Taux de change et parité de pouvoir d achat : évolutions récentes dans les pays du CAEM - article ; n°1 ; vol.17, pg 43-68
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Taux de change et parité de pouvoir d'achat : évolutions récentes dans les pays du CAEM - article ; n°1 ; vol.17, pg 43-68

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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1986 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 43-68
La fixation arbitraire des taux de change et la surévaluation des monnaies socialistes sont souvent considérées comme un fait d'évidence, à valeur permanente. Mais les comparaisons entre taux de change et parité de pouvoir d'achat — notamment Y International Comparison Project des Nations Unies — révèlent une réalité plus complexe. La rigidité générale des taux de change a fait place depuis les années 1970 à des politiques bien plus diversifiées au sein même du CAEM. Le clivage le plus visible, opposant les trois pays qui ont adopté un taux de change « réaliste », Hongrie, Pologne et Roumanie, aux autres pays du CAEM, dont les ajustements à la marge tendent simplement à stabiliser l'unité monétaire par rapport à un « panier » de devises occidentales, n'est sans doute pas le plus significatif. Car la politique du taux de change ne saurait être dissociée de l'ensemble des évolutions internes, et le cas de la Hongrie est le seul où l'unification et la réactivation du taux de change s'inscrivent dans une tentative globale de réouverture sur l'économie mondiale ; les implications de ce choix à long terme dominent de plus en plus tous les aspects de la politique économique hongroise. L'expérience de la Hongrie suggère notamment que l'acceptation d'une forte sous-évaluation de la monnaie nationale par rapport à sa PPA (ainsi que d'un taux d'inflation proche de l'inflation mondiale) constitue le prix à payer pour le rétablissement de liens intenses et directs avec les économies occidentales.
Rates of Exchange and Parity of Purchasing Power : Recent Developments in the Comecon Countries.
The arbitary fixing of exchange rates and the over-valuation of socialist currencies are often looked upon as a self-evident fact, a constant in the economic context. But comparative studies of rates of exchange and parity of purchasing power — particularly the International Comparison Project of the United Nations — reveal a more complex reality. Since the 1970's, the general rigidity in rates of exchange has given way to much more diversified policies within Comecon itself. The most obvious difference, that which separates the three countries (Hungary, Poland and Rumania), which have adopted a « realistic » exchange rate, from the other Comecon countries, where marginal adjustments tend simply to stabilize the monetary unit by relation to a « pool » of western currencies, is doubtless not the most significant. For the policy in respect of the exchange rate cannot be viewed in isolation from the overall pattern of internal developments, and the case of Hungary is the only one in which unification and reactivation of the exchange rate are part of an overall attempt to re-entry on the world economic stage : the long term implications of this choice are playing an increasingly dominant part in all aspects of Hungarian economic policy. In particular, the Hungarian experience suggests that acceptance of a considerable underevaluation of the national currency in relation to its PPP (and also of a rate of inflation approaching the world scale) is the price which has to be paid for restoration of close and direct links with the economies of the West.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 61
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Charles Asselain
Taux de change et parité de pouvoir d'achat : évolutions
récentes dans les pays du CAEM
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 17, 1986, N°1. pp. 43-68.
Citer ce document / Cite this document :
Asselain Jean-Charles. Taux de change et parité de pouvoir d'achat : évolutions récentes dans les pays du CAEM. In: Revue
d’études comparatives Est-Ouest. Volume 17, 1986, N°1. pp. 43-68.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1986_num_17_1_1237Résumé
La fixation arbitraire des taux de change et la surévaluation des monnaies socialistes sont souvent
considérées comme un fait d'évidence, à valeur permanente. Mais les comparaisons entre taux de
change et parité de pouvoir d'achat notamment Y International Comparison Project des Nations Unies
révèlent une réalité plus complexe. La rigidité générale des taux de change a fait place depuis les
années 1970 à des politiques bien plus diversifiées au sein même du CAEM. Le clivage le plus visible,
opposant les trois pays qui ont adopté un taux de change « réaliste », Hongrie, Pologne et Roumanie,
aux autres pays du CAEM, dont les ajustements à la marge tendent simplement à stabiliser l'unité
monétaire par rapport à un « panier » de devises occidentales, n'est sans doute pas le plus significatif.
Car la politique du taux de change ne saurait être dissociée de l'ensemble des évolutions internes, et le
cas de la Hongrie est le seul où l'unification et la réactivation du taux de change s'inscrivent dans une
tentative globale de réouverture sur l'économie mondiale ; les implications de ce choix à long terme
dominent de plus en plus tous les aspects de la politique économique hongroise. L'expérience de la
Hongrie suggère notamment que l'acceptation d'une forte sous-évaluation de la monnaie nationale par
rapport à sa PPA (ainsi que d'un taux d'inflation proche de l'inflation mondiale) constitue le prix à payer
pour le rétablissement de liens intenses et directs avec les économies occidentales.
Abstract
Rates of Exchange and Parity of Purchasing Power : Recent Developments in the Comecon Countries.
The arbitary fixing of exchange rates and the over-valuation of socialist currencies are often looked
upon as a self-evident fact, a constant in the economic context. But comparative studies of rates of
exchange and parity of purchasing power particularly the International Comparison Project of the
United Nations reveal a more complex reality. Since the 1970's, the general rigidity in rates of
exchange has given way to much more diversified policies within Comecon itself. The most obvious
difference, that which separates the three countries (Hungary, Poland and Rumania), which have
adopted a « realistic » exchange rate, from the other Comecon countries, where marginal adjustments
tend simply to stabilize the monetary unit by relation to a « pool » of western currencies, is doubtless not
the most significant. For the policy in respect of the exchange rate cannot be viewed in isolation from
the overall pattern of internal developments, and the case of Hungary is the only one in which unification
and reactivation of the exchange rate are part of an overall attempt to re-entry on the world economic
stage : the long term implications of this choice are playing an increasingly dominant part in all aspects
of Hungarian economic policy. In particular, the Hungarian experience suggests that acceptance of a
considerable underevaluation of the national currency in relation to its PPP (and also of a rate of
inflation approaching the world scale) is the price which has to be paid for restoration of close and direct
links with the economies of the West.Taux de change et parité
de pouvoir d'achat :
évolutions récentes
dans les pays du CAEM
Jean-Charles ASSELAIN*
Les problèmes relatifs aux taux de change des monnaies socialistes ont
suscité jusqu'ici assez peu d'intérêt, en raison sans doute d'abord du
consensus qui existe pour juger ces taux « artificiels », « arbitraires »,
« inopérants », « irréalistes », « foncièrement incorrects » ' ou en tout cas
dénués de signification. L'illustration la plus caricaturale est sans doute la
surévaluation flagrante du zloty jusqu'en 1982, aboutissant à placer imper
turbablement la Pologne en tête des comparaisons mondiales du produit ou
de la consommation par habitant (loin devant les États-Unis), sur la base
du taux de change officiel2. Il n'est donc pas étonnant que l'idée d'une
surévaluation systématique des monnaies socialistes, pour des motifs de
prestige national, s'impose en général comme un fait d'évidence, à valeur
permanente. Évoquant par exemple la réévaluation du rouble en 1950, à
partir d'un taux initial déjà surévalué, M. Kaser estimait que l'U.R.S.S.
* Université de Bordeaux I, Laboratoire d'Économie Politique de l'E.N.S.
1. Nous empruntons cette liste de qualificatifs à A. Boltho,, Foreign Trade Criteria in
Socialist Economies, Cambridge, Cambridge University Press, 1971, p. 65, qui les a
relevés chez A. Brown, F. Pryor, A. Nove ; l'appréciation du caractère « fondamentale
ment incorrect » émane de l'auteur hongrois S. Balaszy en 1965. Plus récemment,
A. Tiraspolsky, « L'énigme du prix des échanges à l'intérieur du CAEM », Courrier des
Pays de l'Est, (CPE), mars 1983, p. 10, évoque le caractère « artificiel » des taux de
change des pays du/CAEM, « sans rapport avec le pouvoir d'achat des monnaies
internes » ; de même, M. Lavigne, Économie internationale des pays socialistes, Paris,
A. Colin, 1985, p. 233 : « or l'on sait bien qu'en économie planifiée, les taux de change
n'ont guère de signification... ». Notre article ne prétend nullement remettre en cause ce
consensus.
2. Cf. par exemple W. Beckerman, Comparaison internationale du revenu réel, OCDE,
1966, p. 53 : en 1960, la consommation par tête en Pologne serait de 120,8, sur la base
États-Unis =100.
43 Asselain Jean-Charles
avait alors « renoncé à jamais à la moindre réalité de son taux de change
comparativement aux devises convertibles » 3.
Taux de change arbitraires, taux de change inopérants - les deux vont de
pair : c'est précisément l'absence de rôle « actif » du taux de change qui
crée la possibilité de maintenir des taux de change surévalués. Les taux de
change, en économie de type soviétique, « ne jouent pratiquement aucun
rôle dans les processus économiques »4, ils ne déterminent ni les importat
ions, ni les exportations ; de sorte qu'un système de prix et de taux de
change qui, livré à lui-même, conduirait en économie de marché à un
déficit intenable, demeure supportable (du moins en apparence) pour une
économie de type soviétique, et risque de se pérenniser. Lorsqu'un ajust
ement des parités intervient malgré tout, comme la dévaluation camouflée
mais massive (56 %) du rouble en 1961, il n'en résulte ni coup de fouet aux
exportations, ni coup de frein aux importations : ce qui confirme bien le
caractère fondamentalement « neutre » du taux de change en économie de
type soviétique. A la limite, l'existence même de taux fondés sur des
parités-or fictives, et qui ne servent à rien, pourrait être considérée comme
un paradoxe ou un simple curiosum.
La fonction essentiellement comptable des taux de change officiels en
économie de type soviétique n'exclut pas, cependant, une « réactivation »
occasionnelle de ces taux, dont la fixation met en jeu parfois des intérêts
tout à fait concrets. On a vu par exemple la Hongrie arguer auprès de la
Banque Mondiale de la surévaluation de sa propre monnaie et obtenir
récemment une révision en baisse de son PNB par habitant exprimé en
dollars, afin de passer au-dessous du seuil de 2 650 dollars par tête (aux
prix de 1980) et de bénéficier ainsi du régime de prêts réservé aux pays en
développement5. La question des taux de change se pose inévitablement à
propos des comparaisons internationales (cf. les contestations sur la part
du PNB soviétique consacrée à l'aide au développement)6, ou plus direc
tement encore lorsqu'il s'agit d'évaluer, par exemple, l'apport de chaque
pays-membre aux grands projets d'investissement en commun dans le
cadre du CAEM.

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