Quelques compléments au cours de Pierre Frantz (2e année)
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e Quelques compléments au cours de Pierre Frantz (2 année) (Références dans l’édition de la pochothèque) Quelques analyses sont reprises du Beaumarchais des éditions Atlande (2004) I) Définition de la politique par le comte et par Figaro : Dans le Mariage on entend cette définition de la politique:«Le comte.....Il ne faudrait qu'étudier sous moi la politique.Figaro: Je la sais.Le comte: comme l'anglais, le fond de la langue ! Figaro: Oui s'il y avait de quoi se vanter. Mais feindre d'igno rer cequ'on sait, de savoir tout ce qu'on ignore, d'entendre ce qu'o n necomprend pas, de ne point ouïr ce qu'on entend, surtout de p ouvoirau delà de ses forces; avoir souvent pour grand secret de cacherqu'il n'y en a point; s'enfermer pour tailler des plumes et pa raîtreprofond, quand on n'est, comme on dit que vide et creux; joue r bienou mal un personnage; répandre des espions et pensionne r destraîtres; amollir des cachets; intercepter des lettres; et tâcherd'ennoblir la pauvreté des moyens par l'importance des objets: voilàtoute la politique ou je meure!Le comte: Eh c'est l'intrigue que tu définis! Figaro: La politique, l'intrigue, volontiers; mais comme je les cr ois unpeu germaines, en fasse qui voudra.»Et ailleurs :« Le comte : Nous croyons valoir quelque chose en politique, et nous ne sommes que des enfants. C’est vous, c’est vous, madame, que le roi devrait envoyer en ambassade à LOndres ! Il faut que votre sexe ait fait une étude bien réfléchie ...

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e QuelquescomplémentsaucoursdePierreFrantz(2année)(Références dans l’édition de la pochothèque) Quelques analyses sont reprises duBeaumarchaisdes éditions Atlande (2004) I) Définition de la politique par le comte et par Figaro: Dans leMariageon entend cette définition de la politique: «Le comte.....Il ne faudrait qu'étudier sous moi la politique. Figaro: Je la sais. Le comte: comme l'anglais, le fond de la langue ! Figaro: Oui s'il y avait de quoi se vanter. Mais feindre d'ignorer ce qu'on sait, de savoir tout ce qu'on ignore, d'entendre ce qu'on ne comprend pas, de ne point ouïr ce qu'on entend, surtout de pouvoir au delà de ses forces; avoir souvent pour grand secret de cacher qu'il n'y en a point; s'enfermer pour tailler des plumes et paraître profond, quand on n'est, comme on dit que vide et creux; jouer bien ou mal un personnage; répandre des espions et pensionner des traîtres; amollir des cachets; intercepter des lettres; et tâcher d'ennoblir la pauvreté des moyens par l'importance des objets: voilà toute la politique ou je meure! Le comte: Eh c'est l'intrigue que tu définis! Figaro: La politique, l'intrigue, volontiers; mais comme je les crois un peu germaines, en fasse qui voudra.» Et ailleurs : « Le comte : Nous croyons valoir quelque chose en politique, et nous ne sommes que des enfants. C’est vous, c’est vous, madame, que le roi devrait envoyer en ambassade à LOndres ! Il faut que votre sexe ait fait une étude bien réfléchie de l’art de se composer, pour réussir à ce point. » (II, 19)  « Figaro Médiocre et rampant et l’on arrive à tout… » -> définition p. 458
Dans tous les cas la politique est identifiée explicitement à l’intrigue. L'analyse de Figaro vise à démasquer la politique comme fondée sur le jeu des apparences, le mensonge, le maniement de l'illusion, la vanité et les basses besognes de l'intrigue. La voilà réduite à son théâtre. Propos d'opposant, propospolitiquesans nulle idée alternative. Mais aussi mais bien que peut-être d'autre la politique pour un sujet dans une monarchie du XVIIIe siècle? Et pour un employé des services secrets? Si cette analyse "en situation" est contradictoire avec l'image de la politique donnée par le discours "frondeur" de la pièce, C’est peut-être que cette attitude oppositionnelle est en un sens encore tropnouvelle pour être clairement assumée ou identifiée comme "politique".
II)Lesthèmesdecediscoursetlespositionsarticulées:
La morgue sociale et les comportements discriminants à l’égard des plébéiens. Une thématique efficace : les gros et les petits : L’ordonnance [de la justice « indulgente aux grands, dure aux petits ». « Le C : Des libertés chez mes vassaux, qu’importe à gens de cette étoffe ? » (III, 4) (libertés avec la morale) mépris de classe et morgue aristocratique ("Tenez Monseigneur, n'humilions pas l'homme qui nous sert bien, crainte
d'en faire un mauvais valet"). Au delà des maîtres, ce sont donc les gens qui vivent noblement qui sont pris pour cibles dans leur ensemble. l'inégalité des conditions est imputée strictement au hasard. Rien ne vient la justifier, ni la religion, ni le mérite individuel: "Parce que vous vous croyez un grand seigneur vous vous croyez un grand génie […] Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus" (p. 535). La question est bien celle d'un ordre social qui privilégie systématiquement le rang et ne reconnaît pas la valeur individuelle.
Les abus La dénonciation de l'ordre social se politise d'autant plus fortement lorsqu'elle atteint les institutions qu'il détermine. Ainsi la censure, comme instrument de gouvernement est-elle ouvertement attaquée par des formules qui ont marqué par leur dimension de principes universalisable en système démocratique: "Je lui dirais que les sottises imprimées n'ont d'importance qu'aux lieux où on en gêne le cours; que sans la liberté de blâmer, il n'est pas d'éloge flatteur; et qu'il n'y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits". La dénonciation de la justice est sans aucun doute plus conventionnelle. "Indulgente aux grands dure aux petits" (p. 459), Elle n'est pas plus violemment désignée qu'elle ne l'était dans la tradition de la comédie (pensons auxPlaideurs) ou de la fable ( mille exemples chez La Fontaine). Cependant, l'actualité politique (la réforme Maupeou, les démêlés personnels de Beaumarchais) donnait une nouvelle jeunesse politique aux plaisanteries les plus usées. La dénonciation desabusla de justice y trouve son actualité politique. Ainsi celle de la vénalité des charges: « Marcelline - c'est un grand abus que de les vendre ». Bridoison - Oui, l'on on ferait mieux de nous les donner pour rien" (p.467). Beaumarchais du reste, ne souhaitait pas que l'acteur qui jouait Bridoison chargeât son jeu jusqu'à rendre la peinture méconnaissable. Il ne voulait pas qu'on soit dans la farce mais dans la vraisemblance qui donnait force à la critique. Beaumarchais ne manque pas de lancer aussi des piques contre la Révolution. C'est ainsi Bégearss qui évoque cyniquement les "nouvelles et merveilleuses lois" françaises, au premier rang desquelles figure le divorce (Mère coupable, I, 4, p.610)
La vérité et le mensonge: le lien entre intrigue et politique s’y affirme Mais dans toutes ces formules peut-on trouver plus (car en l'espèce, moins, c'estplus) que des vérités d'ordre général? Leur formulation s'effectue en général sous la forme d'un énoncé gnomique ce qui les rapproche de la topique des moralistes. On peut faire le départ entre énoncé à caractère moral et énoncé à caractère politique selon les "applications" qui pouvaient ou devaient en être faites. Une formule comme "L'amour n'est que le roman du cœur, c'est le plaisir qui en est l'histoire" (p.547) a un caractère évidemment moral et ne relèvent pas de notre présente analyse. D'autres au contraire ont une portée satirique
précise (telle qui vise Goëzman ou Bergasse), plus générale (contre l'institution judiciaire) ou évoquent si précisément les démêlés de Beaumarchais, connus de tous, avec des membres de grande noblesse que l'application en devenait évidente et que la généralisation conservait un caractère de satire sociale. Les "applications" au sort de l'homme de lettres et du journaliste ("Ne pouvant avilir l'esprit on se venge en le maltraitant") étaient elles-aussi profondément actuelles en cette période d'essor de la presse, qui devait jouer bientôt un rôle décisif. On les entendra donc comme des "slogans". Il n'était guère possible de les entendre autrement à une époque où la question même des réformes de la monarchie était à l'ordre du jour et où tentatives, propositions, innovations étaient suivies immédiatement de reculs et de réaction.
Indépendamment des discours, on peut aussi accéder au sens en analysant la fable. 3thèmesclé:
1) L’abus du droit La critique du droit: Le droit du seigneur On pourrait être surpris du rôle que joue la référence au droit du seigneur dansLe Mariage. L'époque classique et principalement le XVIIIe siècle semblent avoir crus à l'existence d'un tel droit au Moyen Age. Les historiens du Xxe siècle affirment qu'il s'agit d'un mythe sans fondement au Moyen Age. Le débat des historiens est relayé par le théâtre. Plusieurs pièces tournent autour de ce thème au XVIIIe siècle. Voltaire avait intitulé une de ses comédiesLe Droit du Seigneur (1762). On trouvera un point très complet sur la question dans l'édition de la pièce de Voltaire par Martial Poirson (Le Droit du seigneur, 2002, p. 19 à 32 et p. 209 à 248). Le héros ("Le Marquis") en use bien différemment du comte. Qu’on en juge : "D’un si beau droit, je veux m’autoriser / Avec décence, et n’en point abuser" (III, 2). À aucun moment, chez Voltaire, ce droit n'est remis en question. Voltaire, pourtant, n'ignore pas plus que Beaumarchais que ce droit n'a jamais vraiment existé. Le chevalier de Jaucourt, dans L'Encyclopédielui avait consacré un article: "Prélibation, Droit de, (hist. Du droit): C'était ce droit que les seigneurs s'arrogèrent avant et dans le temps des croisades, de coucher la première nuit avec les nouvelles mariées, leurs vassales roturières. On nommait aussi populairement ce droit ledroit de cuissageFrance, et de marchette en Angleterre". en Voltaire répond par un article "cuissage ou culage, Droit de prélibation, de marquette etc." dans lesQuestions sur l'Encyclopédieen 1771. Il évoque certes la coutume féodale du cuissage. "Mais remarquons bien que cet excès de tyrannie ne fut jamais approuvé par aucune loi publique." Et il ajoute :" vous ne trouverez ni dans les constitutions de l'Allemagne, ni dans les ordonnances des rois de France, ni dans les registres du parlement d'Angleterre, aucune loi positive qui adjuge le droit de cuissage aux barons. Des lois absurdes, ridicules, barbares, vous en trouverez partout; des lois contre les mœurs, nulle part." (Voltaire,Questions sur l'Encycopédie, dansLe Droit du seigneur2002, p.213). Mais ailleurs, il , ne manque pas de faire usage de ce prétendu droit pour attaquer l'Eglise.
"Le droit du seigneur est donc alternativement utilisé par Voltaire comme preuve patente des abus de l'Église ou des Empires, et comme une fiction sociale sans existence juridique, un alibi commode ou encore un fantasme dénué de toute pertinence" (Martial Poirson p. 21). Pourquoi donc Beaumarchais a-t-il agité cet épouvantail? Le droit du seigneur est à l'évidence une fiction dont l'Espagne même ne devait pas accréditer l'existence auprès du public. Droit de comédie, et comédie du droit, la fiction offre un dépaysement commode au sérieux de la question, une métaphore de l'ensemble des abusarchaïques qui "désolent la société". Beaumarchais s'est emparé d'un emblème, d'une image de tous les privilèges du second ordre mais il sait, et son public le sait avec lui, que c'est un tigre en papier. Son propos est moins de dénoncer le privilège féodal,carlecomteadéjàabolile"droitduseigneur",quesaconversionen argent. Le comte souhaite le "racheter" à Suzanne. Quelques années plus tard, la nuit du 4 août 1789, - et je ne vois pas pourquoi, au nom de je ne sais quel anachronisme, on ne devrait pas en parler - l'Assemblée nationale abolit, sans contrepartie, les privilèges qui pesaient sur la personne ( et le pseudo droit de cuissage, s'il avait existé, serait entré dans cette catégorie) mais déclarait rachetables ceux qui représentaient une propriété et un revenu. La question du droit du seigneur conduit tout droit à celle de la conversion d'un ordre féodal à un ordre marchand dans les rapports entre les individus. Cettedénaturationne peut manquer d'en évoquer une autre: le comte veutdénaturerla fortune immobilière qu'il a en Espagne et la faire passer en France révolutionnée pour en doter Florine et en faire bénéficier Bégearss. Dans les deux cas l'argent est l'instrument, l'opérateur qui fait passer d'un ordre et d'un droit à un autre. Le privilège se maintient en se métamorphosant. Dans les deux cas, l'argent permet de contourner la loi et d'utiliser l'ordre nouveau (celui où le droit féodal est aboli, cuissage, aînesse) pour maintenir le seul droit du plus fort. Beaumarchais n'en reste pas à la dénonciation d'un ordre ancien, il montre les changements à l'œuvre. Ce qui ne va pas chez le grand seigneur sans contradictions vécues. Un pied dans chaque monde, il a quelque peine à se résoudre à un temps dans lequel "Bientôt on ne distinguera plus un gentilhomme d'un savant!" (Mère coupable, I, 12, p. 625)
2) Un Théâtre de la justice Position complexe de B le droit est un théâtre aux mains de vendus, d’imbéciles ou de puissants. Même éclairé le droit reste un univers d’apparences de chicanes de bouts de papier liberté du mariage du corps et des sentiments le droit de Figaro est comiquement inscrit sur son corps le tatouage de la spatule. Le droit des affaires lui même permet toutes les intrigues et les chicanes exemple dansLa Mère coupable manipulations pour priver Léon de son héritage et ensuite manipulations en sens inverse. Par rapport à l’équité le droit est un monde de faux semblants.
 La forme judiciaire est dénoncées comme théâtre La FOOOrme dit Bridoison : p. 470
La justice : Elle intervient à la fin du Barbier le comte fait appel à la loi pour protéger son mariage et celui de Rosine (Le comte et les lois établies …. Je la mets sous l’autorité des lois » ) intervention de l’autorité (l’alcade) allusion à Tartuffe le droit vient rétablir la justice mais comme par hasard il est du côté du manche, du plus fort et du plus noble. Des flèches nombreuses : la scène du jugement : complexe . Almaviva juge au nom du roi. Manifestation pragmatique de la justice mise en scène. Le comte est un juge expéditif, mais pas absurde : il est en quelque sorte institutionnellement injuste. «mytretsoanonl,mopeetènostalentordouqennéboeleln»deuxième jugement saisie injustifiée au détriment d’un laboureur: là il botte en touche : c’est une allusion aux impots. Troisième jugement. Il n’est apparemment pas scandaleux : payer deux mille piastres dans la journée ou épouser, c’est logique puisque la main est la garantie du paiement. Le jugement est motivé (le comte juge éclairé) et le comte dit « c’est assez des autres abus ». Scène qui ridiculise les droits : p. 465 le monologue du comte détermine la scène du procès les intérêts privés, Les motifs personnels comptent plus que le reste et dans la scène qui suit « au moins je suis vengé cela soulage » dit le comte (481)
3) La disconvenance sociale : "J'ai toujours pensé qu'on n'obtenait au théâtre ni grand pathétique, ni moralité, ni bon comique, sans des situations fortes qui ne peuvent naître que de quelque disconvenance sociale dans le sujet qu'on traite" (Préface duMariage). Cette pensée est vraiment forte : elle fait naître le comique tout comme le pathétique et la signification morale de la force des situations, et celle-ci de la signification sociale du théâtre. Le caractère et l'état social des personnages se trouvent donc en position de commander l'orientation générique du théâtre. Bref, forme et signification sont étroitement liées.
Mais que doit-on entendre par "disconvenance sociale"? Beaumarchais en donne des exemples qui nous font comprendre quelle étendue il donne à cette expression: "La tragédie se les permet souvent jusqu'aux crimes atroces: les conspirations, les usurpations de trône, le meurtre, l'empoisonnement, l'inceste comme dansŒdipe, le fratricide dans Vendôme, le parricide dansMahomet, le régicide dansMacbethetc. etc. La comédie est plus modérée sur les disconvenances, parce que les sujets en sont tirés de nos mœurs." Et il ajoute, plus loin, à propos d'Eugénie "que la moralité, que l'intérêt naissaient entièrement de la disconvenance d'un homme puissant et vicieux qui persécute une faible fille trompée, vertueuse et délaissée." (Pléiade, 1934, p. 564). Bref : la disconvenance sociale est celle de la nature et de la société et pas seulement interne avec la société puisqu’elle est disconvenance entre le droit naturel et le droit social entre les exigences de la nature et celles de la société.
La relation de service maître/ serviteur : La relation de service féodale se transforme en relation marchande.Le Mariages’ouvre sur une désillusion qui porte sur l’échange, la valeur du service. Figaro a un sens du service archaïque et le comte réduit tout à la valeur marchande. Le comte soupçonne Figaro d’être de mèche avec la comtesse : « Combien la comtesse t’a-t-elle donné pour cette belle association ? F : Combien me donnâtes vous pour la tirer des mains du docteur ?Tenez Monseigneur n’humilions pas l’homme qui nous sert bien crainte d’en faire un mauvais valet. »(III, 5) À la fin « Moi gâter par un vil salaire le bon service que j’ai fait ! ma récompense est de mourir chez vous » Un désordre de fond. Figaro se sert de l’ancien lien féodal et le réinterprète dans le cadre d’une humanité nouvelle certes mais utopiques (l’ancien vocabulaire du nouveau) et en face le comte convertit la brutalité ancienne en brutalité nouvelle : l’argent. Chacun est donc à cheval sur l’ancien et le nouveau régime. Elle est utilisée dès le Barbier pour parler une autre disconvenance dont elle l’image synecdoque, (comme pour le droit du seigneur le concierge ou l’ex valet comme image d’autre chose la preuve c’est que Beaumarchais sort de la stéréotypie des rapports entre maîtres et serviteurs - > voirl’île des esclavesde Marivaux, celle de l’inégalité des conditions, Disconvenance des conditions entre elles et avec ce que dit la nature. Celle du plébéien et du noble c’est à dire de la naissance. Disconvenance entre l’égalité naturelle et inégalité sociale qui crée ces situations de mise en rapport des nobles et des plébéiens D’où le monologue de Figaro p.535 logique de finir p. 539 sur le moi du plébéien c’estt à dire de l’homme qui a un statut déthéâtralisé d’homme qui parle à des hommes ou rethéâtralisé autrement en forme de parabase. Au présent total de qui s’interroge sur le théâtre lui-même. L'opposition de Figaro consiste à "mettre à part" sa femme et son bien, comme il le dit à la dernière réplique duMariage. C'est à dire, sans doute, comme le dit Jean-Pierre de Beaumarchais, à les mettre à l'abri de l'exercice du privilège, à opposer son droit privé au droit non moins privé du comte (puisque, rappelons le, le "droit" du seigneur est aboli), c'est à dire au pouvoir que lui confèrent sa charge de juge et son argent. Le jugement rendu par le comte n'est nullement inique: Figaro doit payer ou épouser la vieille. C'est à dire payer pour épouser la jeune. Où nous retrouvons la logique fondamentale qui soumet tout à une mesure unique, celle de l'argent.Le Barbier de Sévilleavait déjà établi que, si "le rang est sans force" dans l'espace privé de Bartholo, c'est que le désir et l'or l'emportent. L'espace privé de Figaro et de Suzanne ne peut suffire à défendre nos fiancés du désir du comte et de son argent. Et leur désir ne triomphera qu'à prix d'argent. la cascade de dots successives n'est nullement superfétatoire. Seul le hasard rend Figaro héritier et le libère de sa dette; la générosité de la comtesse lui offre la seconde; l'intrigue lui permet de mettre la main sur la troisième "dot". Bref, ce sont les lois du roman qui seules ont dispensé Figaro de son rachat. Et de récupérer toute cette dépense ad maiorem
matrimonii gloriam. Se trouve ainsi posé le mouvement même par lequel tout va se clore sur la famille Almaviva. Figaro rafle la mise mais il ne va plus la risquer sur d'autres tapis verts: à la fin des fins deLa Mère coupable, il se refuse à "gâter par un vil salaire le bon service [qu'il] a fait". La fortune du comte ira à son fils. La fortune du comte ira à sa fille. Tout restera en famille.La Mère coupablenous permet de prendre la mesure d'une évolution. La dépense du comte, "nerf de l'intrigue", était l'instrument d'une conquête libertine qui devient matrimoniale dansLe Barbier. DansLe Mariagec'est une variation sur la même structure: la dépense du comte finit bel et bien par servir à un mariage. L'ordre gagne la partie. Mais dans le drame, point de dépense. Pas un sou ne sortira de la famille.
Peut-on voir en Figaro le héraut d'un ordre social et politique nouveau? On a déjàrépondu partiellementàla question enévoquant ses mots d'esprit, en soulignant aussi l'esprit de sérieux qui caractérise lesénoncés idéologiques qui sont placés dans sa bouche au moment de son grand monologue du cinquième acte. Son opposition, sa rivalitéavec le comte est certes porteuse d'un sens politique et idéologique. En 1784, pourtant, cette structure des relations entre maître et valet est devenue stéréotypée. Les deux comédies de Lesage,Crispin rival de son maîtreetTurcaret,La Double InconstanceetL'Île des esclavesde Marivaux -pour ne rappeler que les pièces les plus célèbres - ont jouéde ce registre. Mais les relations du comte et de Figaro ne se réduisent pas au stéréotype du maître et du valet, pas plus qu'àcelui des rivaux amoureux. Figaro défend sa fiancée et ne s'en prend qu'àun sosie de la comtesse, dans une scène de mise en abyme du théâtre. L'enjeu de la rivalitéest donc,àtout prendre moins fort que dansLa Double Inconstance. Figaro est bien autre chose qu'un "valet" . Sa biographie fictive, dèsLe Barbier de Séville, lui donne un passéet un trajet picaresqueàtravers suffisamment d'états sociaux pour qu'il puisse figurer plutôt le roturier, l'homme du tiersétat que le valet. Il est en ce sens plus proche d'Arlequin (La Double Inconstance) que de Crispin, mais en diffère précisément sur un point essentiel. Arlequin est un paysan de pastorale. L'histoire de Figaro n'est en rien celle d'un paysan. Elle a plutôt pour effet d'empêcher qu'on puisse l'assigner précisémentàunétat. Barbier, employéde Bureau, garçon vétérinaire, poète, auteur dramatique, domestique, certes, plus tard, "valet de chambre", "homme de confiance" mais d'abord "pauvre" (p. 140), bâtard sans nom, "perdu dans la foule obscure", il est essentiellement "anonyme Figaro" et cette image lui reste attachée même après la découverte de ses illustres parents. Il est l'homo novusdes romans du XIXe siècle plus encore que le parvenu de ceux du XVIIIe siècle. Ses rapports avec le comte ont de ce fait une tout autre dimension qui donneàl'insolence du personnage sa pleine valeur, sa pleine saveur.
Disconvenance dans les rapports hommes / Femmes La disconvenance sociale caractérise une action menée par un personnage alors que la société la lui interdit. Le puissant Lord Clarendon s'en prend à la faible Eugénie, le comte Almaviva à la jeune Rosine, à Suzanne, à Fanchette. Les amours de Chérubin sont en "disconvenance" avec les trois femmes qu'il attaque: du supérieur à l'inférieure (Fanchette, Suzanne) et de l'inférieur à la supérieure (la comtesse).
Disconvenance désir/ société La disconvenance, c'est aussi l'inceste (le page et sa marraine)) et même
le désordre politique (Œdipe,Tarare).
La disconvenance sociale est l'expression dont Beaumarchais désigne la dramaturgie des "conditions" (Le grand seigneur / la soubrette) et des "relations" (le filleul / la marraine) proposée par Diderot. Mais que trouvons-nous de neuf dans une telle approche? Une signification profonde: le conflit dramatique est celui des désirs et de la société, et ce sont les désirs qui sont innocents. C'est la société qui est coupable. Plus exactement c'est à cause de la société qu'il y a drame ou tension. Et, de cette tension, c'estLa Mère coupablequi donne la version la plus profondément problématique. Le drame enferme les personnages de la famille dans un dilemme: ou le double adultère est reconnu ou bien l'amour des deux jeunes gens est incestueux. La solution offerte par Bégearss est celle qui sauve les apparences, la famille dans sa version officielle et qui détruit la vérité des désirs. Si l'on veut bien admettre avec Figaro "qu'on gagne assez dans les familles quand on en expulse un méchant", il faut bien reconnaître que Bégearss est bien, à sa manière, le héraut de la famille, qu'elle soit noble ou bourgeoise. L'expulsion de Bégearss correspond à une mise en cause de la famille bourgeoise, avec ses secrets, ses silences, ses mensonges. Tout est à refaire, à refonder autour du jeune couple. La famille parentale ne se refera qu'à partir de celle que fonderont les enfants et on consultera des hommes de loi pour réparer cette structure si bien abîmée. Tout est donc disconvenance dans la famille dans sa dimension "sociale".
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