Pratique musicale et régulations temporelles - article ; n°4 ; vol.95, pg 571-591
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Description

L'année psychologique - Année 1995 - Volume 95 - Numéro 4 - Pages 571-591
Summary: Musical expertise and temporal regulation.
Recently, a number of experiments have been conducted to test the hypothesis that an internal clock mediates estimation and reproduction of time. We attempted to separate possible biological and cognitive components by comparing experts' and novices' performances in an experiment that requires isochronous rhythmic behaviours. Expert subjects (high-level pianists, percussionists, and singers) and novices completed three tasks : (a) Spontaneous Motor Tempo Task (SMT) ; (b) continuation task for which a sequence of 3 or 7 isochronous « inductor stimuli » had to be continued, with the inter-stimuli interval (ISI) being 400, 600 or 800 ms ; (c) synchronization task for which the ISI was 400, 600 and 800 ms. Contrary to previous assumptions, for the SMT the average inter-response interval (IRI) of 600 ms was not obtained with novices or with experts. In the continuation task, the number of inductors did not affect the subjects' performances, and a difference in the variability of the IRI was observed between experts and novices, mainly at the end of their sequence of taps. In the synchronization task, the variability of IRI was greater when the tempo was slower ; the novices were significantly less regular thon the experts. The particularly regular behaviour of percussionists suggests a reconsideration of the respective contribution of the biological, cognitive and motor components of temporal adjustments.
Key words : isochronous rhythms, synchronization, musical expertise.
Résumé
Cette étude adopte l'hypothèse qu'une horloge interne présiderait à l'estimation et à la reproduction du temps, et que ce système reposerait d'une part sur des bases biologiques et inclurait d'autre part des mécanismes cognitifs. Par la comparaison des performances d'experts et de novices dans une expérience mettant en jeu divers comportements rythmiques isochrones à différentes cadences, nous cherchons à isoler la composante cognitive de la composante biologique. Trois tâches sont proposées à des sujets experts (pianistes, percussionnistes, chanteurs) et novices (étudiants et autres) : 1/ Une tâche de tempo moteur spontané pour laquelle l'intervalle moyen de 600 ms (habituellement considéré comme étant l'intervalle produit spontanément) n'a pas été retrouvé, ni chez les novices ni chez les experts. 2/ Une tâche d'induction de cadences (400, 600 et 800 ms d'intervalles inter-stimuli inducteurs, et 3 ou 7 stimuli inducteurs) qui a permis de montrer d'une part que le nombre de stimuli inducteurs n'affectait pas les performances des sujets en général, et d'autre part que les experts se différenciaient significativement des novices par une meilleure stabilité des frappes surtout à la fin de la séquence. 3/ Dans la dernière tâche, qui met en jeu un comportement de synchronisation, les sujets s'ajustent adéquatement aux intervalles requis (400, 600 et 800 ms), mais la variabilité des frappes est en général plus importante quand la cadence ralentit. En outre, les novices sont significativement moins stables que les experts. Les résultats amènent à reconsidérer les contributions respectives des composantes biologiques, cognitives et motrices des ajustements temporels.
Mots-clés : rythmes isochrones, synchronisation, compétences musicales.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Christophe Gérard
M. Rosenfeld
Pratique musicale et régulations temporelles
In: L'année psychologique. 1995 vol. 95, n°4. pp. 571-591.
Citer ce document / Cite this document :
Gérard Christophe, Rosenfeld M. Pratique musicale et régulations temporelles. In: L'année psychologique. 1995 vol. 95, n°4.
pp. 571-591.
doi : 10.3406/psy.1995.28856
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1995_num_95_4_28856Abstract
Summary: Musical expertise and temporal regulation.
Recently, a number of experiments have been conducted to test the hypothesis that an internal clock
mediates estimation and reproduction of time. We attempted to separate possible biological and
cognitive components by comparing experts' and novices' performances in an experiment that requires
isochronous rhythmic behaviours. Expert subjects (high-level pianists, percussionists, and singers) and
novices completed three tasks : (a) Spontaneous Motor Tempo Task (SMT) ; (b) continuation task for
which a sequence of 3 or 7 isochronous « inductor stimuli » had to be continued, with the inter-stimuli
interval (ISI) being 400, 600 or 800 ms ; (c) synchronization task for which the ISI was 400, 600 and 800
ms. Contrary to previous assumptions, for the SMT the average inter-response interval (IRI) of 600 ms
was not obtained with novices or with experts. In the continuation task, the number of inductors did not
affect the subjects' performances, and a difference in the variability of the IRI was observed between
experts and novices, mainly at the end of their sequence of taps. In the synchronization task, the
variability of IRI was greater when the tempo was slower ; the novices were significantly less regular
thon the experts. The particularly regular behaviour of percussionists suggests a reconsideration of the
respective contribution of the biological, cognitive and motor components of temporal adjustments.
Key words : isochronous rhythms, synchronization, musical expertise.
Résumé
Cette étude adopte l'hypothèse qu'une horloge interne présiderait à l'estimation et à la reproduction du
temps, et que ce système reposerait d'une part sur des bases biologiques et inclurait d'autre part des
mécanismes cognitifs. Par la comparaison des performances d'experts et de novices dans une
expérience mettant en jeu divers comportements rythmiques isochrones à différentes cadences, nous
cherchons à isoler la composante cognitive de la composante biologique. Trois tâches sont proposées
à des sujets experts (pianistes, percussionnistes, chanteurs) et novices (étudiants et autres) : 1/ Une
tâche de tempo moteur spontané pour laquelle l'intervalle moyen de 600 ms (habituellement considéré
comme étant l'intervalle produit spontanément) n'a pas été retrouvé, ni chez les novices ni chez les
experts. 2/ Une tâche d'induction de cadences (400, 600 et 800 ms d'intervalles inter-stimuli inducteurs,
et 3 ou 7 stimuli inducteurs) qui a permis de montrer d'une part que le nombre de stimuli inducteurs
n'affectait pas les performances des sujets en général, et d'autre part que les experts se différenciaient
significativement des novices par une meilleure stabilité des frappes surtout à la fin de la séquence. 3/
Dans la dernière tâche, qui met en jeu un comportement de synchronisation, les sujets s'ajustent
adéquatement aux intervalles requis (400, 600 et 800 ms), mais la variabilité des frappes est en général
plus importante quand la cadence ralentit. En outre, les novices sont significativement moins stables
que les experts. Les résultats amènent à reconsidérer les contributions respectives des composantes
biologiques, cognitives et motrices des ajustements temporels.
Mots-clés : rythmes isochrones, synchronisation, compétences musicales.L'Année psychologique, 1995, 95, 571-591
Laboratoire de Psychologie expérimentale
CNRS, URA 316, Université Paris V1
PRATIQUE MUSICALE
ET RÉGULATIONS TEMPORELLES
par Claire GÉRARD et Michael ROSENFELD
SUMMARY : Musical expertise and temporal regulation.
Recently, a number of experiments have been conducted to test the
hypothesis that an internal clock mediates estimation and reproduction of time.
We attempted to separate possible biological and cognitive components by
experts' and novices' performances in an experiment that requires comparing
isochronous rhythmic behaviours. Expert subjects (high-level pianists,
percussionists, and singers) and novices completed three tasks :
(a) Spontaneous Motor Tempo Task (SMT) ; (b) continuation task for
which a sequence of 3 or 7 isochronous « inductor stimuli » had to be
continued, with the inter-stimuli interval (ISI) being 400, 600 or 800 ms ;
(c) synchronization task for which the ISI was 400, 600 and 800 ms. Contrary
to previous assumptions, for the SMT the average inter-response interval (IRI)
of 600 ms was not obtained with novices or with experts. In the continuation
task, the number of inductors did not affect the subjects' performances, and a
difference in the variability of the IRI was observed between experts and
novices, mainly at the end of their sequence of taps. In the synchronization
task, the variability of IRI was greater when the tempo was slower ; the novices
were significantly less regular than the experts. The particularly regular
behaviour of percussionists suggests a reconsideration of the respective
contribution of the biological, cognitive and motor components of temporal
adjustments.
Key words : isochronous rhythms, synchronization, musical expertise.
1 . 28, rue Serpente, 75006 Paris. 572 Claire Gérard et Michael Rosenfeld
INTRODUCTION
Comment jugeons-nous de la durée de divers intervalles
temporels, ou comment produisons-nous de tels intervalles,
comment codons-nous des structures rythmiques ? L'ensemble
de l'œuvre de P. Fraisse a fourni l'essentiel des données empi
riques auxquelles ses élèves ou continuateurs se réfèrent
aujourd'hui. Sur le plan théorique, l'idée que tout reposerait
sur l'intervention d'une horloge est maintenant souvent adopt
ée. Des indices externes ou internes constitueraient des bases
de temps qui seraient comptabilisées ou accumulées au sein
d'unités fonctionnelles, puis stockées en mémoire, puis traitées
par un système de prise de décision avant l'émission du juge
ment temporel (Church, 1984; Church et Broadbent, 1990). La
mémoire et le système de décision renvoyant à des conceptions
très traditionnelles des systèmes de traitement de l'informa
tion, dans ce type de modèle, tout le problème est de préciser
la nature de la ou des « bases de temps » qui constituent l'hor
loge elle-même. A l'heure actuelle, dans le cadre du développe
ment des modèles connexionnistes, on considère légitime de
postuler l'existence d'un grand nombre de bases de temps
(Miall, 1992) : compte tenu de la diversité des durées à estimer
dans notre vie quotidienne, on peut supposer que diverses
chaînes d'impulsions périodiques peuvent simultanément
concourir à l'évaluation du temps. Deux grands types d'impul
sions périodiques peuvent remplir cette fonction : 1 / les mou
vements cadencés et répétitifs (succion chez le nouveau-né,
frappes, tapotements, balancements, ou (plus tard) rythme de
la marche, bref toute chaîne de conduites homogènes dont il
faut compter les maillons...); 2 /les rythmes biologiques viscé
raux (rythme respiratoire ou cardiovasculaire) ou encéphalo-
graphiques (ondes alpha, 8 à 12 cycles/s, bêta, 14 à 30 cycles/s,
thêta, 4 à 7 cycles/s, delta, 1 à 3 cycles/s)... Nous disposerions
alors de groupes d'oscillateurs de périodicités distinctes et un
intervalle donné serait codé par le sous-groupe des oscillateurs
qui sont actifs et synchrones à la fois au début et à la fin de
cet intervalle.
Si l'on résiste à la tentation d'imaginer des horloges, le pro
blème est de définir des indices pertinents permettant la régula- musicale et régulations temporelles 573 Pratique
tion des conduites temporelles. Ces conduites pourraient se baser
sur l'évolution en fonction du temps d'indices proprioceptifs (ou
de leur trace en mémoire). En effet, toute stimulation ou toute
action produit des afférences proprioceptives. Si celles-ci sont
stockées en mémoire, si leur trace s'évanouit progressivement au
cours du temps et si un certain état de la trace devient le signal
critique pour produire un 2e intervalle ou une 2e réponse, alors il
n'est nul besoin de postuler l'existence d'une horloge (Lejeune,
1993).
La synchronisation sensori-m

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