Ramages maures - article ; n°1 ; vol.55, pg 39-52
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Description

Journal des africanistes - Année 1985 - Volume 55 - Numéro 1 - Pages 39-52
Resume Dans la société maure la généalogie permet d'exprimer en terme de filiation les positions statutaires des individus et des groupes. Le terme nasab que nous traduisons par filiation et généalogie relève plutôt d'une lecture ascendante des chaînes qui, se référant aux ancêtres originels, définissent les positions respectives en terme de bifurcation générationnelle. La logique classificatoire de ces systèmes généalogiques diffère de celle des systèmes lignagers et segmentaires. Elle organise aussi la représentation de la tribu (qabila) distinguant le centre défini par le nasab du groupe dominant et la périphérie.
Abstract In Moorish society genealogy expresses in terms of descent the hierarchical positions of individuals and groups. The concept of nasab, which has been translated as descent or genealogy, corresponds to an ascending view of the links that through original ancestors, define respective positions as a result of generational bifurcations. The classificatory logic of these genealogical systems differs from that of segmentary lineage systems. The conception of the tribe is organized around the distinction between centre (the nasab of the dominant group) and periphery.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Bonte
Ramages maures
In: Journal des africanistes. 1985, tome 55 fascicule 1-2. pp. 39-52.
Résumé
Resume Dans la société maure la généalogie permet d'exprimer en terme de filiation les positions statutaires des individus et des
groupes. Le terme nasab que nous traduisons par filiation et généalogie relève plutôt d'une lecture ascendante des chaînes qui,
se référant aux ancêtres originels, définissent les positions respectives en terme de bifurcation générationnelle. La logique
classificatoire de ces systèmes généalogiques diffère de celle des systèmes lignagers et segmentaires. Elle organise aussi la
représentation de la tribu (qabila) distinguant le centre défini par le nasab du groupe dominant et la périphérie.
Abstract
Abstract In Moorish society genealogy expresses in terms of descent the hierarchical positions of individuals and groups. The
concept of nasab, which has been translated as descent or genealogy, corresponds to an ascending view of the links that
through original ancestors, define respective positions as a result of generational bifurcations. The classificatory logic of these
genealogical systems differs from that of segmentary lineage systems. The conception of the tribe is organized around the
distinction between centre (the nasab of the dominant group) and periphery.
Citer ce document / Cite this document :
Bonte Pierre. Ramages maures. In: Journal des africanistes. 1985, tome 55 fascicule 1-2. pp. 39-52.
doi : 10.3406/jafr.1985.2085
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1985_num_55_1_2085PIERRE BONTE
RAMAGES MAURES
Au détour d'un chapitre de VOrganisation sociale des Peul (1970 : 328)
où elle vient de résumer ses observations sur les représentations généalogiques
des Peuls nomades, M. Dupire utilise pour différencier ces représentations
de celles que l'on observe habituellement dans les sociétés lignagères et seg-
mentaires un modèle emprunté aux ramages végétaux. La structure en corymbe
composé des Peuls nomades s'oppose ainsi à la plus classique forme du cyme
b if are ramifié.
oncctrR putntii
A A A A A A A A
Schéma du lignage Bororo comparé au lignage segmentaire classique
Journal des africanistes, 55 (1-2) 1985 : 39-52 ■
40 PIERRE BONTE
Au-delà des analogies graphiques, cette opposition me semble rendre
compte de deux logiques de classification généalogique dont la métaphore
botanique souligne, peut-être, qu'elles correspondent à deux réalités bien
différentes. Nous ne nous risquerons pas plus avant dans des considérations sur
l'ordre naturaliste qui nous servira exclusivement — une fois de plus en anthro
pologie — à penser l'ordre social. La distinction typologique me semble en effet
avoir une certaine généralité même si, constituant des types formels, elle doit
être posée, lorsqu'on observe les constructions généalogiques qui les combinent
souvent de manière variable, comme relative.
Ainsi, le mode d'organisation généalogique identifié par M. Dupire chez les
Peuls nomades m 'apparaît comparable plus ou moins aux représentations
correspondantes dans la s société maure et sans doute dans d'autres sociétés
«arabes». On a un peu trop rapidement parlé à propos de ces sociétés d'orga
nisation lignagère et segmentaire, sans tenir compte par exemple du fait que les
groupes de filiation, en conséquence de pratiques matrimoniales endo games,
sont en réalité des groupes cognatiques qui font simplement l'objet d'une
lecture agnatique. Notons au passage que les sociétés peules étudiées par
M. Dupire ont des pratiques matrimoniales identiques.
L'opposition entre ces deux logiques de classification généalogique
pourrait bien rendre compte de .différences conséquentes d'organisation
sociale que la théorie «classique» des groupes de filiation unilinéaire aurait
gommées pour les réunir dans un même ensemble, comme l'avait fait E. E.
Evans-Pritchard en traitant dans les mêmes termes les Nuer et les Bédouins de
Cyrénaïque. La première, que représente graphiquement le cyme bifare ramif
ié, a pour effet d'organiser généalogiquement les relations entre des segments
lignagers formellement équivalents de telle manière que, suivant des règles
d'opposition complémentaire, ces relations puissent englober l'ensemble de la
société.
Qu'en est-il de la logique qui organise les représentations graphiques du
corymbe ? Ce court article se propose, à partir de données généalogiques
relevées dans la société maure, de montrer dans quelle mesure ces caractéris
tiques formelles renvoient à un mode particulier d'organisation sociale.
généalogique'
Le mode d'exposé chez les Maures, spontanément est,
linéaire. Exposer sa généalogie, c'est fournir en ligne ascendante une liste
d'ancêtres en partant du père et en remontant de générations en générations :
A (informateur) / ul(d) (fils de) / В / ... / X... / Y
ibn
La généalogie justifie ainsi immédiatement l'appartenance à une tribu,
dont X par exemple sera l'ancêtre éponyme, et à l'un des ordres
hiérarchisés composant la société maure, tout particulièrement lorsqu'il s'agit
d'une tribu «arabe», descendant du Prophète ou de l'un de ses compagnons,
ou encore d'une tribu bédouine. RAMAGES MAURES 41
A titre d'exemple, nous examinerons une généalogie hassan, terme dési
gnant l'ordre guerrier et aristocratique qui se rattache aux arabes hilaliens en
vahisseurs du Maghreb. Il s'agit ici de la généalogie de l'émir actuel de l'Adrar,
Ahmed ul Mubtâr\
GENEALOGIE DE L'EMIR DE L'ADRAR
Jaefar Frère aine de «Ali et cousin du Prophète
dont disent descendre tous les Maeqil
Hassan Ancêtre des Béni Hassan de Mauritanie
Ahmed dit
Úday
Ma'gvar
I
eutmân
I
Yahya Ancêtre des Yahya min eiitmân
pant les tribus hassân de l'Adrar
Qaylân
I
A g Muhtâr
Aksar
eAmmonni i
i I i
eetmân Fondateur de l'émirat de l'Adrar
Srd 'Ahmed
Г
Ahmed eaydda
Muhtâr
Ahmed
Ces longues chaînes généalogiques sont mémorisées avec soin et parfois
même consignées par écrit. Elles définissent en effet très immédiatement les
appartenances sociales et statutaires de celui qui s'y réfère.
Y a t-il une autre lecture généalogique que celle qui vient d'être exposée
(et de celle que fait l'anthropologue reconstruisant un ensemble cohérent de
lignes collatérales à partir des données recueillies) ? :
42 PIERRE BONTE
A première vue, oui : celle qui justifie en terme de bifurcations généra-
tionnelles les relations inscrites à différents niveaux généalogiques entre un
ensemble de groupes sociaux. Ainsi, si nous reprenons la précédente chaîne
généalogique des points de bifurcation justifieront identité et différences entre
l'ensemble des tribus basson de Mauritanie.
Hassan ~>
Ahmed dit Dlayni, ancêtre des Awlêd
Dlaym Шау
M agv ar Rizg, ancêtre des .Awlêd
Rizg dominant au
trefois au Trarza
Nâsir, ancêtre des
Nâsir du Ilawd
Muhammed cUmran dont descendent les Yahya
ancêtres des Awlêêl Mbarlk Trarza et Brakna
Ancêtre des Yahya
minculrnSn ensemble
des tribus hassnn de
l'Adrar
Cette figure est extrêmement simplifiée et ne rend pas compte de l'ensem
ble des relations généalogiques établies. On peut néanmoins se demander si
ces représentations n'aboutissent pas à la constitution du cyme par lequel
nous caractérisions l'organisation lignagère et segmentaire : le modèle, dévelop
pé, en aurait l'apparence et il a pu être ainsi représenté (Marty 1919). Cette
assimilation me semble abusive, car la logique de ces bifurcations généalogiques
n'est pas de fonder un système relationnel englobant tous les segments. Elle
prolonge le précédent exposé linéaire pour définir les degrés de proximité
sociale et/ ou statutaire qui existent entre les groupes actuels : elle exprime
donc des hiérarchies où se conjuguent étroitement ordre social et ordre statu
taire. Le schéma suiva

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