Les tribus perses et leur formation tripartite - article ; n°2 ; vol.117, pg 210-221
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1973 - Volume 117 - Numéro 2 - Pages 210-221
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Roman Ghirshman
Les tribus perses et leur formation tripartite
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 117e année, N. 2, 1973. pp. 210-
221.
Citer ce document / Cite this document :
Ghirshman Roman. Les tribus perses et leur formation tripartite. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 117e année, N. 2, 1973. pp. 210-221.
doi : 10.3406/crai.1973.12869
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1973_num_117_2_12869COMPTES RENDUS DE L' ACADEMIE DES INSCRIPTIONS 210
COMMUNICATION
LES TRIBUS PERSES ET LEUR FORMATION TRIPARTITE,
PAR M. ROMAN GHIRSHMAN, MEMBRE DE L'ACADEMIE.
Ce n'est pas à moi de faire connaître le vaste auditoire qu'atti
rèrent les travaux de Georges Dumézil sur l'idéologie des trois
fonctions : « souveraineté religieuse — force physique — propriété »,
qui fut la particularité des peuples indo-européens. L'enquête de
notre confrère sur les trois classes sociales de ces peuples — prêtres —
guerriers — agriculteurs — poursuivie pendant plus de quatre
décennies depuis l'Inde et l'Iran jusqu'à la Scandinavie et l'Irlande,
en passant par Rome, eut comme base les sources religieuses, histo
riques et philologiques, auxquelles les mythes et les épopées ne
restèrent pas étrangers1.
Mes récentes recherches sur le terrain, dans les montagnes des
Bakhtiari, en Iran du Sud-Ouest, semblent confirmer ce que l'Avesta
relate à propos de la division tripartite, et même quadripartite, de
la société iranienne2, ce qui fut l'une des bases des études de Georges
Dumézil. J'espère que les observations que j'ai faites sur les vestiges
laissés par les plus anciennes tribus perses installées sur le Plateau,
ne seront pas prises pour une trop « généreuse interprétation » des
résultats archéologiques3.
Deux théories s'affrontent dans la recherche de la solution de la
question de l'arrivée des Iraniens, Perses et Mèdes, sur le Plateau
auquel ils donnèrent leur nom. D'après les uns, ils sont venus de
l'Est en passant par le Khorassan. D'après les autres, ils seraient
arrivés par le Caucase. Je me suis toujours rangé du côté de ces
derniers en admettant que les Perses et les Mèdes avaient suivi la
voie que deux ou trois siècles plus tard auront suivie leurs proches
parents Cimmériens et Scythes, qui, suivant Hérodote (I, 103), tra
versèrent les chaînes du Caucase en venant de la Russie du Sud.
Cette hypothèse vient de recevoir un très sérieux appui grâce aux
récents travaux des savants soviétiques. Des études très serrées des
annales assyriennes ont permis d'établir la présence, à l'Ouest de
Hamadan et en Transcaucasie, — et cela depuis le ixe siècle av. J.-C.
— de très nombreux Iraniens dont les noms ont été identifiés avec
1. Je ne cite que les plus récents travaux de G. Dumézil : L'idéologie tripartie des
Indo- Européens, Bruxelles, 1958 ; La religion romaine archaïque, Pans, 1966 ; Mythe et
Épopée, Pans, 1968.
2. E. Benvemste, Les classes sociales dans la tradition aoestique, dans Journal Asiat
ique, vol. CCXXI (1932), p. 117-134.
3. G. Dumézil, La religion romaine archaïque, p. 74. TRIBUS PERSES ET LEUR FORMATION TRIPARTITE 211 LES
Carte d'Iran.
Les noms des sites fouilles par R. Ghirshman sont soulignés.
certitude1. Par ailleurs, l'étude comparative du vieux-perse a démont
ré que cette langue appartient au groupe occidental des langues
iraniennes et ne possède aucun des traits spécifiques de l'iranien
de l'Est2.
Deux dates nous guident dans notre acheminement pour suivre les
Perses dans leur installation en Iran. En 843 av. J.-C, Salma-
nasar III (859-824) est le premier roi d'Assyrie qui pénètre dans la
région sud-ouest du lac d'Urmiya où il atteint le pays de Parsua,
ou celui des Perses. Deux siècles plus tard, en 640-639, les troupes
d'Assurbanipal, après avoir pris et pille Suse et Dur-Untash (la ville
sainte elamite explorée par nous — Tchoga Zanbil), traversent la
rivière Idide, l'Ab-è Diz d'aujourd'hui, et atteignent la ville de
Hidalu, qui est la Chouchtar moderne. Là, Kurus, roi de Parsumash,
ou pays des Perses, se présente devant le commandant de l'armée
1. E. A. Grantovskiy, Rannaia istoria iranskih plemen Perednei Azu, Moscou, 1970
p. 334 et passim.
2. Ibid., p. 160-161. COMPTES RENDUS DE l' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 212
assyrienne et remet entre ses mains Arukku, son fils aîné, en recon
naissant par ce geste la suzeraineté du roi d'Assyrie. Ce Kurus était
Cyrus Ier, le grand-père de Cyrus le Grand. Il descendait des contre
forts des Zagros, région qui prit aussi le nom des Perses qui s'y
étaient installés, à l'Est de Suse, et où ma mission poursuivait ses
travaux pendant les neuf dernières années de mon activité en Iran.
Nous ignorons les raisons qui forcèrent les tribus perses à quitter
le Nord-Ouest de l'Iran où elles subissaient, peut-être, une trop
forte pression des Assyriens ou des Urartéens, tout comme nous ne
connaissons pas la date exacte de leur mouvement vers le Sud-
Ouest du Plateau, le long des plis des Zagros. Toujours est-il qu'à la
seconde moitié du vme siècle avant notre ère, ces tribus perses
devaient se trouver dans la région mentionnée, au Nord-Ouest de
la Perside qui, aujourd'hui, est connue sous le nom de montagnes
des Bakhtiari. Ces terres faisaient partie du royaume de l'Élam
mais étaient libres et attendaient l'homme.
Nos investigations, faites en voiture, hélicoptère ou avion, mis
à notre disposition par les Compagnies pétrolières, et qui partaient
de base de Masjid-i Solaiman, — site que, avecBard-è Néchan-
deh tout proche, nous avons exploré — , nous ont permis d'identifier
une demi-douzaine de sites où étaient venues se fixer ces tribus1.
Tous sont situés à une faible distance les uns des autres, tous dans
des vallées voisines séparées par la montagne. Leur aspect par leurs
composantes ne varie pas : chacun de ces sites est constitué par trois
éléments : la demeure fortifiée du chef, une bourgade et une puis
sante terrasse artificielle sacrée qui supportait un temple du feu.
Cette image constante, en triptyque : palais — terrasse — bourg, et
dont la partie centrale, la terrasse, qui par son ampleur paraît avoir
joué le rôle le plus saillant dans la vie de ces petites collectivités,
semblerait traduire et exprimer « en pierre », telle une préfiguration,
ce que l'Avesta annoncera à propos des trois ordres — prêtres —
guerriers — agriculteurs — qui formèrent les classes sociales de la
communauté iranienne archaïque, ses « trois fonctions ».
Les terrasses et la première fonction, celle des prêtres.
Chaque bourg blotti dans sa vallée avait sa terrasse, témoin de
l'importance qu'avait le clergé dans la vie de ces petits groupements
d'hommes.
Ces guides religieux devaient exercer un ascendant capable de
susciter l'enthousiasme de la masse, pourtant souvent d'importance
assez modeste. Ils savaient enflammer ces hommes, éveiller un
1. Ri\e gauche du Karun : Masjid-i Solaiman, Bard-e Nechandeh, Kalgué, Izeh-
Malamir, Shami ; rive droite : Qal'a-i Bardi, Qal'a-i Lit, Bonavar. LES TRIBUS PERSES ET LEUR FORMATION TRIPARTITE 213
élan qui les entraînait à soulever et à traîner des blocs pesant plu
sieurs tonnes pour les appareiller et former les coffrages de ces
plates-formes qu'on bourrait de tonnes et de tonnes de pierres
brutes, et tout cela dans un effort librement consenti, à une époque
où l'esclavage n'est pas encore attesté. Des escaliers monumentaux
s'ouvraient largement aux fidèles dans leur marche vers le temple
du feu, but final de leur ascension. Le nombre et la disposition de
ces escaliers invitent à admettre qu'une fois la cérémonie terminée,
l'assistance empruntait pour repartir, une voie différente de celle
suivie à l'arrivée. Œuvre gigantesque animée par une ferveur rel
igieuse semblable, toutes proportions gardées, à celle des bâtisseurs
de cathédrales.
Nous avons dégagé deux de ces terrasses sur les deux sites ment
ionnés ; nous avons reconnu les changements qu'elles subirent au
cours de leur très longue existence, et observe les ex

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