Les théories démographiques dans l Antiquité grecque - article ; n°4 ; vol.4, pg 597-614
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Les théories démographiques dans l'Antiquité grecque - article ; n°4 ; vol.4, pg 597-614

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Description

Population - Année 1949 - Volume 4 - Numéro 4 - Pages 597-614
Si l'étude méthodique de la population est l'objet d'une science toute récente, on ne saurait oublier toutefois que les Grecs, à qui aucune des questions qui se posent à l'esprit humain n'est restée étrangère, se sont intéressés aux problèmes de la démographie. Platon et Aristote, dans leurs écrits politiques, se sont demandé quel était le niveau optimum de la population d'une cité, et ils ont envisagé les moyens de le réaliser ou de le maintenir. Leurs conceptions en ce domaine ne sauraient certes être appréciées sainement sans tenir compte de la situation historique et de l'aspect des problèmes qui se posaient de leur temps; mais si, malgré cela, elles ne pouvaient être disculpées d'étroitesse, cette étude comportera du moins un avertissement : c'est qu'en matière sociale la connaissance ne saurait se borner à un rôle technique, celui de résoudre les problèmes tels qu'ils se posent à l'opinion et de fournir à la volonté politique des -moyens
de réaliser ses desseins; elle a pour tâche primordiale d'éclairer l'opinion et la volonté publiques, de mettre en lumière les problèmes et de contribuer à les poser correctement.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1949
Nombre de lectures 137
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Joseph Moreau
Les théories démographiques dans l'Antiquité grecque
In: Population, 4e année, n°4, 1949 pp. 597-614.
Résumé
Si l'étude méthodique de la population est l'objet d'une science toute récente, on ne saurait oublier toutefois que les Grecs, à qui
aucune des questions qui se posent à l'esprit humain n'est restée étrangère, se sont intéressés aux problèmes de la
démographie. Platon et Aristote, dans leurs écrits politiques, se sont demandé quel était le niveau optimum de la population
d'une cité, et ils ont envisagé les moyens de le réaliser ou de le maintenir. Leurs conceptions en ce domaine ne sauraient certes
être appréciées sainement sans tenir compte de la situation historique et de l'aspect des problèmes qui se posaient de leur
temps; mais si, malgré cela, elles ne pouvaient être disculpées d'étroitesse, cette étude comportera du moins un avertissement :
c'est qu'en matière sociale la connaissance ne saurait se borner à un rôle technique, celui de résoudre les problèmes tels qu'ils
se posent à l'opinion et de fournir à la volonté politique des -moyens
de réaliser ses desseins; elle a pour tâche primordiale d'éclairer l'opinion et la volonté publiques, de mettre en lumière les
problèmes et de contribuer à les poser correctement.
Citer ce document / Cite this document :
Moreau Joseph. Les théories démographiques dans l'Antiquité grecque. In: Population, 4e année, n°4, 1949 pp. 597-614.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1949_num_4_4_2173THÉORIES LES
DÉMOGRAPHIQUES
DANS
L'ANTIQUITÉ GRECQUE
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blèmes de la démographie. Platon et Aristote, dans leurs
écrits politiques, se sont demandé quel était le niveau opt
imum de la population d'une cité, et ils ont envisagé les
moyens de le réaliser ou de le maintenir. Leurs conceptions
en ce domaine ne sauraient certes être appréciées sainement
sans tenir compte de la situation historique et de l'aspect des
problèmes qui se posaient de leur temps; mais si, malgré
cela, elles ne pouvaient être disculpées d'étroitesse, cette étude
comportera du moins un avertissement : c'est qu'en matière
sociale la connaissance ne saurait se borner à un rôle tech
nique, celui de résoudre les problèmes tels qu'Us se posent
à l'opinion et de fournir à la volonté politique des -moyens
de réaliser ses desseins; elle a pour tâche primordiale
d'éclairer l'opinion et la volonté publiques, de mettre en
lumière les problèmes et de contribuer à les poser correcte
ment.
I. Les faits.
Procédés d'évaluation. Nous sommes assez mal informés sur la
situation démographique dans la Grèce
ancienne. L'histoire, sous sa forme traditionnelle, s'intéresse sur
tout à l'aspect spectaculaire de la vie des peuples; elle s'attache
plus aux événements qu'aux institutions et à leurs lentes trans
formations; et quant aux mouvements de la population, ils pas
sent généralement inaperçus. A l'occasion, pourtant, nous trouvons
chez un historien ancien une indication sur les effectifs engagés
dans une bataille, ou sur le nombre d'hommes qu'une cité peut LES THÉORIES DÉMOGRAPHIQUES DANS L' ANTIQUITÉ GRECQUE 598
mettre en campagne. En l'absence de dénombrements réguliers
de la population dans l'Antiquité, de telles indications sont notre
source principale d'information. Mais, pour conclure du nombre
d'hommes mobilisables au volume total de la population, il faut
faire intervenir plusieurs hypothèses : rapport numérique des
deux sexes; proportion de la population masculine contenue dans
les classes mobilisables; part qui revient dans la population
totale, à côté des citoyens libres, astreints au service militaire,
aux esclaves et aux métèques, qui en sont ordinairement exclus.
Or, cette part est extrêmement variable selon la structure éc
onomique et les institutions politiques des diverses cités. On con
çoit donc que le calcul de la population ne puisse aboutir qu'à
des résultats conjecturaux; ils varient suivant les auteurs, et sou
vent c'est l'étendue du territoire (celle-ci étant exactement con-
naissable) qui fournit la seule base ferme pour rejeter les évalua
tions de caractère aventureux (1) (*).
La population de l'Attique : Parmi toutes ces incertitudes, une chose
son évolution. du moins paraît sûre : c'est qu'au cours
des v et ive siècles, c'est-à-dire depuis
la fin des guerres médiques jusqu'à la conquête d'AbEXANDRE, la
population de l'Hellade, ou tout au moins des cités maritimes, en
particulier celle d'Athènes, prit un vigoureux essor. Le cas d'Athènes
est celui qui nous est le mieux connu. Sa population eut à subir de
rudes épreuves au cours de la guerre du Péloponnèse. D'abord, consé
cutive à l'invasion, la peste de 430 la réduisit d'à peu près un quart.
Puis, dans une seconde période de la guerre, l'expédition de Sicile
aboutit à un désastre : devant Syracuse, en 413, les Athéniens et
leurs alliés perdirent, avec leur flotte, près de 20.000 hommes; la
population eut ensuite à souffrir des rigueurs du blocus; une der
nière victoire sur mer, aux îles Arginuses, en 406, coûta encore
2.000 vies humaines. Et pour finir, après la défaite de 404, la
terreur blanche, sous les Trente, fit périr, en quelques mois, un
à deux mille citoyens. Malgré ces pertes effroyables (si l'on consi
dère que la population de l'Attique, à la veille de la guerre du
Péloponnèse, était d'environ 200.000 âmes, dont 40.000 citoyens), les
vides furent rapidement comblés; à la mort d'ALEXANDRE, en 323,
c'est-à-dire moins d'un siècle après, on estime que la population
atteignait de nouveau 200.000 âmes, parmi lesquelles on ne comptait
plus, à vrai dire, que 31.000 citoyens, au lieu de 40.000 au siècle
précédent (2).
Les conditions économiques. La comparaison de ces chiffres est un
indice des plus instructifs, qui nous
révèle la nature de l'essor démographique des cités grecques à
l'époque classique. Si la population de la Grèce commence à s'ac
croître à la suite des guerres médiques, il convient d'abord de
rechercher les causes qui ont rendu cet accroissement possible. En
(*) Les chiffres entre parenthèses renvoient aux notes page 613. THÉORIES DÉMOGRAPHIQUES DANS L,' ANTIQUITÉ GRECQUE 599 LES
effet, il avait été contenu jusque-là par les ressources limitées
du territoire, condamnant la population excédentaire à l'émigrat
ion. C'est ainsi que, dès le vne siècle avant notre ère, les Grecs
avaient colonisé les îles et le littoral de la mer Egée, les côtes d'Asie
Mineure, de Thessalie et de Macédoine, et jusqu'aux rives de la
Mer Noire; en direction de l'Occident, ils étaient venus s'établir en
Sicile et en Italie Méridionale, dans le pays dénommé depuis lors
la Grande Grèce; et ce sont les difficultés des colonies grecques
d'Asie Mineure avec les fonctionnaires de l'empire perse qui
avaient été à l'origine des guerres médiques. Or, à la suite de ces
guerres, au début du Ve siècle, la situation est renversée. Non seu
lement l'émigration grecque a cessé depuis près d'un siècle, mais
il va se produire un mouvement inverse d'immigration, qui contri
buera, plus que le développement naturel de la population autocht
one, à l'essor démographique. Comment cet essor est-il devenu
possible ? Le sol de la Grèce présente des ressources agricoles
médiocres; pays de montagnes et de vallées souvent arides, il est
propre à la culture de la vigne et de l'olivier, mais beaucoup moins
à celle des céréales; il est incapable de nourrir par lui-même une
nombreuse population, comme les vallées fluviales de la Mésopo
tamie et de l'Egypte; de là l'émigration du vn

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