Les plantations de cacaoyers en pays Yoruba : un exemple d expansion économique spontanée - article ; n°1 ; vol.15, pg 60-82
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1960 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 60-82
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pierre Gourou
Les plantations de cacaoyers en pays Yoruba : un exemple
d'expansion économique spontanée
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 15e année, N. 1, 1960. pp. 60-82.
Citer ce document / Cite this document :
Gourou Pierre. Les plantations de cacaoyers en pays Yoruba : un exemple d'expansion économique spontanée. In: Annales.
Économies, Sociétés, Civilisations. 15e année, N. 1, 1960. pp. 60-82.
doi : 10.3406/ahess.1960.421745
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1960_num_15_1_421745plantations de cacaoyers Les
EN PAYS YORUBA :
Un exemple d'expansion économique spontanée
Une des voies les plus sûres du progrès économique de l'Afrique
tropicale (mais pas nécessairement l'une des plus étudiées) est le
développement de plantations pérennes par l'initiative des habitants.
Comment les Africains créent-ils de telles plantations, comment sont
maîtrisées de nouvelles techniques agricoles, comment concilier la péren
nité des plantations et les incertitudes du régime foncier ? Comment sont
dégagés les capitaux nécessaires ? Mais les Africains ne démontrent-ils
pas qu'il faut bien peu de capitaux pour créer de telles plantations ?
Ces questions probablement importantes pour l'avenir de l'Afrique
peuvent être utilement examinées en Nigeria sud-occidentale ; les
cacaoyères yoruba, incontestable réussite économique, y ont fait l'objet
d'un livre important 1.
La réussite cacaoyer e.
Dans la « région occidentale » de Nigeria, de part et d'autre d'un axe
jalonné par Haro, Abeokuta, Ibadan, Ife, Ikare (fig. 1), s'est développée
une production de cacao qui, de 4 000 t métriques de cacao sec en 1911,
s'est élevée à 90 000 en 1938 pour se maintenir depuis lors vers 100 000-
110 000. Le pays du cacao couvre 21 000 km2, peuplés de 1 400 000 ruraux
1. R. Galletti, K. D. S. Baldwin, I. O. Dîna : Nigerian Cocoa Farmers, An
Economic Survey of Yoruba Cocoa Farming Families (Nigeria Cocoa Marketing Board,
Oxford University Press, 1956, 744 pages). — L'ouvrage, outre ses diverses qualités,
est un merveilleux répertoire des finesses des systèmes de mesure britanniques : les
valeurs sont en demi-pennies, pennies, dixièmes de shilling, shillings, florin, dixièmes de
livre, livres ; les longueurs en furlongs ; les surfaces en acres et dixièmes d'acre ; les
volumes en gallons et dixièmes de gallon ; les poids en tonnes longues, en cwt (hundred
weight, c'est-à-dire 112 livres), en livres, en dixièmes de livre, en grammes.
60 .
CACAOYERS EN PAYS YORUBA
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61 ANNALES
et 800 000 citadins ; la densité générale de la population est donc de
104 habitants par km*. Les cacaoyères occupent le dixième de la surface,
soit 210 000 hectares. Le pays cacaoyer, avec 3 % de la surface totale
de la Nigeria et 7 % de la population, assure 23 % des exportations (en
valeur) en 1949-1952 ; les droits de sortie sur le cacao ont fait 9 % des
recettes du gouvernement central ; les Yoruba, plus prospères que les
autres Nigériens, achètent beaucoup plus de tissus, de bicyclettes, de
véhicules automobiles. L'ancienne agriculture yoruba était avant tout
de subsistance ; fort peu commerciale (à part quelques ventes d'huile
de palme, de palmistes, de kola), elle a été révolutionnée par le cacao.
Ce fut un heureux choix, mais de hasard, que le cacao comme produit
commercial par l'agriculture yoruba. En effet les prix du cacao ont été
habituellement plus rémunérateurs et plus stables que ceux des autres
denrées tropicales. Si nous prenons comme base 100 les cours 1 934-1 938>
voici les taux pour 1947-1951 : cacao 532, café 392, coton 323, huile de
palme 294. Le palmier à huile, qui précéda le cacaoyer comme plante
pérenne à production commerciale, a moins d'intérêt économique en pays
yoruba. Il n'y a d'ailleurs pas, sauf rares exceptions, de véritables plan
tations de palmiers. Les elaeis, partout présents, dominent champs et
jachères et se rassemblent avec prédilection autour des maisons. Tout
palmier a son propriétaire, qui néglige souvent de récolter les fruits. Les
Yoruba ne montent plus aux palmiers ; les régimes nécessaires à la fabri
cation de l'huile de palme sont coupés par des travailleurs étrangers.
L'huile de palme, aliment fondamental, est toujours préparée par les
femmes en vue de la consommation locale ; il reste peu d'huile pour
l'exportation. Ce sont aussi des spécialistes étrangers qui recueillent le
vin de palme, fort apprécié des Yoruba. Le kolatier ne peut, lui non plus,
entrer en compétition avec le cacaoyer. Il est uniquement cultivé par
des Africains, en vue d'une consommation exclusivement africaine, par
l'entremise d'un commerce purement africain. 67 % des exploitations
agricoles du pays cacaoyer yoruba produisent des noix de kola ; elles
récolteraient en moyenne 289 kg par an. La vente des kolas leur assurerait
un revenu brut annuel de 14 livres (à 1 shilling le kg). Mais la vente du
cacao leur procure, vers 1950-1952, 91 livres par an.
La production du cacao est la plus rémunératrice, non seulement des
cultures de plantation, mais de toutes les cultures yoruba. Il est surpre
nant, dans ces conditions, que le cacao ne soit pas une monoculture. La
retenue manifestée par les Yoruba s'explique par la force de l'habitude,
par des goûts alimentaires et par le souci de ne pas ruiner l'activité des
femmes ; celles-ci n'ont en effet aucune part, — ou très faible — , à la
production et au commerce du cacao, tandis qu'elles ont le monopole
du commerce des produits vivriers de consommation locale (et de la
kola). Les observations ne laissent aucun doute ; c'est une erreur écono
mique que de produire autre chose que du cacao. Si, en moyenne, le coût
62 CACAOYERS EN PATS YORUBA
du travail (y compris le travail de l'exploitant, estimé au taux normal
des salaires) représente 45 % de la valeur du cacao, il fait au moins 66 %
de la valeur des vivres. Or le paysan dépense en général plus de temps
sur ses champs vivriers (702 heures par an) que sur ses cacaoyères
(434 heures), bien que celles-ci paient mieux que ceux-là. Une moyenne
établie sur six communes spécialement étudiées apprend qu'une exploi
tation y tient 1,8 ha de cacaoyères et 1,12 ha des champs vivriers. L'ana
lyse donne les résultats résumés dans le tableau ci-dessous (le rapport
net a été calculé en déduisant la contre-valeur des heures de travail de
l'exploitant, à 7 pence l'heure) :
Cacao Champs
vivriers
Nombre d'heures de travail par hectare et par an. 53 heures 750
Rapport net à l'hectare 685 shillings 227
Les conditions naturelles.
Faut-il attribuer le succès du cacaoyer à des avantages naturels ?
Le cacaoyer, typiquement equatorial, aime la chaleur, l'humidité, les
pluies abondantes. Les températures ne sont jamais au-dessous de ce qui
convient au cacaoyer, ni dans les moyennes mensuelles ni dans les tempér
atures vraies des vingt-quatre heures. Mais les pluies ? La confrontation
des isohyètes et de la zone cacaoyère apprend que celle-ci s'allonge dans
le même sens que celles-là (fig. 1). La zone cacaoyère est comprise entre
1 500 mm au sud et 1 125 mm au nord. Au sud, simple coïncidence ;
aimant les pluies abondantes, le cacaoyer se développerait avec plus de
1500 mm ; la limite méridionale est donnée par la nature des sols. La
limite septentrionale est au contraire une véritable limite climatique :
avec moins de 1 125 mm, le cacaoyer ne peut plus prospérer. D'ailleurs
cette quantité de pluie est remarquablement faible pour le cacaoyer ;
vers 1 125 mm, le cacaoyer est loin de la perfection. La saison sèche de
décembre à avril arrête l'activité végétative ; la « petite »
d'août est parfois dangereusement aride. Les pluies annuelles peuvent
être insuffisantes ; l'écart moyen par rapport à la moyenne annuelle es

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