Problèmes de la recherche : V. Défense et illustration de l histoire locale - article ; n°1 ; vol.22, pg 154-177
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1967 - Volume 22 - Numéro 1 - Pages 154-177
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 78
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Leuilliot
Problèmes de la recherche : V. Défense et illustration de
l'histoire locale
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 22e année, N. 1, 1967. pp. 154-177.
Citer ce document / Cite this document :
Leuilliot Paul. Problèmes de la recherche : V. Défense et illustration de l'histoire locale. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 22e année, N. 1, 1967. pp. 154-177.
doi : 10.3406/ahess.1967.421509
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1967_num_22_1_421509CHRONIQUE
Problèmes de la Recherche :
V. —DÉFENSE ET ILLUSTRATION DE L'HISTOIRE LOCALE *
Une préface est toujours embarrassante pour le préfacier, surtout
lorsqu'il récidive. Ayant dit, déjà, tout le bien qu'il fallait penser de
l'auteur à propos de Georges Dufaud et les débuts du grand capitalisme en
Nivernais au XIXe siècle (1959) me voici, d'abord, dispensé de quelques
répétitions. Guy Thuillier ne saura m'en vouloir, j'imagine si je com
mence par la Défense d'une Histoire locale, qui lui est chère et dont il
nous apporte personnellement Y Illustration. Il m'excusera, si j'ose insis
ter alors sur ceci plutôt que sur cela, tant sont riches de suggestions, et
son texte même, mais encore les Annexes et les Pièces dites justificatives
qu'il nous a prodiguées ! Pour confirmer la Défense, l'orientation prél
iminaire de recherches est déjà, à elle seule, fort pertinente ; elle annonce
et promet un Guide proprement dit de recherches d'histoire locale...
« Uavenir tel que le concevait un homme
du passé fait partie importante de notre his
toire. »
(P. Valéry, Cahiers XX, p. 276.)
Guy Thuillier nous invite donc à essayer de dégager quelques prin
cipes de l'Histoire locale. De fait, et au fond, sur le plan doctrinal, de tels
principes ont besoin et méritent d'être clairement définis. Alors que les
travaux des érudits locaux se sont multipliés, ceux-ci ne sauraient pré
cisément construire une doctrine, encore moins élaborer une politique
de leur Histoire locale. C'est encore P. Valéry qui, toujours à propos des
historiens, écrivait que « leur propre faire » leur échappe 4 De ce « faire »
de l'histoire, Marc Bloch fut un des rares historiens à avoir eu le souci a le
« faire » de l'histoire — de l'Histoire locale ici — et, par extension de la
* Préface à Guy Thuillier, Aspects de VÉconomie Nivernaise au XIXe siècle.
Publication du Centre d'Études économiques, Armand Colin, 1966,
1. Cahiers, t. XXI, p. 424.
2. Apologie pour Vhistoire ou métier d'historien (Cahiers des Annaleb, 3, cinquième
édition, 1964).
154 LOCALE L'HISTOIRE
recherche elle-même, cette recherche de la recherche qui « n'a, depuis
des siècles qu'on analyse logiquement la méthode scientifique, guère fait
de progrès notables... C'est une science encore balbutiante », a-t-on fait
remarquer tout récemment x.
Quant aux principes de l'histoire locale, osons préciser, pour com
mencer, qu'ils sont autonomes et s'opposent, par suite, à ceux d'une
Histoire générale, au sens scolaire et universitaire. Certes, il ne saurait
s'agir pour cette dernière de négliger et dédaigner les travaux des histo
riens locaux, qui ne manient pas volontiers les courbes tronquées, qui
répugnent même aux séries statistiques et qui s'intéressent moins aux
cycles qu'au micro-détail, aux « événements » villageois, ou à la vie quo
tidienne de leur cité. Les « pédants à la cavalière », comme les qualifiait
encore Marc Bloch (Apologie..., p. 29), ne sauraient connaître d'histoire
qu'européenne et même mondiale, sinon « sérielle ». Les historiens locaux
peuvent répondre comme Jal, dans sa préface au Dictionnaire critique de
biographie et ď histoire, il y a un siècle (en 1864) : « J'avoue, en toute
humilité, que je suis de ceux qui se plaisent à la recherche de ces misères-
là, comme les appellent nos grands esprits. J'ai la vue courte et le détail
minuscule convient à mon œil, je veux dire à mon esprit myope. Je
m'intéresse à une foule de faits microscopiques qui font pitié à ces histo
riens, à ces critiques de qui l'on dit et qui disent volontiers d'eux-mêmes
qu'ils ont les ailes et le regard de l'aigle. De minimis euro, à la différence
du préteur, aïeul de ces heureux clairvoyants... ». Ainsi le combat pour
l'histoire locale ne date pas d'hier... Ajoutons, en passant, que l'histori
ographie reste à faire, que les noms des érudits locaux sont vite
oubliés, trop vite, alors même qu'il arrive, parfois, à leurs travaux d'être
pillés. Car cette Histoire locale est fort importante, quantitativement :
elle représente même la majeure partie de la Bibliographie de l'Histoire
de France *. Etant donné cette importance indéniable, l'Histoire locale
peut revendiquer son autonomie. Dans cet essai doctrinal, quelques
principes semblent s'imposer.
Premier principe : l'histoire locale économique du XIXe siècle
débouche sur l'actuel, elle est axée sur nos problèmes contemporains,
nos préoccupations d'aujourd'hui.
Car elle permet, d'abord, de dégager quelques constantes, certaines
données fondamentales de la situation présente, des inégalités régionales
par exemple, comme l'échec répété, économiquement, de telles entre-
1. F. Le Lionnais, « Science et Folitique nationale », in Revue politique et parle
mentaire (juillet-août 1965).
2. Il me plaît de signaler l'hommage rendu dans la récente thèse de Jean Stjrat-
tkaxj, (Le département du Mont-Terrible sous le régime du Directoire, 1965) à l'aide
d'un « grand disparu », J. Joachim, de Délie, qui fut longtemps le a doyen des histo
riens d'Alsace » : « au cours de fréquentes visites, nous ressortions toujours nantis
d'une foule de renseignements précieux et irremplaçables... » (Avant-propos, in fine.^
Un « historien local » du Pas-de-Calais m'écrivait récemment : e certains de ces érudits
de village ont acquis une notoriété mondiale, comme mon pauvre Edmont, mort dans
la misère, après avoir créé avec Gilliéron la géographie linguistique... ».
155 A NNALES
prises. L'aménagement du territoire a nécessairement besoin de cette
perspective historique ; nos problèmes de demain ont une dimension sécu
laire. Il faut bien tenir compte de l'aptitude traditionnelle, de la main-
d'œuvre, de la localisation, souvent fort ancienne, de certaines activités,
des modes, différenciés, de croissance régionale, de la propension à
l'épargne, ou à la thésaurisation, du malthusianisme économique local,
comme de l'esprit d'entreprise (sinon de son absence !). Autant de cha
pitres d'une « histoire actuelle », qui se projette sur l'avenir 1.
L'économie régionale — science nouvelle 2 — a fort besoin de l'his
toire locale qui lui procure des matériaux sans doute, mais aussi des
méthodes d'approche, tout comme, au début du siècle, les géographes
de l'école française de géographie régionale, tels A. Demangeon et J. Sion,
s'appuyaient sur l'histoire dans leurs thèses provinciales 3.
Dès lors, ce qu'il convient et importe de mettre en train, dès mainte
nant, c'est l'histoire régionale du dernier siècle, disons 1800-1985 4,
incluant sa part de prospective qui est l'objet même des « Plans », mais
qui n'en apparaît pas moins inséparable de l'histoire, Marc Bloch déjà
n'avait-il pas inclus la prévision dans son Apologie, alors que n'existaient
pas encore les techniques de planification économique ! Cette histoire
« séculaire » peut avoir, en effet, une grande valeur indicative pour
l'action future. Ainsi l'histoire de la décadence de la faïence, retracée
par notre auteur, apparaît bien susceptible de suggérer la rénovation de
cet artisanat d'art, par l'implantation d'une école professionnelle, ou
1. Ainsi G. Thuillier oppose l'apathie routinière, la stagnation technique des
faïenciers de Nevers à l'esprit d'entreprise des maîtres de forges du Nivernais. Non
moins éclairante

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