Qu est-ce que le monde tropical ? - article ; n°2 ; vol.4, pg 140-148
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1949 - Volume 4 - Numéro 2 - Pages 140-148
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1949
Nombre de lectures 78
Langue Français

Extrait

Pierre Gourou
Qu'est-ce que le monde tropical ?
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 4e année, N. 2, 1949. pp. 140-148.
Citer ce document / Cite this document :
Gourou Pierre. Qu'est-ce que le monde tropical ?. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 4e année, N. 2, 1949. pp.
140-148.
doi : 10.3406/ahess.1949.1710
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1949_num_4_2_1710QU'EST-CE QUE
LE MONDE TROPICAL?
donnée limites Il est du climatique, malaisé climat chaud de mais délimiter et nous pluvieux n'entreprendrons le monde nécessaire tropical à la pas ; réalisation c'est de avant définir de tout tous ici une les les .
traits particuliers du paysage tropical.. D'une manière générale, celui-ci
ne s'étend pas en latitude au delà des Tropiques, ce qui ne veut pas dire
que toute la surface comprise entre les Tropiques lui appartienne. Une
bonne partie de l'espace intertiopical est en effet occupée par des déserts
chauds dont la géographie et les problèmes sont hors de mon sujet. Pour
moi, le monde tropical s'arrête au désert ; ce n'est donc pas une « zone »
de latitude, mai» une surface géographique aux contours sinueux. Ce sera
un thème de recherche que la définition de la limite du monde tropical
par rapport au désert, en utilisant des critères empruntés au paysage et en
les confirmant par l'établissement de lignes significatives (pluie, tempér
ature, durée de saison sèche, aridité, evaporation potentùelle, végétation,
sols, densité de population, etc.).
Dans l'état actuel de mes recherches, le monde tropical couvre une
surface de 38 millions de kilomètres carrés. Si nous voulons bien nous
rappeler que la surface utile des continents, après déduction des déserts de
froid et de sécheresse, est de 90 millions de kilomètres carrés, nous cons
tatons que le monde tropical représente plus de 4o p. 100 de la surface
utile des continents. C'est dire que les géographes des pays tropicaux ne
risquent pas de se sentir à l'étroit.
La chaleur persistante et l'abondante humidité font une nature sen
siblement différente de celle que nous avons sous les yeux en pays tem
péré. Les formes vivantes montrent plus de variété. Le nombre des espèces
végétales est six à sept fois plus grand sur une surface donnée des régions
chaudes et pluvieuses que sur la même surface dans les latitudes moyenn
es. Ces constatations ne peuvent manquer de suggérer l'idée que de nouv
elles espèces se forment plus rapidement dans les pays chauds ; de fait,
chez la drosophile, ou mouche du vinaigre, la fréquence des mutations
s'accroît plus de cinq fois pour une hausse de dix degrés.
Les eaux infiltrées ou bien ruisselantes, armées d'une activité chimique -
plus grande que sous nos latitudes, attaquent les roches selon des procé
dés particuliers et sculptent des reliefs qui n'ont pas tout à fait les mêmes
formes que chez nous. Les sols superficiels perdent plus vite leurs él
éments utiles ; au terme de leur évolution, ils aboutissent à la latérite, for.
mation spécifiquement intertropicale qui a la couleur et la productivité
de la brique. LE MONDE TROPICAL 141
pure centre même Nous gentleman-farmer Voilà, moururent ne époque de nous Ceylan au en total, étonnons rapidement un Angleterre. britannique une domaine pas nature de ; Ses son qui rural l'échec singulièrement bœufs, avait blé semblable et subi tenté son ses dans vaches, avoine, de à créer différente les ceux années ses soigneusement dans qui moutons existaient- les de 18З0 savanes la par de nôtre-. sélecrace à du un la
tionnés, levèrent, mais ne purent être moissonnés., Son cocher vit mourir
son attelage de chevaux. Il essaya de sauvegarder la dignité de son maître
en apprenant à un éléphant à trotter gracieusement pour remplacer lea
chevaux défunts ; il parvint seulement à faire mourir le pachyderme.
Une telle naïveté peut paraître ridicule. Mais les habitants des paye
tropicaux trouvent eux-mêmes des conditions de vie difficiles, assurément
plus difficiles que celles qui s'offrent aux hommes en pays tempéré. Il est
frappant de constater que les pays tropicaux sont, dans l'ensemble, fort
mal peuplés ; les trente millions de kilomètres carrés de terres tropicales
que comptent l'Amérique, l'Afrique et l'Australie ont, en moyenne, cinq
habitants par kilomètre carré ; certaines parties de l'Amazonie, du Congo,
de l'Australie septentrionale sont des déserts d'hommes. Ces populations
peu nombreuses ont des civilisations généralement arriérées.
L'insalubrité est le premier obstacle. L'humidité et la chaleur favo
risent le développement de divers parasites et des insectes qui peuvent
aider à leur transmission. L'exubérance vitale que nous avons signalée
multiplie les êtres nuisibles à l'homme. Les pays tropicaux ont toutes
nos maladies infectieuses ; mais ils y ajoutent un étonnant assortiment
de particulières dont le nombre et la gravité sont tels qu'il
faut admirer que l'humanité tropicale ait pu survivre à leurs atteintes.
La malaria, qui ne s'interdit pas d'apparaître en pays tempéré, est la plus
grave des maladies tropicales ; elle affecte peut-être le quart du genre
humain. Mais quel nombreux cortège autour d'elle I La fièvre jaune, la
maladie du sommeil ont une grande et jijste renommée. Les parasites du
système digestif sont aussi nombreux que variés ; l'appareil intestinal de
l'habitant des pays chauds apparaît à un observateur comme un terrifiant
musée d'horreurs. Cette enumeration sommaire doit encore tenir compte
du pian, des diverses filarioses, des bilharzioses, de l'ulcère phagédénique,
des mycoses diverses, et d'autres maladies moins répandues, comme la
porocéphalose ou la pyomyosite. Une sorte de poésie suppure peut-être de
ces noms étranges ; mais les hommes sont écrasés par l'insalubrité des
pays chauds. Quel peut être le sort d'un individu qui subit des accès de
paludisme, qui est affaibli par l'avidité et les toxines de multiples4 paras
ites ? Son activité physique sera réduite ; son activité psychique ne vau
dra guère mieux. Il ne pourra beaucoup travailler, ni faire preuve d'une
grande initiative.,. La mortalité générale sera d'ailleurs considérable, et la
mortalité infantile énorme. Observons en passant que l'Afrique noire est
la mieux dotée des terres chaudes en maladies tropicales, ce qui semble
parler en faveur de la très grande ancienneté de l'homme en Afrique.
La forêt équatoriale étonne par sa variété et son exubérance, mais
elle n'est pas un plus fort obstacle à l'exploitation humaine que d'autres 142 ANNALES
ce forêts. sont Ce les qui conditions entrave particulières l'agriculture des indigène sols. Une des bonne pays chauds partie et des pluvieux, sols tro
picaux, latérites très évoluées, carapaces ferrugineuses, ne vaut rien. Il
s'agit de formations superficielles totalement épuisées, parvenues au
terme d'une évolution irréversible. Ces sols/ sont compacts et même
rocheux, décourageant toute attaque agricole ; ils ne contiennent aucun él
ément minéral nutritif et sont à peu près dépourvus de matière organique.
Les sols qui présentent ces fâcheuses caractéristiques occupent une
portion appréciable des pays chauds et pluvieux. Le climat n'est pas la
seule cause de cette situation, dont l'histoire géologique est aussi larg
ement responsable. En effet, les régions intertropicales sont essentiellement
de vieilles plates-formes de roches cristallines ou de sédiments anciens qui
ont connu une histoire très calme depuis le Primaire. Les montagnes de.
plissement sont exceptionnelles ; la mer a fait seulement de courtes appa
ritions et n'a pu déposer beaucoup de sédiments neufs. La stabilité pro
longée a permis la conservation des surfaces d'érosion qui ont eu le temps
de se constituer à plusieurs reprises dans les pays tropicaux. Le relief de
ceux-ci apparaît généralement comme fait de pénéplaines superposées dont
les plus anciennes remontent parfois au Jurassique.
Il est aisé de concevoir l'état' d'épuisement d'un sol qui n&#

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