Spécialisation internationale et croissance nationale : une approche par la théorie des créneaux - article ; n°3 ; vol.25, pg 395-435

Gérard Lafay

Description

Revue économique - Année 1974 - Volume 25 - Numéro 3 - Pages 395-435
Specialisation internationale et croissance nationale : une approche par la théorie des créneaux
Souvent étudiée dans une optique statique et fataliste, la spécialisation internationale joue un rôle important dans le processus de croissance de chaque économie nationale. Pour analyser cette influence à moyen terme, il est possible de généraliser les méthodes microéconomiques de gestion, tout en tirant les ensei­gnements des modèles multinationaux d'interdépendance — en particulier le modèle moïse élaboré par le Groupe d'Etudes Prospectives Internationales. Cette approche nouvelle permet alors de proposer une explication dynamique et volontariste des liaisons entre la croissance et la balance commerciale, fondée sur l'évolution différenciée de la demande, conduisant ainsi à esquisser une théorie macroéconomique des créneaux.
International specialization and national growth : an approach by the theory of commercial « loop-holes »
Offert studied from a static and fatalistic point of view, international specialization plays an important part in each national growth process. In order to study this medium range influence, it is possible to extend microeconomic methods of management while using the conclusions of multinational interdependence models — as model Moïse devised by the « Groupe d'Etudes Prospectives Internationales ». This new approach gives a dynamic explanation — based on demand — of the relations between growth and trade balance, leading to a macroeconomic theory of commercial « loop-holes ».
41 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_ECONOMIQUE
• Publié le: 01 janvier 1974
• Nombre de lectures: 49
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Monsieur Gérard Lafay
Spécialisation internationale et croissance nationale : une
approche par la théorie des créneaux
In: Revue économique. Volume 25, n°3, 1974. pp. 395-435.
Résumé
Specialisation internationale et croissance nationale : une approche par la théorie des créneaux
Souvent étudiée dans une optique statique et fataliste, la spécialisation internationale joue un rôle important dans le processus
de croissance de chaque économie nationale. Pour analyser cette influence à moyen terme, il est possible de généraliser les
méthodes microéconomiques de gestion, tout en tirant les ensei-gnements des modèles multinationaux d'interdépendance — en
particulier le modèle moïse élaboré par le Groupe d'Etudes Prospectives Internationales. Cette approche nouvelle permet alors
de proposer une explication dynamique et volontariste des liaisons entre la croissance et la balance commerciale, fondée sur
l'évolution différenciée de la demande, conduisant ainsi à esquisser une théorie macroéconomique des créneaux.
Abstract
International specialization and national growth : an approach by the theory of commercial « loop-holes »
Offert studied from a static and fatalistic point of view, international specialization plays an important part in each national growth
process. In order to study this medium range influence, it is possible to extend microeconomic methods of management while
using the conclusions of multinational interdependence models — as model Moïse devised by the « Groupe d'Etudes
Prospectives Internationales ». This new approach gives a dynamic explanation — based on demand — of the relations between
growth and trade balance, leading to a macroeconomic theory of commercial « loop-holes ».
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Lafay Gérard. Spécialisation internationale et croissance nationale : une approche par la théorie des créneaux. In: Revue
économique. Volume 25, n°3, 1974. pp. 395-435.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1974_num_25_3_408153SPECIALISATION INTERNATIONALE
ET CROISSANCE NATIONALE
Une approche par la théorie des créneaux
I longuement étudiée, sur le plan théorique, par les auteurs clas
siques depuis Ricardo, la spécialisation internationale était autrefois
considérée comme la cause primordiale et comme la justification essent
ielle de l'échange. Cependant, depuis une quinzaine d'années, cette
théorie unitaire s'est dissociée, aboutissant ainsi à une « conception
pluraliste et éclectique des bases de l'échange» [19]. Désormais, la
spécialisation n'est plus conçue selon les anciens schémas classiques,
mais elle est replacée dans un ensemble de facteurs explicatifs. A la
lumière de l'expérience, la théorie économique s'est donc enrichie, et
l'on doit notamment citer les études de J. Drèze [9], S.B. Linder [21],
R. Vernon [30] et B. Lassudrie-Duchêne [18].
Dans le prolongement de ces travaux, il est aujourd'hui possible
d'entreprendre de nouvelles approches du phénomène de spécialisation,
d'une part en tirant les enseignements des modèles économétriques,
d'autre part en généralisant les méthodes qui sont appliquées concrè
tement au niveau microéconomique. Ces deux voies complémentaires,
qui paraissent également fructueuses, seront ici suivies conjointement.
Elles permettront ainsi, après avoir mis en évidence le rôle de la
spécialisation internationale dans le processus de croissance de chaque
économie nationale, de tenter une systématisation de la théorie des
« créneaux » au niveau macroéconomique. 396 REVUE ECONOMIQUE
I
LE ROLE DE LA SPECIALISATION
DANS LE PROCESSUS DE CROISSANCE
La confrontation des modèles théoriques et des modèles économét
riques devrait apporter une contribution notable au développement
de la science économique. Car le temps est révolu où les théories éc
onomiques étaient fondées essentiellement sur l'intuition et se situaient
à un degré élevé d'abstraction, cependant que les premiers modèles
économétriques reposaient fréquemment sur de simples corrélations
statistiques, apparemment excellentes mais dépourvues de véritable
caractère explicatif.
Le rapprochement de ces deux types de modèles s'est opéré d'une
double façon. D'une part, les modèles théoriques ont fait l'objet de
vérifications empiriques, notamment dans le domaine de la spéciali
sation internationale ; c'est ainsi que G. Mac Dougall [22] et Bêla
Balassa [1] ont essayé de vérifier la théorie ricardienne des coûts
comparés, cependant que Leontief [20] a été amené à formuler son
célèbre « paradoxe » en testant le modèle suédois d'Heckscher et
Ohlin. D'autre part, les modèles économétriques destinés à des fins
prospectives reposent de moins en moins sur de simples extrapolations
des tendances passées, car ils incluent désormais des raisonnements
théoriques : à titre d'exemple, on peut citer le modèle français FiFi,
basé sur la théorie des économies concurrencées qui a été élaborée
par Raymond Courbis [7], Une approche analogue peut donc être
retenue pour analyser les relations entre l'échange et la croissance
en tirant les enseignements de divers modèles économétriques, et en
particulier du modèle Moïse élaboré par le Groupe d'Etudes Prospect
ives Internationales (GEPI) [8] [16].
1. Echange international et croissance nationale
Les liaisons entre la croissance nationale et l'échange international
ne sont pas à sens unique, car si la croissance joue un rôle prédomi
nant dans la détermination de l'échange, celui-ci contribue à son tour
à la conditionner. SPECIALISATION INTERNATIONALE 397
Le premier type de liaison constitue le fondement de tous les
modèles de projection du commerce international. Dans une perspect
ive à court terme, les auteurs adoptent souvent une formule dissy
métrique, en calculant des fonctions d'importations totales qui sont
reliées principalement à la croissance globale de l'économie importat
rice ; les exportations en sont ensuite déduites, en calculant des parts
apparentes de marché sur les seules importations. Cependant, ce type
de modèle n'est pas adapté au moyen terme, car il sous-estime le
rôle moteur du pays exportateur dans la détermination de l'échange
international.
C'est pourquoi le modèle Moïse sépare les deux éléments fonda
mentaux qui expliquent l'évolution de l'échange au niveau bilatéral
auquel il se situe concrètement. D'une part, la croissance des besoins
de l'économie importatrice constitue le véritable phénomène de
demande — toutes choses égales d'ailleurs — se traduisant par un
« effet mécanique d'appel ». D'autre part, l'ensemble des autres fac
teurs se combinent pour modifier le partage général de chaque marché
national entre les producteurs locaux et chacun des producteurs
étrangers ; pour les produits manufacturés, la poussée d'implantation
commerciale résulte principalement du dynamisme du pays exportat
eur (effet « gravitationnel » ) et des efforts de spécialisation de chaque
économie, tandis que pour les matières premières le phénomène de
substitution est lié essentiellement à la dotation de chaque pays en
ressources naturelles, les efforts de spécialisation conservant un rôle
mineur.
Le second type de liaison, traduisant l'influence de l'échange inter
national sur la croissance nationale, constitue l'objet de cet article.
Il est plus difficile à saisir en raison du nombre des facteurs et de la
complexité des mécanismes. Sans prétendre effectuer un classement
exhaustif, on peut chercher à dégager les principaux effets en comb
inant deux critères :
— l'instrument de transmission (effets directs ou indirects);
— le niveau de répercussion (effets globaux ou sectoriels).
1,1. Effets indirects par les prix et la productivité
En règle générale, les effets indirects exercés par l'échange inter
national sont favorables à la croissance, mais ils se prêtent difficil
ement à des analyses statistiques, dans la mesure où ils ne constituent
qu'un des &