Les recherches en Amérique du nord sur l entrée des femmes dans la police: les difficultés d intégration dans une culture organisationnelle masculine  ; n°3 ; vol.23, pg 341-362
23 pages
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Les recherches en Amérique du nord sur l'entrée des femmes dans la police: les difficultés d'intégration dans une culture organisationnelle masculine ; n°3 ; vol.23, pg 341-362

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Déviance et société - Année 1999 - Volume 23 - Numéro 3 - Pages 341-362
22 pages

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Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Line Beauchesne
Les recherches en Amérique du nord sur l'entrée des femmes
dans la police: les difficultés d'intégration dans une culture
organisationnelle masculine
In: Déviance et société. 1999 - Vol. 23 - N°3. pp. 341-362.
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Beauchesne Line. Les recherches en Amérique du nord sur l'entrée des femmes dans la police: les difficultés d'intégration dans
une culture organisationnelle masculine. In: Déviance et société. 1999 - Vol. 23 - N°3. pp. 341-362.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1999_num_23_3_1701Déviance et Société. 1999. Vol. 23, No 3, pp. 341-362
actualités bibliographiques:
LES RECHERCHES EN AMÉRIQUE DU NORD SUR L'ENTRÉE DES
FEMMES DANS LA POLICE: LES DIFFICULTÉS D'INTÉGRATION
DANS UNE CULTURE ORGANISATIONNELLE MASCULINE
L. BEAUCHESNE*
Les recherches les plus récentes sur les femmes dans les professions traditionnellement
masculines indiquent que celles-ci ne seront jamais pleinement intégrées sans transformer
la culture masculine de travail qui s'est élaborée dans ces professions.
Dans un premier temps, nous aborderons ces recherches sur les femmes dans les pro
fessions traditionnellement masculines en les divisant selon leur focus d'analyse, soit les
rapports sexistes entre les individus, les barrières organisationnelles et la culture organisa-
tionnelle masculine ; ceci permettra de montrer que les deux premiers niveaux ne peuvent se
comprendre que dans la culture organisationnelle masculine qui légitime, en quelque sorte,
les rapports de pouvoir sexistes. C'est avec ce cadre des recherches sur les femmes dans les
professions traditionnellement masculines que nous examinerons les recherches sur l'entrée
des femmes dans la police.
Ensuite, nous aborderons plus spécifiquement les recherches portant sur les écrits et
combats des premières femmes dans la police.
Enfin, nous verrons les recherches ayant analysé le changement de statut des femmes
dans la profession au début des années 70, soit leur passage du statut de «femmes dans la
police» à «policières».
Nous conclurons par les tendances actuelles de la recherche en ce secteur.
Mots-clés: Policière - Police - Femme
Maman, en dehors défaire pipi debout,
que font les gars que les filles ne font pas?
Adam, 3 ans.
De plus en plus, les femmes font carrière dans des professions traditionnellement masc
ulines. Dans les médias, tant dans les reportages que dans le contenu des émissions de fic
tion, la présence de ces pionnières est de plus en plus visible. Mais « trop visible », si on
signifie par là qu'elles sont encore trop peu nombreuses pour que leur présence apparaisse
«naturelle» (Berg, 1992, 151). Mais apparaîtra-t-elle jamais comme «naturelle» sans
transformer la culture même de ces professions?
C'est à cette question que nous mènent les recherches les plus récentes sur les femmes
œuvrant dans des professions traditionnellement masculines, recherches qui constatent
unanimement que l'entrée des femmes dans ces professions n'a pas signifié pour autant
leur intégration dans ces milieux (Roos, Reskin, 1992).
* Université d'Ottawa, Département de criminologie. 342 Déviance et Société
Dans cet article, nous aborderons ces recherches sur les femmes dans les professions
traditionnellement masculines en les divisant selon leur focus d'analyse, soit les rapports
sexistes entre les individus, les barrières organisationnelles et la culture organisationnelle
masculine ; ceci permettra de montrer que les deux premiers niveaux ne peuvent se comp
rendre que dans la culture organisationnelle masculine qui légitime, en quelque sorte, les
rapports de pouvoir sexistes. Ce cadre de recherches sur les femmes dans les professions
traditionnellement masculines permettra de situer les préoccupations théoriques des
recherches sur l'entrée des femmes dans la police.
Nous les aborderons en les divisant en deux moments :
- les recherches portant sur les écrits et combats des premières femmes dans la police ;
- les ayant analysé le changement de statut des femmes dans la profession au
début des années 70, soit leur passage du statut de «femmes dans la police» à «poli
cières».
Ceci permettra de saisir les raisons qui amènent des changements à l'heure actuelle tant
dans le questionnement de ces recherches que dans le cadre théorique de ces questionnements.
I. Recherches sur les femmes dans les professions
traditionnellement masculines et recherches sur les policières
On peut diviser l'histoire des recherches sur les femmes dans les professions trad
itionnellement masculines en trois grands courants, selon l'élargissement de leur focus
d'analyse qui passe des individus, aux structures organisationnelles et à la culture organi
sationnelle sexuée (Armstrong, Armstrong, 1990; Baber, Allen, 1992; Daune-Richard,
Devreux, 1992; Kemp, 1994).
Les individus : Le premier courant de recherches qui domine le champ des études dans
les années 70, veut saisir le vécu des femmes dans ces emplois, comprendre si elles s'y sen
tent pleinement intégrées et acceptées. On examine alors les interactions entre les per
sonnes pour en dégager les biais et les préjugés sexistes (voir la recension des recherches
en ce secteur de Mcllwee, 1981) et on tente de cerner les habiletés développées par ces
femmes pour survivre dans ces milieux non-traditionnels. Ces études socio-psychologiques
sont très riches dans la compréhension du vécu des femmes dans ces milieux et dans l'iden
tification des problèmes rencontrés, particulièrement les difficultés de faire la preuve de
leur compétence, la difficile gestion du double rôle des femmes et les problèmes de harcè
lement sexuel au travail (Miller et autres, 1975). Dans le domaine plus spécifique de la
police, le livre de Martin (1980) a sans aucun doute marqué le pas dans ce type de
recherches.
Les structures organisationnelles : Les structures organisationnelles et les politiques
de travail ont également un rôle dans le fait de stimuler ou freiner ces interactions sexistes,
de même que dans la plus ou moins grande facilité des femmes à cheminer avec équité dans
leur carrière. C'est à l'étude des impacts de ces structures et politiques sur les femmes qu'à
la fin des années 70, s'attarde le second courant de recherches sur les femmes travaillant en
milieu traditionnellement masculin. Elles furent ouvertes par les recherches de Kanter
(1977, a, b) sur les effets du «tokenism» - i.e. l'important déséquilibre numérique dans Femmes, police, intégration 343 Beauchesne,
lequel se retrouvent ces femmes et les conséquences de ce déséquilibre en situation de
dominance masculine. Les «structures d'opportunités» dans les critères de sélection, de
formation, d'évaluation de la performance et de promotion furent par la suite analysées en
application des thèses de Kanter (Izraeli, 1983), de même que le type de rapports de pou
voir dans la distribution des tâches qui permet avec plus ou moins de facilité aux femmes
de manifester des différences ou des problèmes. Enfin de nombreuses études se penchèrent
sur l'importance d'instaurer des programmes d'affirmation positive pour atténuer les effets
de ce déséquilibre numérique (1994, Special Issue: Social Psychological Perspectives on
Affirmative Action).
La manière dont vont jouer ces variables organisationnelles, montrent ces études, aura
des conséquences tant sur la capacité d'intégration et de promotion des femmes dans leur
milieu de travail, que sur leur acceptation par les collègues et superviseurs. Egalement, ces
études insistent sur le fait que les individus ne sont pas les seuls responsables des difficul
tés d'intégration et d'acceptation des femmes, mais qu'il y a des responsabilités organisa
tionnelles dans le type de rapports qui va s'installer entre les individus et dans la présence
de pratiques de travail plus ou moins discriminatoires à l'égard des femmes. Linden et
Minch (1984) ont tracé un bilan de la place des femmes dans la police canadienne dans
cette perspective, donnant ainsi un nouveau regard sur les actions à entreprendre pour une
intégration plus grande de ces policières.
La culture organisationnelle sexuée: Un troisième courant de recherches prend
forme à la fin des années 80. Il insiste sur le fait de prendre en considération que les orga
nisations sont sexuées. (Acke

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