Problèmes d économie atlantique. Le Portugal, flottes du sucre et flottes de l or (1670-1770) - article ; n°2 ; vol.5, pg 184-197
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Problèmes d'économie atlantique. Le Portugal, flottes du sucre et flottes de l'or (1670-1770) - article ; n°2 ; vol.5, pg 184-197

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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1950 - Volume 5 - Numéro 2 - Pages 184-197
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1950
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Vitorino Magalhaes Godinho
Problèmes d'économie atlantique. Le Portugal, flottes du sucre
et flottes de l'or (1670-1770)
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 5e année, N. 2, 1950. pp. 184-197.
Citer ce document / Cite this document :
Godinho Vitorino Magalhaes. Problèmes d'économie atlantique. Le Portugal, flottes du sucre et flottes de l'or (1670-1770). In:
Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 5e année, N. 2, 1950. pp. 184-197.
doi : 10.3406/ahess.1950.1827
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1950_num_5_2_1827ET MISES AU POINT ESSAIS
Problèmes d'économie atlantique
LE PORTUGAL,
LES FLOTTES DU SUCRE ET LES FLOTTES DE L'OR
(1670-1770) *
Au milieu du xvne siècle, évincés du Nord-Ouest du Brésil dont ils vou
laient s'assurer le sucre, le tabac et le gingembre, les Hollandais trans
plantent les techniques brésiliennes aux Petites-Antilles. Français et Ang
lais, établis eux aussi dans ce petit monde de la piraterie, à population fort
peu hiérarchisée qui ne s'adonne dans ses petites exploitations qu'à la cul
ture de l'indigo et de quelques denrées, profitent également de cette trans
plantation de techniques. Celles-ci du reste, à la fin du xviie et au début du
xvine, améliorées et perfectionnées, gagneront le Mexique, où elles étaient
déjà parvenues d'ailleurs par la voie de terre — par le Pérou.
Rien d'étonnant à ce que l'implantation de cette nouvelle économie du
sucre et du tabac dans la Méditerranée américaine — de 1650 à 1670 — et
la politique économique de Colbert aient eu des conséquences économiques
désastreuses pour le commerce atlantique portugais. Les produits portugais
se voient expulsés des marchés français, anglais et hollandais. Certes, Ang
lais, Hollandais et Français chargent encore du sucre et du tabac à Lis
bonne, mais pour aller les vendre ailleurs : leurs marchés nationaux propre-
* N. D. L. R. — Les pages qu'on va lire, si lucides et si neuves, sont la mise en forme d'une
conférence faite à l'École des Hautes-Études, le 2 juin 1949, remaniée à l'aide de recherches
ultérieures. Elles ne constituent qu'une esquisse d'une étude beaucoup plus détaillée dans
laquelle on trouvera toutes les références bibliographiques et documentaires qu'on a dû
écourter pour ne pas dépasser le cadre d'un article. DU SUCRE ET FLOTTES DE L'OR 185 FLOTTES
ment dits sont perdus pour les Portugais. Et c'est aux environs de 1670 que
cette éviction commence à se faire sentir à Lisbonne. Les stocks s'accu
mulent en magasin ; les produits ne se vendent plus ; il y a mévente ; et non
seulement mévente, mais chute des prix parce que l'offre augmente beau
coup plus rapidement que la demande.
Voici le sucre : en 1650, l'arobe de sucre se vendait à Lisbonne 3 800 reis ;
en 1659, premier fléchissement : 3 600 reis ; en 1668, 2 400 reis, donc une
baisse de 33 p. 100 en 9 ans. Et 20 ans plus tard, en 1688, l'arobe vaudra
1 300 ou 1 400 reis, baisse cette fois de 41,6 p. 100 (mais le rythme est déjà
plus lent).
Passons au tabac : en 1650, le prix à Lisbonne était de 260 reis chaque
arratel ; en 1668, il avait déjà fléchi à 200 reis, et en 1688 il était tombé à
70 reis, soit une chute de 65 p. 100 en 20 ans, plus forte que celle du sucre.
Chute encore plus inquiétante en ce qui concerne le clou de girofle : en
1668, on vendait le quintal à Lisbonne 18 000 reis, et 20 ans plus tard 5 000
seulement ; dans l'intervalle, le prix est tombé de 72 p. 100.
Ici, une question. Les recherches de Beveridge, d'Hamilton, de Meuvret
prouvent que, depuis 1620-1640 et jusqu'en 1680, les prix ont partout fléchi
de façon continue et ferme. L'histoire des prix portugais ne serait-elle qu'un
-cas de plus de ce mouvement général de longue durée dans le sens descen
dant : fléchissement, descente, baisse de prix, et non pas chute, dégringol
ade,' crise ? — Mais les pourcentages rapportés tout à l'heure penchent
plutôt du côté de l'interprétation dramatique. Elle-s'impose, si l'on compare
ces données avec la courbe du prix du blé. Voici les moyennes quinquennales
sur le marché des Açores, solidaire du marché de Lisbonne :
1659-1663 7 200 reis
1664-1668 7 840 —
1669-1673 6 280 —
1674-1678 6 960 —
1679-1683 7 680 —
1684-1688 7 680 —
D'ailleurs, on peut établir que les frais de la production portugaise n'ont
pas diminué, il y a même à enregistrer une hausse sur quelques-uns d'entre
eux, notamment les esclaves. Car le développement des cultures antillaises
rend plus farouche la concurrence pour l'achat des Noirs sur les côtes afri
caines x.
En même temps, les arrivages de métal blanc subissent une deuxième
crise. La première s'était située aux environs de 1625-1630 ; la seconde se
produit, précisément, aux environs de 1670-1680. Et non seulement les arri-
1. Dans le golfe de Guinée, les Hollandais pourchassent victorieusement les Portugais ; à
Angola, le littoral est humainement épuisé, la chasse à l'homme à l'intérieur fait monter le
coût de la pièce d'esclave. Les profits portugais se voient comprimés par ce mouvement de
tenaille de la baisse des prix sur les débouchés, due à la concurrence antillaise et de la hausse,
ou tout au moins du maintien des frais, dû soit à la sur le marché des esclaves,
soit au nombre excessif des producteurs par rapport aux possibilités d'écoulement, lequel
renchérit le coût du bois, des bœufs de labour, des chaudrons, etc. Donc, disjonction dans
les prix, emportés par deux mouvements contradictoires. ANNALES- 186
rages de métal blanc à Seville diminuent — maisr de plus, le commerce hol
landais se développe dans d'autres directions que Sétubal et Lisbonne., Ainsi,.
ее flot de métal hlanc qui coulait de Seville vers Lisbonne eat en partie ,
détourné, en partie dimiuué- par défaut, de la source-
Et voilà que cette crise est simultanément une crise1 du: sucre, une cris©
dm tabac et une crise du métal blanc. Et que le, gouvernement portugais' va
naturellement essayer d'y parer; Maie comment 2
II est étonnant que, jusqu'ici,, les historiens portugais; aient parlé d'une
politique colibertiste au Portugal à la fin. du xvne siècle sans jamaisien cher
cher de raison. Je crois,. pour ma part, que cette politique d'essor, manuiac.-
tuxier s'explique précisément par la crise ; il y a d'ailleurs des* textes qui le
déclarent explicitement '. C'est dire que ltes. Portugais, ont eu nettement
coiDiScience et d'une crise commerciale- et de la nécessité d'un essor manuf
acturier рощ? у parer.. En effet, si les: échanges avec la France se faisaient
en> sucre v en tabac, en laine d'Espagne et en bois brésiL, et si les Français-
ne voulaient plus acheter ces marchandises, les Portugais (qui continuaient
les" draps,, les rubans, les eaux-de-vie et les autres proà acheter les soies,
duits de France dont ila avaient besoin) se trouvaient dans l'obligation de
choisir- entre trois solutions, r soit payer ces marchandises; en argent 'r soit .
développer d'autres commerces grâce, auxquels ils puissent continuer à les
acheter ; soit entreprendre chez eux la production des articles que jusque-là
ils importaient. Or, impossible^ à ce moment, de trouver de nouveaux traf
ics, i la deuxième solution était donc écartée. Il y avait une crise; des arr
ivages de métal blanc : on ne pouvait donc développer les exportations de-
monnaie. Une seule solution restait z l'essor manufacturier. Les textes soni
clairs ; les hommes d'État portugais se sont très bien rendus compte de la
situation et des moyens de résoudre ces difficultés.
Autre remarque, qu'on n'a jamais faite : une des œuvres essentielles de la
pensée économique portugaise au xvne siècle, l'Introduction des Arts et
Métiers dans le Royaume, fut écrite par Duarte Ribeiro de Macedo, qui était
ambassadeur à Paris. S'étant nourri de la pensée colbertienne, il connaissait,
très bien la politique manufacturière, la politique de monopole colonial, etc.
Dans ce mémoire (qui porte précisément la date de 1675} il invoque l'exemple
de la France. La crise s'était déclenchée en 1670 ; en 1671 on s'était déjà
clairement aperçu d

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