Régime de parti unique et systèmes d inégalité et de domination au Cameroun : esquisse. - article ; n°69 ; vol.18, pg 5-35
32 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Régime de parti unique et systèmes d'inégalité et de domination au Cameroun : esquisse. - article ; n°69 ; vol.18, pg 5-35

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
32 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Cahiers d'études africaines - Année 1978 - Volume 18 - Numéro 69 - Pages 5-35
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Jean-François Leguil-
Bayart
Régime de parti unique et systèmes d'inégalité et de domination
au Cameroun : esquisse.
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 18 N°69-70. 1978. pp. 5-35.
Abstract
J.-F. Bayart. Single Party Regime and Patterns of Unequality and Domination in Cameroon: An Outline.
'Pro-Western'—or 'non-socialist'—African single party regimes are often accused of being mere puppets of the neo-colonialist,
capitalistic 'center'. Yet, even if the generai model of center/periphery relations holds substantially good, a closer look at regimes
such as the Camerounian one shows that they manage to retain, within this framework, a certain freedom of action. The same
phenomenon obtains to a degree at the level of international relations where the dominance effects are alleviated simultaneously
by survivais of precolonial patterns and by the effects of social change.
Citer ce document / Cite this document :
Leguil-Bayart Jean-François. Régime de parti unique et systèmes d'inégalité et de domination au Cameroun : esquisse. In:
Cahiers d'études africaines. Vol. 18 N°69-70. 1978. pp. 5-35.
doi : 10.3406/cea.1978.2392
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1978_num_18_69_2392ET POLITIQUES POLITIQUE
JEAN-FRAN OIS BAYART
Régime de parti unique et systèmes inégalité
et de domination au Cameroun esquisse*
Dans un ouvrage récent Leys 1975 209 sq. invite les africanistes
interpréter les régimes de parti unique en termes de bonapartisme
au sens marxien du concept Nous souscrivons cet appel et essaierons
illustrer la richesse de cette démarche partir de exemple camerou
nais Mais il nous paraît indispensable établir au préalable que tat
autoritaire en Afrique noire conjugue deux ordres de dynamiques ana-
lytiquement distincts dynamiques du système capitaliste mondial
dynamiques internes et spécifiques aux formations sociales périphériques
Historiquement la colonisation constitué un processus extension
du mode de production capitaliste La domination de la bourgeoisie
métropolitaine sur les formations sociales périphériques effectuait par
intermédiaire un certain nombre de couches sociales administration
et armée coloniales clergé corps enseignant et sanitaire intermédiaires
autochtones Le mode de production capitaliste ne tendait pas devenir
exclusif mais au contraire se soumettre sans les désintégrer les modes
de production préexistants son extension demeurait fondée sur accumu
lation primitive du capital et sur le marché externe effort de pénétra
tion et organisation de la société politique et de la société civile il
était pas niable apparaissait limité dans son ambition partir de
1945 ce système de domination commen subir une restructuration
importante Par comparaison aux débuts du capitalisme le stade impé
rialiste qui correspond au capitalisme monopoliste est marqué par le
déplacement de la dominance de économique au politique et par inté
riorisation de la dépendance et de la reproduction capitaliste Poulantzas
1974 47 sq. Dans la plupart des tats Afrique noire étape de la
décolonisation pacifique au bénéfice de la couche des intermédiaires
autochtones du système colonial relève de ce processus de reproduction
induite du mode de production capitaliste de dominante la bourgeoisie
centrale attache devenir dirigeante par la mise en place un bloc
historique néo-colonial dont elle demeure la classe fondamentale bien
absente des formations sociales périphériques et au sein duquel elle
Cet article prétend seulement ouvrir un débat et une perspective de recherche
que nous estimons négligés et que nous tenterons de poursuivre dans les prochaines
années Nous nous sommes délibérément abstenu en développer la dimension
théorique jugeant prématuré tout effort de systématisation par rapport la connais
sance que on peut actuellement avoir de la société camerounaise
Cahiers tudes africaines 69-70 XVIII-i-2 pp 5-35 OIS BAYART JEAN-FRAN
appuie sur des couches auxiliaires autochtones Mais est pour
cette raison que nous les avons choisis les concepts de bloc historique
et de direction hégémonique si on les utilise dans le sens que leur
donne Gramsci impliquent autonomie organique des couches auxi
liaires responsables de intériorisation du mode de production capitaliste
par les formations sociales africaines Ils excluent toute description
des dirigeants politiques en termes de fantoches et de marionnettes
tat autoritaire en Afrique noire participe un second ordre de
dynamiques internes aux formations sociales autochtones Les sys
tèmes inégalité et de domination1 qui prévalaient avant la colonisation
ont pas été gommés par celle-ci hui encore ils poursuivent
leur devenir historique sous le couvert des institutions néo-coloniales
les rapports ancestraux entre aînés et cadets sociaux enrichis une dimen
sion inédite et un nouveau contenu se retrouvent transposés au sein
des appareils politiques et économiques de Etat capitaliste autoritaire
et médiatisés par ceux-ci une fa on spécifique il est évident que le
mode de production capitaliste et son vecteur politique tat
se subordonnent des modes de production et des modes organisation
sociale préexistants pour fonctionner il est pas moins vrai que les sys
tèmes historiques inégalité et de domination se soumettent leur tour
le mode de production capitaliste et ses expressions politiques et se
reproduisent travers eux sous des formes renouvelées et élargies
Cette distinction analytique entre dynamique du système capitaliste
mondial et dynamiques internes aux formations sociales périphériques
demande être elle-même dépassée Très tôt souvent bien avant le
xixe siècle le mode de production capitaliste est fondu avec les pro
cessus économiques et politiques autochtones Les rapports sociaux
internes aux sociétés africaines anciennes et les relations entre celles-ci
une part de autre les processus de capitalisation constituent immé
diatement la même réalité ils doivent être pensés simultanément
Il serait donc erroné attribuer tat autoritaire en Afrique noire
et aux couches sociales qui le contrôlent une base de formation étrangère
aux sociétés ils prétendent dominer comme semble le suggérer
Martin 1975 Reconnaître au contraire unité organique de action
sociale autochtone et du processus de capitalisation revient accorder
une importance primordiale la dimension historique de la construction
autoritaire contemporaine
HISTOIRES ET STRUCTURES ANCIENNES
Sans il soit possible dans le cadre de cet article de décrire les
systèmes inégalité et de domination du Cameroun précolonial dans leur
Nous empruntons BALANDIER 1974 chap ce concept de système
inégalité et de domination LE PARTI UNIQUE AU CAMEROUN
extrême diversité il convient en souligner trois particularités essen
tielles pour la suite de notre propos
En premier lieu la richesse paraît avoir été mesurée une manière
assez générale au nombre de gens dont on pouvait se targuer de disposer
Cette vision des choses qui faisait des relations de clientèle un aspect
fondamental des sociétés politiques amenait en outre les systèmes
inégalité et de domination épouser étroitement les rapports de parenté
Les dépendants étaient avant tout les cadets les ni et les femmes
cela est vrai naturellement des sociétés lignagères mais aussi des chef-
feries méta-lignagères de Ouest et du système pseudo-féodal des Peul
dans le Nord Pouvoir parenté et rapports de production étaient en
relation dialectique Balandier 1969 et 1974 chap 1-2 Gouellain 1975
Meillassoux 1976 Rey 1971 Tardits 1965 1973 Nous verrons que
de nos jours ce sont les lignes inégalité qui se reproduisent dans
une assez large mesure ombre de tat autoritaire capitaliste
En second lieu inégalité et la domination sociales revêtaient dans
les sociétés anciennes une dimension sacrée mieux vaudrait dire
étaient sacrées Les chefs fondaient leur autorité sur leur communion
au cosmos exprimait leur prospérité Les idées inégalité injustice
étaient probablement pas vécues on acceptait que les cinq doigts
de la main aient pas la même taille et on ne cherchait pas mesurer
le mollet et la cuisse proverbes yambasa Ne survenaient que des
différences qui étaient naturellement exploitées des fins de puissance
De plus la richesse des uns semble avoir été ressentie

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents