Sur l écriture en miroir - article ; n°1 ; vol.8, pg 221-255
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Sur l'écriture en miroir - article ; n°1 ; vol.8, pg 221-255

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Description

L'année psychologique - Année 1901 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 221-255
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1901
Nombre de lectures 136
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

G. Abt
Sur l'écriture en miroir
In: L'année psychologique. 1901 vol. 8. pp. 221-255.
Citer ce document / Cite this document :
Abt G. Sur l'écriture en miroir. In: L'année psychologique. 1901 vol. 8. pp. 221-255.
doi : 10.3406/psy.1901.3314
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1901_num_8_1_3314VIII
SUR L'ÉCRITURE EN MIROIR
L'écriture de la main gauche dite en miroir est une écriture
dans laquelle les caractères sont tracés de la droite vers la
gauche. Les mouvements de la main qui écrit sont, par rapport
à la ligne médiane, les mêmes que dans l'écriture normale ;
mais la main, se déplace vers la gauche, au lieu de se déplacer
vers la droite. C'est tout ce qui distingue les deux écritures. Il
est vrai qu'on voit les lettres de l'écriture spéculaire identiques
à celles de l'écriture normale, en les regardant par transpa
rence ou dans un miroir, d'où le nom d'écriture en miroir ; il
a le tort de ne pas laisser soupçonner de quelle nature est la
vraie différence entre les deux écritures.
L'écriture spéculaire a été observée chez quelques hémiplé
giques droits, et chez un très petit nombre d'autres sujets, qui
écrivaient de la main gauche. Comme divers auteurs l'ont mont
ré, on la provoque assez souvent en faisant écrire des enfants,
et plus rarement des adultes, de la main gauche et les yeux fe
rmés. Mais elle est encore considérée comme un fait curieux
et mal expliqué. Nous avons essayé d'en préciser l'interpréta
tion par diverses expériences, sur des sujets qui se divisent en
trois groupes, suivant que leur écriture en miroir est volontaire,
spontanée, habituelle.
Nous avons prié d'écrire de la main gauche, les yeux fermés,
80 sujets non prévenus, dont 35 adultes et 45 enfants. 5 adultes
et 8 enfants ont écrit en miroir, spontanément.
Premier groupe. — Des trente adultes qui n'ont pas donné
spontanément d'écriture spéculaire nous faisons un premier
groupe, sur lequel ont été répétées les expériences suivantes :
1° Ecrire, les yeux fermés, des deux mains en même temps;
2° après avoir vu un modèle et reçu une explication,
de la main gauche en miroir ;
3° Ecrire de la main droite en miroir;
4° de la gauche en écriture droite, c'est-à-dire
de gauche à droite. MÉMOIRES ÔRÎGTNÀUX 222
5° Ecrire des deux mains en même temps, la gauche volon
tairement en miroir.
6° Ecrire des deux mains eu même temps et dans le même
sens.
Ces expériences étaient répétées chaque fois les yeux ouverts
et les yeux fermés. Il a fallu en varier Tordre ; car il se produit,
surtout chez; les sujets intelligents, une éducation extrême
ment rapide ; la troisième ou quatrième expérience n'est plus
comparable à la première. Pour échapper, relativement, à cette
cause d'erreur, il fallait changer la place de chaque épreuve
dans la série.
Nous avons de plus eu l'occasion de faire quelques expé
riences de contrôle qui seront indiquées en leur lieu.
Deuxième gkouve. — Les 5 adultes qui ont écrit spontané
ment en miroir de la main gauche, forment un second groupe.
Ils ont été soumis aux mêmes épreuves que les sujets du pre
mier. De plus, nous leur avons fait lire de l'écriture en miroir,
et copier de la main gauche des caractères grecs et allemands.
La même expérience a été faite sur les 8 enfants qui écrivaient
spontanément en miroir dans les mêmes conditions.
Troisième groupé. — Nous avons eu enfin l'occasion d'étu
dier 3 enfants arriérés, qui écrivent habituellement de la main
gauche et en miroir.
Après chaque expérience, nous interrogions le sujet sur
toutes ses impressions, en notant le plus de détails possible,
méthode qui nous paraît être le complément indispensable de
l'expérimentation en psychologie.
Nous n'avons pas eu la bonne fortune de trouver un seul hémi
plégique droit qui écrivit en miroir de la main gauche. On ne
s'étonnera donc pas que nous négligions de faire une étude dé
taillée de l'écriture spéculaire des hémiplégiques. Nous nous
sommes contentés de chercher dans les observations publiées,
ainsi que dans les divers travaux relatifs à l'écriture en miroir,
tous les fails qui nous paraissaient instructifs.
Nous étudierons d'abord l'écriture en miroir volontaire,
parce que les sujets qui écrivent en miroir volontairement sont
plus nombreux, s'analysent mieux et présentent entre eux de variélé. ABT. — SUR L7ÉCRiTURE EN MlROlR 223 G.
I. — Ecriture en miroir volontaire
On peut dire qu'il est facile d'écrire en miroir, de la main
saut' droite ou delà main gauche. Tousles sujets que nous avons vus,
un, y sont arrivés, sinon du premier coup, du moins après
3 ou -4 essais. La plupart étaient peu instruits, et avaient
perdu l'habitude des exercices d'école. Un grandnombre s'éton
naient de la facilité avec laquelle ils écrivaient ; avec un peu
d'exercice, disaient-ils, on s'habituerait à ne plus écrire autre
ment.
Pourquoi donc V écriture spéculaire spontanée est-elle si rare,
chez les sujets que Ton fait écrire de la main gauche et les
yeux fermés?« On écrit'pour être lu », nous a répondu un sujet,
(observation). Lecture et écriture sont en effet deux actes étro
itement associés ; on se lit en écrivant; les yeux fermés, on ima
gine ce qu'on écrit. Pour modifier son type d'écriture, il faut,
spontanément ou volontairement, s'abstraire de cette représen
tation visuelle des caractères que l'on trace.
L'intervention des images visuelles dans l'écriture, quand on
écrit les yeux fermés, se manifeste encore d'une autre manière :
On se représente le papier placé devant soi, et l'on porte in
stinctivement la main vers sa gauche, pour en suivre ensuite
le déplacement de la gauche vers la droite.
Ainsi la plupart des sujets n'écrivent pas spontanément en
miroir de la main gauche, les yeux fermés, parce qu'ils sont
victimes d'associations entre leurs représentations visuelles et
les autres éléments de l'acte d'écrire. Ce n'est pas que, selon
nous, l'évocation de l'image visuelle delà lettre précède néces
sairement le mouvement de la main ; nous verrons qu'à cet
égard tous les sujets ne se comportent pas de même. Mais
l'écriture se l'ait toujours sous le contrôle de la vision. Essayez
d'écrire sur un papier placé devant une glace, en suivant des
yeux dans le miroir les caractères tracés. Vous éprouverez une
gène extraordinaire à conduire votre main, parce que les traits
que vous aurez sous les yeux ne seront pas ceux que vous
attendiez. 11 y a une tendance constante à redresser l'écriture.
Remarquons qu'il est plus facile de s'habituer à lire dans le
miroir les lettres de la droite vers la gauche que de changer
la direction des mouvements de lamain et d'écrire sur le papier MÉMOIRES ORIGINAUX 2â4
de la droite vers la gauche, en lisant alors dans le miroir les
lettres vues droites. On y arrive pourtant, en s'exerçant peu à
peu à tracer des traits simples, puis des lettres ; il s'agit de
créer de nouvelles associations entre les images visuelles an
ciennes et des mouvements nouveaux. Or l'éducation des mou
vements est plus lente que l'adaptation à des images visuelles
nouvelles.
Dans l'écriture spéculaire volontaire, la lecture continue à
être un obstacle. 11 arrive fréquemment qu'après avoir tracé
une lettre correctement, le sujet s'arrête et la croit mauvaise ;
c'est qu'alors il a voulu la lire; mais, en lisant, il évoque encore
ses images visuelles ordinaires, dont il s'était détaché en écri
vant. Plus il a de peine à s'abstraire de ces images visuelles,
plus il a de peine à écrire en miroir ; c'est un des principaux
facteurs qui mettent des différences entre les sujets.
Un autre facteur, d'une valeur moins absolue, joue pourtant
un très grand rôle ; il est nécessaire de l'indiquer pour éviter
des erreurs d&

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