Touareg et Noirs au Hoggar : aspects de la situation actuelle - article ; n°3 ; vol.8, pg 338-346
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1953 - Volume 8 - Numéro 3 - Pages 338-346
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1953
Nombre de lectures 70
Langue Français

Extrait

Jean Malaurie
Touareg et Noirs au Hoggar : aspects de la situation actuelle
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 8e année, N. 3, 1953. pp. 338-346.
Citer ce document / Cite this document :
Malaurie Jean. Touareg et Noirs au Hoggar : aspects de la situation actuelle. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 8e
année, N. 3, 1953. pp. 338-346.
doi : 10.3406/ahess.1953.2185
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1953_num_8_3_2185TOUAREG ET NOIRS AU HOGGAR
ASPECTS DE LA SITUATION ACTUELLE *
Sur une- superficie de 350 000 km2, équivalente à soixante départements
français, l'Annexe du Hoggar compte une population évaluée en 1949 à un
peu plus de 10 000 individus, mais elle ne dispose pour les nourrir, au milieu
de cette immensité, que d'une surface utile de 1 420 ha., soit, entre la superf
icie totale et la surface utile, un rapport de 0,00004. Encore ce pays pauvre,
particulièrement déshérité, aux marges agricoles réduites, n'exploite-t-il
que 460 ha. des terres cultivables qui lui sont offertes. Est-il besoin de dire
combien, dans un tel état de fragilité géographique, sans compter l'imper
fection de ses techniques agricoles, ce petit monde vit mal, misérablement —
conditions et effets de cette misère qu'il convient d'examiner? L'indigène
a récemment connu des besoins nouveaux, mais les faibles ressources du pays
permettront-elles toujours de les satisfaire ? Quelle est donc la valeur de l'écart
entre les ressources actuelles et les ressources possibles ? En territoire sahar
ien, comme au reste en tout pays pauvre, de population archaïque, c'est
du point de vue humain, le problème essentiel.
* * *
Les efforts de recensement se heurtent à de grandes difficultés. Néan
moins, on peut considérer que depuis 1902 (bataille de Tit) et plus encore
depuis 1920 (pacification totale), la population a connu une augmentation
sensible. Mais elle comprend des éléments divers qu'il convient d'examiner
séparément : les nomades, les sédentaires, les fonctionnaires européens. Le
recensement nominatif de la population nomade, entrepris de 1941 à 1946,
a donné un total de 6 222 individus entre qui il convient de distinguer :
les Touareg proprement dits (4 611), Berbères de race blanche, vivant en
isolât social, et leurs serviteurs noirs (1 642). En 1948, le recensement donne
Vie * économique Nous avons, et condition dans ce humaine travail, largement au Hoggar, utilisé qu'il a le bien mémoire voulu nous inédit communiquer. du capitaine Nous Cousin, lui
devons aussi des remarques et des évaluations précieuses dont nous ne saurions trop le remercier.
Nous avons consulté en outre les rapports annuels du capitaine d'Annexé du Hoggar et les
archives et notes administratives de Tamanrasset. Nous avons enfin effectué sur place, au cours
des hivers 1949 et 1950, sous l'égide du Centre National de la Recherche Scientifique et avec
une contribution financière du Gouvernement Général, une enquête auprès des tribus Kel-Rela
et Dag-Rahli et de L'administration locale. TOUAREG ET NOIRS AU HOGGAR 339
vers /< La surface des cercles
est proportionnelle:
L . au nombre d'habitants.
.position du village.
/Tt. à la surface \m,> cultivable.
Surface cultivée en 1947.
О Village abandonné.
*+■ Pistes de caravanes.
rains de parcours ies tribus:
i.Kel Tùfedest 21Каогиег-
Tx-HadkZ. Dag Rali . A.Iklan -n-Taousii . Kel
Rezxi S.Tegehe-n-EJis.
6.A<7ouh-n-Te?ieli. TKelcudtn 8. Ait Loen. fel
Anahef 9. Kel Tazoulet .
iQ.Ibergar W.Ad Loen,
SO Km. vers In-Azaoua
État des centres ruraux dans le massif du Hoggar en 1947.
■ Cette carte, établie à partir des informations de l'Administration et des éva
luations officieuses du mémoire du capitaine Cousin, souligne l'écart sensible
existant dans tous les centres présentés entre la surface cultivée et cultivable.
Les conditions économiques permettraient donc sans aucun doute, sous cer
taines conditions, un relèvement du niveau de vie indigène.
On remarquera que les centres les plus fortement peuplées coïncident avec les
secteurs disposant de la plus grande superficie cultivable : Tamanrasset (1949),
1 796 hab., dont 360 ruraux environ (1947) ; — Abalessa, 540 agriculteurs ; —
In Amguel, Les' marges 295 d'accroissement hab., environ, tous de ruraux. la surface cultivée sont encore appréciables
dans les gros villages, très importantes dans les petits centres. Il a été représenté
4 centres abandonnés (1946) : Tarhanet, 25 ha. environ ; — Illaman ; — Abez-
zou, 10 ha. ; — Tin Tarabin, 50 ha.) Les conditions y étaient devenues, en
1946, faute d'eau, très difficiles. Les enquêtes postérieures à cette date ont
indiqué que les conditions étaient apparues, en certains de ces centres, de nou
veau favorables.
pour ce même groupe nomade : 6 048 personnes (4 420 Touareg, 1 618 Noirs) ;
et en 1949 : 6 013 personnes (4 294 Touareg, 1 719 Noirs). Diminution du
groupe touareg et accroissement de population : telles pourraient être les
premières conclusions. Ces mouvements démographiques ne sont toutefois
qu'apparents. Au Hoggar, en effet, plus encore qu'au -Maghreb, on ne sait
jamais très bien quelle part revient à la croissance réelle de la population,
et quelle, au perfectionnement de la documentation1.
Les informations du recensement 1941-1946 peuvent se résumer dans le
tableau suivant :
Noirs nomades (serviteurs)2 Touareg
0 à 20 ans 2 211 (1 174 hommes, 1 037 femmes) 506 (266 hommes, 240 femmes)
20 ans et- plus . . 2 400 (1 061 — 1 339 — ) 1 136 (470 — 666 — )
1. Voir L. Chevalier, Le problème démographique nord-africain, Institut national d'Études
démographiques, Paris, 1947, p. 47.
2. Nous distinguons des Noirs sédentaires ou harratins, les Noirs nomades, serviteurs des
Touareg, qui les suivent dans leurs déplacements. 340 A N N'A LES
Ce recensement est critiquable, tout d'abord dans sa méthode. La populat
ion, contrairement aux usages, n'a pas été interrogée à une date donnée,
mais sur une période de cinq ans. Ainsi pourrait peut-être s'expliquer, dans
le groupe de 0 à 20 ans, la disparité remarquable des hommes et des femmes.
Sur le plan démographique, ce caractère se justifie néanmoins. On considère,
on le sait, que dans toute population la > masculinité à la naissance (rapport
entre le nombre de garçons et celui des filles) est de 105 p. 100 et varie dans
des limites très étroites entre 104 et 106 p. 100. Ce rapport diminue ensuite
pour atteindre 100 vers l'âge de 20 ans du fait d'une surmortalité masculine
de 0 à, 20 ans. Au delà de 20 ans la surmortalité continue abaisse le rapport
au-dessous de 100. Chez les Touareg, autant que l'on puisse dégager des
conclusions valables, il semble que ce phénomène démographique général
resgorte du recensement puisque l'on observe 80 hommes pour 100 filles
au delà de 20 ans. La population noire présente à son tour une forte mortalité
masculine : au-dessus de 20. ans, 66 hommes pour 100 femmes survivent.
Il n'apparaît pas que l'on puisse attribuer ce fort déséquilibre des sexes à une
immigration noire. Le faible effectif des individus de 0 à 20 ans par rapport
à la population adulte pourrait même indiquer que la population est décrois
sante.
Le groupe sédentaire est composé essentiellement d'immigrants. La pré
sence d'agriculteurs noirs au Hoggar est un fait récent. Attirés par les
possibilités des arrems1 et le climat d'altitude, les harratins du Touat et du
Tidikelt continuent à venir s'y fixer. Aussi bien ce second groupe, allogène,
augmente-t-il avec une relative rapidité. Au début du siècle, on comptait
quelques dizaines ďharratins ; en 1945, on en dénombrait 2 558 ; en 1947,
2 705. Cette population se répartit entre 20 villages d'une centaine d'habi
tants chacun distribués à la périphérie du massif. Semi-nomade, cette popul
ation qui vit principalement du travail de la terre, se déplace d'un arrem à
un autre dès que l'abaissement momentané de la nappe phréatique ne permet
plus l'irrigation des champs.
Mis à part l'important, et très actif politiquement, groupe de commerç
ants et artisans mozabites et arabes (Tamanrasset), resterait à signaler une
troisième fraction : le groupe européen, essentiellement constitué par le per
sonnel militaire français et les familles qui l'a

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