Un dossier de la chancellerie romaine : La Tabula Banasitana. Étude de diplomatique - article ; n°3 ; vol.115, pg 468-490
24 pages
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Un dossier de la chancellerie romaine : La Tabula Banasitana. Étude de diplomatique - article ; n°3 ; vol.115, pg 468-490

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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1971 - Volume 115 - Numéro 3 - Pages 468-490
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1971
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur William Seston
Monsieur Maurice Euzennat
Un dossier de la chancellerie romaine : La Tabula Banasitana.
Étude de diplomatique
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 115e année, N. 3, 1971. pp. 468-
490.
Citer ce document / Cite this document :
Seston William, Euzennat Maurice. Un dossier de la chancellerie romaine : La Tabula Banasitana. Étude de diplomatique. In:
Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 115e année, N. 3, 1971. pp. 468-490.
doi : 10.3406/crai.1971.12653
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1971_num_115_3_12653COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 468
COMMUNICATION
UN DOSSIER DE LA CHANCELLERIE ROMAINE :
LA TABULA BANASITANA. ÉTUDE DE DIPLOMATIQUE.
PAR MM. WILLIAM SESTON, MEMBRE DE L' ACADÉMIE,
ET MAURICE EUZENNAT, CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE.
Dans une communication que nous avons présentée à l'Académie
en 19611, nous avons montré, d'après une inscription découverte à
Banasa (Maroc), sous quelle forme la citoyenneté romaine était
accordée à des Berbères au temps de Marc Aurèle et de Commode.
Ciuitatem romanam dedimus, saluo iure gentis, sine diminutione
tributorum et uedigalium populi et fisci. Cette formule officielle de
naturalisation romaine, inconnue jusqu'ici, nous avons alors essayé
de l'expliquer par l'histoire même du ciuis romanus, celle d'une
citoyenneté qui n'a jamais été figée comme un dogme ainsi que le
voulait Mommsen, car, selon les hommes et les lieux, elle a, à toute
époque, intégré à des principes stables et à des « lois communes » les
traditions et les coutumes du droit public et privé de chaque cité ou
de chaque peuple. Surtout, nous l'avons rapprochée de ce que nous
laisse entrevoir le P. Giessen 40 du libellé de la Constitutio Antoni-
niana, ce texte d'un intérêt exceptionnel puisqu'il étend à tous les
hommes libres de l'Empire le bénéfice de la citoyenneté romaine.
Certes, ce rapprochement n'a pas résolu tous les problèmes de l'Édit
de Caracalla. Mais un fait paraît acquis : la Chancellerie romaine,
sous Caracalla comme sous Marc-Aurèle, n'a pas usé de formules
différentes, et toute restitution du P. Giessen 40 devra tenir compte
de la Tabula Banasitana. Romanistes et historiens semblent du
reste l'avoir admis puisque, depuis 1961, aux trente-deux restitu
tions proposées en un demi-siècle de recherches, il ne s'en est ajouté
qu'une seule, qui n'a trouvé aucun écho.
Tel est bien, à coup sûr, l'intérêt majeur de la Tabula Banasitana.
Il en est un autre, qui est moindre, car il concerne la diplomatique,
encore que cet examen nous conduise à des considérations histo
riques dont l'importance est certaine.
On se souvient que l'inscription fut retrouvée au mois de
juin 1957, dans une dépendance des thermes de l'Est, à quelques
mètres d'un petit édifice à abside qui s'ouvre sur le portique oriental
du forum de la colonie, d'où elle provient sans doute. Elle reposait
1. W. Seston et M. Euzennat, La citoyenneté romaine au temps de Mare Aurèle et de
Commode d'après la Tabula Banasitana, dans CRAI, 1961, p. 317-323. UN DOSSIER DE LA CHANCELLERIE ROMAINE 469
directement sur le sol antique, qu'une fouille ancienne de M. Ray
mond Thouvenot avait négligé de rechercher à cet endroit1.
Le texte est gravé sur une plaque de bronze de 64 x 42 cm. 52.
Le revers, non poli, a servi aux essais du graveur, qui a ébauché
plus ou moins profondément et sans ordre 76 lettres, dont un alpha
bet presque complet, identiques à celles qu'il devait employer sur
la face principale. Celle-ci offre un champ épigraphique de 57 x 38 cm.
presque intact, entouré d'un trait continu incisé. Malgré deux
cassures de la plaque, aux angles inférieur gauche et supérieur droit,
seule la première des 53 lignes parfaitement conservées du texte
a été légèrement mutilée à droite.
Les lettres, élégantes et bien gravées, sont hautes de 0,8 à 0 cm. 9.
Moins compliquées que celles de la table de patronat de 162 égal
ement retrouvée à Banasa3, elles rappellent l'écriture de l'édit de 2164
et, d'une manière plus générale des actes sur bronze de la fin du
ne siècle5 : l presque semblable au i, avec une ligne horizontale très
réduite, barre du t légèrement ondulée. La barre transversale du a
est constamment omise, sauf dans la ligature germanici (1. 27) et
les i dépassent fréquemment la ligne, sans règle stricte discernable.
Les ligatures sont peu nombreuses : outre germanici, popvlarivm
(1. 6), qvae (1. 18) ; toujours placées en fin de ligne, elles évitent
seulement ou régularisent la coupure d'un mot. Les points séparatifs
n'apparaissent que dans la dernière partie du document, à la ligne 23.
Le sigle J employé aux lignes 32-34 dans l'indication de l'âge des
bénéficiaires est connu dans les inscriptions tardives et les manus
crits. Plutôt qu'une abréviation ann(ï)s, de justification incertaine,
il serait, selon R. Marichal qui a bien voulu nous donner son opinion
sur ce point, « un trait oblique de l'écriture latine qui aurait pris
ici la fantaisie d'une fioriture »6.
1. M. Euzennat, L'archéologie marocaine de 1958 à 1960, dans Bull. d'Archéol. Maroc.,
IV, 1960, p. 544. Cf. R. Thouvenot, Une colonie romaine de Mauritanie tingitane :
Valentia Banasa, Paris, 1941, p. 20. Les pages 7 à 14 de cet ouvrage contiennent toute
notre information sur la fouille du forum et de ses abords. Elles ne permettent pas de
savoir où avait été affichée la Table. On chercherait ce lieu d'abord dans la curie où de
telles plaques de bronze trouvaient normalement leur place (ainsi à Thermes en Sicile
d'après Cicéron (Verr. act., Il, lib. 2, XLVIII, 106)). On a vu que la Table a été décou
verte près du « petit édifice ouvrant sur le portique oriental du forum » et « terminé par
une abside » cité par R. Thouvenot (op. cit., p. 13). Mais rien ne prouve que c'était là
la curia de Banasa.
2. Épaisseur : 0,6 à 0 cm. 7 ; poids : 11 kg. 850. L'analyse du métal révèle une très
forte teneur en plomb : Cu 66,40 ; Pb 31,37 ; Sn 1,60 ; Fe 0,13 ; Zn 0,12 ; Sb 0,10 ;
Ni 0,01.
3. R. Thouvenot, Deuxième table de patronat découverte à Banasa, dans CRAI, 1947,
p. 485-489.
4. Id., Une remise d'impôts en 216 ap. J.-C, dans CRAI, 1946, p. 548-558.
5. .1. et A. Gordon, Contribution to the Palaeography of Latin inscriptions, Los Angeles,
1957, notamment p. 208-217.
6. Ce sigle ne saurait être ni l'abréviation d'annorum, qui est en règle générale un |
\
COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 470
Outre la négligence du graveur, qui avait omis les premières
lettres de la ligne 3 et dut les ajouter après coup hors du champ, on
notera des fautes assez nombreuses :
1. 3 : li(i)bellum
1. 5 : in[dul]gentia \
1. 7 : prom[p]to
1. 8-9 : possi pour posse
1. 21 : explora quae cui(i)usque aeta[s] sit, la proxi
mité du cutusque expliquant le solécisme
aetatis.
1. 25 : Ner[u]ae, Trai(ï)ani
1. 37 : uect[i]galium
1. 42 : M. Gau[i]us Ga[l]licanus
1. 46 : Tertul[l]us
A la ligne 50, le nom du neuvième signataire a été profondément
martelé. La photographie dans l'ultraviolet, dans l'infrarouge et en
lumière de Wood, la radiographie de la plaque, les éclairages rasant
ou monochromatique successivement utilisés ne permettent pas de
lire le texte primitif sous la rasura : on distingue seulement un s
en fin de ligne, peut-être aussi à son début un s et les éléments
d'un e et d'un x au début de la ligne, ceux d'un n et d'un i avant
le s terminal, soit : sex nis.
La seule lacune du texte (L 1) se complète en revanche aisément :
An[toni]ni, et la plupart des compléments que nous proposons
n'appellent pour l'instant aucune justification :
Exemplum epistulae Imperatorum nostrorum An[toni] | ni et Veri
Augustorum ad Coiiedium Maximum :\ li(i)bellum Iuliani Zegrensis
litteris tuis iunctum legimus, et | quamquam ciuitas romana non nisi
maximis meritis pro\uocata in[dul]gentia principali gentilibus istis
dari solita sit, tamen cum eum adfirmes et de primoribus esse popu-
larium \ suorum, et nostris

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