Les problèmes du commandement (leadership). Etudes anglosaxonnes récentes. - article ; n°2 ; vol.54, pg 459-478
21 pages
Français

Les problèmes du commandement (leadership). Etudes anglosaxonnes récentes. - article ; n°2 ; vol.54, pg 459-478

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
21 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1954 - Volume 54 - Numéro 2 - Pages 459-478
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

G. de Montmollin
Les problèmes du commandement (leadership). Etudes
anglosaxonnes récentes.
In: L'année psychologique. 1954 vol. 54, n°2. pp. 459-478.
Citer ce document / Cite this document :
de Montmollin G. Les problèmes du commandement (leadership). Etudes anglosaxonnes récentes. In: L'année psychologique.
1954 vol. 54, n°2. pp. 459-478.
doi : 10.3406/psy.1954.8742
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1954_num_54_2_8742LES PROBLÈMES DU COMMANDEMENT (LEADERSHIP)
Études anglo-saxonnes récentes
par Germaine de Montmollin
La première étude expérimentale du problème a été entreprise
en 1904 par Terman1, qui rappelait la double origine historique dont
ce problème est issu : l'une est représentée par Carlyle qui conçoit le en termes de personne : l'autorité est un attribut personnel,
un trait ou un ensemble de traits qui font qu'un individu est le chef
d'un groupe ; cette conception aurait quelque analogie avec la théorie
du « Grand homme » en histoire ; l'autre tendance est représentée par
Marx, sous une forme extrême, qui affirme que les chefs ne subsistent
qu'aussi longtemps qu'ils satisfont aux besoins et aux buts des menés;
la « dialectique du maître et de l'esclave » met l'accent sur la liaison du
chef et du groupe : le commandement est une fonction qui assure la
coordination des efforts individuels en vue d'un but commun (Stogdill).
Selon Jackson (34), qui cite Terman, cette dichotomie aurait disparu
des discussions récentes sur le problème : la définition de Stogdill serait
partout largement acceptée ; sans être une explication unique, elle offri
rait une référence centrale pour l'étude de tous les attributs du phé
nomène susceptibles d'être différenciés, conceptualisés et mesurés.
Or, la revue des études anglo-saxonnes que nous avons entreprise,
nous montre que la double tendance existe encore ; et qu'en un domaine
où l'explication scientifique ne pourra être atteinte que par une coopé
ration entre psychologues et sociologues, entre expérimentateurs et
observateurs, aucune collaboration n'existe réellement ; aucune attention
mutuelle, mais un éparpillement d'efforts individuels et limités.
LE CONCEPT DE (( CHEF »
Nul ne met en doute le phénomène, qui existe dès l'échelon animal
et dès l'enfance ; mais sous un même concept, figurent des processus
divers qu'il conviendrait tout d'abord de distinguer, afin d'en dégager
une définition opérationnelle provisoire : elle permettrait des recherches
1. Ped. Sem., 1904, II, 413, 451. 460 REVUES CRITIQUES
bien orientées, aboutissant à une théorie réellement synthétique et
explicative.
Que recouvre habituellement le concept de « commandement » ?
Whyte (58) cite trois confusions possibles sur le sens du mot : ni l'i
ndividu populaire, ni l'individu représentatif, ni l'individu eminent ne
sont des chefs au sens strict ; le seul chef est celui qui a l'initiative des
actions, qu'elles soient générales ou partielles et instrumentales, que sui
vront les différents membres du groupe : c'est cette fonction que Whyte
définit comme la « direction des opérations » (operational leadership).
Le même souci de précision amène Clarke (16) à distinguer diffé
rents « leaders » selon le degré de leur influence ou la spécificité de leur
action : il y a celui qui exerce une spéciale sur un certain
nombre de gens par suite d'une combinaison unique de traits de person
nalité et d'aptitudes ; celui qui dans un certain groupe social, du fait
de sa compréhension des autres, aide les membres du groupe et le groupe
comme tout, à faire des expériences satisfaisantes et constructives ; le
chef de bande ou d'orchestre qui assume le rôle de guide dans une
situation spécifique et vers qui les autres membres du groupe se tournent
pour être dirigés. Dans une courte note, Gerth et Mills (23), montrent
l'interférence qui existe entre phénomènes psychologiques et phénomènes
sociologiques ; il faut tenir compte d'une pluralité de variables : traits
et motivations du leader en tant qu'individu, images que les groupes
qui l'ont choisi ont de lui, motifs qu'ils ont de le suivre, grandes lignes
du rôle qu'il a à jouer, réactions du leader à ce rôle, et enfin, contexte
institutionnel dans lequel le leader et ses rôles, aussi bien que les menés
sont impliqués.
Pour saisir le phénomène dans sa totalité, il ne faut négliger, en
effet, ni le contexte culturel, ni le contexte institutionnel. C'est Sprott1,
dans le chapitre « Leadership » (p. 70-86) de son manuel, qui note
combien il est aléatoire de généraliser des conclusions sur le commandem
ent, quand on passe d'une culture à une autre : non seulement sont
différentes, d'un pays à l'autre, les conceptions du rôle, mais encore
les réactions à ce rôle.
La distinction établie par Stogdill (54), entre leader « formel », désigné
et institutionnel et leader « non formel », émergent, non institutionnalisé,
nous permettra de mieux définir ce qui dans ce domaine controversé,
pourrait être le propre d'études psychologiques : il y a « commandement
formel », quand le chef est suivi du fait de l'autorité conférée à son
rôle ; il y a « commandement non formel », quand le chef est suivi, du
fait de l'autorité conférée à sa personne ; les deux caractéristiques peu
vent se correspondre ou non dans le même individu. Il s'agira en consé
quence, d'étudier d'une part, le comportement de tout leader, qu'il soit
formel ou non formel, et d'autre part, les conditions du choix des uns,
de l'émergence des autres. Le problème psychologique se situe à deux
1. Social Psychology, Methuen and C° Ltd, London, 1952. DE MONTMOLLIN. — LES PROBLÈMES DU COMMANDEMENT 461 G.
niveaux d'analyse : psychologie de l'individu, psychologie du groupe.
Le comportement du leader constitue un problème d'interaction
sociale : il n'existe pas de isolé ; mais une interaction s'établit
entre un meneur et des menés : un leader n'existe qu'autant qu'il est
suivi, qu'autant qu'il est accepté. Mais quelle est la nature de l'inter
action ? Quelles en sont les conditions et les constantes ? Quelle est la
source de 1' « autorité » du chef, pour quelle raison suit-on un chef ?
Cette forme d'interaction n'est pas un phénomène simple ; il ne se
résout pas, comme on l'a longtemps cru par l'hypothèse d'une dimens
1' « ascendance » du leader. ion « autoritaire »,
C'est ce qui différencie le phénomène au niveau animal et enfantin
et au niveau humain. Dominance et soumission sont nettement tran
chées, dichotomiques dans le premier cas ; il y a, au contraire, une réci
procité, une communication, une « intégration » des conduites au niveau
humain, qui impliquent acquiescement de la part des menés et qui aboutit
à la coopération. Anderson, cité par Sprott1, dans des études déjà
anciennes, analyse finement cette importante distinction : il note égal
ement dans cette perspective, la différence entre l'interaction au niveau
enfant et l'interaction au niveau adulte.
On ne saurait donc trop nuancer, définir et situer le problème.
C'est ce qui amène Stogdill (53) à déclarer avec un humour involontaire
que pour comprendre les problèmes du commandement et du moral,
si souvent liés dans la pratique, il est nécessaire de formuler et d'inté
grer quatre théories : une théorie du groupe, une théorie de l'organi
sation, une théorie du commandement, une théorie du moral.
Les concepts utilisés dans les recherches expérimentales ou concrètes
entreprises à propos du problème du commandement manquent de préci
sion : l'explication par l'individu ou l'explication par le groupe ne
semblent pas toujours faire progresser les connaissances vers une syn
thèse heureuse. Signalons du reste, le petit nombre d'études propre
ment théoriques, comme si cet aspect du problème connaissait un certain
recul, comparé au grand nombre de recherches appliquées à la sélection
et l'organisation dans l'industrie et l'armée. Il semble également que

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents