Un cas particulier d estampes ludiques : les images en écriture de l époque d Edo - article ; n°20 ; vol.20, pg 111-134
25 pages
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Un cas particulier d'estampes ludiques : les images en écriture de l'époque d'Edo - article ; n°20 ; vol.20, pg 111-134

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Extrême-Orient, Extrême-Occident - Année 1998 - Volume 20 - Numéro 20 - Pages 111-134
Les moji.e (images en écriture) de l'époque d'Edo (1603-1867) sont des images ludiques particulièrement ingénieuses, dans lesquelles des caractères d'écriture se trouvent combinés de manière à former de véritables figures. À partir de quelques exemples empruntés à des genres différents (une image faste de Fujiyoshi, une estampe poétique et un manuel de dessin de Hokusai, un recueil humoristique de Hanasanjin), l'article tente de montrer en quoi les procédés employés introduisent un écart, un jeu donc, entre l'apparence immédiate de l'image, et les structures qui en sous-tendent la construction.
A particular instance of playful prints : the images in writing of the Edo period
The moji.e of the Edo period (1603-1867) are an ingenious type of playful image, in which written characters are combined to create the shapes of figures or objects. This paper concentrates on a few examples representing different genres (a good-luck print by Fujiyoshi, a poetic print, a drawing manual by Hokusai, a collection of amusing figures by Hanasanjin), illustrating the techniques employed to create a playful distance between the immediate appearance of the image and its underlying structures.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 103
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marianne Simon
Un cas particulier d'estampes ludiques : les images en écriture
de l'époque d'Edo
In: Extrême-Orient, Extrême-Occident. 1998, N°20, pp. 111-134.
Résumé
Les moji.e (images en écriture) de l'époque d'Edo (1603-1867) sont des images ludiques particulièrement ingénieuses, dans
lesquelles des caractères d'écriture se trouvent combinés de manière à former de véritables figures. À partir de quelques
exemples empruntés à des genres différents (une image faste de Fujiyoshi, une estampe poétique et un manuel de dessin de
Hokusai, un recueil humoristique de Hanasanjin), l'article tente de montrer en quoi les procédés employés introduisent un écart,
un jeu donc, entre l'apparence immédiate de l'image, et les structures qui en sous-tendent la construction.
Abstract
A particular instance of playful prints : the images in writing of the Edo period
The moji.e of the Edo period (1603-1867) are an ingenious type of playful image, in which written characters are combined to
create the shapes of figures or objects. This paper concentrates on a few examples representing different genres (a good-luck
print by Fujiyoshi, a poetic print, a drawing manual by Hokusai, a collection of amusing figures by Hanasanjin), illustrating the
techniques employed to create a playful distance between the immediate appearance of the image and its underlying structures.
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Simon Marianne. Un cas particulier d'estampes ludiques : les images en écriture de l'époque d'Edo. In: Extrême-Orient,
Extrême-Occident. 1998, N°20, pp. 111-134.
doi : 10.3406/oroc.1998.1058
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/oroc_0754-5010_1998_num_20_20_1058Extrême-Occident 20 - 1998 Extrême-Orient,
Un cas particulier d'estampes ludiques :
les images en écriture de l'époque d'Edo
Marianne Simon
Dans la longue histoire de la culture ludique au Japon, l'époque d'Edo (1603-1867)
constitue sans aucun doute l'une des périodes les plus riches et les plus foisonnantes.
Elle se distingue non seulement par la diversité des activités ludiques et par leur
importance dans la vie sociale, mais aussi par l'étendue et la variété du public auquel
elles étaient destinées. Ces deux siècles et demi d'histoire marquent en effet, parall
èlement à des divertissements de lettrés plus traditionnels, la reconnaissance progressive
d'amusements de type populaire, destinés à un public plus nombreux qui, s'il ne
pouvait prétendre aux mêmes raffinements que l'aristocratie de cour, compensait
largement la modestie de ses moyens par une inventivité et une créativité débordantes.
Des quartiers de plaisirs au kabuki \ de la chasse aux lucioles aux feux d'artifices, la
littérature et les arts ont largement illustré quelques-uns des plaisirs éphémères,
quotidiens ou saisonniers, des hommes du temps, et contribué à en perpétuer la
mémoire. Tous ne sont cependant pas aussi bien connus, et certains divertissements
particulièrement fugaces, étroitement liés à des phénomènes de mode, destinés à des
publics spécifiques, comme les enfants, ou tributaires de supports fragiles, comme le
papier, n'ont laissé que peu de traces durables.
C'est le cas en particulier des asobi-e, ou « images ludiques », qui restent encore
largement méconnues, malgré une grande vitalité tout au long de la période 2. Se
présentant essentiellement sous la forme d'estampes, ces images se donnaient pour
fonction de séduire et de divertir le chaland, en empruntant des sujets variés : ombres
chinoises, anamorphoses, rébus, motifs comiques, ou encore figures à découper et à
monter soi-même. Dans leur diversité, elles se caractérisent par un esprit de jeu très
particulier, qui ne consiste pas tant à représenter des scènes comiques ou des
personnages en train de se divertir, qu'à amuser le spectateur en exploitant toutes les
ressources de l'image elle-même. Amusantes en soi, par les moyens qu'elles mettent en
uvre, davantage encore que par leurs sujets, les images ludiques proposent un
éclairage particulièrement intéressant sur le divertissement dans le Japon d'Edo,
montrant bien comment il est lié à la notion de jeu, envisagée comme non-coïncidence Marianne Simon
et comme écart. C'est en effet, le plus souvent, le décalage entre la figure et les moyens
employés pour la constituer qui produit le divertissement du spectateur.
Plutôt qu'un vaste panorama des images ludiques dans leur ensemble, c'est une
présentation resserrée d'une catégorie particulière d'asobi-e qu'on a choisi de proposer
ici. Ont été retenus quelques exemples de moji-e ou « images en écriture », dont le
fonctionnement, particulièrement ingénieux, repose sur une utilisation ludique de
caractères d'écriture à l'intérieur de véritables figures. En faisant jouer entre eux deux
media étroitement liés mais distincts l'un de l'autre, les images en écriture exploitent
les rapprochements et les écarts à des fins de divertissement. Sous des dehors
simplement plaisants, elles offrent un ensemble unique d'objets hybrides, et constituent
aussi un document de première importance pour l'étude des rapports entre le visible et
le lisible au Japon. Après un bref rappel de la spécificité des images en écriture de
l'époque d'Edo, on s'attachera à en étudier plus précisément quelques exemples
empruntés à des genres différents : une image faste de Fujiyoshi, une estampe poétique
et un manuel de dessin de Hokusai, un recueil humoristique de Hanasanjin, essayant à
chaque fois de montrer en quoi les procédés employés introduisent une distance
ludique entre l'apparence immédiate de l'image et les structures qui en sous-tendent la
construction.
Sous des dehors plaisants, les moji-e constituent en réalité un objet fuyant, et on
comprend qu'ils n'aient fait à ce jour l'objet d'aucune étude systématique. Leur
méconnaissance, si elle s'explique en partie par le dédain dans lequel a longtemps été
tenue toute l'imagerie ludique, tient aussi en effet à des difficultés, autrement plus
ardues, qui leur sont plus particulières, en premier lieu leur repérage et leur définition.
Les images en écriture ne constituent pas en effet un genre à proprement parler,
caractérisé par une technique, un format ou encore une iconographie spécifiques. Elles
peuvent apparaître dans toutes sortes d'images, recueils de petits métiers, livres pour
enfants, ou encore ouvrages humoristiques, et se trouver ainsi associées à des genres
plus clairement définis, qui ne font appel à elles que de manière occasionnelle.
Le mot japonais qui sert volontiers à les désigner, moji-e, composé de moji, signe
d'écriture, et de e, image, qui signifie littéralement « image-écriture, image faite avec
des caractères d'écriture », est lui-même problématique. Son spectre sémantique assez
vaste lui permet en effet de désigner toutes sortes d'imbrications entre écriture et figure,
et semble le rendre impropre à tout rôle définitoire. Ses occurrences à l'époque d'Edo 3
permettent heureusement de mieux cerner la spécificité de l'objet qu'il désigne. Les
mentions explicites du mot font en effet apparaître plusieurs traits distinctifs permettant
de différencier assez nettement les images en écriture d'autres formes d'imbrications,
antérieures ou contemporaines, entre écriture et figure, auxquelles on peut être tenté de
les comparer. On retiendra trois critères principaux : l'utilisation de caractères
d'écriture dans la constitution de véritables figures, un fonctionnement ludique, et un
public populaire.
112 Un cas particulier d'estampes ludiques
Dans les moji-e de l'époque d'Edo, les signes d'écriture, caractères chinois (kanji),
ou syllabaires japonais (kana), constituent, en tout ou en partie, l'architecture de
dessins élaborés. Parfois associés à des éléments figuratifs qu'ils complètent, ils se
suffisent parfois aussi à eux-mêmes, ne comptant que sur leurs propres forces pour faire
apparaître la silhouette de petits personnages. Les caractères, une fois mis bout à bout,
constituent dans de nombreux cas des mots entiers, généralement le nom

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