Système pénal et marché du travail aux États-Unis - article ; n°1 ; vol.124, pg 27-35

Bruce Western, Katherine Beckett, David Harding

Description

Actes de la recherche en sciences sociales - Année 1998 - Volume 124 - Numéro 1 - Pages 27-35
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: Actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales
• Publié le: 01 janvier 1998
• Nombre de lectures: 45
• Langue: Français
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Extrait

Monsieur Bruce Western
Madame Katherine Beckett
Monsieur David Harding
Système pénal et marché du travail aux États-Unis
In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 124, septembre 1998. pp. 27-35.
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Western Bruce, Beckett Katherine, Harding David. Système pénal et marché du travail aux États-Unis. In: Actes de la recherche
en sciences sociales. Vol. 124, septembre 1998. pp. 27-35.
doi : 10.3406/arss.1998.3262
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1998_num_124_1_3262Zusammenfassung
Gefängniswesen und Arbeitsmarkt in Amerika.
Die gegenwärtig etwa 1,5 Millionen Personen umfassende Insassen-Bevölkerung der Gefängnisse und
Zuchthäuser der Vereinigten Staaten im berufsfähigen Alter übt nennenswerte Wirkungen auf den
dortigen Arbeitsmarkt aus. Diese Einflüsse werden im vorliegenden Artikel am Beispiel junger
Angehöriger sozialer Minderheiten untersucht. Wenn die Zahl Inhaftierter zu derjenigen der Arbeitslosen
hinzugezählt wird, übersteigt die Quote junger arbeitsloser Amerikaner während des größten Teils der
Zeit seit 1975 den entsprechenden Mittelwert in Europa. In den sozialen Kategorien hoher
Inhaftierungsquoten, wie beispielsweise bei jungen Schwarzen ohne berufliche Qualifizierung, überstieg
die Arbeitslosigkeit seit 1983 regelmälsig den Wert von 50%. Zum Zeitpunkt ihrer Entlassung verlieren
ehemalige Inhaftierte in signifikativer Weise Beschäftigung und Verdienst. Interviews mit unter
Bewährung Entlassenen in Trenton und in der Stadt New York zeigen, dais die sozialen Stigmata der
Inhaftierung und der vom Arbeitgeber ausgeübten sozialen Diskriminierung die Hauptmechanismen
dieser unbefriedigenden Ergebnisse auf dem Arbeitsmarkt bilden.
Resumen
El sistema penal y el mercado laboral en los Estados Unidos.
Las cárceles y otros establecimientos penitenciarios estadounidenses alojan hoy día a alrededor de un
millón y medio de hombres en edad de trabajar; así pues, el sistema penal norteamericano tiene
amplias repercusiones en el mercado laboral, que analizamos en este artículo en base a la experiencia
de jóvenes pertenecientes a distintas minorías. Si se incluye a los presos entre los desocupados, a
partir de 1975 el índice de jóvenes estadounidenses sin empleo es por lo general más alto que la media
europea. Entre los jóvenes afroamericanos sin calificación, desde 1983, siempre que los índices de
población penitenciaria son elevados, el desempleo es invariablemente superior al 50%. Cuando los ex
detenidos recobran su libertad se observa una pérdida significativa en lo concerniente al empleo y los
ingresos. Las entrevistas a presos en libertad condicional, realizadas en Trenton y la ciudad de Nueva
York, muestran que los estigmas sociales que deja el paso por la cárcel, así como la discriminación
ejercida por el empleador, son los principales mecanismos que determinan los mediocres resultados
obtenidos en el mercado del trabajo.
Résumé
Système pénal et marché du travail américain.
Avec environ 1,5 million d'hommes en âge de travailler, actuellement hébergés dans les maisons d'arrêt
et les centres pénitentiaires aux États-Unis, le système pénal américain a des retentissements
considérables sur le marché du travail. Nous analysons ces effets, en nous intéressant à l'expérience
des jeunes hommes appartenant aux minorités. Si l'on compte les incarcérés au nombre des chômeurs,
le taux de jeunes hommes américains sans emploi dépasse la moyenne européenne pendant la
majeure partie du temps depuis 1975. Là où les taux d'incarcération sont élevés, parmi les jeunes Afro-
américains non qualifiés, le chômage a régulièrement excédé les 50% depuis 1983. À leur libération,
les anciens détenus perdent de façon significative emploi et gains. Des interviews de libérés
conditionnels, réalisées à Trenton et dans la ville de New York, montrent que les stigmates sociaux de
l'incarcération et la discrimination exercée par l'employeur sont les principaux mécanismes de ces
médiocres résultats sur le marché du travail.
Abstract
Penal System and American Labor Market.
With approximately 1,5 million working age men currently housed in America's prisons and jails, the US
penal system has far-reaching labor market effects. We analyze these effects, focusing on the
experiences of young minority men. Counting the incarcerated among the unemployed raises US male
jobless rates above the European average for most of the period from 1975. Where incarceration rates
are high, among young black unskilled men, joblessness has consistently exceeded 50% since 1983.
After release from prison, ex-convicts suffer a significant loss of employment and earnings. Interviews
with parolees in Trenton and New York City indicate the social stigma of incarceration and employer
discrimination are the chief mechanisms for poor labor market performance.:
:
Bruce Western, Katherine Beckett
et David Harding
SYSTÈME PÉNAL ET MARCHÉ
DU TRAVAIL AUX ÉTATS-UNIS
e fait le plus frappant qui ressort de la comparai années 1990 est en partie un résultat et un artefact du
son internationale des performances écono taux élevé d'incarcération. Loin de constituer, comme
miques des années 1990 est sans doute l'opposi on voudrait nous le faire croire, l'exemple même de la
tion entre le taux de chômage, à la fois fort et persistant dérégulation, le marché américain est en fait modelé
par une intervention étatique à la fois forte et coerci- des pays européens, et le taux de chômage traditio
nnellement peu élevé des États-Unis. À cette différence tive, via le système pénal. Tandis que les forts taux
s'ajoute le contraste entre deux contextes institution d'incarcération contribuent à cacher l'ampleur véritable
nels en Europe, les politiques sociales et les modes du chômage, l'allongement des peines de
d'échanges industriels assurent une protection sociale prison contribue, lui, à augmenter le risque pour les
étendue contre les caprices du marché. anciens détenus de se retrouver durablement sans
Aux États-Unis, une politique concertée de dérégle emploi une fois sortis de prison. La régulation du mar
mentation du marché a pratiquement éradiqué toute ché du travail américain par le système pénal est ainsi
représentation syndicale et réduit comme peau de cha génératrice d'une inefficience économique considér
grin le déjà mince filet de protection sociale. Ces faits able.
forment le socle idéologique sur lequel s'appuient deux
nouvelles orthodoxies dans le débat sur l'emploi. Selon
la première, les États-Unis offriraient le modèle de mar La régulation du marché
chés libres sur lesquels le jeu pur et parfait de l'offre et du travail américain
de la demande produit salaires et emplois. La seconde
veut que l'efficacité du marché concurrentiel génère C'est un lieu commun que de dire que les relations
des capacités d'emploi sans précédent depuis l'âge d'or industrielles et la politique sociale américaine sont
faibles comparées à celles des pays européens. La fadu début des années I960.
Cet article offre une analyse critique de ces deux iblesse des États-Unis par rapport à l'Europe dans ce
domaine est illustrée par les statistiques sur la syndicali- orthodoxies. Nous arguons que la politique pénale aux
États-Unis a progressivement supplanté la politique sation et la négociation collective. Le taux de tra
vailleurs syndiqués est nettement plus faible aux États- sociale comme une des réponses du gouvernement à la
pauvreté persistante et à l'inégalité croissante. Cette Unis que dans la plupart des autres pays de l'OCDE. Le
hypothèse est corroborée par l'augmentation croissante poids du syndicalisme dans le secteur privé a décru
du taux d'incarcération aux États-Unis on compte régulièrement depuis le milieu des années 1950 et le
aujourd'hui 1,7 million d'adultes dans les prisons amér taux de syndicalisation a fortement chuté dans les
icaines. L'incarcération de masse masque un fort années 1980 (M. Goldfield, 1987). Bien que l'influence
volant de chômage en soustrayant des statistiques du des syndicats en Europe ait diminué dans la période
chômage une masse importante d'adultes en âge de tra récente (B. Western, 1997), la négociation collective y
vailler. Ainsi, le faible taux de chômage américain des est