Questions préalables dans l étude comparative des criminels et des honnêtes gens - article ; n°3 ; vol.10, pg 209-222
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Description

Déviance et société - Année 1986 - Volume 10 - Numéro 3 - Pages 209-222
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 6
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. L Manouvrier
Questions préalables dans l'étude comparative des criminels et
des honnêtes gens
In: Déviance et société. 1986 - Vol. 10 - N°3. pp. 209-222.
Citer ce document / Cite this document :
Manouvrier M. L. Questions préalables dans l'étude comparative des criminels et des honnêtes gens. In: Déviance et société.
1986 - Vol. 10 - N°3. pp. 209-222.
doi : 10.3406/ds.1986.1480
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1986_num_10_3_1480Claude
Déviance et Société, 1986, Vol. 10, No 3, pp. 209-222 FAUGERON
QUESTIONS PRÉALABLES DANS
L'ÉTUDE COMPARATIVE DES CRIMINELS
ET DES HONNÊTES GENS
(Rapport présenté, en son nom personnel, par M.L MANOUVRIER,
membre de la commission anthropologique nommée par le
deuxième Congrès international d'anthropologie criminelle, Paris,
1889, publié dans les Archives de l'anthropologie criminelle et des
sciences pénales, tome septième, 1892, pp. 557-574)
A sa dernière séance, le deuxième Congrès d'anthropologie criminelle
fut saisi par M. le baron Garofalo de la proposition suivante :
« Une commission composée de sept anthropologistes sera chargée défaire
une série d'observations comparatives à présenter au prochain Congrès entre un
chiffre de cent criminels vivants, au moins, dont un tiers d'assassins, un tiers de
violents, un tiers de voleurs et un nombre égal de cent honnêtes gens dont on
connaît parfaitement les antécédents et ceux de leurs familles. »
Après une discussion à laquelle prirent part MM. Brouardel,
Manouvrier, Lacassagne, van Hamel, Benedikt, Lombroso, Moleschott,
Jorel, une liste composée de sept membres : MM. Lacassagne, Benedikt,
Alph. Bertillon, Lombroso, Manouvrier, Magnan, Semai, fuit proposée et
adoptée à l'unanimité *.
Le président du Congrès, M. le professeur Bouardel, fut de ceux qui
émirent des doutes sur l'utilité d'une commission de ce genre ; il y revint
même dans son fin discours de clôture. Je parlai dans le même sens, mais je
n'eus garde de me récuser malgré cela ; car, composée comme elle l'était, la
commission me parut devoir nécessairement accomplir une oeuvre sérieuse
ou bien s'abstenir complètement.
Par le fait, elle ne s'est même pas réunie. Aussi n'est-ce pas en son
nom que je prends la parole. Mais ses divers membres pouvaient essayer de
remplir leur mission chacun à sa manière. C'est ce que j'ai fait, pour ma
part, en élaborant le présent rapport que j'adresse au Congrès en mon nom
personnel, mais non sans quelque espoir de voir mes conclusions approu
vées par plusieurs de mes savants collègues. Si je ne réussis qu'à justifier,
dans ce rapport, l'abstention de la commission, ce sera toujours un acte de
déférence envers le précédent Congrès et d'excuse vis-à-vis du nouveau. Je
l'avouerai toutefois sans détours : l'occasion m'a paru bonne pour appuyer
sur quelques points de la critique obligatoirement trop concise que j'ai
Extrait des Actes du deuxième Congrès d'anthropologie criminelle, p. 406.
209 "
'adressée en 1889 à M. le professeur Lombroso et à son école *. La question
sur laquelle je vais insister est fondamentale, et ce serait une erreur de
croire que parce que j'ai pris pour thème la nomination d'une commission,
j'ai voulu simplement récriminer contre cet acte infructueux. J'ai eu moins
encore l'intention de critiquer l'éminent juriste italien qui en fut le promot
eur, car il ne fit en cela que traduire le sentiment de la grande majorité du
Congrès de Paris. Il eut d'ailleurs le grand mérite, dans son livre La crimi
nologie, de résister sur divers points importants aux entraînements de la
nouvelle école et de chercher à définir le crime avant d'en chercher l'expli
cation, précaution que son célèbre compatriote avait oublié de prendre.
Cela posé, recherchons tout d'abord pourquoi la commission dont il
s'agit fut nommée. On crut évidemment que les longues et assez vives dis
cussions engagées au sujet des caractères anatomiques des criminels résul
taient seulement de l'insuffisance ou de l'incorrection des observations
faites jusqu'alors en vue de constater l'existence même de ces caractères.
C'était là, certes, un point capital, mais presque inaccessible dans un
Congrès où l'on n'avait pas le temps de descendre jusque dans les détails
techniques de la craniologie, de l'anthropométrie, de l'esthésiométrie. Les
douzes séances du Congrès n'eussent pas suffi à la seule critique des résul
tats annoncés sur ces différents chapitres. Aussi avais-je à peine effleuré,
dans mon rapport, ce point sur lequel j'aurais eu à écrire un gros volume.
Puis dans la discussion orale, je m'étais efforcé de concentrer la lutte sur le
point culminant de la question, en insistant sur ce fait : que le crime est une
matière non pas physiologique, mais sociologique, et que, pour rattacher les
crimes à des caractères anatomiques, il faudrait préalablement les analyser
en leurs éléments physiologiques, seuls traduisibles anatomiquement.
Agir autrement peut paraître plus expéditif, mais c'est faire courir,
non attelés, les boeufs devant la charrue. Cette vérité, toutefois, eût eu
besoin d'une démonstration plus développée, car la majorité du Congrès
parut croire, au contraire, que la genèse du crime serait éclaircie lorsque
sept anthropologistes spécialement désignés auraient expertisé une à une les
nombreuses pièces de cette mosaïque bigarrée présentée sous le nom de
«type criminel» ou de «criminel-né».
Voilà donc la commission nommée. Si chacun de ses membres eût
attaché à sa mission la haute importance qu'elle semblait avoir, nul doute
que le voyage à faire pour se réunir n'eût pas été un obstacle insurmontable.
Mais abandonner des travaux plus ou moins pressants et sérieusement
motivés pour chercher sur des criminels non plus les fameuses bosses des
phrénologistes, mais le n'importe quoi qui a succédé aux organes du meurtre
et du vol, on conviendra que c'eût été dur pour des hommes nullement
convaincus d'avance que ce n'importe quoi fournirait l'explication du crime
et au contraire, au moins pour la plupart, que chacun porte en
soi tout ce qu'il faut pour devenir criminel.
* Actes du deuxième Congrès d'anthropologie criminelle, Paris, 1889. Rapport sur la deuxième
question : Existe-t-il des caractères anatomiques particuliers chez les criminels, etc. ?
210 On pourrait me dire que je préjuge trop des opinions de mes collè
gues. Admettons donc que la Commission eût voulu et pu se réunir, et
voyons un peu quelle situation eût été la sienne.
Pour procéder avec ordre et ne pas s'exposer à des pertes de temps,
elle eût sans doute commencé par établir la liste des observations à faire sur
chaque sujet, criminel ou honnête, et par arrêter ne varietur la technique à
suivre dans chaque observation.
Or ces premiers points eussent très certainement soulevé de grandes
discussions car certains membres de la commission auraient considéré
comme insignifiant tel ou tel caractère anatomique regardé par certains de
leurs collègues comme très important, ou vice versa. Un membre eût déclaré
absolument impropre tel instrument ou tel procédé couramment employé
par un autre commissaire. On eût discuté sur la méthode et sur les procé
dés, sur les points de repère et sur les compas, sur les dynamomètres et sur
les esthésiomètres. J'avais réuni pour ma part une abondante provision
d'arguments offensifs ou défensifs sur cette matière essentiellement lit
igieuse. Et qu'on ne parle pas ici de discussions byzantines. Qu'on ne
s'étonne pas de voir une réunion de sept anthropologistes embarrassée là où
tant d'observateurs isolés l'ont été si peu. Ces discussions eussent été nécess
aires, car, pas plus en anthropologie que dans les autres sciences, il n'est
permis de négliger les questions de technique. La commission n'était pas
chargée de faire du dilettantisme ; il ne lui eût certainement pas suffi de
m

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