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Publié par | DEVIANCE_ET_SOCIETE |
Publié le | 01 janvier 1979 |
Nombre de lectures | 50 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Extrait
J.M. Labadie
Limites et chances d'une réflexion psychanalytique en
criminologie
In: Déviance et société. 1979 - Vol. 3 - N°4. pp. 301-322.
Citer ce document / Cite this document :
Labadie J.M. Limites et chances d'une réflexion psychanalytique en criminologie. In: Déviance et société. 1979 - Vol. 3 - N°4.
pp. 301-322.
doi : 10.3406/ds.1979.1024
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1979_num_3_4_1024Résumé
On peut distinguer dans les écrits des psychanalystes à propos de la criminalité et de la délinquance,
trois sortes d'approches. Les psychanalystes ont d'abord essayé de situer l'origine de l'asocialité dans
une absence morale ou phantasmatique et dans un archaïsme dont la violence dirait l'impossibilité de
verbalisation. Ceux qui ont ensuite préféré stigmatiser le conflit intérieur du délinquant en sont venus, à
partir notamment des thèmes de la culpabilité, de l'aveu ou du symptôme, à faire de la criminalité la
figuration scénique de la première tragédie du sang et de la différence (c.a.d. l'oedipe). D'autres enfin
se sont penchés sur l'économie de l'asocial, sujet qui s'ajusterait par son comportement à un vide ou à
une carence qui lui seraient propres.
Ces trois essais révèlent certes une grande intuition de la notion de transgression, mais ils reposent sur
une pratique et des modèles explicatifs totalement étrangers à une délinquance qui, elle, se tait. La
question qui se pose est alors de savoir à quoi peut donc prétendre la psychanalyse en criminologie. Et
si le psychanalyste, plutôt que de nommer ce qu'il ne fait qu'imaginer, acceptait d'errer entre l'arme et le
symptôme, la complicité ou la rupture, ne pourrait-il approcher les mécanismes de mise en scène et de
différence qui opèrent sur les tréteaux de la criminalité, et retrouver du "jeu" là où justement le système
ne produit que de la faute, de l'aveu ?
Abstract
Considering the contributions of psychoanalysts to the subject of crime and delinquency, the distinction
between three kinds of approaches can be made. In a first effort psychoanalysts have tried to situate
the origin of associality in a moral and phantasmatic absence and in an archaism the violence of which
denotes an inability to verbalize. Those who then preferred to stigmatize the earlier conflict of the
delinquent came to considering crime as the scenic figuration of the first tragedy of blood and difference
(i.e. the Oedipus), mainly by using the themes of guilt, confession or the symptom. Others again have
directed their attention to the economy of the asocial, a subject trying to adjust his behaviour to a
personal void or lack. These attempts certainly reveal a good intuitive comprehension of the notion of
transgression, but they are based on an experience and on explanatory models entirely foreign to a
delinquency that remains silent. The question then is what can the legitimate prétention of
psychoanalysis in criminology be ? Couldn 't the psychoanalyst, instead of just naming what he can only
imagine, accept to err between weapon and symptom, complicity and rupture, thus approaching the
mecanisms of enactment operating on the stage of crime and reintroducing some "game", where the
system only produces guilt and confession... ?
Zusammenfassung
Unter den Beiträgen der Psychoanalytiker zum Thema der Kriminalitat und der Delinquenz kann man
drei verschiedene Ansatze unterscheiden. Zuerst einmal haben die Psychoanalytiker versucht, den
Ursprung der Assozialitdt in einer moralise hen und phantasmatischen Absenz und in einem
Archaismus, dessen Gewalttätigkeit die Unfähigkeit zur Verbalisierung denotiert, zu situieren. Andere
haben es vorgezogen, den vorhergehenden Konflikt des Delinquenten zu stigmatisieren und sind dazu
gekommen, aus der Kriminalitat die Inszenierung der ersten Tragödie des Blutes und der
Differenzierung (d.h. des 'Oedipus') zu machen, indem sie sich vorallem auf die Begriffe der Schuld, des
Geständnisses und des Symptoms stutzten. Wieder andere haben sich mit der Oekonomie des
Asozialen befasst, der als ein sich durch seine Verhaltensweise einer eigenen Leere oder einem
Mangel anpassendes Individuum verstanden wird.
Diese drei Versuche beweisen zweifellos ein gutes intuitives Verständnis des Begriffes der
Transgression, aber sir beruhen auf einer Praxis und auf Erklärungsmodellen; die einer Delinquenz, die
sich selber ja nicht formuliert, völlig fremd bleiben. Es stellt sich hier die Frage nach dem Zweck, den die
Psychoanalyse in der Kriminologie überhaupt verfolgen kann. K'onnte der Psychoanalytiker nicht, statt
die Schöpfungen seiner eigenen Phantasie nur zu benennen, sich dazu bereit finden, zwischen Waffe
und Symptom, Komplizität und Bruch zu irren, um so den Mechanismen der Inszenierung naher zu
kommen, die auf dem Schauplatz der Kriminalitat funktionieren, und so auf ein "Spiel"
zuruckzukommen, da wo das System nur Schuld und Geständnis produziert...?Uitgaande van wat de psychanalysten hebben geschreven over misdadigheid, kan men drie soorten
benaderingen onderscheiden. In een eerste "lokaliserende" beschouwingswijze hebben de
psychanalysten getracht de oorsprong van de asocialiteit te situeren in een morele of fantasmatische
afwezigheid en in een archaïsme waarvan het gewelddadig karakter aile verwoording onmogelijk zou
maken. Zij die er nadien de voorkeur aan gaven het vroegere konflikt van de misdadiger in het
brandpunt te plaatsen, kwamen ertoe, uitgaande van de thema's schuld, bekentenis of symptoom, de
misdadigheid als de toneelmatige uitbeelding voor te stellen van het eerste drama van het bloed en van
het onderscheid (t.t.z. het oedipusgebeuren). Anderen tenslotte hebben zich bezig gehouden met de
économie van de asociale persoon, die zich door zijn gedrag zou aanpassen aan een leegte of aan een
leemte, die hem eigen zouden zijn. Deze drie pogingen getuigen zeker van een grote intuïtie inzake het
begrip "overtreding", maar zij berusten op een praktijk en op verklaringsmodellen die totaal vreemd zijn
aan een misdadigheid die zelf niet sprekend is. De vraag die moet gesteld worden betreft de aans-
praken die de psychanalyse op het domein van de criminologie kan maken. Zo de psychanalyst niet
langer zou spreken in funktie van zijn verbeelding, maar zou aanvaarden zich the bewegen tussen het
wapen en het symptoom, de medeplichtigheid of de breuk, zou hij dan niet in de buurt komen van de
mechanismen zoals "mise en scène" en verscheidenheid die werkzaam zijn op de stellages van de
misdadigheid en "spel" terugvinden op die plaatsen waar het systeem slechts fout, bekentenis enz...
produceert ?Déviance et Société, Genève, 1979, vol. 3, No 4, p. 301-322
LIMITES ET CHANCES
D'UNE REFLEXION PSYCHANALYTIQUE
EN CRIMINOLOGIE
J.M. LABADIE *
Nous ne pouvons ici, à partir d'un thème aussi vaste faire apparaît
re quelque élément véritablement nouveau. Nous ne pouvons même
pas prétendre réaliser un travail exhaustif. Ce qui nous semble pourtant
possible, et même utile, c'est de rassembler vaille que vaille des travaux
épars, des documents souvent déjà ternis par le temps, et ce, dans le seul
but de rappeler à la criminologie ce que la psychanalyse a écrit à propos
de la criminalité et de la délinquance. Car si la psychanalyse a paru,
après quelques judicieuses intuitions, s'enliser en criminologie dans une
sorte de stagnation théorique, et si elle a fait preuve pendant un temps
d'une certaine imprudence, voire souvent de mégalomanie naïve, elle
n'est peut-être pas aussi démunie qu'on veut par réaction le faire croire,
à condition, bien sûr, qu'elle veuille bien faire preuve d'une modestie
qui lui a trop manqué et sans doute aussi d'un peu d'originalité.
Si ce thème nous semble d'actualité, c'est que la criminologie de la
réaction sociale qui a pénétré suffisamment la réflexion criminologique
pour qu'on la tienne maintenant pour tout à fait nécessaire, a aussi
nourri par un effet sans doute inattendu mais profond dont on ne parle
peut-être pas assez, quelque lourd scepticisme qui s'est infiltré peu à
peu dans de nombreuses pratiques et institutions. Et comme le XVIIIeme
Congrès de criminologie, qui doit se tenir à Aix-en-Provence en octobre
1979 a pris pour thème des débats "la théorie de la stigmatisation et la
réalité criminologique", nous pensons qu'il y a là une occasion pour
faire réapparaître quelques interrogations concernant cette "réalité".
Nous pensons que c'est aussi le moment de dépoussiérer du même coup
certaines intuitions psychanalytiques, certes pas pour les actualiser
co