renseignements sur notre sujet est Le Livre de comptes de Giovanni Picamiglio,
homme d'affaires génois 1456-1459, par J. Heers (coll. Affaires et Gens d'affaires, XIII),
Paris, 1959, pp. 56-136, 216-218, 278.
Cf. également : II manuále di Mercatura. Saminiato de Ricci, éd. A. Borlandi,
Gênes, 1963 ; II libro dei mercatantie et usanze de paesi di Giorgio di Lorenzo, Chiarini,
1068 LES PIERRES PRÉCIEUSES
douanes de Gênes 1. Teifaschi, au xine siècle 2, Pegolotti, au xive,
donnent bien les prix de certaines pierres mais sur le marché d'Alexand
rie. En revanche, lorsque les transactions ont eu lieu en Europe, les
qualités et les prix sont quelquefois précisés. Il faut attendre toutefois
Boetius de Boot pour avoir les prix détaillés pratiqués en Europe
au début du xvne siècle 3. Auparavant, il nous faut nous contenter
des notations éparses disséminées dans les actes de notaires.
Le texte intitulé Sur les pierres* peut être ici de quelque secours;
il se divise en trois parties :
éd. F. Borlandi, Turin, 1936, et aussi : P.-H. Dopp, L'Egypte au commencement du
XVe siècle d'après le traité d'Emmanuel Piloti de Crète, Le Caire, 1950.
1. John Day, Les Douanes de Gênes, 1376-1377 (coll. Ports, Routes, Trafics, XVII),
2 tomes, Paris, 1963, pp. 269, 288, 487, 499, etc. On y voit que les perles provenaient
d'Alexandrie mais aussi de Famagouste, d'Espagne, de Provence. Cf. également :
Gênes et les foires de change de Lyon à Besançon, par Domenico Gioffré (coll. Affaires
et Gens d'affaires, XXI), Paris, 1960, p. 66, mais il s'agit du début du xvie siècle.
2. Clément-Mtxllét, « Essai sur la minéralogie arabe », Journal Asiatique, 6e série,
XI, 1868, pp. 5-81, 109-252, 502-522 (prix, poids et glossaire). Clément-Mullet a utilisé
non seulement l'édition de M. Reineri, Fior di Pensieri sulle piètre preziose di Ahmed
Teifascite, Florence, 1818, mais aussi trois manuscrits de la Bibliothèque nationale à
Paris, plus complets que l'édition.

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