Sur le monstre pygopage connu sous le nom de Millie-Christine. - article ; n°1 ; vol.8, pg 874-898
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1873 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 874-898
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1873
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Bert
Sur le monstre pygopage connu sous le nom de Millie-Christine.
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 8, 1873. pp. 874-898.
Citer ce document / Cite this document :
Bert Paul. Sur le monstre pygopage connu sous le nom de Millie-Christine. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris,
II° Série, tome 8, 1873. pp. 874-898.
doi : 10.3406/bmsap.1873.3004
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1873_num_8_1_3004SÉANCE BU 4 DÉCEMBRE 1873. 874
un examen anthropologique, tous deux fort intéressants,
il propose que les membres de la Société que cet examen
intéresserait prennent rendez-vous pour étudier ensemble
le monstre Millie-Christine au Cirque des Champs-Elysées^
M. P. Bert, qui a déjà étudié ce monstre doublerait à
son sujet la communication suivante :
Sur le monstre pygopage connu sous le пей»
de Millie-Christine;
PAR Й. PADL ËERT.
J'ai examiné avec soin le monstre pygopage dont vient
de nous parler M. Broca, et je puis donner à ce sujet des.
renseignements assez circonstanciés à la Société.
Christine et Millie sont nées en 1851 dans le comté de
Colombus, dans la Caroline du Nord, d'une négresse et
d'un homme de couleur ; elles ont plusieurs frères et sœurs
plus jeunes ou plus âgés qu'elles, tous bien conformés.
Voici en quelques mots l'aspect qu'elles présentent :
Que l'on se figure deux jeunes mulâtresses, de petite
taille, d'une physionomie intelligente et douce, placées à
côté l'une de l'autre, en telle sorte que l'épaule droite de
l'individu de gauche, Christine, touche gauche de de droite, Millie ; les plans des deux poitrines
faisant entre eux un angle à peu près droit* Vues de face,
chacune d'elles est complète ; mais, si on les examine par
derrière, dans l'angle rentrant que forment les deux corps,
on voit que ceux-ci, au niveau dé là première vertèbre
lombaire, se réunissent intimement : il n'y a plus qu'une
seule région sacrée et coccygienne, qu'un seul et vaste
bassin, à double charpente osseuse. Enfin, au-dessous de
cette union, quatre jambes bien conformées sont placées,
comme les bras, deux en avant et en dedans, deux en ar
rière et en dehors. ввит. — itm tm íoKstRB *¥<*opage. 875 р.
Toutes les parties libres de ce double corps ont été an
peu déformées par la tendance bien naturelle des deux
têtes à se tourner autant que possible Tune vers l'autre,
par la marche, par la station assise, et surtout parle repos
au Ht, qui a tendu à rendre aussi ouvert que possible l'angle
postérieur de jonction. Lors de leur naissance, les deux:
individus composants étaient plus exactement juxtaposés
dos à dos, et en 1854 même la description qu'en fit le pro
fesseur Milles les montre très-légèrement inclinés l'un par
rapport à l'autre. Christine et Millie se rappellent que, dans
leur première enfance, lorsque l'une marchait, l'autre la
suivait presque tout à fait à reculons. Aujourd'hui, les
jambes sont inégales* les épaules postérieures sont plus
élevées que les antérieures ; il existe de chaque eôté une
assez forte déviation de la colonne vertébrale, et les deux
moitiés de chaque tête ne sont même pas exactement sem
blables : lé côté interne étant plue petit que l'externe, et
portant les marques des efforts persistants faite par les
deux sœurs pour se voir et se parler. Mais tout l'ensemble
est, à peu de chose près, symétrique de chaque côté d'un
plan médian antéro-postéfieur qui passerait entre les deux
jeunes filles.
11 ne m'a pas élé permis d'examiner la région où se fait
la jonction des deux corps ; je n'ai pu voir que le pont eu*-
tané qtti les unit à la région lombaire. Christine et Millie
refusent obstinément de se laisser voir ou toucher, et je
crois que M. Virchov, qui les a beaucoup vues à Berlin, n'en
a řien pu obtenir.
Heureusement, les observations des médecins anglais et
américains, qui les ont examinées dans leur enfance,
peuvent combler en partie cette lacune i
Je Itut emprunte 4es détails anatomiquee qui vont suivre ; SÉANCE DU 4 DÉCEMBRE 1873. 876
mais je dirai tout ďabord que d'après le docteur Townsend
l'accouchement qui donna naissance à cet être compliqué
fut rapide et facile; le sujet de droite naquit le premier ; il
s'était présenté par la poitrine, l'autre par la région fessière.
Les quatre tubérosités ischiatiques, les deux symphyses
pubiennes se retrouvent aisément ; il n'y a qu'un anus,
placé au-devant du coccyx unique, entre les fesses de l'un
des individus composants ; le doigt introduit dans le rectum
ne peut atteindre l'endroit où se fait l'union des deux in
testins.
Pour les organes génito-urinaires, les assertions des mé
decins diffèrent notablement. Suivant le docteur Rams-
botham, il y aurait deux utérus et deux vagins ; le docteur
Pancoast, au contraire, qui a récemment donné ses soins
à Christine-Millie pour un abcès de ces régions, affirme que
l'utérus est simple, présente un col très-long et communique
avec un vagin simple également. Mais, à coup sûr, il existe
deux vessies urinaires, aboutissant à deux méats séparés.
Au-dessus d'eux se voient deux clitoris ; au-dessous, deux
hymens ; mais l'orifice vulvaire est unique, les grandes lè
vres s'unissant en arrière de chaque côté.
Si maintenant, de la description anatomique, nous pas
sons aux phénomènes physiologiques, nous rencontrons
des faits d'un très-haut intérêt.
Disons d'abord que les deux têtes ou, pour parler plus
exactement, que les deux individus composants sont d'une
intelligence assez remarquable. Christine et Millie parais
sent avoir reçu une bonne éducation ; leur tenue est fort
convenable ; elles n'ont rien du saltimbanque, et leurs as
sertions nous semblent dignes de foi. Elles sont musicien
nes, aiment beaucoup les arts, parlent l'anglais le plus
correct et un peu l'allemand. Elles chantent fort bien, d'or
dinaire Christine avec une voix de soprano étendue, Millie
en contralto ; mais, lorsqu'elles veulent chanter à l'unisson, BERT. — SUR ON MONSTRE PYGOPAGE. 877 P.
cet unisson est tellement parfait qu'il devient impossible de
distinguer les deux voix. Les deux intelligenees sont abso
lument libres et séparées ; une des têtes peut parler an
glais, tandis que l'autre parle allemand; l'une lit, tandis
que l'autre chante ou cause ; souvent elles conversent en
semble, s'accordant fort bien, du reste.
Presque toujours, mais non toujours, elles s'endorment
et s'éveillent simultanément ; fait bien remarquable, elles
affirment avoir eu souvent le même rêve, se le racontant
au réveil. Ce fait me paraît devoir s'expliquer par la sen
sibilité commune du rectum et des parties inférieures du
corps, dont je parlerai dans un moment, sensibilité qui,
excitée fortuitement pendant le sommeil, peut faire naître
de. semblables associations d'idées dans les deux cerveaux.
Les deux sœurs semblent éprouver beaucoup d'affection
l'une pour l'autre, et se la témoignent en se passant le bras
derrière le cou et en s'embrassant, ce qui nécessite d'assez
grands efforts.
Dans la marche, les deux pieds internes s'avancent en
semble, puis les deux externes, qui les dépassent en de
hors; elles arrivent, ainsi à courir assez vite. Mais, quand
elles valsent, ce qu'elles font très-gracieusement, chacun
des individus valse pour son compte, le couple étant en
suite entraîné dans un mouvement tournant.
Les deux cœurs battent avec une vitesse à peu près
égale. Il existe cependant quelque différence, qui se tra
duit au pouls radial ; mais dans les quatre membres infé
rieurs le pouls est simultané, ce qui indique une large
communication de la partie terminale des artères aortes.
Les conséquences de cet échange de sang entre les deux
corps sont des plus considérables. On peut affirmer qu'au
cune maladie capable d'altérer le sang ne pourra se res
treindre à l'un des deux individus, qu'il s'agisse ďune
fièvre simple ou eruptive, d'une inflammation, d'un em- 878 SÉANCE DU

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