Les télécoms en Chine : vers une thérapie de choc post-OMC ? - article ; n°1 ; vol.70, pg 35-47
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Description

Perspectives chinoises - Année 2002 - Volume 70 - Numéro 1 - Pages 35-47
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Eric Sautedé
Les télécoms en Chine : vers une thérapie de choc post-OMC ?
In: Perspectives chinoises. N°70, 2002. pp. 35-47.
Citer ce document / Cite this document :
Sautedé Eric. Les télécoms en Chine : vers une thérapie de choc post-OMC ?. In: Perspectives chinoises. N°70, 2002. pp. 35-
47.
doi : 10.3406/perch.2002.2731
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/perch_1021-9013_2002_num_70_1_2731Chine
Les télécoms en Chine :
vers une thérapie de choc
post-OMC ?
premier rang mondial pour son parc de téléphonie
mobile et au second rang pour son nombre d'usagers
en téléphonie fixe (2).
La publicité et les résultats quantitatifs ne nous disent
"ïï" JL métropoles L Canton n'est que ou Shanghai chinoises se promener Eric Sautedé pour vivent dans réaliser au les rythme que rues les de des grandes Pékin, tél cependant rien du mode de développement des services
de télécommunication en Chine. A bien des égards, celui-
écommunications modernes, au point parfois de les ci a été extrêmement encadré et contrôlé par les autori
confondre avec Singapour ou Hong Kong : partout tés publiques, au point de circonscrire bon nombre d'ini
s'étalent et rivalisent, sur toutes sortes de supports tiatives modernisatrices aux marges grises de la légalité,
publicitaires, les annonces des équipementiers et opé cela tant pour les montages financiers de certains opéra
rateurs téléphoniques. S'agissant des opérateurs, ils teurs téléphoniques que pour l'offre de services. Le sec
sont exclusivement chinois : China Telecom, China teur lui-même, qui plus est dans un régime communiste,
Mobile, Unicom et Netcom se taillent la part du lion. supposait une grande fermeté du contrôle car, d'une part,
Côté équipementiers, l'offre est plus diverse : les les communications constituent un enjeu primordial de la
grands fournisseurs internationaux de combinés por sécurité nationale et, d'autre part, les impératifs du déve
tables — Nokia, Motorola et Ericsson (1) — de même loppement à la chinoise imposaient comme préalable la
que les grands équipementiers internationaux — AT&T, constitution d'une industrie nationale forte, comme dans
Lucent et autre Alcatel — sont tous présents et voisi nombre de pays en développement. Mais le fait que ce
monopole d'Etat soit devenu très vite lucratif après le lanent avec des sociétés chinoises dont la notoriété
dépasse aujourd'hui le seul marché chinois — Huavvei ncement de la politique d'ouverture en 1978, puis l'un des
Technologies et Zhongxing Telecommunication piliers du développement économique de la Chine dans
Equipment, pour ne citer que les deux plus grands les années 1980 et 1990, a renforcé radministration qui en
équipementiers chinois, ou Konka et Kejian pour la avait la charge, à savoir le ministère des Postes et
fabrication de téléphones portables. Télécommunications (MPT), devenu le ministère de
Ce que nous indique un secteur de la publicité en plei l'Industrie de l'Information (MIT), en mars 1998, dans sa
ne expansion est bien sûr le reflet d'une réalité quanti détermination à préserver farouchement ses prérogat
tative tout aussi remarquable, puisque l'on est en droit ives. Les diverses administrations et entreprises d'Etat
d'affirmer sans exagération que le secteur des tél liées aux télécoms ne s'en sont pas moins affrontées
écoms chinois a été celui qui a connu la plus forte et la âprement aussi le MPT a-t-il dû faire preuve d'une vigi
plus rapide croissance au monde dans les années 1990 : lance redoublée pour maintenir ses éventuels concur
en seulement dix ans, le nombre de lignes fixes a été rents à distance, notamment en parvenant à pérenniser
l'interdiction pesant sur les prises de participation étran- multiplié par 20 et la Chine est, depuis juillet 2001, au
N' 7O • MARS - AVRIL SOO2 erspecûves chinoises 35 (gîïïîtp
gères directes dans les entreprises chinoises de services plan quinquennal (1996-2000) ont été atteints un an avant
téléphoniques. L'explosion de la demande et de l'offre de l'échéance. Comme nous l'avons déjà indiqué plus haut,
téléphonie ainsi que l'introduction de nouveaux services, forte de 180 millions d'abonnés en téléphonie fixe en 2001,
puis les préparatifs de l'accession de la Chine à la Chine se place au second rang mondial dans cette caté
l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ont néan gorie, derrière les Etats-Unis, et au premier rang mondial
moins permis à un environnement concurrentiel « tron pour son parc d'abonnés en téléphonie mobile — 145 mil
qué » de fonctionner, de se libéraliser partiellement et de lions d'abonnés à la fin 2001 (voir tableau 1). La taille de la
se transformer, sinon radicalement, du moins profondé population chinoise n'explique que partiellement ce résul
ment dans la seconde moitié des années 1990. tat puisque l'Inde, dont le peuplement est somme toute le
Avec l'accession de la Chine à l'OMC, le 11 décembre seul comparable à celui de la Chine, n'affichait que 5,7 mil
2001, les perspectives changent complètement. En effet, lions d'abonnés en téléphonie mobile et 34,7 millions en
les entreprises étrangères vont désormais être autori téléphonie fixe en 2001 (5).
L'on retrouve cette croissance extraordinaire à tous les sées, progressivement, à investir directement dans les
sociétés de services, apportant ainsi de nouveaux capi niveaux. Au cours des années 1990, la croissance
taux et de nouvelles exigences entrepreneuriales. En annuelle moyenne de la capacité de commutation (6) en
outre, les engagements des autorités chinoises incluent lignes locales a été de presque 35%, celle des capacités
la mise en place d'une instance indépendante de régula d'échange en téléphonie mobile de presque 120% et la
tion et d'arbitrage dans le domaine des télécoms. De longueur des câbles optiques a crû en moyenne de 60%
quel héritage la Chine devra-t-elle faire le deuil pour per d'une année sur l'autre (7). Cette dernière donnée mérite
mettre à cette nouvelle donne de porter ses fruits dans d'ailleurs d'être soulignée, puisque c'est du câblage que
le secteur des télécoms ? Que signifient exactement les dépend la capacité et la qualité du réseau téléphonique :
engagements de la partie chinoise dans le cadre de l'a de 1991 à 2000, la Chine a ainsi posé plus de 280 000 km
ccession à l'OMC ? Et quels sont les signes du change de câbles optiques et plus de 80 000 km de lignes micro
ment, négatifs et positifs, depuis le 11 décembre ? ondes (voir tableau 1), permettant dans le même temps
la mue technologique vers les transmissions digitales,
Un secteur en pleine expansion dont la qualité du débit surpasse largement les
et hautement rentable... anciennes transmissions analogiques (8).
Le secteur des télécoms chinois a connu un développe Les recettes et les investissements réalisés dans les
télécoms ont de même connu une croissance remarment remarquable depuis 1978, dépassant largement les
chiffres de la croissance économique chinoise. quable : l'on est passé d'un peu moins de 15 milliards de
yuans de recettes et d'un peu de 9 de Lorsque le MPT soumet son rapport sur le développe
ment des télécoms à 15 ans à la commission d'Etat à la d'investissements en 1991 à respectivement 357
planification, en 1985, les objectifs à atteindre pour l'a milliards de yuans et 265 milliards de yuans en 2001. La
nnée 2000 semblent très ambitieux à l'époque : 33,6 mil croissance annuelle moyenne des recettes a ainsi atteint
lions de combinés (3) et une télédensité de 2,8 lignes pour 40% sur la période, soit plus du triple de la croissance
100 habitants (4). Très rapidement, des mesures sont économique.
prises pour accélérer la construction du réseau télépho Seuls les chiffres de la télédensité demeurent assez
nique et, en mars 1986, le conseil des affaires d'Etat faibles comparés aux autres pays, en dépit, là encore, des
ainsi que le comité central du Parti communiste chinois progrès considérables réalisés depuis le début des années
classent les télécommunications et les technolo

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