Ebisu - Année 1993 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 25-47Ogyû Sorai, philosophe confucéen dont la pensée atteint sa forme définitive au tout début du XVIIIème siècle à Edo, est lu au Japon de diverses façons : comme un héraut de la pensée moderne, un défenseur de l'ordre féodal, ou encore un lointain ancêtre de l'idéologie nationaliste du Kokutai ; pour un oeil occidental, il est peut-être d'abord le moment essentiel d'un processus d'absorption-transformation du confucianisme des Song, celui qui formula le plus clairement ce caractéristique triple rejet de la métaphysique, du moralisme et du rationalisme continentaux. Sorai, accusé plus tard d'être un thuriféraire des choses chinoises, écrit ses oeuvres essentielles en chinois classique. Pourtant, il renverse sur leurs têtes les concepts clés du confucianisme de Zhu Xi, dépouille la doctrine de ses oripeaux métaphysiques et en retourne la peau pour la transformer en son exact contraire. La notion de vertu, objet du présent article, est souvent vidée de tout contenu éthique pour ne désigner que les capacités administratives et politiques réservées à une petite élite, alors que le gouvernement par la vertu des sages confucéens se transforme parfois en une administration pharisienne et prête à tout sacrifier sur l'autel de la stabilité du pays. Penseur de la Restauration, parmi les plus grands, Sorai voit dans un minutieux système de Rites le seul moyen de retrouver et d'assurer l'Ordre antique. 23 pages Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.