Sur trois brochures adressées à la Société par M. Pagliani. - article ; n°1 ; vol.12, pg 623-633

Arthur Chervin

Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1877 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 623-633
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: BULLETINS_DE_LA_SOCIETE_D-ANTHROPOLOGIE_DE_PARIS0
• Publié le: 01 janvier 1877
• Nombre de lectures: 18
• Langue: Français

Extrait

Arthur Chervin
Sur trois brochures adressées à la Société par M. Pagliani.
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 12, 1877. pp. 623-633.
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Chervin Arthur. Sur trois brochures adressées à la Société par M. Pagliani. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris,
II° Série, tome 12, 1877. pp. 623-633.
doi : 10.3406/bmsap.1877.3279
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1877_num_12_1_3279- — RAPPORT. 62Ô ARTHUR CHERVIN.
un nègre âgé de vingt-neuf ans, né à la Guadeloupe ; le second,
sur un sujet provenant de l'union d'une mulâtresse et d'un
nègre, et ayant atteint l'âge de vingt-trois ans; le troisième,
pris sur une négresse morte à l'hôpital de la Charité, et pro
venant du groupe des Ethiopiens orientaux d'Hérodote et
d'Homère.
Ces trois spécimens, fait observer M. Broca, sont précieux
en raison de leur rareté même.
La négresse éthiopienne porte les caractères typiques de la
race très-nettement accusés. Les joues sont sillonnées de ci-
• catrices régulières, saillantes, constituant un tatouage en
usage chez les Ethiopiens orientaux.
NOMINATION DE COMMISSIONS.
Commission pour V examen des comptes de M. le trésorier. —
Par voie de tirage au sort, MM. de Mortillet, Hamy et Mart
in sont appelés à composer cette commission. v
Commission pour Гехатеп des catalogues de M. l'archiviste
et de M. le conservateur des collections. — Par voie de tirage
au sort, MM. GAUbSiN, Bertillon et Jousseaume sont appelés à
composer cette commission.
Conformément aux termes du règlement, les deux rapports
devront être présentés dans la plus prochaine séance de la
Société.
RAPPORT
Sur trois brochures adressées à la Société par 91. Pagliani ;
par m. arthur chervin.
Messieurs,
Dans une des dernières séances, j'ai eu l'honneur d'offrir à
la Société d'anthropologie, de la part d'un de nos correspon
dants étrangers, M. le docteur Pagliani, professeur à l'Uni
versité de Turin, trois brochures relatives à des travaux
d'anthropométrie. SÉANCE DU 20 DÉCEMBRE 1877.- . . G24
Selon le désir que vous en avez exprimé, je viens vous
rendre compte des résultais auxquels l'auteur est arrivé après
de nombreuses et intéressantes recherches.
Le travail sur lequel j'ai l'honneur d'appeler tout particu
lièrement l'attention de la Société, car il résume les deux
autres, est intitulé : les Facteurs de la stature humaine.
Ce travail présente un double intérêt : Tun hygiénique,
l'autre ethnographique.
L'auteur a voulu étudier l'influence exercée par l'hygiène
des conditions sociales sur la croissance de l'homme, et éta
blir ensuite de nouvelles données positives pouvant faire con
naître les rapports existant entre le développement final de
la croissance et les origines ethniques.
A vrai dire, la première partie de ce travail avait déjà été
amplement traitée par l'auteur dans une publication précé
dente, intitulée : Quelques Facteurs du développement de
Г homme (Archives d'anthropologie de Florence, vol. VI, 1876).
Dans son nouveau travail, l'auteur ajoute d'autres matér
iaux, qui confirment une fois de plus, par rapport à la taille,
les conclusions de son premier ouvrage, dans lequel, outre la
taille, il avait examiné le poids, la circonférence du thorax, la
capacité pulmonaire et les forces musculaires.
Nous pouvons résumer de la manière suivante les princi
pales conclusions que l'auteur croit devoir tirer des résultats
de ses recherches :
La croissance de l'homme pendant les époques de l'adole
scence et de lajeunesse ne se fait pas d'année en année avec une
égale activité, comme cela résulterait des tables de Quételet;
mais elle s'accentue davantage pendant les années qui précè
dent immédiatement ou celles qui coïncident avec l'époque
de la puberté. Ce que Quételet appelait désordres dans les lois
de la nature serait, au contraire, pour l'auteur, une règle qui
n'admet presque pas d'exceptions.
. Cette période de grande activité dans la croissance arrive
beaucoup plus tôt chez la femme que chez l'homme ; d'où il
résulte que, dans des conditions égale?, il y a une époque CHERVIN. — RAPPORT. 625 ARTHUR
pendant laquelle les filles sont plus grandes et plus pesantes
que les garçons; mais, dans le même temps, elles ont une
capacité pulmonaire à peu près égale et une force muscul
aire toujours inférieure à celle de ces derniers. •
Pour la taille, les tables de l'auteur nous prouvent que
l'époque de la plus forte croissance est, pour les filles, presque
invariablement au même âge (de onze à quatorze ans), en
Angleterre comme en Italie; et, pour cette dernière, tant à
Milan qu'à Mantoue ou à Turin, et aussi bien dans la classe
pauvre que dans la classe aisée.
Pour l'homme, au contraire, cette époque finit bien'plus
tôt en Italie qu'en Angleterre, en Saxe ou en Belgique ; elle est
plus avancée et se termine plus vite pour les classes aisées
que pour les classes pauvres.
Les années postérieures à cette époque sont marquées par
un bien plus faible développement de la croissance. Ce fait
est souvent plus accentué chez la femme que chez l'homme,
de sorte qu'on peut supposer, à un moment donné, que la
croissance, est arrivée à son apogée. C'est alors cependant
que les influences hygiéniques se manifestent d'une manière
plus sensible.
Chez l'individu mal nourri, la croissance est lente et dure
plus longtemps; elle se fait encore sentir chez lui à un âge
relativement avancé.
Au contraire, chez l'individu bien nourri, qui vit dans l'a
isance, le développement physique est très-précoce et très-
fort pendant la période de la puberté, mais, dans la suite,
devient presque nul.
Si, comme l'auteur a eu l'occasion de l'observer, on fait
passer des jeunes gens de différents âges de la misère à une
aisance proportionnée à leur travail, des modifications sur
prenantes se manifestent dans l'activité de la croissance. Dès
la première année de ce changement de régime, le dévelop
pement en pesanteur donne un résultat extraordinaire ; tandis
que, dans la deuxième année, ce sont les forces musculaires,
la circonférence du thorax et la cavité pulmonaire qui s'ac-
T. XII (2e série). 40 SÊASCE.DO 20 DÉCEMBRE 1877. C2G
croissent, c'est seulement à partir de la troisième année que
la taille, à son tour, par des progrès relativement très-mar
qués, indique que le système osseux s'est enfin ressenti de la
influence" d'une nourriture meilleure. ' 4 bienfaisante
• • Tous ces résultats fournis par les recherches anthropomét
riques faites sur des jeunes gens d'âges, de sexes et de con
ditions sociales différents, qu'on a suivis d'année en année
dans leur développement progressif, ont porto M. Pagliani
à formuler de la manière suivante une première partie de la
thèse sur laquelle doit se baser son travail : « La croissance de
l'homme aux époques de l'adolescence et de la jeunesse est
fortement influencée par les conditions hygiéniques dans
lesquelles il vit. » '
Ces mêmes résultats ont conduit l'auteur à énoncer ainsi la
seconde proposition de sa thèse :
« Quoique le procédé d'accroissement puisse être modifié
par des causes hygiéniques, néanmoins le développement
final de la taille est entièrement subordonné à des influences
bien plus puissantes dépendant du sexe et de la race. » '
Des jeunes filles aisées qui, en moyenne, présentent au
même âge une stature plus élevée et un poids plus fort que
les jeunes gens pauvres vivant dans les mêmes conditions
orographiques jusqu'à seize, dix-sept et même dix-huit ans,
ont déjà cessé de grandir à seize ans, tandis que ces derniers
ajoutent chaque année, quoique lentement, quelques centi
mètres à leur taille