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REVE OU MYTHE ? DEUX FORMES ET DEUX DESTINS DE L'IMAGINAIRE René ...

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REVE OU MYTHE ? DEUX FORMES ET DEUX DESTINS DE L'IMAGINAIRE
René Kaës
Pour introduire mon propos, quelques remarques terminologiques sur le mot mythe ne sont pas
inutiles. Emprunté au grec muthos, le mythe est primitivement et essentiellement une suite de
paroles qui ont un sens, il est un discours, un discours public. Il est aussi le contenu de ces
paroles, il est une pensée. Ce n'est que par une spécialisation secondaire, dès l'épopée
homérique, qu'il prend la valeur d'une fiction, d'une histoire inventée, d'un récit imaginaire, d'une
fable ou d'une allégorie. Le mythe s'oppose à la réalité, entendez la réalité comme butée de
l'imaginaire, mais il est un discours vrai. À la fin du XIXème siècle, mythe désigne une
représentation idéalisée d'un état passé de l'humanité, souvent d'une origine de celle-ci. C'est au
XXème siècle que lui sera attribué un rôle déterminant dans les représentations d'une collectivité
(Lévi-Strauss, Anthropologie structurale) ou d'un individu (Lacan, Le mythe individuel du névrosé).
Si nous voulons penser les rapports du rêve et du mythe, c'est donc dans l'acception secondaire
du mythe que nous aurons à situer notre recherche : ce sont deux formes de l'imaginaire, mais ce
sont aussi deux modes de représentation qui portent un sens à déchiffrer, un sens primordial
concernant le passé de la psyché et le passé de l'humanité. Cette équation a été le fond de la
pensée de Freud, d'Abraham et de Rank. D'emblée, les affinités du rêve et du mythe sont établies,
l'accent mis sur leurs similitudes l'emportant sur l'analyse de leurs différences.
Je voudrais dans cette conférence soutenir l'argument suivant : rêve et mythe sont formés de la
même matière psychique de base, mais ils organisent ce matériel selon des logiques et des
fonctions distinctes. Rêve et mythe sont deux discours qui ont un sens à la fois essentiel et obscur.
Ce sont deux formes de l'imaginaire, l'imaginaire explorateur de l'inconnu (le rêve) et l'imaginaire
explicatif de celui-ci (le mythe). Le rêve est l'imaginaire de l'intime alors que le mythe est
l'imaginaire public, collectif, social. Dans cette perspective, il est particulièrement pertinent de
tenter de saisir comment rêve et mythe ont des destins différents, et de quelle manière s'articulent
leurs rapports dans les groupes, lieu méthodologiquement organisé pour saisir les passages et les
transformations : entre l'intime, le partagé et le public.
Je voudrais montrer les continuités entre rêve et mythe, mais aussi et peut-être surtout, insister sur
les oppositions entre rêve et mythe. Pour cela je ferai tout d'abord un bref rappel des thèses
psychanalytiques fondatrices (chez Freud, O. Rank et K. Abraham), puis je prendrai appui sur la
clinique de la cure et sur celle du groupe.
I. REVE ET MYTHE.
Une phrase de Freud illustre cette continuité : " Les contes et les mythes sont les rêves de
l'enfance de l'humanité ".
Rêve et mythe dans la pensée de Freud
Puisque le rêve est pour Freud la voie royale d'accès à l'inconscient, le mythe lui en ouvre aussi
l'espace, et ceci de trois manières :
1° C'est par la voie du recours du mythe (mais aussi à la légende et au conte), que Freud invente
le complexe d'Odipe, le narcissisme, les concepts de l'inquiétante étrangeté, les trois visages de la
femme... C'est en inventant un mythe qu'il dévoile, avec Totem et Tabou, la face refoulée (par lui)
du complexe d'Odipe. Cette utilisation mythopoétique du mythe illustre la transformation, par
retournements successifs, des rapports du fantasme, du mythe et de la théorie. Elle a chez Freud
valeur de méthode.
2° Comme la légende et le conte, le mythe est fait du matériau de la psyché, son étoffe est celle
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