Malédiction du vainqueur et rationalité économique - article ; n°1 ; vol.42, pg 29-50
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Description

Revue économique - Année 1991 - Volume 42 - Numéro 1 - Pages 29-50
Malédiction du vainqueur et rationalité économique
Cet article examine le phénomène de la malédiction du vainqueur dans les procédures d'appel d'offres. Un modèle de simulation permet de distinguer la malédiction (due à une erreur d'évaluation a priori de la valeur du bien mis en vente) et le regret ex-post (dû à une comparaison entre la valeur ex-post et la valeur a priori). On montre qu'une stratégie optimale permet d'éviter la malédiction sans éliminer la possibilité d'un regret.
Economc rationality and the winner's curse
In this paper, we study the phenomenon known as the « winner's curse » in common value auction models. A simulation model allows to distinguish between the winner's curse (consequence of an a priori error on the expected value of the item) and the post decision surprise (when the a posteriori profit is compared with the a priori profit). We show that an optimal strategy can avoid the winner's curse but not all possibilities of regret.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Michel Mougeot
Madame Florence Naegelen
Malédiction du vainqueur et rationalité économique
In: Revue économique. Volume 42, n°1, 1991. pp. 29-50.
Résumé
Cet article examine le phénomène de la malédiction du vainqueur dans les procédures d'appel d'offres. Un modèle de simulation
permet de distinguer la malédiction (due à une erreur d'évaluation a priori de la valeur du bien mis en vente) et le regret ex-post
(dû à une comparaison entre la valeur ex-post et la valeur a priori). On montre qu'une stratégie optimale permet d'éviter la
malédiction sans éliminer la possibilité d'un regret.
Abstract
Economc rationality and the winner's curse
In this paper, we study the phenomenon known as the « winner's curse » in common value auction models. A simulation model
allows to distinguish between the winner's curse (consequence of an a priori error on the expected value of the item) and the post
decision surprise (when the a posteriori profit is compared with the a priori profit). We show that an optimal strategy can avoid the
winner's curse but not all possibilities of regret.
Citer ce document / Cite this document :
Mougeot Michel, Naegelen Florence. Malédiction du vainqueur et rationalité économique. In: Revue économique. Volume 42,
n°1, 1991. pp. 29-50.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1991_num_42_1_409263Malédiction du vainqueur
et rationalité économique
Michel Mougeot
Florence Naegelen
Cet article examine le phénomène de la malédiction du vainqueur dans les
procédures d'appel d'offres. Un modèle de simulation permet de distinguer la
malédiction (due à une erreur d'évaluation a priori de la valeur du bien mis en
vente) et le regret ex-post (dû à une comparaison entre la valeur ex-post et la
valeur a priori). On montre qu'une stratégie optimale permet d'éviter la malédiction
sans éliminer la possibilité d'un regret.
Le curieux phénomène qualifié de malédiction du vainqueur semble un défi
aux hypothèses usuelles de rationalité des agents économiques. Certains auteurs
y voient, en particulier, une remise en cause de l'idée selon laquelle des
acheteurs ou des vendeurs adopteraient des comportements optimaux lorsqu'ils
agissent sur les marchés, l'erreur ou la stratégie naïve conduisant systéma
tiquement à la malédiction, c'est-à-dire, en première approximation, au fait que
celui qui obtient un bien est en général celui qui s'est le plus trompé sur sa
valeur. Les gagnants se révèlent, en définitive, être des perdants.
Il est de fait que l'actualité nous fournit régulièrement des exemples de
transactions dans lesquelles le prix atteint apparaît anormalement élevé soit par
rapport à des estimations a priori, soit par rapport à des évaluations a
posteriori. Les records battus régulièrement lors de transferts de footballeurs,
sur le marché de la peinture contemporaine, à propos de droits d'édition d'ou
vrages ou de diffusion de films comme les prix de rachat d'entreprises dans les
procédures d'offres publiques d'achat (OPA) interpellent les économistes. On
peut raisonnablement s'interroger sur les causes de la formation de ces prix.
Résultent-ils de stratégies optimales, compte tenu de l'appréciation de la valeur
des biens et de l'ampleur de la concurrence ? Ou bien, plus simplement, sont-
ils la conséquence d'erreurs ? Dans ce cas, les erreurs sont-elles évitables ? La
malédiction est-elle inéluctable ?
Ce phénomène concerne, en fait, des situations dans lesquelles des agents
sont en concurrence pour l'obtention d'un bien dont la valeur a priori est
commune à tous mais inconnue au moment où ces agents transmettent des
propositions de prix au vendeur. De nombreux biens appartiennent à cette caté
gorie, notamment dès lors que l'on achète pour revendre. Les procédures d'appel
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Revue économique — N° 1, janvier 1991, p. 29-50. Revue économique
d'offres au premier prix sont celles dans lesquelles la malédiction a été le plus
fréquemment observée. Face à ces mécanismes, chaque agent doit résoudre un
double problème : d'une part, évaluer a priori, compte tenu éventuellement de
signaux, la valeur inconnue et, d'autre part, faire une proposition en fonction de
cette évaluation.
Qu'appelle-t-on alors malédiction du vainqueur ? La littérature considérable
sur le sujet est assez confuse, mêlant des observations factuelles et des analyses
théoriques, des appréciations a priori et a posteriori. Le vocabulaire est souvent
peu scientifique, certains auteurs parlant de phénomène mystérieux, d'anomalie
(Thaler [1988]) ou d'une bête qu'il convient de pourchasser (Cox et Isaac
[1984]). La définition la plus simple consiste à dire qu'il y a malédiction quand
la valeur du bien est inférieure à l'offre du vainqueur. Mais ce désappointement
peut s'expliquer de multiples façons, selon que l'on apprécie la valeur du bien
avant l'appel d'offres ou après et selon les modalités de détermination de l'offre,
d'où une pluralité de définitions spécifiques et des vérifications contradictoires.
Initialement, le phénomène fut observé par des compagnies pétrolières ayant
acquis des droits d'exploitation et de vente des ressources énergétiques contenues
dans des concessions mises aux enchères. Au début des années 1970, ces com
pagnies constatèrent que leurs profits n'avaient pas été à la hauteur de leurs
espérances, l'étude a posteriori de la valeur des concessions ayant révélé que les
appels d'offres étaient gagnés par ceux qui avaient le plus surestimé les valeurs
des parcelles. Capen, Clapp et Campbell [1971] furent à l'origine de l'expres
sion « malédiction du vainqueur » {winner's curse) et en proposèrent une
analyse théorique et statistique. Leur explication est assez simple. Les compag
nies obtiennent des estimations non biaisées de la valeur commune des nappes
pétrolières (la moyenne de ces estimations étant égale à la vraie valeur). Ces
signaux, obtenus, par exemple, à partir de relevés géologiques ou sismiques,
varient toutefois d'une compagnie à l'autre. Par suite, même si les firmes
réduisent leurs offres par rapport aux estimations, le vainqueur est, en général,
celui qui a fondé sa stratégie sur l'évaluation la plus élevée et donc sur une
valeur supérieure à la vraie valeur. Notons cependant que cette explication ne
correspond à la constatation des compagnies que si la vraie valeur ex-post est
bien égale à la vraie valeur ex-ante considérée comme la moyenne des est
imations des agents.
Au cours des années 1970 et 1980, de très nombreux articles1 étudièrent le
phénomène que le progrès de la théorie des jeux en information incomplète
permit de mieux comprendre. Le problème se décompose, en effet, en un pro
blème de définition a priori de la valeur inconnue et en un problème stratégique
consistant à déterminer une offre compte tenu de cette évaluation. A la suite de
Wilson [1977], Milgrom [1982]2 caractérisa la malédiction du vainqueur
comme la conséquence d'une évaluation naïve de la vraie valeur inconnue jc0.
A priori, les agents connaissant une estimation non biaisée jc, de xQ choisissent
1. Cf. Oren et Williams [1975], Smith [1981], Winkler et Brooks [1980], Cox et Isaac
[1984], Naegelen [1986], etc.
2. Cf. également Engelbrecht-Wiggans [1983] et Matthews [1984].
30 Michel Mougeot, Florence Naegelen
une évaluation naïve s'ils fondent leur offre sur Ej, l'espérance mathématique de
Xq conditionnée par x,-. Ils évitent la malédiction s'ils utilisent une fonction
d'évaluation E2 conditionnée par le fait que jc,- est le maximum des signaux.
Comme E^ > E2, il y a malédiction quand les agents n'incorporent pas dans leur
estimation le fait de gagner.
Cette analyse repose sur deux évaluations a priori, les stratégies d'offre des
agents correspondant à des stratégies d'équilibre bayesien1. En situation d'info
rmation incomplète, si chaque agent a une information privée et des croyances
sur les informations privées de ses adversaires et si c

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