Max Weber : un homme, une œuvre  ; n°1 ; vol.1, pg 81-88
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Annales d'histoire économique et sociale - Année 1929 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 81-88
8 pages

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Publié le 01 janvier 1929
Nombre de lectures 42
Langue Français

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Maurice Halbwachs
Max Weber : un homme, une œuvre
In: Annales d'histoire économique et sociale. 1e année, N. 1, 1929. pp. 81-88.
Citer ce document / Cite this document :
Halbwachs Maurice. Max Weber : un homme, une œuvre. In: Annales d'histoire économique et sociale. 1e année, N. 1, 1929.
pp. 81-88.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0003-441X_1929_num_1_1_1043s\
IV. — ÉCONOMISTES ET HISTORIENS
Max Weber : un homme, une œuvre. — L'auteur de la présente étu
de, se trouvant à Berlin en 1911, y rencontra Edouard Bernstein, revenu depuis
peu de temps d'Heidelberg, où Max Weber l'avait invité à faire quelques confé
rences devant ses étudiants. Il fut frappé de l'accent chaleureux avec lequel il
parlait de ce sociologue. « C'est une riche nature, disait-il, un homme à la fois
énergique et généreux, un esprit concentré, mais 'exceptionnellement ouvert,
en un mot, un tempérament.» C'est bien l'impression qu'on emporte du livre
très attachant où Mme Marianne Weber a fait revivre celui dont elle partagea
l'existence et qui l'associa à toutes ses préoccupations1. Carrière normale et
classique en apparence d'un professeur d'Université allemande. Vie qui
aurait été assez unie, sans une longue maladie, la retraite bien avant l'âge,
la guerre, et une mort prématurée. Si l'on s'en tenait aux articles de revue,
cours et livres qui en marquent les étapes, on ne se ferait pas une juste idée
de ce qu'a été Max Weber, et de l'action qu'il a exercée. Cette œuvre scien
tifique ne représente en effet qu'un aspect de sa personnalité. Il fut orateur,
et se dépensa en conférences et en discours. Il fut journaliste, et poursuivit
plus d'une polémique. Tous les événements de la vie politique allemande,
depuis le Kulturkampf et les lois d'exception jusqu'à la guerre, la défaite et
la révolution, ont été l'occasion pour lui de prendre parti, et d'agir sur ceux
qu'il pouvait atteindre. D'autre part il n'a été étranger à aucune des manif
estations de la vie moderne : démocrate et libéral, mais non socialiste, fémi
niste, mais non « érotiste » ni freudien, comme tant de contemporains cultivés
de son pays, il fut lié personnellement avec le grand poète Stefan Georg, et
il avait entrepris d'écrire une sociologie de la musique. Weber n'était pas un
sociologue de cabinet. On peut dire que partout où il a aperçu des hommes
rassemblés autour d'une œuvre ou d'une idée, il est allé se mêler à leur groupe.
Du reste, il donnait aux autres plus encore qu'il n'en recevait. Les Allemands
passent pour être un peu lents et difficiles à mouvoir. Ils ont besoin qu'un
ferment soulève leur masse. Max Weber était allemand, [trbs allemand3,
mais le levain était en lui-
L'œuvre de Max Weber est très dispersée. Il a écrit surtout des articles
(aussi longs, d'ailleurs, que des livres) dans des revues, de grands manuels,
des encyclopédies. C'est seulement après sa mort que la plupart de ses études
ont été réunies dans des publications posthumes. L'objet de cette notice est
de replacer ses études, articles, etc., et ces publications aussi, à leur date, d'en
rappeler la succession, et d'indiquer où elles ont paru. Les événements de sa
vie ne seront mentionnés qu'en vue de servir de cadre chronologique pour
l'exposé de ses travaux.
Max Weber est né à Erfurt en 1864, d'un père magistrat, qui fut ensuite
1. Marianne Weber, Max Webzr, ein Lebensbild, vi-779 p., Tubingen, 1926.
2i II était allemand. Cependant, par sa grand-mère maternelle, qui s'appelait Emilie
Souchay, il descendait d'une famille française de huguenots d'Orléans, réfugiés en All
emagne au xvne siècle.
ANN. D'HISTOIRE. — lre ANNÉE. 6 82 ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE
député national-libéral au Landtag, et conseiller municipal de Berlin. La
famille Weber appartenait depuis plusieurs générations au patriciát mar
chand. Il suivit les cours de l'Université d'Heidelberg, puis de Berlin. C'était
l'époque où la jeunesse allemande se pressait autour des chaires de Mommsen
et de Treitschke. Max Weber vécut aussi dans cette atmosphère. En 1889, il
soutint une thèse sur les sociétés de commerce au moyen âge, qui l'obligea à
lire des centaines de collections de statuts italiens et espagnols, et, en 1891,
il termina, dans le séminaire de Meitzen, une étude agraire et juridique
d'histoire romaine1.
Un an plus tard, le Verein fur Sozialpolitik lui demandait d'organiser une
enquête sur la situation des travailleurs ruraux allemands à l'Est de l'Elbe.
Weber publia les résultats de cette enquête dans un volume de 900 pages, qui
fut très remarqué2. Il y montrait qu'un nombre de plus en plus grand de
paysans allemands quittaient les marches de l'Est pour s'installer dans les
grandes villes, ou émigraient en Amérique. Pourquoi ? C'est qu'on assistait
à la disparition de l'ancien régime agraire, qui reposait sur l'exploitation des
terres par les paysans groupés autour des seigneurs et liés à eux par des inté
rêts communs, au profit des grandes exploitations agricoles. Les propriétaires
agrandissaient leurs terres, produisaient pour l'exportation, se transformaient
d'une classe patriarcale de seigneurs en une classe de gros entrepreneurs
agricoles. C'est, pourquoi les paysans, qui n'espéraient plus devenir un jour
propriétaires indépendants, s'en allaient. Les hobereaux alors cherchaient à
attirer à leur place une main-d'œuvre à bon marché. Les Polonais et les
Russes, longtemps tenus à distance par Bismarck, traversaient de nouveau la
frontière de l'Est. Le niveau de vie des travailleurs allemands de la cam
pagne baissait. Weber se plaçait au point de vue, non pas des producteurs
ou des paysans, mais de l'État. Il fallait fermer les frontières, concluait-il,
attacher les paysans au sol, si l'on voulait que les pays de l'Est demeurassent
allemands 3. Et il dénonçait l'égoïsme de ces gros propriétaires aristocrates
qui subordonnaient l'avenir de la nation à leurs intérêts de classe.
Max Weber se maria en 1893 ; la même année sa sœur épousait le fils de
Mommsen. Chargé d'une suppléance à l'Université de Berlin, il y resta une
année encore. C'est à ce moment qu'il publia, à l'occasion d'une grande
enquête officielle, deux études sur la Bourse, en particulier, sur les opérations
à terme *. Les agrariens réclamaient la suppression des opérations à terme
sur le blé. Mais, d'après Weber, le commerce, même purement spéculatif,
remplit une fonction essentielle : il facilite l'égalisation des prix et la réparti
tion des biens. Une bourse, pas plus qu'une banque, n'est un club de mora-
1. Die rômische Agrargeschichte in ihrer Bedeutung fur das Síaaís- und Privatrecht,
Stuttgart, 1891.
2. Die Verhâltnisse der Landarbeiter im Ostelbischen Deutschland. Schriften des Vereins
fur Sozialpolitik, volume 55, Leipzig, 1892. Enquête par questionnaires adressés aux pro
priétaires. Du même : Die in den evangelischen Gebiete Norddeutschladns,
Tubingen, 1899. Observations recueillies par l'intermédiaire des pasteurs et du Congrès
évangélique social.
3. La menace russe à l'Est ne cessera pas de préoccuper Max Weber. Pendant la
guerre il songera un moment à une entente ou alliance avec la Pologne reconstituée qui
protégerait l'Allemagne contre le colosse moscovite et asiatique. Voir : Mariannh Weber,
op. cit., p. 564 et suiv.
4. Die Borse, Gottinger Arbeiterbibliothek, 2 Hefte, 1894-96. Reproduit dans : Ges&m-
melte Auf&stze zur Soziologieund Sozialpolitik, p. 256-322, Tubingen, 1924. ET HISTORIENS 83 ÉCONOMISTES
listes. C'est une arme entre les mains de l'État, qui s'affaiblirait dans la
mesure où les marchés de certains produits se transporteraient à l'étranger.
En 1894, Max Weber fut appelé à Fribourg, en Bade, où on lui offrait,
bien qu'il fût juriste, une chaire d'économie nationale. Il n'y resta que quel
ques .années, et quitta bientôt cette ville pour enseigner à l'Université d'Hej-
delberg, où il prit la succession de Knies. C'

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