Silence, dénégation, affabulation : le souvenir d une grande défaite dans la culture portugaise - article ; n°1 ; vol.46, pg 3-24
23 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Silence, dénégation, affabulation : le souvenir d'une grande défaite dans la culture portugaise - article ; n°1 ; vol.46, pg 3-24

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
23 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1991 - Volume 46 - Numéro 1 - Pages 3-24
Silence Denial Mythmaking : The Memory of Great Defeat in Portuguese Culture.
Remembrance and oblivion are the two facets of collective memory that have so far attracted the attention of historians and social scientists. In this paper the author sug gests that both these processes should be associated with others such as repression, lying mythmaking, etc. She elaborates her assumption through case study of a national tragedy- the traumatic Portuguese defeat in the Battle of the Three Kings of 1578- in Portuguese culture from the XVIth century to the present.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Lucette Valensi
Silence, dénégation, affabulation : le souvenir d'une grande
défaite dans la culture portugaise
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 46e année, N. 1, 1991. pp. 3-24.
Abstract
Silence Denial Mythmaking : The Memory of Great Defeat in Portuguese Culture.
Remembrance and oblivion are the two facets of collective memory that have so far attracted the attention of historians and
social scientists. In this paper the author sug gests that both these processes should be associated with others such as
repression, lying mythmaking, etc. She elaborates her assumption through case study of a national tragedy- the traumatic
Portuguese defeat in the Battle of the Three Kings of 1578- in Portuguese culture from the XVIth century to the present.
Citer ce document / Cite this document :
Valensi Lucette. Silence, dénégation, affabulation : le souvenir d'une grande défaite dans la culture portugaise. In: Annales.
Économies, Sociétés, Civilisations. 46e année, N. 1, 1991. pp. 3-24.
doi : 10.3406/ahess.1991.278925
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1991_num_46_1_278925DIRE LE VRAI
SILENCE DENEGATION AFFABULATION
LE SOUVENIR UNE GRANDE FAITE
DANS LA CULTURE PORTUGAISE
LUCETTE VALENSI
Dans la floraison de travaux récents sur la mémoire collective objet
mémoire est généralement con comme une construction dont les matériaux
sont mis en uvre en raison de leur pertinence1 Pertinence car le fait remé
moré marqué un tournant ou une rupture dans une chaîne continue événe
ments Ou bien parce il été vécu comme une expérience forte qui aura
marqué durablement les individus qui ont partagée Corollairement si la
mémoire collective rassemble des matériaux solides on semble croire que ce
elle rejette est simplement pas pertinent Les faits les fragments expé
rience les événements insignifiants tombent tout naturellement dans oubli
Le trou de mémoire apparaît donc comme une sorte entonnoir où vont se
dégrader les déchets inutiles impropres se métamorphoser en souvenirs par
tagés Dans le couple antithétique mémoire/oubli qui organise notre pensée la
mémoire est un processus actif de sélection élaboration de construction la est un chantier dont oubli re oit les décombres inverse ne se pro
duit en situation pathologique Ma mémoire Monsieur est comme un
tas ordures dit le héros de Borges qui se rappelle toutes les feuilles de tous
les arbres de toutes les forêts il vues
Ainsi oubli est que envers de la mémoire est frappant cet égard
observer absence une réflexion sur oubli dans les travaux fondateurs de
Halbwachs ou de Bastide2 comme chez les auteurs les plus récents Paradoxa
lement Halbwachs ouvrait Les cadres sociaux de la mémoire sur un cas
amnésie individuelle celui de enfant sauvage trouvée Chal Mais il dit
déjà ce il reformulera la fin du livre enfant ne se souvient de rien parce
elle pas de groupe xv oubli survient en creux par effacement
par perte du souvenir par érosion de la mémoire 218 il frappe de nullité
les fragments expérience qui ne sont pas pertinents pour le présent est
donc la mémoire processus vivant et toujours sujet variations il agit
Annales ESC janvier-février 1991 n0 pp 3-24 DIRE LE VRAI
étudier Dans La mémoire collective Halbwachs con oit de nouveau oubli
comme un changement social la marque un défaut de communion de la rup
ture une appartenance est pour être détaché de son groupe qui lui
fournit normalement le support de sa mémoire que individu oublie Oublier
une période de sa vie écrit-il est perdre contact avec ceux qui nous entou
raient alors 10 quoi on rétorquera sans peine que amputation peut
au contraire nourrir la nostalgie et donc le souvenir
On sait bien quand il agit de psychologie individuelle que le couple
mémoire/oubli épuise pas les opérations qui se font sur expérience vécue et
que la mémoire est pas le seul processus actif qui entre en jeu Silence cen
sure oblitération refoulement amnésie mais aussi dénégation mensonge
font partie de la production une mémoire Il convient donc non pas de casser
le couple mémoire/oubli mais inscrire ces deux termes dans la constellation
des notions dont ils sont inséparables
Peut-on dès lors constituer le mensonge ou amnésie collectifs en objet
historique Peut-on en historiens traquer ce une communauté refuse de se
rappeler peut-on déterrer le souvenir enfoui prêter oreille au silence saisir
comment un épisode un homme une action ont été rayés de la mémoire ou
remémorés au prix un travestissement de faits vérifiables par ailleurs3
oubli et je dirai même erreur historique écrivait déjà Renan sont un
facteur essentiel de la création une nation et est ainsi que le progrès des
études historiques est souvent pour la nationalité un danger Beaucoup ont
compris cette loi et les cas de mensonge officiel offrent innombrables
observation Les plus évidents sont ceux des régimes totalitaires qui ont régle
menté la mémoire nationale évacuant des célébrations des publications des
manuels et des sources documentaires elles-mêmes les victimes du système
quitte les faire resurgir au détour une réhabilitation Les tats mal assurés
de leur légitimité tendent également faire des coupes sombres dans le passé
pour imposer une mémoire officielle Il est aisé de voir pourquoi le passé est
soumis de telles manipulations Il serait sans doute aussi aisé de trouver et
interpréter autres exemples amnésie forcée compris sous des régimes
qui ne sont ni jeunes ni autoritaires est bien ce implique affirmation de
Renan
Les recherches récentes ont aussi souligné la coexistence de mémoires
concurrentes dans les ensembles nationaux Les groupes qui affrontent dans
une société développent une politique de la mémoire choisissant ce il faut
retenir du passé mais aussi ce il convient de chasser du souvenir étude
différentielle de leur mémoire nationale/régionale officielle/ouvrière/pay
sanne féminine ou non etc devrait permettre de repérer ce que chaque
groupe fait tomber dans oubli au profit de représentations du passé qui lui
sont propres
une manière plus générale on pourrait dire encore que la mémoire collec
tive partage quelques traits avec album de famille Celui-ci aide-mémoire du
groupe domestique organise dans un ordre généralement chronologique les
hauts faits vécus ensemble Mais il ne retient vrai dire que les événements heu
reux Va-t-on enregistrer un échec scolaire ou professionnel un conflit un
divorce un enterrement Non album remet en scène les célébrations
joyeuses De même la mémoire collective préfère les victoires Si un groupe VALENSI UNE FAITE DANS LA CULTURE PORTUGAISE
subi un revers il doit pleurer ses morts il faut alors il agisse de victimes
de héros ou de martyrs Un maréchal qui perdu une bataille aura pas de
nom de rue un bourreau pas de statue est ainsi non seulement parce que le
mauvais stratège ne saurait être donné en exemple aux générations suivantes
non parce un crime est pas une histoire édifiante mais parce que les mau
vais souvenirs ne sauraient être célébrés en commun
Règle sans doute trop générale Car la célébration est pas la seule forme de
co-mémoration de reprise en compte collective du passé La connaissance cri
tique explication permettent aussi assumer un sans gloire et les ten
sions il connues Et il est arrivé que le malaise produit par un passé odieux
se guérisse non par le refoulement mais par anamnese Les Allemands de
après-guerre avaient le choix parler ou faire silence si on choisissait de
parler exposer la vérité ou la travestir La vérité tout entière Qui sera jamais
assuré de avoir identifiée Questions douloureuses Mais on peut dire que
toutes les voies ont été explorées et continuent de être
Reste que les mauvais moments une société ou un groupe donnés ont tra
versés sont ceux que la mémoire collective aura le plus de mal traiter histo
rien pourrait donc repérer ces moments pour suivre par quelles opérations
quelles ruses peut-être ils ont été rayés du souvenir ou soumis des traitements
tels ils pouvaient être transmis aux générations ultérieures est en tout cas
cette direction on empruntera ici pour rechercher les traces un événe
ment laissées chez les descendants des protagonistes Cet événement la
bataille des Tr

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents