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Publié par | REVUE_ECONOMIQUE |
Publié le | 01 janvier 1994 |
Nombre de lectures | 19 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Extrait
Monsieur Louis Phaneuf
Monsieur Steve Ambler
Modèles du cycle économique et marché du travail
In: Revue économique. Volume 45, n°4, 1994. pp. 1065-1078.
Résumé
Nombreux sont ceux qui croient que l'approche du cycle économique initiée par Lucas, Kydland et Prescott a pour objectif
fondamental de doter les modèles macro-économiques de fondements micro-économiques solides alors que l'approche IS-LM-
courbe de Phillips se démarquerait par son souci et sa capacité à expliquer les faits. Nous défendons l'idée que l'approche du
cycle fondée sur le modèle néoclassique de croissance et l'approche IS-LM-courbe de Phillips en sont à peu près au même point
en ce qui concerne leur capacité à expliquer les faits stylisés du marché du travail.
Abstract
Business cycle models and the labor market
Many believe that the main goal behind the business cycle approach intitiated by Lucas, Kydland and Prescott is to provide solid
microfoundations for macroeconomic models while the IS-LM-Phillips curve approach would be mainly concerned with explaining
reality. We try to show that the business cycle approach based on the neoclassical growth model and the IS-LM-Phillips curve
approach are at the present time on an equal footing in their capacity to explain stylizedfacts of the labor market.
Citer ce document / Cite this document :
Phaneuf Louis, Ambler Steve. Modèles du cycle économique et marché du travail. In: Revue économique. Volume 45, n°4,
1994. pp. 1065-1078.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1994_num_45_4_409590Modèles du cycle économique
et marché du travail
Steve Ambler
Louis Phaneuf
Nombreux sont ceux qui croient que l'approche du cycle économique initiée
par Lucas, Kydland et Prescott a pour objectif fondamental de doter les modèles
macro-économiques de fondements micro-économiques solides alors que l'a
pproche IS-LM-courbe de Phillips se démarquerait par son souci et sa capacité à
expliquer les faits. Nous défendons l'idée que l'approche du cycle fondée sur le
modèle néoclassique de croissance et l'approche IS-LM-courbe de Phillips en
sont à peu près au même point en ce qui concerne leur capacité à expliquer les
faits stylisés du marché du travail.
INTRODUCTION
Plus de quinze années se sont écoulées depuis la publication du texte célèbre
dans lequel Lucas [1977] présentait une façon nouvelle d'aborder l'étude du
cycle économique. Pour Lucas, étudier le cycle ne se limitait seulement à expli
quer l'écart entre la valeur observée du produit agrégé et sa tendance (les fluc-
tuations du produit agrégé) mais également les covariations entre le produit
agrégé et d'autres variables macro-économiques . Comme autre élément
majeur de son programme de recherche, Lucas défendait l'idée qu'il fallait
doter les modèles macro-économiques de fondements micro-économiques. Les
modèles d'équilibre général du cycle avec information imparfaite élaborés par
Lucas [1972, 1975] au cours des années soixante-dix témoignent de façon
remarquable qu'il est possible de camper l'analyse macro-économique sur des
fondements micro-économiques plus solides.
La distinction entre fluctuations et covariations, de même que le souci de
relier le cycle économique aux réponses optimales des agents économiques, ont
constitué, par la suite, la pierre angulaire du programme de recherche sur les
cycles réels amorcé par Kydland et Prescott [1982]. Au cours des années quatre-
vingt, le développement de modèles stochastiques fondés sur le modèle néo-
* Centre de recherche sur l'emploi et les fluctuations économiques, Université du
Québec à Montréal, Case postale 8888, succursale Centre ville, Montréal, Québec,
Canada H3C 3P8.
Nous tenons à remercier deux rapporteurs anonymes pour leurs commentaires et sug
gestions. Ce texte a été réalisé dans le cadre d'un programme de recherche financé par le
Fonds FC AR sur La dynamique du marché du travail et les fluctuations économiques.
1. Ces variables étant des écarts par rapport à leurs tendances.
1065
Revue économique — N° 4, juillet 1994, p. 1065-1078. Revue économique
classique de croissance a été spectaculaire. L'objet et la méthodologie de ce pr
ogramme de recherche sont maintenant bien connus de sorte qu'il est superflu
d'en présenter un résumé1.
Bien que de nombreux macro-économistes reconnaissent d'emblée l'apport
original du programme de recherche mis en marche par Lucas, Kydland et
Prescott, certains demeurent sceptiques et se montrent plutôt critiques. À notre
avis, Gali [1992] résume bien les points de vue qui s'affrontent. Selon lui,
l'étude des fluctuations économiques peut être divisée en deux grands program
mes de recherche. Le premier est celui des « nouveaux classiques ». Selon Gali,
la perception d'un grand nombre de macro-économistes est que le principal
objectif de ce programme de recherche est de « reconstruire la macroéconomie
dans son ensemble d'une manière cohérente avec la théorie néoclassique, en
adhérant aux principes d'équilibre des marchés et de concurrence parfaite ». En
revanche, le deuxième programme « portant l'étiquette de "keynésien nouveau"
serait guidé par la confiance en Impertinence empirique des modèles macro-éco
nomiques de type IS-LM développés dans la tradition keynésienne ». Pour
étayer son affirmation, Gali cite l'exemple des modèles macro-économétriques
à plusieurs équations utilisés par les gouvernements et les entreprises commerc
iales à des fins de politique économique et de prévision qui sont du type IS-
LM-courbe de Phillips. En d'autres termes, la préoccupation centrale du pr
ogramme de recherche des « nouveaux classiques » serait de nature
fondamentale : doter les modèles macro-économiques de fondements micro
économiques rigoureux. Par contre, le programme des « keynésiens » se démarq
uerait par son souci et sa capacité à expliquer les faits.
Mais sur quoi ces perceptions reposent-elles ? La question est difficile. Tout
efois, nous croyons que certains facteurs ont contribué plus que d'autres à les
façonner. En particulier, nous pensons que les difficultés qu'ont éprouvées les
modèles du cycle réel à engendrer certains faits caractéristiques du marché du
travail ont fortement joué en leur défaveur. Citons quelques exemples. En génér
al, les modèles du cycle réel avec parfaite flexibilité des prix et des quantités
prédisent soit une variabilité conjoncturelle de l'emploi en heures travaillées
trop faible par rapport à celle du produit agrégé (Kydland et Prescott [1982]),
soit une variabilité de la productivité horaire trop faible par rapport à celle de
l'emploi en heures travaillées (Hansen [1985]). De plus, ces modèles engen
drent une corrélation positive entre l'emploi en heures travaillées et la producti
vité horaire qui est assez élevée alors que, dans les faits, elle est soit faiblement
négative ou nulle (Christiano et Eichenbaum [1992]). Ces carences ont proba
blement amené plusieurs à croire que le pouvoir explicatif des modèles du cycle
réel est assez limité et qu'une explication des faits stylisés du marché du travail
qui s'appuie sur le modèle néoclassique de croissance est vouée à l'insuccès. En
conséquence, plusieurs demeurent convaincus que le modèle IS-LM-courbe de
Phillips est celui qui explique le mieux les faits .
Dans le présent texte, nous défendons une idée qui peut sembler surprenante.
Nous tentons de montrer que l'approche du cycle s'inspirant du modèle néo-
1. Le lecteur intéressé pourra toujours se référer aux textes-synthèses de McCallum
[1989], Hénin [1991] et Danthine et Donaldson [1991] et Ambler [1991].
2. Ce point de vue semble également partagé par Blanchard [1989].
1066 Steve Ambler, Louis Phaneuf
classique de croissance et l'approche IS-LM-courbe de Phillips en sont presque
au même point pour ce qui est de leur capacité à expliquer les faits stylisés du
marché du travail. Nous développons notre argument de la manière suivante.
D'abord, no