Revue générale de philosophie et de morale - article ; n°1 ; vol.10, pg 348-369
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Description

L'année psychologique - Année 1903 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 348-369
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1903
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

P. Malapert
Revue générale de philosophie et de morale
In: L'année psychologique. 1903 vol. 10. pp. 348-369.
Citer ce document / Cite this document :
Malapert P. Revue générale de philosophie et de morale. In: L'année psychologique. 1903 vol. 10. pp. 348-369.
doi : 10.3406/psy.1903.3558
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1903_num_10_1_3558REVUE GENERALE DE PHILOSOPHIE
ET DE MORALE
M. Lévy-Bruhl s'est proposé de montrer que les rapports de la
théorie et de la pratique, en morale, ne seront normalement orga
nisés que du jour où l'on aura définitivement substitué à la morale
théorique traditionnelle une science positive des mœurs, et à la
morale pratique un art moral rationnel. Il s'efforce de déterminer
les conditions et les caractères de cette science, la nature et la
portée de cet art. Ouvrage excellent, d'une vigueur et d'une fermeté
remarquables, auquel on peut toutefois objecter que, peut-être, par
excès de simplification, il néglige certains éléments du problème.
— M. Rauh estime que l'attitude scientifique en morale doit être
également distinguée du point de vue sociologique et du point de
vue métaphysique, elle est proprement expérimentale, bien que
portant sur l'idéal. Ce qu'est cette expérience morale, quelles en
sont les règles, à quel genre spécial de certitude elle conduit,
tels sont les principaux points étudiés dans ce livre dont les conclu
sions restent assez incertaines et obscures. — En des pages singuli
èrement vivantes, d'une inspiration très libre et très généreuse,
M. Séailles a voulu dégager les croyances fondamentales de la
conscience moderne, définir les devoirs nouveaux qu'elle nous
impose, préciser l'idéal laïque qui se substitue aux dogmes morts.
— La Morale de Höffding, sans rompre avec les conceptions ordi
naires, se fait remarquer par un soin très louable de tenir un
compte plus rigoureux des données positives de la psychologie et
surtout de la sociologie dans l'étude des problèmes moraux.
P. Malapert.
L. LÉVY-BRUHL. — La morale et la science des Mœurs.
1 vol. in-8, 300 p., Paris, Alcan, 1903.
On ne trouvera dans l'ouvrage de M. Lévy-Bruhl rien qui
ressemble à une critique des divers systèmes de morale, ni à un
traité de morale, aune détermination des fins de l'activité, du bien
ou du devoir. Son but est tout autre.
A considérer les morales humaines dans leur évolution, ou plutôt P. MALAPERT. — PHILOSOPHIE ET MORALE 349
encore à considérer le rapport qui s'établit entre ces morales et la
pensée, on peut distinguer trois phases principales : — La morale
d'une société donnée commence par être spontanée, en ce sens
qu'elle est purement et simplement ce que l'ont faite les croyances
religieuses, les institutions, l'ensemble des conditions dans les
quelles s'est développée cette société, en ce sens aussi que l'indi
vidu connaît et observe les obligations et les défenses morales
sans se demander d'où elles viennent, de quoi elles tirent leur autor
ité; — ensuite apparaît un stade dans lequel la réflexion s'applique
à cette moralité réelle et concrète, pour la systématiser, universal
iser et rationaliser ses prescriptions, pour la fonder, c'est-à-dire
la justifier, lui chercher des principes : c'est la période des morales
théoriques ; — enfin nous voyons s'annoncer et s'imposer une
troisième phase où la réalité morale sera étudiée scientifiquement,
objectivement, comme une nature donnée au même titre que la
nature physique, qu'il s'agit de connaître, clans ses éléments, sa
formation, ses relations avec les autres ordres de faits sociaux, ses
lois statiques ou dynamiques.
Ce qu'a voulu M. Lévy-Bruhl c'est établir que le second point de
vue doit définitivement faire place au troisième, qu'il n'y a pas et
ne peut pas y avoir de morale théorique, au sens ordinaire de ce mot,
qu'il est nécessaire, par contre, de constituer une science positive
des mœurs, — et c'est du même coup montrer comment de cette
science sortira un art rationnel, de telle façon que soient enfin
normalement établies en morale les relations de la théorie et de la
pratique.
Les morales théoriques, quelles qu'elles soient, rationalistes et
métaphysiques ou empiriques et utilitaires, se rapportent toutes à
l'action, qu'elles ont la prétention de régler; toutes se proposent de
déterminer les fins que l'homme doit poursuivre, d'établir entre
ces fins une hiérarchie, de fonder des jugements de valeur, selon
l'expression de Lotze ; toutes veulent être législatives, normatives,
comme dit Wundt. Dans ces conditions, la différence qu'il y a entre
la théorie et la pratique se réduit à ce que la première se tient
dans la région des principes, cherche à formuler et à coordonner
les concepts abstraits et généraux du devoir, du bien, de la justice,
tandis que la seconde descend dans le détail des applications
spéciales, des obligations particulières. Mais ces morales théoriques,
précisément parce qu'elles ont pour objet de fournir des règles de
conduite, ne sont théoriques que de nom, n'ont pas un caractère
scientifique. Le concept même d'une science législative en tant que
science est contradictoire. La science, à coup sûr, donne aux appli
cations pratiques une base solide, mais son unique fonction est de
connaître. « Une morale, même quand elle veut être théorique, est
toujours normative ; et, précisément parce qu'elle est toujours
normative, elle n'est jamais vraiment théorique » (p. 12).
C'est ce que rend manifeste l'examen des caractères essentiels
des morales théoriques existantes. — La morale, dit-on, n'est pas de
même nature que les sciences physiques, et le rapport entre la 350 REVUES GÉNÉRALES
théorie et la pratique ne saurait être le même ici et là. Quand il
s'agit de modifier une réalité donnée, notre intervention suppose la
connaissance des faits et des lois; elle en dépend même exclusive
ment. Mais la pratique morale a rapport au bien et au mal, qui
dépendent de nous; de telle façon que la morale théorique n'a pas
à connaître ce qui est, mais à déterminer ce qui doit être. — Que faut-
il donc entendre par ce qui doit être'! On le conçoit comme un ordre
moral supérieur à l'ordre naturel. Seulement ici deux interpréta
tions sont possibles, et toutes les morales se réfèrent soit à l'une,
soit à l'autre : ou bien l'ordre est regardé comme ayant ses condinécessaires dans naturel, ou bien il est regardé comme
en différant toto génère. Les doctrines de la première catégorie
supposent donc une science préalable de ce qui est. Toutefois elles
ne sont théoriques que par accident. En effet les unes se fondent
sur des vérités métaphysiques, et cette connaissance qu'on peut
bien dire théorique n'appartient nullement à la morale. Les autres
empruntent leurs principes aux sciences psychologiques, histori
ques, sociologiques, sans vouloir se résigner à reconnaîfre qu'en
tant que morales elles sont normatives mais non pas théoriques.
Quant aux doctrines du second type, elles estiment que l'ordre
moral, le bien et le mal moral ont leur existence propre, sont sans
rapport avec ce qui est, et la science de ce qui doit être se construit
alors absolument a priori. Kant a poussé cette entreprise avec une
vigueur qui n'a jamais été dépassée, et personne ne pense plus
qu'il y ait réussi.
Autre chose : les morales théoriques divergent toutes, s'opposent
comme inconciliables, se réfutent les unes les autres sur les
principes, et néanmoins s'accordent sur les devoirs particuliers
qu'elles prétendent en tirer. A quoi cela tient-il? A ce que les
morales théoriques ne font rien de plus que s'efforcer de légitimer,
de rationaliser les morales pratiques qui, bien loin d'être déduites,
sont posées en réalité comme données, et sont la norme sur
laquelle doit se régler la prétendue théorie. La preuve, c'est que
celle-ci ne saurait être en désaccord avec la pratique communément
admise sans que nous la déclarions

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