Négociations et conflits dans le processus d orientation des élèves de l enseignement secondaire - article ; n°1 ; vol.18, pg 165-186
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Négociations et conflits dans le processus d'orientation des élèves de l'enseignement secondaire - article ; n°1 ; vol.18, pg 165-186

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Description

Sociétés contemporaines - Année 1994 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 165-186
This paper, based upon participant observation, analyses the relations between different staff groups involved in the guidance process for pupils in public secondary schools. In one of the high schools under observation, 250 pupils are directed each year towards different educational sections. How is this achieved ? The paper examines how each staff group tries to promote its own conception of guidance and the kinds of problems it encounters. The school directors, who are bound by institutional rules, are opposed to the teachers who try to promote their teaching skills in the guidance process. The counsellors are very critical towards the pedagogical norms and appear to be a staff group capable of limiting the teachers' power.
Cet article*, reposant sur une observation participante, examine les relations qui s'établissent entre les différentes catégories d'agents de l'institution scolaire dans le processus d'orientation des élèves des établissements secondaires publics. Chaque année, dans un des établissements observés, 250 élèves de seconde sont orientés. Comment s 'effectue ce travail ? L 'article étudie la conception de l 'activité que cherche à faire prévaloir chaque catégorie d'agents en matière d'orientation et les problèmes qu'elle rencontre pour l'imposer. Les chefs d'établissement, soumis à des contraintes institutionnelles diverses, s 'opposent aux enseignants qui tentent défaire prévaloir leur compétence pédagogique dans le processus d'orientation. Les conseillers d'orientation, très critiques vis-à-vis des normes qui fondent le jugement professoral, se présentent comme une catégorie d'agents susceptible de limiter le pouvoir des enseignants.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Philippe Masson
Négociations et conflits dans le processus d'orientation des
élèves de l'enseignement secondaire
In: Sociétés contemporaines N°18-19, Juin / Septembre 1994. pp. 165-186.
Abstract
This paper, based upon participant observation, analyses the relations between different staff groups involved in the guidance
process for pupils in public secondary schools. In one of the high schools under observation, 250 pupils are directed each year
towards different educational sections. How is this achieved ? The paper examines how each staff group tries to promote its own
conception of guidance and the kinds of problems it encounters. The school directors, who are bound by institutional rules, are
opposed to the teachers who try to promote their teaching skills in the guidance process. The counsellors are very critical towards
the pedagogical norms and appear to be a staff group capable of limiting the teachers' power.
Résumé
Cet article*, reposant sur une observation participante, examine les relations qui s'établissent entre les différentes catégories
d'agents de l'institution scolaire dans le processus d'orientation des élèves des établissements secondaires publics. Chaque
année, dans un des établissements observés, 250 élèves de seconde sont orientés. Comment s 'effectue ce travail ? L 'article
étudie la conception de l 'activité que cherche à faire prévaloir chaque catégorie d'agents en matière d'orientation et les
problèmes qu'elle rencontre pour l'imposer. Les chefs d'établissement, soumis à des contraintes institutionnelles diverses, s
'opposent aux enseignants qui tentent défaire prévaloir leur compétence pédagogique dans le processus d'orientation. Les
conseillers d'orientation, très critiques vis-à-vis des normes qui fondent le jugement professoral, se présentent comme une
catégorie d'agents susceptible de limiter le pouvoir des enseignants.
Citer ce document / Cite this document :
Masson Philippe. Négociations et conflits dans le processus d'orientation des élèves de l'enseignement secondaire. In: Sociétés
contemporaines N°18-19, Juin / Septembre 1994. pp. 165-186.
doi : 10.3406/socco.1994.1169
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/socco_1150-1944_1994_num_18_1_1169♦ ♦♦♦♦♦♦ PHILIPPE MAISON ♦♦♦♦♦♦♦
NÉGOCIATIONS ET CONFLITS
DANS LE PROCESSUS D'ORIENTATION DES
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pour l'imposer. Les chefs d'établissement, soumis à des contraintes institutionnelles divers
es, s 'opposent aux enseignants qui tentent défaire prévaloir leur compétence pédagogique
dans le processus d'orientation. Les conseillers d'orientation, très critiques vis-à-vis des
normes qui fondent le jugement professoral, se présentent comme une catégorie d'agents
susceptible de limiter le pouvoir des enseignants.
La sociologie de Г éducation des années 1980 a mis en évidence la diversité du
système éducatif français en matière de production scolaire. Les établissements se
différencient à la fois dans la mise en œuvre des processus d'orientation des élèves
et dans les résultats scolaires. Ainsi, en 1993, dans un des bassins d'emploi d'un
département de l'ouest, le pourcentage des élèves orientés en seconde profession
nelle varie de 14% à 39% selon les établissements, celui des élèves orientés en
seconde générale de 36% à 60%. De même, des différences se constatent dans les
taux de redoublement qui oscillent entre 7% et 23% au niveau cinquième et de 2%
à 12% au niveau troisième. Ces variations peuvent aussi s'observer au sein d'un
même établissement d'une année à l'autre. Par exemple, dans un des lycées de ce
bassin d'emploi, le taux de redoublement des élèves de seconde a varié de 8% à
27% de façon irrégulière ces cinq dernières années. Comment expliquer ces varia
tions et ces différences ?
Les recherches de Duru-Bellat et Mingat (1987, 1988, 1993) ont bien montré la
diversité des pratiques des collèges en matière d'orientation en tentant d'apprécier
la part des facteurs sociaux, scolaires et institutionnels déterminant les trajectoires
scolaires ' . Ces études ont focalisé leur attention sur les paliers d'orientation
* Je remercie Jean-Pierre Briand, Jean-Michel Chapoulie, Jean Peneff et Marc Suteau pour leurs
remarques sur les versions antérieures de ce texte.
Soctítá Contemporaines (1994) n° 19/19 (p. 165-186)
165 PHILIPPE MASSON ♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦♦
réglementaires des filières d'enseignement considérées comme légitimes
(cinquième et troisième de collège et seconde générale de lycée). Bien que recon
naissant le poids des facteurs institutionnels (comme l'offre de places), elles n'ont
accordé à ceux-ci qu'un rôle secondaire (Duru-Bellat et Mingat, 1988) et ont expli
qué la diversité des trajectoires scolaires comme la résultante de comportements
individuels (Mingat et Perrot, 1983) 2 et de stratégies familiales. Comme le remar
que Cousin (1993), ces analyses quantitatives soulignent les différences entre
établissements et permettent d'estimer la part de chacune des variables sociales et
scolaires dans le processus d'orientation, mais elles ne peuvent expliquer les dis
parités observées . Faute de s'appuyer sur une démarche ethnographique, elles ne
présentent pas le point de vue et les pratiques des agents de l'institution scolaire qui
mettent en œuvre le processus d'orientation des élèves.
C'est pourquoi je me propose d'étudier dans cet article, à partir d'une démarche
ethnographique, les pratiques des agents de l'institution scolaire dans le processus
d'orientation des élèves de l'enseignement secondaire. Je considérerai, à la suite de
Hughes (1971), l'institution scolaire comme une forme d'action collective établie
dont les activités concernent essentiellement deux catégories d'individus social
ement définies : le personnel de l'établissement scolaire réparti en plusieurs catégo
ries d'agents (administrateurs locaux, enseignants, conseillers d'éducation, sur
veillants, personnel de service) et ses clients directs (élèves) ou indirects (parents
d'élèves, employeurs et autres établissements scolaires). Mon objectif est de saisir la
logique de fonctionnement à l'œuvre dans le processus d'orientation des élèves. Je
souhaite montrer que cette activité est un processus de négociation4 parfois conflic
tuelle entre les acteurs, où chacun tente d'imposer sa conception de l'activité.
L'analyse sera centrée sur les relations entre trois catégories d'agents qui partici
pent de façon importante à cette tâche : les chefs d'établissement, les enseignants et
les conseillers d'orientation 5 . Dans leur travail quotidien, les relations entre ces
catégories d'agents sont influencées par les rapports entretenus par chaque catégo
rie avec les clients de l'institution. J'analyserai la conception de l'activité que cher
che à faire prévaloir chaque catégorie, les problèmes qu'elle rencontre pour
l'imposer et les méthodes qu'elle utilise.
1 . Ces recherches diffèrent des deux types d'approches courants en sociologie de l'éducation : d'une part
les études qui analysent les inégalités sociales de scolarisation en référence au fonctionnement dé la
société et placent l'orientation dans une analyse des fonctions sociales du système scolaire (Bourdieu et
Passerai, 1970 ; Boudon, 1973 ; Berthelot, 1984) ; d'autre part celles de type ethnographique
cherchant i décrire les mécanismes de formation des inégalités sociales de scolarisation à partir des
interactions observables dans la salle de classe (par exemple, Delamont, 1976 ; Spindler, 1982 ;
Perreno

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