Monnaie et banques dans « La richesse des nations » - article ; n°5 ; vol.45, pg 1199-1212
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Description

Revue économique - Année 1994 - Volume 45 - Numéro 5 - Pages 1199-1212
Monnaie et banques dans La richesse des nations
Nous voulons montrer dans cet article que le traitement de la monnaie proposé par A. Smith, et plus particulièrement celui du papier monnaie, est largement lié au caractère « réel » de son analyse de la richesse. C'est lui qui détermine la façon dont Smith comprend les effets bénéfiques de la substitution du papier aux monnaies métalliques.
Money and banks in the wealth of nations
In this paper we want to show that A. Smith's treatment of money, and more specifically of paper money, is langely linked to his « real » analysis of wealth. It determines the way Smith understands the beneficial effects of the substitution of paper in the place of gold and silver money.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 45
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Françoise Duboeuf
Monnaie et banques dans « La richesse des nations »
In: Revue économique. Volume 45, n°5, 1994. pp. 1199-1212.
Résumé
Monnaie et banques dans La richesse des nations
Nous voulons montrer dans cet article que le traitement de la monnaie proposé par A. Smith, et plus particulièrement celui du
papier monnaie, est largement lié au caractère « réel » de son analyse de la richesse. C'est lui qui détermine la façon dont Smith
comprend les effets bénéfiques de la substitution du papier aux monnaies métalliques.
Abstract
Money and banks in the wealth of nations
In this paper we want to show that A. Smith's treatment of money, and more specifically of paper money, is langely linked to his «
real » analysis of wealth. It determines the way Smith understands the beneficial effects of the substitution of paper in the place
of gold and silver money.
Citer ce document / Cite this document :
Duboeuf Françoise. Monnaie et banques dans « La richesse des nations ». In: Revue économique. Volume 45, n°5, 1994. pp.
1199-1212.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1994_num_45_5_409602Monnaie et banques
dans La richesse des nations
Françoise Dubœuf
Nous voulons montrer dans cet article que le traitement de la monnaie pro
posé par A. Smith, et plus particulièrement celui du papier monnaie, est largement
lié au caractère « réel » de son analyse de la richesse. C'est lui qui détermine la
façon dont Smith comprend les effets bénéfiques de la substitution du papier aux
monnaies métalliques.
Il est indéniable que les propositions d'Adam Smith concernant la monnaie
et la création monétaire n'ont pas suscité un intérêt en rapport avec la place
accordée à l'auteur dans l'histoire de la pensée économique. Au contraire, il fait
sur ce sujet l'objet de nombreuses critiques. De fait, Hollander n'accorde dans
Classical Economies [1987] que deux pages à la pensée monétaire de Smith.
J. Schumpeter, tout en reconnaissant l'intérêt de la théorie de Smith,
ne lui accorde guère plus de place dans son Histoire de l'analyse économique
[1954]. Douglas Vickers [1975] s'étonne de ce que Smith n'a pas ni développé
ni tenu compte de la « dynamique monétaire » prometteuse engagée par ses pré
décesseurs (Cantillon, Hume et Steuart). Ainsi, les commentateurs reprochent à
Smith de négliger le « price specie flow mechanism » de Hume pour expliquer
le processus de sortie d'or lorsqu'il y a excès de création de papier monnaie par
les banques (voir, sur ce point, l'interprétation proposée par F. Petrella [1968]).
Des commentateurs comme Douglas Vickers [1975] et D. Laidler [1981]
adoptent toutefois un point de vue plus positif qui consiste à situer les apports
smithiens sur la monnaie dans le cadre de la logique fondamentale de son
œuvre. Pour Laidler, les positions de Smith s'expliquent par l'enjeu central qui
est le sien, à savoir la théorie de la croissance économique à long terme. Dans la
même direction, Douglas Vickers met en avant la perspective d'analyse
« réelle » qui est la trame essentielle de l'œuvre de Smith. C'est dans ce sens
que nous voulons présenter les propositions de Smith. En effet, il est clair qu'il
accorde une grande importance au rôle des banques dans la croissance
économique ; l'expérience des banques écossaises joue d'ailleurs manifeste
ment un grand rôle dans l'intérêt qu'il porte à l'activité bancaire et dans la façon
dont il l'interprète (voir, sur ce point, S. G. Checkland [1975]).
Ainsi, loin d'être négligeable, son analyse de la monnaie met en œuvre un
ensemble de propositions nouvelles que l'on retrouvera paradoxalement par
certains aspects chez David Ricardo, ou, à l'opposé, dans les positions de
l'école du free banking.
* Université Paris I, 90, rue de Tolbiac, 75013 Paris.
1199
Revue économique — N° 5, septembre 1994, p. 1199-1211. Revue économique
Nous voudrions développer ici l'idée que l'analyse monétaire proposée par
Smith doit être comprise sous la contrainte théorique d'une approche systémat
iquement réelle de l'enrichissement capitaliste, conception au nom de laquelle il
s'oppose vivement aux idées des mercantilistes.
Préciser ce premier point nous permettra de voir pourquoi la définition théo
rique de la monnaie s'avère délicate pour Smith qui entend la traiter comme une
marchandise. Nous verrons ensuite dans quelles conditions Smith est amené à
insérer la monnaie dans le capital national pour analyser l'impact positif de
l'émission du papier monnaie par les banques.
LA CONCEPTION REELLE DE L'ENRICHISSEMENT
CAPITALISTE
Smith est l'un des premiers auteurs à développer systématiquement une théo
rie de la croissance économique sur la base de l'emploi capitaliste du travail
salarié. La logique du gain s'appuie alors sur la productivité réelle du travail et
non plus sur le profit commercial. La richesse est donc d'abord réelle, consti
tuée des biens matériels produits. Le gain en valeur est alors l'expression
sociale d'un surplus réel issu de la production. La théorie de la valeur de Smith
exprime donc les conditions de la répartition et de l'emploi efficaces des res
sources réelles de la nation. La logique de valorisation du capital sous-tend l'a
ccumulation matérielle de biens utiles.
Dans ces conditions, la recherche du gain privé peut s'avérer principe eff
icace de l'enrichissement social puisqu'elle permet l'allocation optimale des res
sources matérielles.
Cela n'est vrai cependant que sous certaines conditions. L'emploi rationnel
des ressources n'est garanti par la recherche du gain que si celle-ci constitue la
rationalité fondamentale de tout possesseur de ressources : celui-ci ne laisse
jamais oisifs les avoirs rentabilisantes dont il dispose, mais au contraire cherche
à les rentabiliser au mieux des informations dont il dispose ; cela implique à la
fois le plein emploi des ressources, et leur emploi le plus efficace s'il existe un
mécanisme assurant une information correcte. On sait que c'est le marché qui
remplit ce rôle, rendant inutile l'intervention de l'État.
Cette vision, évidemment opposée à celle des mercantilistes, dessine une
relative exclusion du rôle de la monnaie dans la croissance. Les profits et les
rentes sont des modalités d'appropriation du surplus réel à travers la logique de
formation des taux de revenu et de la valeur. La rationalité absolue du gain
garantit le plein emploi de ce surplus.
Toutefois les membres des classes qui possèdent et organisent la mise en
œuvre des ressources doivent être capables de prendre les bonnes décisions
grâce à l'information donnée par le marché. La rationalité du gain s'accompa
gne de l'idée que les propriétaires légitimes du surplus sont les citoyens les plus
aptes à évaluer de façon pertinente les emplois les plus productifs. On verra sur
ce point (voir infra) que, malgré l'optimisme déployé dans le célèbre exposé du
paradoxe de la Main invisible (L. IV, chap, n de La richesse des nations), Smith
propose de mettre en place des garde-fous, en particulier au niveau de la créa-
1200 Françoise Dubœuf
tion monétaire et de la fixation du taux d'intérêt, visant à contrôler l'accès aux
ressources productives des individus susceptibles de dilapider le capital national
par des aventures hasardeuses.
On retrouvera pour l'essentiel cette logique « réelle » dans l'œuvre monét
aire de Ricardo, bien que celui-ci s'éloigne, à bien des égards, de l'analyse smi-
thienne du rôle et de l'organisation des banques.
Ce point de vue induit chez Smith deux conséquences :
- La monnaie n'est pas l'espace d'expression théorique des grandeurs écono
miques, supplantée dans le rôle de mesure de la valeur par le travail. Contenue
dans l'ordre des marchandises, elle a une valeur variable déterminée par ses
conditions de production (contrairement à Ricardo, Smith n'adopte pas la con
ception quantitativiste de la valeur de la monnaie).
- Elle n'intervient pas, à travers les processus de création monétaire par les
banques, dans la mobilisation des (ou les conditions d'accès aux) ressources

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