Pourtalès & Cie (1753-1909) - article ; n°2 ; vol.25, pg 498-517
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1970 - Volume 25 - Numéro 2 - Pages 498-517
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis Bergeron
Pourtalès & Cie (1753-1909)
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 25e année, N. 2, 1970. pp. 498-517.
Citer ce document / Cite this document :
Bergeron Louis. Pourtalès & Cie (1753-1909). In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 25e année, N. 2, 1970. pp. 498-
517.
doi : 10.3406/ahess.1970.422231
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1970_num_25_2_422231« Pourtalès & Cie » (1753-1801)
APOGÉE ET DÉCLIN D'UN CAPITALISME 1
A l'ouest de la Suisse, à mi-chemin entre Genève et Bâle — cités à tant de
titres illustres dans l'histoire manufacturière, commerçante et financière de
l'Europe de l'Ouest au XVIIIe siècle — Neuchâte! peut revendiquer d'avoir été
en ce même temps un pôle de domination mondiale du capitalisme européen.
Cette petite ville le doit essentiellement au génie marchand de Jacques- Louis
Pourtalès (1722-1814) qui, pendant cinquante ans, s'est placé au centre d'une
constellation négociante de parents, d'amis, d'associés appartenant comme lui
au milieu dynamique des descendants de réfugiés protestants français, et d'un
réseau d'affaires accrochant ses mailles à Londres et à Pondichéry, à Lorient et
à Hambourg, à Philadelphie et à Constantinople. Cet homme infatigable qui
consacra aux marchandises et à l'argent, dans une activité aussi intense qu'aust
ère, tous les instants d'une longue existence — au point d'en recevoir le reproche
de ses familiers — amassa une grande fortune sous le signe, pour lui évident,
de la protection divine. Personne ne le suivit dans sa carrière : du vivant déjà
du patriarche, les Pourtalès s'étaient intégrés aux noblesses européennes. De
toute façon, personne n'aurait pu la recommencer : elle s'était inscrite, en effet,
dans la dernière phase de prospérité d'un système d'échanges internationaux
que les guerres de la Révolution et de l'Empire autant que l'industrialisation de
l'Europe devaient perturber puis rendre caduc.
La société : sa structure
Autour de Pourtalès l'aîné — Pourtalès le Grand — c'est bien en effet la
même société qui se prolonge, un demi-siècle durant, à travers six traités diffé
rents.
1 . Cette étude est fondée sur l'utilisation des papiers des familles de Pourtalès et de Coulon,
conservés aux Archives de l'État à Neuchâtel. Nous exprimons ici notre reconnaissance aux
descendants, qui nous ont autorisé à les consulter.
498 « POURTALÈS ET Cie » L. BERGERON
Jacques-Louis était le fils de Jérémie Pourtalès (t 1784); réfugié du village
cévenol de La Salle, et d'Esther De Luze, d'une famille de réfugiés sàintongeais.
Son grand-père paternel Jean « faisait le commerce et fréquentait les foires de
Beaucaire »; il eut « plusieurs fils dans le commerce, établis en différentes villes
de France... Un de ceux dans le commerce, nommé Louis, a été établi pendant
plusieurs années à Lyon et s'est retiré ensuite à Genève; une de ses filles s'est
mariée avec M. d'Escherny, très bonne et solide maison établie à Lyon, une
autre avec M. Greffulhe, aussi négociant » x. Ce Louis Pourtalès était le frère aîné
(t 1751) de Jérémie, tous deux ayant choisi l'exil à Genève, où naquit Jacques-
Louis en 1722. Mais c'est à Neuchâtel qu'il fut élevé chez les grands-parents
De Luze, tandis que son père s'établissait à Londres sous la raison de Pourtalès,
Simons et Cie pour faire le commerce des batistes en gros 2. Jacques- Louis devait
y faire un bref séjour de deux mois en 1736, avant de commencer son appren
tissage à Bâle où il séjourna deux ans. Son père paraît entre-temps s'être établi
pendant plusieurs années à Lyon, avant de revenir se fixer à Neuchâtel et d'y
contracter société avec De Luze et Chaillet : c'est là que Jacques- Louis devait
entrer pour six ans comme commis, avant de prendre un intérêt dans l'affaire,
puis de passer chez De Luze et Meuron (1741), où il resta jusqu'au début de
1753.
On ne sait pas grand-chose des vingt premières années et des trois pre
mières sociétés. Ils emble que Jacques-Louis Pourtalès ait décidé de s'établir à
son compte et d'entreprendre le commerce des toiles des Indes parce qu'il était
mécontent d'être trop tenu en sous-ordre. Retirant 32 000 livres de Suisse, soit
48 000 1. 1. ou 2 000 louis de chez De Luze et Meuron, Pourtalès forme le 7 avril
1753 une société à Cortaillod avec Claude- Abram Du Pasquier et Jean -Jacques
Bovet, indienneurs depuis 1750. De cette association naît le caractère fondament
al de Pourtalès et Cie, qui est d'unir un comptoir commercial à une fabrique de
toiles peintes, l'un fournissant l'autre de toiles blanches des Indes ou de Suisse
et vendant les toiles une fois imprimées, sans préjudice d'opérations qui devien
dront beaucoup plus larges. Ce caractère subsistera jusqu'à la fin de la cinquième
société, au 31 décembre 1795. Dans la première société, Pourtalès prend six
actions sur seize, puis sept en 1756, l'action étant de 10 000 livres de Suisse ou
15 000 I. t.3.
Cette première société faite pour cinq ans est suivie d'un second traité, pour
neuf ans cette fois (1758-1766). Jacques-Louis Pourtalès y figure pour 9 actions
sur 20, puis pour 1 0 sur 23 (1 762), sur 21 (1 764) et enfin sur 20 (1 756). En 1 758
il s'associe avec son frère Paul. En 1760 il prend pour commis un personnage
appelé à jouer un rôle de premier plan dans la maison : Paul Coulon, fils d'un
marchand de grains de Cornus, dans les Causses, né en 1731, émigré à Genève
en 1745, et qui avait fait son apprentissage de 1755 à 1759 chez Rivier et Plan-
tamour. Cette maison, liée à Londres, Marseille et Nantes, était l'une des plus
importantes maisons pour le commerce des Indes; Paul Coulon y avait acquis
la réputation d'un expert en toiles, et Jacques- Louis Pourtalès, à qui manquait
cette compétence, tenait absolument à s'attacher les services d'un collaborateur
1. Archives Pourtalès, 2 /VI II, lettre de Jacques-Louis Pourtalès à Picot-Trembley, doyen
de la faculté de Théologie de Genève, 25 février 1809.
2. « Notice de ma vie », Archives Pourtalès, 9.
3. Archives Pourtalès, 3/VII et 9.
499 .
LES DOMAINES DE L'HISTOIRE
aussi précieux pour une maison qui n'avait pas encore pris tout son essor : il y
réussit en lui offrant, pour six ans, 650 louis d'or — 1 00 les cinq premières années,
150 la sixième — outre la nourriture et une chambre garnie1. En fait, dès 1763,
il fut intéressé à la société. En 1768, il s'allia même à la famille Pourtalès en épou
sant Anne Viala, qui comptait parmi ses aïeules une sœur de Jérémie Pourtalès.
La troisième société, conclue également pour neuf ans (1767-1775), con
solide la position prépondérante du chef de la maison dans le capital, dont il
s'attribue 23 actions sur 36. Elle est marquée par l'intéressement de Pierre- Henri
Du Pasquier, fils aîné (1752-1811) du fondateur de la manufacture de Cortaillod,
et en 1774 par la création d'une branche distincte consacrée au commerce
d'Italie, sous la responsabilité de Jean- René Hennig et de Charles Tribolet. Mais
ce n'est qu'à partir de la quatrième société, conclue pour quatorze ans (1776-
1789), que nous connaissons avec quelque précision la liste des associés et le
montant de leur participation. En 1776 apparaissent, aux côtés de Jacques- Louis
Pourtalès, Claude-Abram Du Pasquier, Paul Coulon, Paul Pourtalès, Jean-
Jacques Bovet, Pierre- Henri Du Jean- Michel Soëhnée, Jean- Fré
déric Bosset, Georges- Marie Schouck, Jean- Jacques Meuron (allié aux Tribolet),
Charles- Louis Meuron, Jean- Jacques- François Vaucher. En 1782 sont asso
ciés André- César Terrisse, qui avait auparavant effectué son apprentissage
comme commis, sous la protection de Paul Coulon, Abraham- Daniel Du Com
mun, Claude Sechéhaye, Jean Wolff, Jean- Frédé

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