Quelques formes élémentaires de la vie religieuse dans la France rurale (fin XVIIIe et XIXe siècles) - article ; n°1 ; vol.42, pg 91-115
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1987 - Volume 42 - Numéro 1 - Pages 91-115
Some Elementary Forms of Religious Life in Rural France (Late Eighteenth and Nineteenth Centuries). P. M. Jones.
This article explores the process of community formation at village level during the revolutionary and post-revolutionary decades. Emphasis is placed upon the role of collective religions worship inpromoting the sentiment of belonging, but it issuggested that the social discipline of church or chapel attendance meant more to peasants than religions dogmas or doctrines. The point is illustrated by examining in turn two little known and little understood facets of popular religions culture: lay worship and collective conversion. Lay worship developed during the Revolution, perhaps as a pragmatic solution to the scarcity of priests, but it persisted long after the shortage of clergy had been mode good. The phenomenon of collective conversion appeared in the 1830s and 1840s when entire villages proceeded to switch their allegiance from catholicism to protestantism. The civil and ecclesiastical authorities detected a variety of motivations behind these sudden conversions. However, the author argues that the two phenomena are inter-related. They betray a desire to use and manipulate formal religion as a means of forging the social and cultural identity of the human group.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Peter M. Jones
Quelques formes élémentaires de la vie religieuse dans la
France rurale (fin XVIIIe et XIXe siècles)
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 42e année, N. 1, 1987. pp. 91-115.
Abstract
Some Elementary Forms of Religious Life in Rural France (Late Eighteenth and Nineteenth Centuries). P. M. Jones.
This article explores the process of community formation at village level during the revolutionary and post-revolutionary decades.
Emphasis is placed upon the role of collective religions worship inpromoting the sentiment of belonging, but it issuggested that
the social discipline of church or chapel attendance meant more to peasants than religions dogmas or doctrines. The point is
illustrated by examining in turn two little known and little understood facets of popular religions culture: lay worship and collective
conversion. Lay worship developed during the Revolution, perhaps as a pragmatic solution to the scarcity of priests, but it
persisted long after the shortage of clergy had been mode good. The phenomenon of collective conversion appeared in the
1830s and 1840s when entire villages proceeded to switch their allegiance from catholicism to protestantism. The civil and
ecclesiastical authorities detected a variety of motivations behind these sudden conversions. However, the author argues that the
two phenomena are inter-related. They betray a desire to use and manipulate formal religion as a means of forging the social and
cultural identity of the human group.
Citer ce document / Cite this document :
Jones Peter M. Quelques formes élémentaires de la vie religieuse dans la France rurale (fin XVIIIe et XIXe siècles). In: Annales.
Économies, Sociétés, Civilisations. 42e année, N. 1, 1987. pp. 91-115.
doi : 10.3406/ahess.1987.283371
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1987_num_42_1_283371ET SOCI RELIGION
PETER JONES
QUELQUES FORMES MENTAIRES
DE LA VIE RELIGIEUSE
DANS LA FRANCE RURALE FIN XVIIIe ET XIXe SI CLES
En 1920 tragédie en vers de Jules Romains est mise
en scène pour la première fois est histoire un village reculé du Velay
Haute-Loire qui tente de faire revivre une conscience plus aiguë de la solida
rité du groupe en installant un culte religieux distinctif dans une église cons
truite cet effet intrigue peut se résumer interpénétration de deux
mythes la révolte contre autorité spirituelle incarnée par la hiérarchie catho
lique romaine et Enlèvement des Sabines en effet Cromedeyre manque de
femmes et doit de temps autre organiser un raid dans les villages environ
nants afin trouver des épouses et réaliser ainsi sa quête autodétermina
tion Selon toute apparence le village en question et action qui déroule
sont imaginaires Néanmoins la pièce imprégnée de naturalisme éveille la
curiosité de historien et de ethnographe Jacques Copeau qui mit en scène la
pièce au théâtre du Vieux-Colombier Paris fut un des premiers être frappé
par la très fidèle évocation des lieux De retour un voyage la découverte des
hauts plateaux du Velay il écrit Jules Romains
était beau Vous avez donné cette tragédie la configuration même du sol
où elle est née Elle est si vraie elle avait fait connaître son pays origine
et que je ne peux plus le voir travers elle après que je ai vu de mes yeux2
Louis Farigoule alias Jules Romains)3 naquit en Haute-Loire de souche
paysanne Devenu maître école son père emmena sa famille Paris mais en
général les vacances été se passaient au village de La Chapuze situé au pied
Annales ESC janvier-février 1987 no pp 91-115
91 ET SOCI RELIGION
des montagnes qui servent de cadre Cromedeyre-le- Vieil Fils unique Louis
passe ses vacances jouer avec ses cousins campagnards apprend comprendre
sinon parler le patois et imprègne des traditions orales de la région Ce sont
ces traditions et leur représentation figurative dans art dramatique de Jules
Romains qui attirent les historiens car elles éclairent les dynamiques obscures
de la formation communautaire dans la France rurale est ce problème que
nous étudierons dans cet article Il peut ainsi être considéré comme la suite
un essai précédent4 qui cherchait clarifier le concept de communauté
rurale ce dernier implique des valeurs culturelles transcendantes déterminées
par des références spirituelles Dans les pages qui suivent argumentation est
poussée plus loin grâce analyse systématique de quelques-unes des formes
élémentaires de la vie religieuse qui donnent aux collectivités leur forme et leur
sens
Incomparable poète du terroir Jules Romains cherche donner son
uvre en vers et en prose une signification plus profonde Cromedeyre-le-Vieil
est abord une pièce didactique destinée défendre la philosophie de
unanimisme qui fait du caractère de homme moderne non le produit de
sa propre individualité mais effet de sa place au sein de groupes sociaux
interdépendants5 cette philosophie découle de analyse des comportements et
de la psychologie des foules de la fin du xixe siècle et du début du xxe siècle La
théorie littéraire de unanimisme ne doit pas nous retenir mais elle nous offre
deux points de vue utiles Dans Cromedeyre-le-Vieil Jules Romains évoque le
concept de valeurs culturelles transcendantes la communauté un village ou
un groupe existe selon il est plus ou moins conscient de son identité de
groupe et non en tant agglomérat individus isolés et indifférents6 La reli
gion ou plus exactement les rituels collectifs servent de vecteur la reconnais
sance mutuelle Dans unanimisme Jules Romains trouve un substitut la foi
il perdue adolescent alors que les villageois de Cromedeyre redécouvrent
leur ancienne religion animiste dans leur rébellion contre la hiérarchie ecclésias
tique établie
La tension qui existe entre la religion prescrite et la religion vécue telle que
exprime la pièce nous permet analyser plusieurs aspects connexes de
affirmation communautaire Deux formes expérience religieuse retiennent
particulièrement notre attention la tradition du culte laïque et la pratique de
la conversion collective associée en général un transfert de fidélité de
glise catholique établie une des nombreuses sectes protestantes Les ana
lyses religieuses ou sociales consacrées la France révolutionnaire ou post
révolutionnaire ne mentionnent généralement ces phénomènes en notes de
bas de page et donnent impression ils constituent une déviance on
leur prête pour unique explication des circonstances locales Il est prématuré
de prétendre que les transformations spirituelles de la communauté rurale peu
vent se réduire une simple règle sociologique mais grâce la portée et la
qualité des témoignages désormais disponibles une interprétation vaut être
tentée
92 DANS LA FRANCE RURALE AU XIXe SI CLE JONES
La tradition du culte laïque
Le culte laïque par lequel la communauté choisit parfois par obligation de
se passer de prêtre connaît une longue histoire dans la campagne fran aise
Nous avons découvert des exemples de messes blanches célébrées par des laï
ques depuis la Révolution nos jours7 Selon toute vraisemblance la tra
dition est plus ancienne encore et inhérente la nature du catholicisme avant
la Réforme Plus surprenante peut-être est la portée géographique du phéno
mène On identifié différentes manifestations du culte laïque dans le Rouen-
nais8 le Ma onnais9 le Lyonnais10 en Alsace et dans les départements de la
Marne12 du Doubs13 de Aveyron14 du Lot15 et de la Dordogne16 Cette
liste semble inclure une grande partie de la France et des régions de ferveurs
très diverses
Ceci vaut également pour les conversions collectives Grâce aux notes rele
vées dans les histoires régionales et les monographies paroissiales nous avons
recueilli quelque quarante exemples de communautés catholiques homogènes
qui soit dans leur totalité soit partiellement se sont séparées de Eglise
établie pour embrasser le calvinisme évidence nulle région rurale sauf
peut-être Ouest était abri du spectacle offert par des groupes catholiques
insatisfaits faisant appel aux services un pasteur protestant ou mena ant de le
faire Paradoxalement des communautés tranquilles et cléricales désavouaient
leurs prêtres aussi facilement que des paroisses indifférentes ou anticléricales et
des villages catholiques des Cévennes ou du Diois pourtant obsédés par la
crainte ancestrale du huguenot changeaient de fidélité avec une prompti
tude qui contredit

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