Recherches sur la police  ; n°2 ; vol.2, pg 215-231
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Déviance et société - Année 1978 - Volume 2 - Numéro 2 - Pages 215-231
17 pages

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Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

C. Fijnaut
Lode Van Outrive
Recherches sur la police
In: Déviance et société. 1978 - Vol. 2 - N°2. pp. 215-231.
Citer ce document / Cite this document :
Fijnaut C., Van Outrive Lode. Recherches sur la police. In: Déviance et société. 1978 - Vol. 2 - N°2. pp. 215-231.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1978_num_2_2_1361Déviance et Société, Genève, 1978, vol. 2, No 2. p. 215-231
Actualités bibliographiques.
RECHERCHES SUR LA POLICE
C. FEYNAUT et L. VAN OUTRIVE *
Les recherches sur la police ont été autrement développées en
Amérique du Nord qu'en Europe Occidentale. Avant les années 70 on y
pratiquait trois types de police science : aussi bien une science de
l'organisation qu'une sociologie de la police, surtout interactioniste, en
outre une approche sociétale et historique. A partir des années 70, les
manuels d'organisation policière ont été remplacés par de multiples
publications de recherches sur le rendement policier. La recherche
sociologique piétine et se répète. De plus se développe une littérature
quasi-juridique, inspirée par le mouvement des civil rights. Tout à fait à
part continue une recherche socio-historique qui devient récemment
plus critique et radicale.
En Europe Occidentale ce sont les années 60 qui forment une
certaine ligne de démarcation entre deux périodes. Avant 1960 la
science de la police était pratiquée uniquement sous la forme d'études
juridiques et historiques. Après et jusqu'à nos jours se dessinent trois
grandes tendances : une approche sociologique, aussi bien de sociologie
organisationnelle qu'interactionniste, ensuite quelques rares recherches
opérationnelles et finalement une approche historique élargie c'est-à-
dire des recherches socio-politiques et/ou critiques **. (voir note p. 216).
A. L'Amérique du Nord
1. En Amérique du Nord, on a tout d'abord attaqué le problème de
la police et sa professionnalisation d'une façon pragmatique. Après
A. Vollmer ! , appelé le père du professionnalisme policier
* Katholieke Univerâteit, Leuven.
215 O.W. Wilson 2 , était considéré jusqu'à très récemment comme le plus
grand expert de la réorganisation policière 3 . Dans le plus pur style
taylorien il prêchait l'efficience par le scientific management : par la
hiérarchisation, la bureaucratisation, la rationalisation, la standar
disation technologique et par la centralisation {command decision
making). V.A. Leonard 4, et W.H. Parker 5, voulaient eux aussi amélior
er la qualité des services par la réorganisation. La série des manuels a
été clôturée par une analyse organisationnelle déjà moins normative 6 .
Plus récemment, plusieurs auteurs exprimaient l'avis qu'il fallait plutôt
changer les hommes, en améliorant la formation, la mentalité et la
sélection 7 .
2. La sociologie de la police débutait en 1950 avec l'analyse en
profondeur d'une organisation policière à Gary dans l'Indiana 8 . C'était
le début de toute une approche organisationnelle et interactionniste qui
révélait l'existence d'une organisation informelle et d'une sous-culture
policière. On néglige souvent ce genre de recherches, très intéressante
parce qu'elle se base très explicitement sur la théorie des rôles 9 .
En plus de ce phénomène de la sous-culture policière, on "détect
ait" le pouvoir discrétionnaire de la police dans ses interactions avec le
public ! ° . Au même moment, Y American Bar Association finançait
une grande recherche sur le pouvoir discrétionnaire de la police en
matière d'arrestations, qui traite en même temps des problèmes juridi
ques ! * . Une des rares études juridiques sur la même matière avait été
publiée quelques années plus tôt * 2 . Les auteurs rencontrent couram
ment le problème de l'interaction de la police avec des groupes minorit
aires, surtout des noirs. Parfois on y prête une attention tout à fait
particulière 1 3 . Suite à une recrudescence des mouvements populaires,
de riots et de manifestations publiques dans les années 60, plusieurs
recherches ont été orientées vers ces phénomènes, avec pour objectif de
décrire la confrontation stratégique et/ou violente entre les mouvem
ents, la protestation et la police 1 4 . Finalement l'étude de
J.Q. Wilson 1 5 démontrait que les différentes stratégies policières,
"codes du système" et types de surveillance {watchman style — service
style — legalistic style) dépendent largement du contexte situationnel,
organisationnel et surtout de politique locale. L'interaction entre la
police et les jeunes est d'ailleurs conditionnée de la même façon * 6 .
** II existe une littérature policière très vaste : des mémoires, des écritures politiques, des
romans. Tout cela dépasse le cadre de cette bibliographie. Nous n'avons mentionné non plus
ni les rapports de séminaires et de colloques, ni tous les rapports de commission d'enquête
sur les activités de la police dont l'Amérique du Nord surtout s'est fait une certaine
spécialité. Finalement, dans des études sur les conflits sociaux, économiques, raciaux et
politiques, on traite de temps à autre de la police; nous n'avons mentionné que celles qui le
font d une manière très explicite. Enfin il est tout à fait impossible d'énumérer les
innombrables articles de revue, les meilleurs étant écrits par les auteurs cités.
216 Dans la même optique, quoiqu'un peu plus empirique se situent
trois recherches du groupe de recherche sur l'Administration de la
Justice, du Québec : "La société face au crime — les rapports
Prévost" * 7 . Toutes ces recherches étaient réalisées sur la police, pas
forcément pour la police. Elles étaient néanmoins d'une inspiration
libérale (au sens anglo-saxon), technocratique et réformatrice. Les prati
ciens en tiraient la conclusion que la police professionnalisée doit
(laisser) contrôler son pouvoir discrétionnaire, par une éducation plus
poussée surtout dans le domaine des relations humaines et de la respons
abilité individuelle et de groupe, qu'elle doit fonctionner d'une façon
beaucoup plus douce et surtout plus décentralisée. Les chercheurs ne
croyaient pas dans le community control, lancé par A.J. Waskow 18 et
par A.D. Black * 9 . Ces écrits entamaient en même temps le thème des
civil rights des citoyens envers la police. Ces sociologues ne mettaient
pas du tout en question le système policier. Pour eux, le contexte
politique dans lequel la police évolue n'est que la communauté et
l'administration politique immédiate et de chaque jour.
Il est indéniable que le travail de ces sociologues a fortement
inspiré The President's Commission on Law Enforcement and Administ
ration of Justice et son rapport très connu 2 0. De la même façon a été
influencée The National on the Causes and Prevention of
Violence dans son rapport final 2 1 .
3. L'approche sociétale et historique se révèle généralement plus
critique, en ce sens que la police est située dans le jeu des grands
intérêts aussi bien économiques que politiques et qu'elle développe
toutes sortes de pratiques discutables. On y apprend beaucoup sur le
fonctionnement de la police, informations qu'on ne trouve pas dans les
recherches sociologiques traditionnelles 2 2 . Après une longue période
de silence paraît en 1959 l'oeuvre très connue de M. Lowenthal et plus
tard celle de R. Lane 2 3 . G. Berkeley 2 4 compare le système américain
avec celui de quatre pays occidentaux.
1. Après 1970 les "manuels" d'organisation policière ont été remplac
és par des publications de recherches comparatives et/ou expéri
mentales sur le rendement de la police et surtout sur les différents
systèmes de surveillance ou de patrouille. P. Larson 2 5 en a probable
ment été l'initiateur. Puis arrivait la recherche de D.C. Shoup et
S.L. Mehay 26. Sur le même thème des systèmes de patrouilles étaient
entreprises par T. Pâte et al. les très fameuses recherches pour la Police
Foundation à Kansas City en 1974 2 7 et par J.E. Boydstun et al, à San
Diego en 1975 28. De ces recherches il ressort qu'il est à pe

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