mythe cours 1
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1 21/01/10 Mythe et récit But de ce cours commun « Comprendre, critiquer, imaginer ». Méthode : ne jamais partir d’une définition (dictionnaire !)/ ne jamais « zoomer » du général au particulier mais partir des pratiques réelles. 1) Mythe anthropologique, 2) le muthos grec, 3) le muthos philosophique (Ricœur), le mythe sémiologique (Barthes), Plan du cours 1) Le mythe structuraliste et le mythe du mythe) 2) Un muthos n’est pas un mythe ; Platon, Protagoras , Aristote et le storytelling 3) Barthes (mythologies de la mode) contre Ricœur (métaphysique du muthos). 1) Aujourd’hui le mythe est une catégorie anthropologique introduite par CLS pour analyser des récits appartenant à des cultures éloignées, dans le temps ou l’espace. 2 idées principales : - ces récits ont un sens caché que révèle l’analyse structurale - ces récits n’ont pas de référent diachronique, ils ne racontent pas un événement même fictif Il faut donc les interpréter ainsi sinon ils n’ont pas de sens : CLS propose une méthode, l’analyse structurale. Mais ce n’est pas lui qui a inventé la catégorie du mythe. En effet c’est une catégorie analytique élaborée au XIX-XXeme s. D’où vient cette catégorie ? A De la fable au mythe des anthropologues. Archéologie. Jusqu’au XVIIIème s. 2 types de récit : les faux = les fables, les contes vs les vrais ...

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Langue Français

Extrait

1
21/01/10
Mythe et récit
But de ce cours commun « Comprendre, critiquer, imaginer ».
Méthode : ne jamais partir d’une définition (dictionnaire !)/ ne jamais « zoomer » du
général au particulier mais partir des pratiques réelles.
1) Mythe anthropologique,
2) le
muthos
grec,
3) le muthos philosophique (Ricoeur), le mythe sémiologique (Barthes),
Plan du cours
1) Le mythe structuraliste et le mythe du mythe)
2) Un
muthos
n’est pas un mythe ; Platon, Protagoras , Aristote et le s
torytelling
3) Barthes (mythologies de la mode) contre Ricoeur (métaphysique du
muthos
).
1)
Aujourd’hui le mythe est une catégorie anthropologique
introduite par CLS pour
analyser des récits appartenant à des cultures éloignées, dans le temps ou l’espace.
2 idées principales :
- ces récits ont un sens caché que révèle l’analyse structurale
- ces récits n’ont pas de référent diachronique, ils ne racontent pas un événement
même fictif
Il faut donc les interpréter ainsi sinon ils n’ont pas de sens : CLS propose une méthode,
l’analyse structurale. Mais ce n’est pas lui qui a inventé la catégorie du mythe. En effet
c’est une catégorie analytique élaborée au XIX-XXeme s. D’où vient cette catégorie ?
A De la fable au mythe des anthropologues. Archéologie.
Jusqu’au XVIIIème s. 2 types de récit : les faux = les fables, les contes
vs
les vrais =
l‘histoire.
Ils sont formellement semblables, ce sont des énoncés diachroniques, avec un
temps référentiel : il était une fois. Différence = le statut de vérité. Critère de vérité ? La
vraisemblance ou le témoignage.
Exemple le récit du déluge.
Au XIXème, il y a un changement d’attitude vis-à-vis des fables populaires
auparavant méprisées comme fausses. Le XIXème siècle, en quête d'identité nationale,
imagina la culture populaire comme mémoire. Die
Volksgeist=,
l’esprit du peuple
Das Volk
=
le peuple
.
Le mythe est né de ce mouvement.
Valorisation des cultures populaires ou ancestrales dont on va chercher la vérité
dans les anciennes fables. Le récit est considéré comme un type de langage à interpréter
correspondant à une pensée différente, « mythique »
Plusieurs étapes dans cette réhabilitation les fables populaires
I Mythe : pensée primitive et magique, mythe et rituel.
Le mot mythe – t
he myth
en anglais,
der Myth
en allemand - a vu le jour en Europe
au cours du XIXème siècle. – Avant il n'était question que de fable ou de conte. Ce
changement de mot correspond à ce nouvel intérêt.
2
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Le mythe est d’abord une Invention romantique qui attribue à des histoires
premières - d'autrefois ou d'ailleurs - comme on dit les arts premiers, une pensée pré-
rationnelle – mythique -, cachée sous le fabuleux. Aux modernes de les décrypter.
Mythologie comparée
Les savants y virent d'abord une pensée religieuse et naturaliste cachée; ainsi
James Frazer dans le
Rameau d'or
1
en comparant
des rites et des récits
du monde
entier traque les traces d'un culte du renouveau situé à la fin de l'hiver et commun à tous
les primitifs. Par exemple
L’histoire du roi
de Némi et le rituel qui l’accompagne est pour
lui la survivance d’une barbarie originelle présente dans des rituels. Le roi incarne
l’ancienne année, épuisée la fin de l’hiver, tué par le nouveau roi jeune = la nouvelle
année.
Mythologie naturaliste
Puis chacun de son côté bricola des mythes et des légendes, présupposant, en bon
positiviste, comme Frazer lui-même que les croyances les plus anciennes étaient
nécessairement en rapport avec la Nature; ces peuples primitifs sont censés tous
célébrer, par exemple, la fécondité de la terre, des animaux et des femmes. Leurs mythes
exprimeraient sous forme de récit les mêmes croyances
II Mythe culturaliste
Une seconde étape, (vers les années 1970) et sous l'égide de Claude Lévi-Strauss
va faire du mythe le conservatoire de l'humanité originelle non plus rejetée dans les
brumes des premiers temps mais toujours présente, ici, maintenant et partout. Il n’y a pas
de sociétés primitives ou naturelles. Le mythe serait l’expresson de la culture : par
exemple il rerésente le système de la parenté, de la cuisne etc… es totes les pratiques
culturelles. Cf.Le cru et le cuit.
Tout mythe est alors ramené à un récit hors du temps qui donne accès à une
structure sémantique qui en est le sens
2
; le mythe n'est pas seulement un type de
discours, une histoire, mais un mode de pensée à part entière qui organise le présent.
La
forme narrative n’est qu’un support.
B Analyse structurale des mythes.
Le mythe d’Oedipe par CSL
Pour l'exposé
de sa méthode, Claude Lévi-Strauss propose un exemple
d'analyse simple, appliquée à un récit qui nous est familier : l'histoire d'OEdipe,
telle qu'il la schématise à partir de diverses sources.
Dans le tableau ci-dessous, on voit que le récit, décomposé en «
mythèmes »,
qui sont des unités sémantiques formant une structure, n'est pas pris dans
l'ordre, mais que ses éléments sont disposés en quatre colonnes.
- Colonne 1 : comprend des personnages qui ont des rapports trop étroits avec
des parents proches (soeur, mère), dont OEdipe lui-même bien sûr.
surestiment les rapports de parenté
- Colonne 2 : comprend des personnages qui tuent des proches, donc qui
«
sous-estiment les rapports de parenté »
.
- Colonne 3 : comprend des personnages qui tuent des monstres. Or les
monstres sont chtoniens. Il s'agit donc
d'une négation de l'autochtonie,
1
James Frazer dans le
Rameau d'or
2
Par exemple le mythe d'Oedipe dans l'anthropologie structurale
3
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entendue au sens mythologique (c'est-à-dire la négation de l'idée selon laquelle
l'humanité serait, à l'origine, née de la Terre, et non engendrée par un couple
fondateur).
- Colonne 4 : comprend des noms de héros qui évoquent la « difficulté à
marcher droit ».
C'est un trait souvent associé à l'autochtonie.
Interprétation
américaine
Voici le tableau que Claude LEVI-STRAUSS propose à la page 245 de "
L'anthropologie structurale " ( ed. Presses Pocket)
Rapports de parenté
surestimés
Rapports de
parenté dévalués
Monstres et leur
destruction
Difficultés à
marcher droit
1-CADMOS cherche sa
soeur EUROPE ravie par
ZEUS
2-CADMOS tue
le dragon
3-les Spartoï
s'exterminent
mutuellement
4-LABDACOS père
de LAIOS =" boiteux
"
5-OEDIPE tue son
père
6-OEDIPE
immole le Sphinx
7-OEDIPE" pied
enflé "
8-OEDIPE épouse sa
mère: JOCASTE
9-ETEOCLE tue son
frère POLYNICE
10-ANTIGONE enterre
son frère POLYNICE
violant l'interdit
Les colonnes 1 et 2 évoquent la même relation et son contraire : l'une affectée du signe
plus l'autre affectée du signe moins; les contradictions sont juxtaposées.
Dans la colonne 3 il s'agit de monstres chtoniens, c'est à dire issus de la terre et non pas
nés d'un homme et d'une femme. ils sont tous deux détruits par l'homme .Cette colonne
évoque donc la négation de l'autochtonie de l'homme.
La colonne 4 évoque la persistance de l'autochtonie de l'homme .Les colonnes 3 et 4
s'annulent donc l'une l'autre comme la 1 et la 2, l'idée de Claude LEVI-STRAUSS étant
que le mythe est destiné à résoudre une contradiction et donc met en scène cette
contradiction, les termes de la contradiction sont juxtaposés dans le récit du mythe.
Le mythe d’Oedipe dit que l’homme est et n’est pas un animal, est et n’est pas un végétal.
Sa reproduction est culturelle, et non pas naturelle.
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Autre exemple d’analyse structurale mais au sein d’une seule culture, CLS passait par des
mythes américans, JPV reste dans la civilisation grecque
Le mythe de Prométhée par JPV
Sur le sacrifice : rituel fondamental de la culture grecque. Retour au Mythe/rituel.
Cf . Jean-Pierre Vernant,
Mythe et société
(biblio donnée avec le schéma de CLS)
Le mythe de Promethée dit le statut des hommes par rapport aux dieux et aux animaux à
partir du sacrifice, l’acte fondamental de la religion grecque. Ce statut peut se résumer a
tableau suivant
Animaux
hommes
dieux
mortels
mortels
immortels
Mangent cru
Mangent cuit
Labourent…
Hument les odeurs de cuisine
copulent
Se marient et ont des
familles
théogonies
Survivent naturellement
Survivent grâce aux
techniques
Les dieux donnent aux hommes
les techniques
Les hommes sont séparés des dieux, mortels comme des animaux mais les dieux leur ont
donné les techniques qui leur permettent de vivre autrement que les animaux. Les
techniques rapprochant les hommes des dieux mais chaque don en même temps
consacre une rupture entre es hommes et les dieux. Exemple : le feu.
C. Pensée mythique et « grands récits »
le mythe du mythe :
Grand succés au XXème de la catégorie du mythe. Mais pas nécessairement mythe
structuraliste. Les mythes deviennent des symboles ou des récits des origines. Retour de
la diachronie et du primitivisme.
C'est alors que fleurissent les mythes d'Oedipe, d'Electre ou de Médée mais aussi
de Tristan ou de Don Juan. Leurs inventeurs donnent volontiers à ces mythes des noms
grecs et leur associent une des grandes questions que tous les hommes se seraient
posées depuis toujours et partout comme l'inceste et le parricide (mythe d'Oedipe), la
révolte (mythe d'Antigone) l'infanticide (Médée), la justice (Oreste) ou encore la pratique
du bouc-émissaire (mythe du Christ ou à nouveau Oedipe) ou encore du sacrifice
fondateur (Romulus), l'identité (Amphitryon). la liste est longue. Une certaine littérature
comparée avait fait de de ces mythes inventés par la modernié son fonds de commerce.
Mais ils ont une fonction paradigmatique ou symbolique.
Cette croyance en de grands mythes universels toujours présents a été aussi
le fonds de commerce d'une
certaine littérature comparée,
née vers les années 70 avec
la mythocritique (de Gilbert Durand et Pierre Brunel
3
, cela sous l'égide de Claude Lévi-
Strauss mais en fait, en rupture avec lui. Toute la littérature est réduite à une narrativité
première. le mythe qui s'y cache et lui donne son sens, il est le gardien et témoin, selon
Gilbert Durand, du fond anthropologique commun de l’imaginaire. L’apparition d’un mythe
3
(renvoi à fabula)
5
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dans un texte ferait donc signe vers cet imaginaire et constituerait une matrice génératrice
de sens.
Or ce sens d'un mythe en prétendant à l'universalité est formulé depuis la
pensée occidentale et à travers ses catégories. L'unité de l'homme est le péché mignon de
la culture européenne contemporaine, et cet homme unifié est toujours pensé dans une
langue et selon des catégories qui nous sont propres. "Nous" les occidentaux d'aujourd'hui
nous nous posons comme le modèle implicite de tout homme, Nous attribuons aux autres,
les hommes d'ailleurs, les hommes d'autrefois, les grandes préoccupations d'un homme
biologique, d'un homme en évolution. comme la reproduction sexuée, la vie et la mort, la
vengeance et la justice.
La mythocritique et toute prétention à l'universalité de la mythologie grecque et
romaine ne sont en fait rien d'autre qu'un hold up sur le passé et l'altérité de l'humanité,
une réduction à quelques idées simples et contemporaines, ou pour tout dire à la création
une mythologie moderne à partir des multiples récits hérités de l'antiquité et sacralisés
comme autant de traces d'une humanité archaïque d'une humanité des origines, qui, on
ne sait pas pourquoi, contiendrait l'essence de l'homme originel., sa vérité cachée.
Le mythe ainsi conçu est un enfermement de l'Occident moderne sur lui même,
ses valeurs et son histoire immédiate.
la mythopoiétique
: Née dans les années soixante-dix, la mythocritique s’inscrit dans le
champ de la « nouvelle critique ». Son promoteur, Gilbert Durand, forge le terme sur le
modèle de la psychocritique de Charles Mauron. Mais à l’inverse de la psychocritique, où
une approche particulière est appliquée à un objet, il s’agit apparemment dans la
mythocritique d’appliquer un objet à un autre objet, de lire le texte sous l’angle du mythe,
un récit à travers un récit. Le mythe, selon Gilbert Durand, du fond anthropologique
commun de l’imaginaire. L’apparition d’un mythe dans un texte ferait donc signe vers cet
imaginaire et constituerait une matrice génératrice de sens.
Mais la mythocritique durandienne met de plus l’accent sur la
narrativité
du mythe,
qui le constituerait en modèle originel de tout récit : « La mythocritique […] pose que tout
“récit” (littéraire bien sûr, mais aussi dans d’autres langages : musical, scénique, pictural,
etc.) entretient une relation étroite avec le
sermo mythicus
, le mythe. Le mythe serait en
quelque sorte le modèle matriciel de tout récit, structuré par des schémas et archétypes
fondamentaux de la psyché du
sapiens sapiens
, la nôtre
1
». Peu à peu, chez Durand, les
mythes ethno-religieux deviennent le simple nom d’une structure de l’imaginaire,
fonctionnant comme un indice invitant à rechercher cette structure sous le texte, qui lui
donnerait son sens profond
2
.
la mythocritique
selon Brunel consiste à étudier « l’irradiation » d’un mythe
« émergeant » dans un texte en prenant garde à sa « flexibilité », pour reprendre les trois
principes célèbres définis par cet auteur.
les Grands Récits et la Pensée mythique
Le mythe ainsi défini, quelle qu’en soit l’interprétation, symbolique ou structurale,
est un récit au référent synchronique. Il ne parle que du présent du narrateur dont il rend
compte par un « récit des origines », récit placé dans un temps intemporel : le temps
mythique, sans aucune cohérence chronologique. Ces récits des origines ne servent pas à
expliquer, à donner les causes, à justifier ce qui poserait problème mais à explorer,
analyser la culture concernée, il n’est pas unique, et n’a pas vocation à l’être, ce n’est pas
un dogme.
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On a pris l’habitude d’appeler ces mythes des origines « des grands récits ». Une
étude critique des récits historiques permet d’étendre cette notion de « grands récits » à
l’histoire occidentale chaque fois que celle-ci se présente comme un récit des origines
exemple histoire de France. Arabes à Poitier, Valmy et Dumouriez, Charlemagne etc.
L’identité nationale est l’exemple même de la tentation du grand récit et du mythe non
narratif : ex : la Marseillaise. Parole et musique (Gainsbourg + subversif que la
Marseillaise des femmes)
Paradoxalement l’opposition entre mythe et histoire aboutit à la victoire
contemporaine du mythe. Toute histoire nationale est suspecte d'être "un grand récit"
CONCLUSION
Le mythe est une invention récente, liée à la modernité ; c’est une catégorie d’analyse qu’il
ne faut pas essentialiser.
Retrouver du mythe avant le mythe, appeler mythe ce qui était appelé « fable » ou
«
muthos
» n’est pas légitime.
La notion de mythe est liée
1) A la question de l’unité de l’homme et des actes de langage. Pour certains le mythe
serait le propre de l'homme. C'est le "mythe du mythe".
2) A la fonction du récit dans la représentation du monde. Le récit serait la forme
« première » du discours sur le monde, « pré-philosophique ». On attend de tout
peuple « premier » qu’il ait une mythologie
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