Logiques de migrants versus logiques d État : quels impacts sur la stratégie territoriale d Israël? - article ; n°1 ; vol.20, pg 37-52
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Logiques de migrants versus logiques d'État : quels impacts sur la stratégie territoriale d'Israël? - article ; n°1 ; vol.20, pg 37-52

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Espace, populations, sociétés - Année 2002 - Volume 20 - Numéro 1 - Pages 37-52
Migrants versus State: Review of the results on the Territorial Strategy of Israel.
With the migratory awakening of the Soviet Jewish population shortly after the events of 1989, Yitshak Shamir, the then Prime Minister of Israel, affirmed that a great immigration requires a large Israel. This declaration has underlined the permanence of the close bond linking population and territorial strategy in Israel. State born from the Aliya -Jewish immigration-, Israel has always supported the idea that the new immigrants represent a force making possible to ensure its security and its geostrategical options.
After more than a decade of a revivified demography by the immigration of almost a million of Soviet Jews, it seems pertinent to measure the results of the relation established between population and territorial control in Israel. To carry out this project, this communication will compare the logic of the State and the logic of the migrants by analysing the dynamic of the population geography in the Negev and Galilee regions and in Jerusalem and the West bank: high places of crystallisation of this relation.
Face à l'éveil migratoire de la population juive d'ex-URSS au lendemain des événements de 1989, Yitshak Shamir, alors premier Ministre d'Israël, affirmait qu'« une grande immigration nécessite un grand Israël ». Cette déclaration a souligné la pérennité du lien étroit qu'a su tisser Israël entre démographie et stratégie territoriale. Né de l'aliya -l'immigration juive-, Israël a toujours soutenu l'idée que l'entrée de nouveaux immigrants représentait une force vive permettant d'assurer sa sécurité et ses options géostratégiques. Après une décennie d'immigration où la démographie israélienne a été revivifiée par l'entrée de près d'un million d'ex-Soviétiques, il convient de mesurer les résultats de la relation établie entre « population et maîtrise territoriale ». Pour mener à bien ce projet, cette communication s'efforcera de comparer les logiques de l'État et les logiques des migrants en prenant appui sur l'actuelle géographie de la population dans le Néguev, la Galilée et les Territoires occupés : hauts lieux de cristallisation de cette relation.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

William Berthomière
Logiques de migrants versus logiques d'État : quels impacts sur
la stratégie territoriale d'Israël?
In: Espace, populations, sociétés, 2002-1-2. Géographie et population. pp. 37-52.
Citer ce document / Cite this document :
Berthomière William. Logiques de migrants versus logiques d'État : quels impacts sur la stratégie territoriale d'Israël?. In:
Espace, populations, sociétés, 2002-1-2. Géographie et population. pp. 37-52.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/espos_0755-7809_2002_num_20_1_2016Abstract
Migrants "versus" State: Review of the results on the Territorial Strategy of Israel.
With the migratory awakening of the Soviet Jewish population shortly after the events of 1989, Yitshak
Shamir, the then Prime Minister of Israel, affirmed that "a great immigration requires a large Israel". This
declaration has underlined the permanence of the close bond linking population and territorial strategy
in Israel. State born from the Aliya -Jewish immigration-, Israel has always supported the idea that the
new immigrants represent a force making possible to ensure its security and its geostrategical options.
After more than a decade of a revivified demography by the immigration of almost a million of Soviet
Jews, it seems pertinent to measure the results of the relation established between "population and
territorial control" in Israel. To carry out this project, this communication will compare the logic of the
State and the logic of the migrants by analysing the dynamic of the population geography in the Negev
and Galilee regions and in Jerusalem and the West bank: high places of crystallisation of this relation.
Résumé
Face à l'éveil migratoire de la population juive d'ex-URSS au lendemain des événements de 1989,
Yitshak Shamir, alors premier Ministre d'Israël, affirmait qu'« une grande immigration nécessite un
grand Israël ». Cette déclaration a souligné la pérennité du lien étroit qu'a su tisser Israël entre
démographie et stratégie territoriale. Né de l'aliya -l'immigration juive-, Israël a toujours soutenu l'idée
que l'entrée de nouveaux immigrants représentait une force vive permettant d'assurer sa sécurité et ses
options géostratégiques. Après une décennie d'immigration où la démographie israélienne a été
revivifiée par l'entrée de près d'un million d'ex-Soviétiques, il convient de mesurer les résultats de la
relation établie entre « population et maîtrise territoriale ». Pour mener à bien ce projet, cette
communication s'efforcera de comparer les logiques de l'État et les logiques des migrants en prenant
appui sur l'actuelle géographie de la population dans le Néguev, la Galilée et les Territoires occupés :
hauts lieux de cristallisation de cette relation.BERTHOMIERE UMR-6588 CNRS - Équipe MIGRINTER William
Maison des Sciences de l'Homme et de la Société
99, avenue du Recteur Pineau
86000 POITIERS
France
William.berthomiere@mshs.univ-poitiers.fr
Logiques de migrants
versus logiques d'Etat :
quels impacts sur la stratégie
territoriale d'Israël ?
sembler reléguée au second plan dans le
débat suscité par la multiplication des un ce israélien, « Doomsday mot récent évoquant The article », Jerusalem tel l'avènement est publié le mot Report1. par qui d'une le introduisait magazine Derrière « catas
accords et leurs « applications », elle n'en a
pas moins conservé un caractère primordial.
trophe », le lecteur pouvait lire des propos Au cours de ces dernières années, cette
reflétant la préoccupation des dirigeants question s'est également faite moins présent
israéliens sur la question du rapport démo e du fait qu'Israël disposait d'une carte maît
graphique entre Palestiniens et Juifs. À la resse en l'appui démographique puisé dans
lecture de cet article, comme à celle des l'immigration juive d'ex-URSS depuis
nombreux autres que la presse israélienne a 1989, avec plus de 850 000 arrivées.
publiés ces derniers mois2, les termes de Aujourd'hui, le rapport de force où est trad
minorité démographique, de taux de repro itionnellement opposée au dynamisme natu
duction, de migration, de « balance eth rel de la population palestinienne l'immigrat
nique », de majorité territoriale, de fron ion juive, aliya3, tend en effet à s'incliner
tières ou bien encore, de séparation, compos en faveur des Palestiniens avec l'épuisement
ent un corpus qui nous incite à l'analyse du réservoir migratoire que constitue l' e
des causes de ce renouveau de la problémat xURSS [Courbage, 1999 et 2000]. Israël se
ique « population-territoire ». La résurgen trouve donc replacé dans une problématique
ce de cette question mérite en effet d'être « population-territoire » où l'immigration
apparaît conserver son image de « fer de étudiée car même si la dimension démogra
lance » de la politique gouvernementale si phique du conflit israélo-palestinien a pu
2 Voir le quotidien Ha'aretz du 26 octobre, « How the 1 Voir l'article de Éric Schecter, « Doomsday demogra
pher gets hearing at the Prime Ministers Office », The majority can turn into a minority » par Avraham let al.
Jerusalem Report, October 5, 2001. 3 Mot utilisé pour définir l'immigration en Terre sainte
et depuis 1948, en Israël (pi. aliyoth). 38
l'on retient la récente déclaration faite par étroite entre géographie (politique ou strat
Ariel Sharon4 sur la mise en place d'un pr égique) et population (immigrante) sur la
ogramme visant à l'immigration d'un million scène israélo-palestinienne. Il s'agit donc
de Juifs. ici, après une décennie de forte croissance
démographique, de vérifier si, comme le Ainsi, l'observation de ces éléments qui
soulignait Philippe Fargues [2000, p. 192], soulignent un probable renversement de ten
« l'immigration des Juifs russes vint alors à dance démographique et les conséquences
point nommé » pour assurer les objectifs - géopolitiques qu'il pourrait amener, atteste,
notamment stratégiques- de l'État d'Israël. de fait, de l'existence d'une corrélation
1. ISRAËL, UN ÉTAT CONSTRUIT SUR DES STRATES DE MIGRATIONS
Israël compte aujourd'hui plus de 6 millions État. Au cours de ces trois premières années
d'habitants dont près de 5,2 millions de d'existence, Israël, avec plus de 687 000
Juifs. Parmi ces Israéliens d'origine juive, olim7, a ainsi doublé sa population. Puis,
que cela soit à la première, seconde, ou tro avec la décolonisation, c'est depuis les rives
isième génération, tous ont dans leur histoire maghrébines de la Méditerranée que des
commune, Yaliya, ce terme aux fondements milliers de Juifs sont partis pour Israël.
religieux, qui signifie « montée » et désigne L'immigration marocaine des années 50 et
au quotidien l'immigration juive en Israël.5 60 (270 000 personnes) a constitué la tro
isième plus importante aliya de l'histoire Impulsée par l'activité diplomatique d'un
migratoire d'Israël et a permis à l'État d'aphomme, Théodore Herzl, qui a donné à la
procher les trois millions d'habitants dont pensée sioniste sa dimension politique dès la
2 435 000 Juifs [Berthomière, 1996]. fin du 19ème siècle, Yaliya n'a cessé de s'ac
croître jusqu'à la création de l'État en 19486, Au lendemain de ces deux grands événe
principalement sous la montée du fascisme ments politiques, Yaliya s'est peu à peu
en Europe, et s'est poursuivie par la suite sur tarie. Le taux de croissance annuel de la
un rythme irrégulier (cf. figure 1). population juive n'a cessé de s'éroder pas
sant de 9,2% par an sur la décennie 50 à En filigrane, derrière le profil de la courbe
1,5% par an à la fin des années 80 de ces cinquante années d'immigration, où
(cf. tableau 1). plus de 2 600 000 Juifs sont « montés » en
Israël, c'est toute l'histoire de la diaspora En effet, seuls deux événements sont venus
juive et de ce jeune État qui transparaît. Dès troubler l'histoire migratoire d'Israël après
les premières heures de l'État, alors que la 1965. La guerre des Six jours (1967), en fai
premi

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