Mahomet et Charlemagne. Le problème économique - article ; n°2 ; vol.3, pg 188-199
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1948 - Volume 3 - Numéro 2 - Pages 188-199
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1948
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Maurice Lombard
Mahomet et Charlemagne. Le problème économique
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 3e année, N. 2, 1948. pp. 188-199.
Citer ce document / Cite this document :
Lombard Maurice. Mahomet et Charlemagne. Le problème économique. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 3e
année, N. 2, 1948. pp. 188-199.
doi : 10.3406/ahess.1948.1626
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1948_num_3_2_1626MAHOMET ET CHARLEMAGNE
LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE
Aux journées franco-belges d'histoire, qui se sont tenues en mai der
nier à la Sorbonně, M. F. Vercauteren, • professeur à l'Université de
Liège, nous a donné un puissant et clair aperçu des principaux travaux
' publiés sur le problème « Mahomet et Charlemagne », de 119З7 à 1947
les dix années écoulées depuis la parution de l'œuvre ultime de Pirenne.
Dans cet exposé figurait en bonne place, et à juste titre, un très important
article de notre collaborateur, M. Robert S. Lopez, professeur à la Yale
University1. Sans aborder dans toute leur ampleur les innombrables
questions que posent les thèses de. Pirenne, M: Lopez. a fait porter sa cri
tique sagace sur un de leurs points essentiels : les quatre « disparitions
majeures» que Pirenne décèle dans l'Occident barbare à partir du
vin9 siècle et où il voit la preuve d'une rupture dans les relations com
merciales entre Orient et Occident, rupture causée -par l'invasion de
l'Islam dans la Méditerranée : cessation de la frappe de l'or sous les pre
miers Carolingiens, arrêt des importations de tissus orientaux, abandon
de l'usage du papyrus par la chancellerie des derniers Mérovingiens, inter
ruption dans l'arrivée des épices sur les marchés de l'Empire franc.
M. E. Sabbe, dans un gros mémoire2, s'était déjà attaqué à l'une
de ces 'disparitions, celle des étoffes précieuses orientales, et il annonce
une nouvelle étude sur le parchemin et le papyrus à l'époque méroving
ienne3. Mais la documentation qu'il a si < consciencieusement' réunie est
tout entière occidentale. Comme celle de Pirenne. Des deux parties anti
thétiques — Mahomet et Charlemagne — Charlemagne seul1 a été étudié.
Et Mahomet P.Noûs ajouterons : et Byzance ? Pour confirmer ou infirmer
la théorie de Pirenne, il semble, en effet, d'une bonne méthode de faire
appel des sources occidentales aux sources orientales (arabes et grecques),
d'autant plus que, si les premières sont très pauvres pour cette période
du vin8 au xe siècle, les secondes sont beaucoup plus riches. C'est ce qu'a
1. « Mohammed and Charlemagne : a revision », Speculum, t. XVIII, 194З,
p. 1I1 à 38.-
a. « L'importation des tissus orientaux en Europe occidentale au haut moyen
âge, rxe et xe siècles », Revue belge de philologie et d'histoire, t. XIV, 19З6,
p. 81 1-8.48 et ia3'8-i26i.. Voir sur ceit article le compte rendu de Marc Вшсн,
Annales d'histoire économique et sociale, t. VIII, '19З6, p. 480-81. Les objections
de» P. Lambrechte (« Les thèses de Henri Pirenne », Byzantion, t. XIV, iqZq,
p/ 5i3-536) n'affectent pas substantiellement la documentation de Sabbe.
3. A paraître dans les Miscellanea Van der Essen. ET CHARLEMAGNE 189 MAHOMET
compris M. Lopez. Il a franchi la frontière. Il a fait le premier pas hors
du cercle magique qui limitait jusqu'ici la discussion des idées pirennien.
nes aux documents uniquement occidentaux et aux explications forcé,
ment restreintes qu'on en pouvait tirer. C'est cette prise de position, de
l'autre côté de la barricade, qui fait l'originalité — et l'importance — de
son brillant essai.
Л
II semble difficile, écrit M. Lopez, de maintenir la « thèse catastr
ophique » de Pirenne et d'envisager les conquêtes arabes comme la cause
d'un brusque écroulement du commerce international avec, pour consé
quence, une révolution interne dans la vie économique et sociale de
l'Occident faisant subitement succéder une période ď « économie fermée »
à une période ď « économie ouverte » : ces nouvelles tendances étaient
incluses dans le monde occidental lui-même.
Quant au trouble apporté' dans l'approvisionnement de l'Europe en
certaines matières, la cause doit en être cherchée, non dans une rupture
des . relations commerciales entre l'Occident et l'Orient qu'aurait provo
quée la rapide expansion de l'Islam dans la Méditerranée, mais dans les
événements, d'un ordre tout différent, intervenus dans le domaine byzant
in et dans le domaine musulman.
Trois sur quatre des produits « disparus », d'après Pirenne : la monn
aie d'or, les étoffes précieuses, le papyrus, sont des monopoles d'État1.
Leur fabrication et leur mise en circulation soumises à des restric
tions spéciales dès l'Empire romain. Elles le restent dans l'Empire byzant
in, comme dans le -califat qui ne change rien à l'organisation antérieure.
Cette constatation pourrait, d'après M. Lopez, éclairer certains aspects du
problème.
I. — LA MONNAIE D'OR
La frappe de l'or cesse en Gaule seulement dans la seconde moitié
du vin6 siècle, donc longtemps après les conquêtes musulmanes. En
Italie elle continue jusque vers 800, date sans importance pour le califat,
mais grande date pour l'Europe. Enfin, après une courte réapparition
sous Charlemagne et sous Louis le Pieux, le monnayage de l'or est déf
initivement abandonné dans l'Occident chrétien. Tels sont les trois {grands
faits que M. Lopez se propose d'expliquer en faisant intervenir surtout
la notion de : monnaie, monopole d'État. Monopole farouchement défendu
par les empereurs byzantins, organisé par le calife 'Abd al-Malilç en 692,
restauré par Pépin le Bref et Charlemagne.
La décadence du monnayage de l'or (quantité, titre et* technique de
la frappe) commence dans le Royaume mérovingien dès la fin du vie siè
cle. Elle est en rapport avec le déclin du commerce, l'anarchie où se débat
alors l'État franc et le triste état des arts. C'est pour introduire plus
1. M. Lopez prépare un ouvrage d'ensemble sur cette quei
monopoles : State monopolies, public corporations and sovereig ^
the Roman and Byzantine Empires. L'article que nous analysons ici, comme *oel i^ftfl/* dont on troaiivera le compte rendu plus loin (« Silk indhistry
n'en sont que des morceaux détachés. D'autres travaux pi Empire n)
doivent paraître bientôt dans le Recueil Harmenopoulos, de l'UniS£rsigLilE L Salo-
nique, et dans les Essais en l'honneur de Gino Luzzatto. ' uiev*fd Aî 190 ANNALES
d'uniformité dans la frappe et restaurer, partiellement au moins, le
monopole régalien de la monnaie que Pépin le Bref supprime le mon
nayage de Гаг et le type à effigie. Le fait que les voisins du Sud, les
émirs de Gordoue ne frappent encore que des monnaies d'argent au type
épigraphique peut aussi avoir poussé Pépin Je Bref dans cette voie.. Loin
de voir dans les nouvelles tendances monétaires • de - l'État franc une
preuve de la rupture des relations commerciales provoquée par l'invasion
musulmane, il faut y voir, peut-être, l'indication d'une influence exercée
par les tendances parallèles de la monnaie arabe d'Espagne.
Après la conquête de l'Italie, Charlemagne continue à y faire frapper
des monnaies d'or au type lombard, mais portant son effigie et son nom.
Puis, brusque changement après 800 : il arrête les émissions d'or en Italie
aussi. Et. lorsqu'il frappera à nouveau quelques pièces (les sous
d'Uzès de 81З), celles-ci seront du type épigraphique. L'explication est à
chercher dans les relations de Charlemagne avec l'empereur byzantin :
c'est pour ménager les susceptibilités du basileus, toujours imbu de l'idée
qu'il a, seul, le privilège de frapper l'or à son image, que le nouvel emper
eur d'Occident abandonne le monnayage de l'or à effigie.
Lorsque Louis le Pieux frappera des monnaies d'or à son nom et à
son effigie, il aura soin, pour les mêmes raisons, de lancer cette émission
dans le Nord, au voisinage des tribus germaniques barbares, c'est-à-dire
le plus loin possible de l'Empire byzantin, là aussi où le prestige du

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